Le blocus de Berlin et la guerre froide - article ; n°1 ; vol.13, pg 15-27
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Le blocus de Berlin et la guerre froide - article ; n°1 ; vol.13, pg 15-27

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Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 15-27
Abstract The Berlin blockade was undoubtedly the beginning of the cold war ; it also was a turning point for the relations of France both with her allies and with Germany. The article relates first the disagreements — sometimes acute — between France on one hand, the U.K. and the U.S.A. on the other, about the treatment of defeated Germany ; then the increasingly serious dispute between the Western powers and the U.S.S.R., which resulted in the blockade of Berlin by Soviet forces. The Americans and the British reacted with vigour — specially thanks to Ernest Bevin — and improvised the airlift, which prevented the Russians from taking over the ex-capital of Germany. France did not take part in the airlift, for lack of aircraft and because of her government's timidity, but there was collaboration on the spot between French and Allied forces. Eventually, the Berlin blockade led France to give up plans for a super- Versailles and to adopt a policy of reconciliation with Germany.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 90
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ann Tusa
Le blocus de Berlin et la guerre froide
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 15-27.
Résumé
Abstract The Berlin blockade was undoubtedly the beginning of the cold war ; it also was a turning point for the relations of
France both with her allies and with Germany. The article relates first the disagreements — sometimes acute — between France
on one hand, the U.K. and the U.S.A. on the other, about the treatment of defeated Germany ; then the increasingly serious
dispute between the Western powers and the U.S.S.R., which resulted in the blockade of Berlin by Soviet forces. The Americans
and the British reacted with vigour — specially thanks to Ernest Bevin — and improvised the airlift, which prevented the Russians
from taking over the ex-capital of Germany. France did not take part in the airlift, for lack of aircraft and because of her
government's timidity, but there was collaboration on the spot between French and Allied forces. Eventually, the Berlin blockade
led France to give up plans for a super- Versailles and to adopt a policy of reconciliation with Germany.
Citer ce document / Cite this document :
Tusa Ann. Le blocus de Berlin et la guerre froide. In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 15-27.
doi : 10.3406/hes.1994.1724
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_1_17241. LE BLOCUS DE BERLIN ET LA GUERRE FROIDE
par Ann TUSA*
Résumé
Le Blocus de Berlin marqua de façon incontestable le début de la guerre froide, mais il fut aussi
un tournant dans les relations entre la France et ses alliés d'une part, l'Allemagne de l'autre. L'article
retrace d'abord les différends, souvent aigus, de la France avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, à
propos du traitement de l'Allemagne vaincue, puis le conflit, de plus en plus sérieux, entre les
Occidentaux et les Soviétiques, qui conduisit les seconds à bloquer Pex-capitale de l'Allemagne.
Américains et Britanniques réagirent vigoureusement — grâce notamment à Ernest Bevin — et
improvisèrent le pont aérien, qui assura l'échec de la tentative soviétique de main-mise sur Berlin. La
France n'y participa pas, par manque de moyens et par timidité de son gouvernement, mais il y eut sur
place une collaboration entre militaires français et alliés. Le Blocus fut à l'origine de l'abandon par la
France des projets d'un super- Versailles, remplacé par une politique de réconciliation avec
l'Allemagne.
Abstract
The Berlin blockade was undoubtedly the beginning of the cold war ; it also was a turning point
for the relations of France both with her allies and with Germany. The article relates first the
disagreements — sometimes acute — between France on one hand, the U.K. and the U.S.A. on the
other, about the treatment of defeated Germany ; then the increasingly serious dispute between the
Western powers and the U.S.S.R., which resulted in the blockade of Berlin by Soviet forces. The
Americans and the British reacted with vigour — specially thanks to Ernest Bevin — and improvised
the airlift, which prevented the Russians from taking over the ex-capital of Germany. France did not
take part in the airlift, for lack of aircraft and because of her government's timidity, but there was
collaboration on the spot between French and Allied forces. Eventually, the Berlin blockade led France
to give up plans for a super- Versailles and to adopt a policy of reconciliation with Germany.
Le blocus de Berlin, de juin 1948 à mai 1949, fut la crise qui prouva que la guerre
froide avait incontestablement commencé. Cette crise mit en place les institutions au
moyen desquelles cette guerre serait menée : l'OTAN et le Pacte de Varsovie, le Plan
Marshall et le Comecon. Le blocus est également un cas concret qui nous permet
d'étudier les relations anglo-américaines avec la France et l'idée que les Anglo-Saxons
avaient des Français — idée formée bien souvent par des préjugés figés par
l'habitude. L'espoir, déjà bien affaibli, que la coalition du temps de guerre avec
l'Union Soviétique pourrait être maintenue pour assurer la paix sur le Continent,
s'écroula. Au lieu de cela, de nouvelles alliances furent forgées et de part et d'autre
* Auteur, avec John Tusa, de The Berlin Blockade, Londres, 1988. 1 6 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
l'on dut s'accommoder de la division de l'Europe en régimes opposés sur les plans
militaire, politique et économique. Le conflit qui aboutit à la défense des secteurs ouest
de Berlin contre une mainmise par les Russes était essentiellement une lutte entre
l'Union Soviétique et les puissances occidentales. Mais à l'arrière des lignes de
l'Ouest une autre campagne atteignait son point culminant : la lutte de la France contre
la Grande-Bretagne et les Etats-Unis concernant les dimensions et la nature de
l'Allemagne d'après-guerre et ses rapports avec le reste de l'Europe. La France perdit
cette bataille-là, mais acquit un rôle plus important et une image plus digne dans la
nouvelle situation qui résulta du blocus.
Pendant la guerre, les idées que les Britanniques se faisaient des Français étaient
bien souvent stéréotypées, s'exprimant en clichés : «des alliés inconstants — voyez
les mutineries de 1 9 1 7 , la débâcle de 1 940 ; impossible de travailler avec eux —
de Gaulle» ; «nos ennemis naturels — voyez Pétain maintenant». Ils rejetaient avec
dédain les prétentions opposées : «La perfide Albion nous abandonne à Dunkerque et
coule notre flotte» ; «cette race insulaire méprise notre offre de formation d'un Etat
commun» ; «le seul intérêt qu'ils portent à l'Europe consiste à y voir un équilibre de
forces qui protège leurs arrières». Après 1945, cependant, les Britanniques et les
Américains étaient disposés à faire preuve d'indulgence à l'égard de la France et de
son amertume due à la défaite et à l'occupation nazie ; ils comprenaient son désir de
revanche, sans toutefois le partager, et ils admettaient son droit à des réparations de la
part de l'Allemagne. Ils étaient aussi assez compréhensifs à l'égard du désir des Fran
çais d'assurer leur sécurité contre un revanchisme allemand. Mais ils sous-estimaient
dangereusement les ravages causés à leurs rapports avec la France par son exclusion
presque méprisante des conférences qui façonnèrent l'Europe de l'après-guerre.
Il y eut tout d'abord la Commission Consultative Européenne, qui formula les
termes pour la capitulation des Nazis et pour le gouvernement militaire allié. Cette
Commission commença ses travaux à Londres en décembre 1943, les seuls membres
en étant les Britanniques, les Américains et les Russes. Churchill avait appuyé la de
mande de représentation présentée par de Gaulle, mais celle-ci fut bloquée par la Russ
ie et les Etats-Unis. Staline parla toujours de Pétain, et non pas de de Gaulle, comme
le vrai symbole de la France, de la France qui «ouvrit les portes à l'ennemi». Les
vainqueurs, il les définissait comme étant ceux qui avaient contribué 5 millions
d'hommes à la guerre (Churchill modifia promptement ce chiffre en 3 millions, mais la
France, avec un million et demi seulement, n'avait pas la qualité requise). Roosevelt
prenait souvent le parti de Staline contre Churchill et éprouvait une forte antipathie en
vers de Gaulle. Ainsi, ce ne fut qu'après sa reconnaissance du gouvernement provi
soire, en octobre 1944, que René Massigli, l'ambassadeur de France à Londres, fut
invité à se joindre à la Commission Consultative Européenne. A ce moment, toutes les
décisions importantes avaient été prises — sans consulter les Français. L'Allemagne
serait divisée en zones d'occupation militaire. Les gouverneurs militaires se réuniraient
en un Conseil de Contrôle Allié et adopteraient des politiques communes pour le dé
sarmement, la denazification et une économie intégrée de temps de paix. Leur capitale
serait Berlin et chaque Gouverneur y aurait un secteur, mais leurs Commandants mili
taires administreraient la ville dans son ensemble. Intentionnellement, la politique gé- LE BLOCUS DE BERLIN ET LA GUERRE FROIDE 1 7
nérale de l'occupation était laissée dans le vague. Tant que la guerre n'était pas ga
gnée, tous voulaient éviter les contestations relatives à la paix, de crainte d'ébranler
leur fragile alliance. L'on espérait pieusement que tous les problèmes pourraient être

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