Lavisse et la pédagogie de l’histoire. Enseignement de la représentation et représentation de l’enseignement - article ; n°1 ; vol.65, pg 27-50
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Description

Histoire de l'éducation - Année 1995 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 27-50
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Annie Bruter
Lavisse et la pédagogie de l’histoire. Enseignement de la
représentation et représentation de l’enseignement
In: Histoire de l'éducation, N. 65, 1995. pp. 27-50.
Citer ce document / Cite this document :
Bruter Annie. Lavisse et la pédagogie de l’histoire. Enseignement de la représentation et représentation de l’enseignement. In:
Histoire de l'éducation, N. 65, 1995. pp. 27-50.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1995_num_65_1_2769Enseignement de la représentation
et représentation de renseignement :
LAVISSE ET LA PÉDAGOGIE DE L'HISTOIRE
par Annie BRUTER
Le rôle d'Ernest Lavisse dans l'édification de l'enseignement his
torique à la fin du siècle dernier est bien connu : il apparaît à cette
époque comme le véritable « pape » de la discipline qui se constitue
alors sous ses auspices, à tous les niveaux de l'enseignement (1). De
cette histoire qu'il a patronnée, le caractère le plus connu est la voca
tion patriotique, aujourd'hui contestée. L'accent mis sur le contenu
de cette histoire a cependant éclipsé la technique proprement dite de
son enseignement : cette pédagogie n'a, à ma connaissance, donné
lieu jusqu'ici à aucune étude qui lui soit consacrée en propre.
Il vaut pourtant la peine d'aller y voir de plus près car, contrair
ement à ce qu'on croit parfois, Lavisse ne s'est pas préoccupé que des
contenus enseignés : il a aussi rédigé des textes destinés à guider ins
tituteurs et professeurs dans la pratique du cours d'histoire. Ce sont
ces textes, après un détour préalable destiné à rappeler le contexte
dans lequel ils furent élaborés, qui feront l'objet de cet article où l'on
se propose de montrer qu'ils constituent une représentation de
l'enseignement historique destinée à favoriser la promotion de cette
discipline alors en cours de légitimation scolaire et universitaire.
I. UNE DISCIPLINE EN FORMATION
L'enseignement de l'histoire n'est pas, au moment où Lavisse
entre en action, tout à fait un nouveau venu.
(1) Cf. P. Nora : « Ernest Lavisse, son rôle dans la formation du sentiment natio
nal », Revue historique, juillet 1962, repris sous le titre « Lavisse, instituteur national.
Le "Petit Lavisse", évangile de la République » in P. Nora (éd.) : Les Lieux de
mémoire. I- La République, Gallimard, 1984.
Histoire de l'éducation - n° 65, janvier 1995
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. - 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 28 Annie BRUTER
Dans l'enseignement primaire, l'histoire (associée à la géogra
phie) était devenue matière facultative dès 1834. C'est cependant,
selon A. Prost, la « révolution pédagogique » accomplie au cours du
XIXe siècle qui en a rendu possible l'enseignement effectif (1) : en
1867, sous Victor Duruy, l'histoire et la géographie deviennent
matières obligatoires. Encore fallait-il inventer une technique d'en
seignement adéquate et la diffuser parmi les maîtres, dont beaucoup
se contentaient de faire apprendre par cur un manuel qui n'était sou
vent que la réédition augmentée d'un abrégé venu en droite ligne de
l'Ancien Régime (2).
Dans l'enseignement secondaire, il semble que l'histoire, intro
duite dans les programmes dès 1814, et confiée en 1818 à un profes
seur « spécial » (3) (mais non spécialiste, puisqu'il n'y a jusqu'en
1 880 qu'une seule licence, celle de « lettres »), se constitue peu à peu
en « matière d'enseignement » au cours du siècle ; matière d'ailleurs
longtemps contestée, témoin les tribulations de l'agrégation d'hist
oire, établie en 1831, supprimée en 1852, définitivement rétablie en
1860 (4) ; matière dont le statut disciplinaire est d'autre part resté
flou : les instructions officielles, prescrivant la « rédaction » d'his
toire (5), la plaçaient sous la dépendance des finalités rhétoriques qui
étaient celles de l'enseignement secondaire en général ; mais la pré
paration du baccalauréat, où l'histoire était matière d'examen depuis
1821 (6), semble plutôt avoir favorisé la mémorisation mécanique
(7).
Sauf dans l'enseignement supérieur, où il est à l'origine de la mise
en place d'une licence spécialisée, Lavisse n'a donc pas « créé »
l'enseignement de l'histoire ; mais c'est à juste titre qu'il peut être
considéré comme le « père » de l'enseignement historique actuel,
dans la mesure où c'est lui qui en a fait une matière autonome dotée
(1) A. Prost : L'Enseignement en France, 1800-1967, Paris, A. Colin, 1968,
p. 123, coll. « U ».
(2) Cf. A. Pizard : L'Histoire dans l'enseignement primaire, Paris, Éd. Delagrave,
1891, pp. 46-59 et 173-174.
(3) Cf. Recueil des lois et règlements concernant l'Instruction publique de 1598 à
1828, Paris, 1828.
(4) A. Chervel : Histoire de l'agrégation. Contribution à l'histoire de la culture
scolaire, Paris, INRP-Kimé, 1993.
(5) Cf. H. Fortoul : Instruction générale sur l'exécution du plan d'études des
lycées, Paris, 1 854.
(6) Cf. J.B. Piobetta : Le Baccalauréat, Paris, 1937.
(7) Cf. A. Cournot : Des institutions d'instruction publique en France, Paris,
1864, et aussi « Discours de rentrée » du 17 nov. 1859, in uvres complètes, t. VII,
rééd. Vrin. Lavisse et la pédagogie de l 'histoire 29
de finalités spécifiques : des finalités civiques, débouchant éventuel
lement, mais non exclusivement, sur la défense armée de la patrie,
puisque l'histoire avait avant tout pour mission de préparer l'élève au
présent (1).
Quant à la technique d'enseignement à utiliser, Lavisse ne
l'invente pas non plus : il reprend une tradition déjà bien implantée
dans les lycées, celle du « cours » d'histoire, c'est-à-dire de la confé
rence faite par le maître devant les élèves. Mais cette pédagogie, qui
prenait sens des finalités rhétoriques qui étaient celles de l'enseigne
ment secondaire au XIXe siècle, était-elle toujours appropriée à la
poursuite des finalités de l'enseignement historique, telles qu'il les
avait redéfinies ? Il fallait en tout cas en persuader l'opinion, et plus
spécialement les enseignants, à une époque où les tenants des human
ités traditionnelles n'avaient pas désarmé (2).
H. SOURCES ET METHODOLOGIE
Plutôt qu'aux instructions de 1890, qui consacrent l'institutionna
lisation de la discipline, on a eu recours, pour connaître la façon dont
Lavisse entendait la pratique de l'enseignement historique, aux textes
antérieurs où il expose ses conceptions « par l'exemple », qui sont
plus « militants » et plus vivants. Ils ont par ailleurs l'avantage
d'embrasser à la fois l'enseignement primaire et l'enseignement
secondaire. Le premier est l'article « Histoire » du Dictionnaire de
pédagogie de F. Buisson, consulté dans la deuxième édition de cet
ouvrage, où il semble avoir été reproduit tel quel, suivi d'un ajout fai
sant le point sur l'évolution récente des conditions politiques et péda
gogiques de l'enseignement de l'histoire (3) ; il en existe également
une version « accrue et remaniée », paru dans Questions d'enseigne
ment national sous le titre « L'enseignement de l'histoire à l'école
primaire », qu'il sera intéressant de comparer avec la version initiale
(4). Le second, « Discussion d'une leçon d'histoire », est une confé
rence faite par Lavisse à ses étudiants en juin 1884 (5). Tous deux
(1) Cf. Instructions, programmes et règlements de l'enseignement secondaire,
Paris, 1890. Voir aussi sur ce sujet A. Gérard : « Origines et caractéristiques du Malet-
Isaac » in Jules Isaac. Actes du Colloque de Rennes, 1977, Hachette, 1979.
(2) Cf. par exemple A. Duruy : « L'instruction publique et la démocratie », Revue
des Deux Mondes, l^mai 1886, p. 170.
(3) F. Buisson (dir.) : Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'Instruction pri
maire, 2e 

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