La voie antique des caravanes entre Palmyre et Hît, au IIe siècle après Jésus-Christ, d'après une inscription retrouvée au Sud-Est de Palmyre (1930) - article ; n°2 ; vol.12, pg 101-115

René Mouterde, André Poidebard

Description

Syria - Année 1931 - Volume 12 - Numéro 2 - Pages 101-115
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1931
• Nombre de lectures: 19
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

René Mouterde
A. Poidebard
La voie antique des caravanes entre Palmyre et Hît, au IIe siècle
après Jésus-Christ, d'après une inscription retrouvée au Sud-Est
de Palmyre (1930)
In: Syria. Tome 12 fascicule 2, 1931. pp. 101-115.
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Mouterde René, Poidebard A. La voie antique des caravanes entre Palmyre et Hît, au IIe siècle après Jésus-Christ, d'après une
inscription retrouvée au Sud-Est de Palmyre (1930) . In: Syria. Tome 12 fascicule 2, 1931. pp. 101-115.
doi : 10.3406/syria.1931.3527
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1931_num_12_2_3527■
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BIBLIOTHEQUE
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LA VOIE ANTIQUE DES CARAVANES
ENTRE PALMYRE ET HIT AU IIe SIÈCLE ÀP. J.-C.
D'APRÈS UNE INSCRIPTION RETROUVÉE AU S.-E. DE PALMYRE
(MARS 1930) .
PAR
LES RR. PP. RENÉ MOUTERDE.et A. POTDEBARD
" ... i - '. :
La découverte en mars 1930, à 22 km. au sud-est de Palmyre, de l'inscrip
tion dont le R. P.. Mouterde a bien voulu établir la lecture et le commentaire,
termine la campagne entreprise, de novembre 1929 à avril 1930 avec la colla
boration du Groupe d'aviation de Damas, pour rechercher, en territoire
syrien, l'ancienne voie des caravanes entre Palmyre et l'Euphrate'1). Elle nous
apporte un document précis sur la grande route caravanière du ne siècle,
reliant, par Hît, Palmyre à Vologésias, centre commercial parthe, et à Spa-
sinou Gharax, comptoir du golfe Persique.
L'étude de cet itinéraire eut lieu au cours de reconnaissances aériennes
exécutées avec mon pilote, le capitaine de Castets, pour la recherche des
postes avancés du limes extérieur romain dans l'extrême sud du désert de
Syrie, entre Djebel Druze et l'Euphrate, le long de la frontière de TransJordanie
et d'Irak.
La reconnaissance en avion du 3 février, conduite d'après les indications
de l'adjudant-chef Caton, chef du détachement d'aviation de Palmyre, nous
permit de retrouver et de relever, en zone syrienne, sur 420 km. le tracé de
l'antique voie des caravanes descendant de Palmyre sur Hît (pi. XXV). Le
4 février, une reconnaissance à terre nous convainquit de l'invisibilité presque
(*) Cf. Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Bt Iles- Lettres,- 4929, séance du 31 mai,
p. 155-45G.
Stria. — XII. 14 102 SYRIA
totale des traces de la route, quand on observait du sol(1). Le 5 février, un
vol Palmyre-Salihîyé nous faisait retrouver l'amorce de l'ancienne route
caravanière Palmyre-Boura, partant de la voie Palmyre-Hît, et jalonnée
ensuite jusqu'à l'Euphrate parles puits anciens du l'ouadi al Miyah et ceux du
cours inférieur du ouadiSouab. Quelques jours après, le commandant de Boys-
son fixait toute la documentation recueillie en photographies aériennes.
Il nous restait encore à trouver l'aboutissant de la route ancienne sur Pal
myre. Elle était invisible sur 60 km. à partir de la ville.
Dans ce secteur, la steppe est parfaitement plate et n'offre plus de silex aux
éclats coupants. Aucun aménagement n'avait donc été nécessaire, comme
dans la région sud, pour faciliter la marche des animaux de charge. Les vents
de sable, fréquents, dans la région de Palmyre, avaient par ailleurs tout nivelé
dans la plaine. La route avait eu deux itinéraires possibles : l'un au sud de la
Sabkha, par les colonies militaires romaines de Bazouriyé et de Bkhara, l'autre
au nord de la Sabkha. Le marécage salé de la Sabkha empêche pendant une
partie de l'année toute communication dans le voisinage sud-est de Palmyre.
Le 14 mars, une reconnaissance aérienne, guidée par Fadjudant-chef
Gaton, nous faisait retrouver dans la steppe, à 22 km. au sud-est de la ville, un
vieux puits près duquel il m'avait signalé une inscription sur les fûts d'une
colonne renversée. Ce puits était exactement, indications données par le
compas de navigation de mon avion, sur l'itinéraire de l'ancienne route par le
nord de la Sabkha (2).
Descendant sans atterrir à quelques mètres du sol, je fus immédiatement
convaincu que nous nous trouvions devant un monument routier en rapport
l1) Comme les anciennes routes de caravane vanes anciennes maintient l'humidité et se
retrouvées en Syrie, la voie de Palmyre à révèle de haut par une bande régulière de ver
l'Euphrate était une piste de terre de 12-18 m. dure.
de large, dont on avait écarté les cailloux ou (2) En juin, nous retrouvions, dans une
les petites pierres coupantes pour ménager les reconnaissance aérienne avec l'adjudant-chef
pieds des chameaux de charge. Les deux Caton,un autre aboutissant delà voie ancienne
lignes bordières, formées par les pierres écar à 'Ain Kseybe au sud-ouest de la Sabkha de
tées, n'ont que quelques centimètres de hau Palmyre. La voie avait donc, pour aborder Pal
teur et, recouvertes par la poussière apportée myre aux environs delà Sabkha, un itinéraire
par le vent, elles ne sont visibles que de haut d'hiver par le nord et un itinéraire d'été par
avec des éclairages rasants. Apres la pluie, la le sud.
dénivellation produite par le trafic des 1931. PL. XXV SYRIA,
o
Voie ancienne des caravanes Paimyre-Hit.
Les lignes noires qui bordent la route sont constituées
par des cailloux écartés de la voie et invisibles au sol.
Photographie prise en avion à 100 kiiom, S.-E. de Palmyre. VOIE ANTIQUE DES CARAVANES 103 LA
avec l'ancienne voie caravanière: borne milliaire ou colonne dédicatoire érigée
près du puits (Fig. 1). Le lendemain un premier estampage était pris par notre
guide, et quelque temps après, en avril, une photographie était faite par mon
pilote le capitaine Lenoir (Fig, 2). En novembre, M. Cantineau avait l'amabil
ité de nous communiquer l'estampage que nous reproduisons ici (pi. XXVI).
L'inscription se trouve sur deux fûts de colonne ; l'un (A), en bon état de
conservation, porte la plus grande partie de l'inscription grecque, l'autre (B),
Fig. 1. — Puits de Oumm el 'amad.
très abîmé par la désagrégation atmosphérique, brutale dans le désert, porte
la fin de l'inscription grecque et quelques lettres de l'inscription palmyré-
nienne subsistant au milieu des éclatements de la pierre.
Le site se trouve sur une légère eminence de la steppe d'où on aperçoit
Palmyre. Il est à 22 km. de la ville dans la direction Palmy re-Djouffa, au sud
de Tell Hillé W.
Le puits est construit en solides blocs de pierre carrés, bien taillés et
cimentés (fig. 3). Il mesure 1 m. 15 de diamètre et 35 m. de profondeur.
qui signifie aussi « les colonnes », « les mil- l1) D'après indications reçues de M. J. Can-
lineau, la localité est appelée Oumm eWamad liaires »).
par les Arabes et par les Bédouins el-myâl (ce 104 SYRIA
II a une margelle formée de deux blocs de calcaire mesurant ensemble
1 m. 35 sur 1 m. 45 de côté et 0 m. 50 d'épaisseur. 11 présente toute appa
rence d'origine romaine.
Tout autour, 6 fûts et une base de colonne sont dispersés dans l'herbe. Les
fûts ont 82 cm. de diamètre, sauf l'un qui a 77 cm. et l'autre 84 cm. Comme
Fig. 2. — Inscription de Oumnï.el 'amid (fût A).
hauteur, trois ont 0 m. 90, deux ont 0 m. 95 et un seul à 0 m. 93. Ils com
posent donc les éléments d'une colonne de 5 m. 53 de hauteur, non compris la
base existant sur le terrain et le chapiteau qui manqué.
Cette colonne, plus large à la base, se rétrécit vers le haut. Complète, elle
devait mesurer 6 m. à 6 m. 50 de hauteur et était vraisemblablement destinée
à supporter une statue.
Des traces de constructions, ou plutôt de dallage à fleur de sol, apparaissent SYRIA; 1931. J PI. XXVI
Inscription grecque.
Reproduction de l'estampage pris par M. Cantineau. '
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:
LA VOIE ANTIQUE DES CARAVANES Î05
dans l'herbe à quelque distance (2 m. 4.0) du puits, II semble à première vue
que ce soit le soubassement destiné à recevoir la colonne et près duquel a peut-
être été ménagé un abreuvoir pour les caravanes. Le temps ne nous a pas
permis de faire un sondage complet à la pioche.
En tout cas, aucun indice ne suggère que la colonne ait été déplacée de son
site d'origine ;