Le charbon, industrie nouvelle - article ; n°1 ; vol.16, pg 1-15

Jean-Pierre Angelier

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1981 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 1-15
The coal industry that is presently developing is different from that upon which Industrial Revolution was based. Its basic conditions are different : production technics, the few uses of coal, and the international extent of its market. Its structure and conduct too are different economic power of producing countries, concentration at the level of consumers, and the active part played by importing countries.
L'industrie charbonnière qui se développe actuellement n'est plus celle sur laquelle a reposé la Révolution Industrielle. Elle s'en distingue d'abord par les conditions de base : production (caractéristiques technico-économiques différentes), demande (nombre réduit d'usages à satisfaire), et dimension du marché (espace mondial). Elle s'en distingue également par les structures et les rapports de force qui la caractérisent : puissance économique des Etats Producteurs, concentration au niveau de la consommation, rôle déterminé des Etats importateurs.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1981
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Jean-Pierre Angelier
Le charbon, industrie nouvelle
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 16. 2e trimestre 1981. pp. 1-15.
Abstract
The coal industry that is presently developing is different from that upon which Industrial Revolution was based. Its basic
conditions are different : production technics, the few uses of coal, and the international extent of its market. Its structure and
conduct too are economic power of producing countries, concentration at the level of consumers, and the active part
played by importing countries.
Résumé
L'industrie charbonnière qui se développe actuellement n'est plus celle sur laquelle a reposé la Révolution Industrielle. Elle s'en
distingue d'abord par les conditions de base : production (caractéristiques technico-économiques différentes), demande (nombre
réduit d'usages à satisfaire), et dimension du marché (espace mondial). Elle s'en distingue également par les structures et les
rapports de force qui la caractérisent : puissance économique des Etats Producteurs, concentration au niveau de la
consommation, rôle déterminé des Etats importateurs.
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Angelier Jean-Pierre. Le charbon, industrie nouvelle. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 16. 2e trimestre 1981. pp. 1-15.
doi : 10.3406/rei.1981.2004
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1981_num_16_1_2004Le charbon, industrie nouvelle.
Jean-Pierre ANGELIER
Assistant à la faculté
des sciences économiques de
Grenoble.
Encore un plaidoyer pro domo, du type de ceux que favorisent les incertitudes
propres à l'avenir du domaine de l'énergie ! Tel est le sentiment qui domine à la
lecture de l'étude World Coal Study, réalisée au M.I. T. par les représentants de
seize pays producteurs de charbon, avec l'assistance de plusieurs sociétés pétrol
ières engagées dans cette activité (1). Etant donnés ses auteurs, la principale con
clusion du rapport ne saurait tout d'abord surprendre : au cours des vingt pro
chaines années, le charbon devrait couvrir entre la moitié et les deux-tiers de
l'accroissement de la consommation d'énergie. Il s'avère toutefois que les ten
dances décrites par Wocol se trouvent confirmées quelques mois plus tard (avec
une moindre ampleur, certes), non plus par des « charbonniers », mais par des
électriciens tenants de l'électronucléaire, ainsi que par l'Organisation des Pays
Exportateurs de Pétrole.
A Munich, lors de la XIe Conférence Mondiale de l'Energie, les électriciens
déplorent mais constatent le retard pris par l'ensemble des programmes électro
nucléaires dans le monde ; la consommation mondiale d'énergie ne pouvant évo
luer, dans les vingt années à venir, de façon radicalement différente de ce qu'elle
était le proche passé (ne serait-ce que du fait de la croissance du Tiers-
Monde) ; et le développement des énergies nouvelles ne pouvant leur conférer en
tout état de cause qu'une place marginale dans la satisfaction de ces besoins, une
large part sera laissée aux combustibles fossiles pour couvrir la demande énergéti
que. Le potentiel productif technique de pétrole plafonnant en 1990 (selon le rap
port de P. DESPRAIRIES), et la production de gaz naturel ne pouvant donner
lieu rapidement à des échanges internationaux massifs du fait de la lourdeur de la
mise en place de la chaîne gazière, seul le charbon paraît apte à assurer la soudure
entre offre et demande d'énergie au niveau mondial, d'ici la fin du siècle.
La Conférence ministérielle de l'OPEP, tenue à Vienne en septembre égale
ment, conclut sur des éléments abondant dans le même sens : le second choc
pétrolier a conforté le prix du pétrole à un niveau élevé ; la production de
l'OPEP resterait en-deça de ses capacités techniques, aussi bien pour ce qui est
du pétrole que pour ce qui concerne le gaz naturel, l'essentiel de la de
(l)Carroll Wilson, Ed. : Coal-Bridge to the Future - Wocol ; Cambridge, 1980, Ballinger Publishing
Co, 250 p. On trouvera l'étude résumée dans C. Wilson : « The World Coal Study », Coal and
Energy Quartely, n° 25, Summer 1980, pp. 10-20.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 162« trimestre 1981 1 dernier devant être destiné à la satisfaction des besoins énergétiques des pays ce
producteurs.
Ainsi, dans les mouvements de la scène énergétique internationale, un élément
stable se précise : une industrie internationale du charbon est en train de se mett
re en place, suivant des axes que l'on entrevoit déjà. Certes, le charbon n'a
jamais disparu de l'approvisionnement énergétique mondial puisqu'en 1975, il en
représente encore 30 %. Mais les caractéristiques de développement actuel de
l'industrie charbonnière la font apparaître comme une industrie nouvelle.
Nouvelle, cette industrie l'est tout d'abord par ses conditions de base : les tech
niques de la production, le nombre relativement restreint des usages que le char
bon est destiné à satisfaire, et le cadre géographique des échanges auxquels donne
lieu sa production.
Nouvelle, l'industrie charbonnière l'est aussi par ses structures naissantes et
son mode de fonctionnement, et l'on est tenté de la comparer à l'industrie pétrol
ière internationale. Cédant à la tentation, nous mènerons cette comparaison à
trois niveaux : celui des sociétés engagées dans la production de charbon, et
l'étude de leurs rapports avec les pays producteurs ; au niveau des grandes socié
tés consommatrices de charbon ; et enfin, nous analyserons à l'aide de l'exemple
de la France la stratégie des Etats importateurs de charbon, face au développe
ment de cette nouvelle industrie internationale. Si la comparaison laissait a priori
présager des analogies, elle aboutit en fait à constater des différences radicales
entre les deux industries.
1 — LES CONDITIONS DE BASE AU DEVELOPPEMENT DE L'INDUS
TRIE INTERNATIONALE DU CHARBON.
Jusqu'en 1974, la consommation mondiale d'énergie a augmenté de 5 % par
an en moyenne, celle du charbon de 2 %. Depuis 1974, ces taux de croissance
sont passés respectivement à 2,7 °7o et 3,5 % par an en moyenne : l'industrie du
charbon est en train de voir sa part augmenter dans la satisfaction globale des
besoins en énergie (2). La globalité de ces chiffres cache toutefois des disparités
marquées : l'augmentation de la production charbonnière est en fait la résultante
d'une réduction de la production européenne, d'une relative stagnation aux Etats
Unis, d'une augmentation de la en Chine et en URSS, et du très fort
développement charbonnier de quelques autres pays : l'Afrique du Sud, l'Aust
ralie, et le Canada. Ces différences dans les rythmes de développement peuvent
s'expliquer par le fait que la nouvelle industrie charbonnière se mettant en place
depuis quelques années n'est plus celle sur laquelle a reposé l'industrialisation de
l'Europe ; elle en diffère essentiellement par trois éléments : les caractéristiques
technico-économiques de sa production, celles de sa consommation, et enfin, les
dimensions géographiques de son marché (3).
(2)Paul Gardent : « Le Rôle du charbon », La Jaune et la Rouge, n° 353, juin 1980, pp. 45-51, (p.
45).
(3)Nous n'étudierons ici que les industries charbonnières dans les pays à économie de marché, celles
de la Chine, de l'URSS et de l'Europe de l'Est relevant de modes de fonctionnement différents
2 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE —n°16 2* trimestre 1981 — Les caractéristiques technico-économiques de la production du charbon. 1.1
L'industrie charbonnière traditionnelle, celle du siècle dernier, celle que l'on
rencontre encore en Europe, utilise une main d'oeuvre abondante : dans la
décomposition du prix de revient unitaire du charbon, la part du coût en main
d'œuvre apparaît en effet comme prépondérante ; ce qui n'est plus le cas de
beaucoup d'industries (par opposition aux services) ; dans le secteur de l'énergie
en particulier, la part rémunérant le capital tend à être la plus importante dans la
struture du coût (Cf. tableau 1). C'est la lourdeur des frais de main d'œuvre qui a
ôté au charbon son caractère compétitif.
Tableau 1 -.Structure du prix de revient dans quelques industries de l'énergie