Le comédien à l’ère numérique - article ; n°1 ; vol.83, pg 193-210

Jean-Pierre Triffaux

Description

Communications - Année 2008 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 193-210
À l’ère numérique, quels rapports l’art dramatique entretient-il avec les évolutions technologiques, esthétiques et sociétales? Quel impact les changements observés ont-ils sur le comédien? sur le processus de création? Si on peut penser que la concurrence de l’acteur et du performeur ainsi que la dématérialisation et l’hybridation du théâtre mettent en péril l’art du comédien, en revanche l’intensification du drame, l’expression des émotions primordiales ou l’autonomisation de la pratique théâtrale sont autant de facteurs susceptibles de renouveler l’art vivant de l’acteur. Sont évoquées des propositions pour faciliter ce renouveau: pro-dramatisme, nouvelles écritures, réalisations scéniques alternatives, contacts directs avec tous les publics…
In this digital age, what connections can there be between dramatic art and the evolution in technology, aesthetics and our society? What impact do the changes observed have on the players and on the process of creation? If, on the hand, we can suppose that the competition between actors and performers, as well as the dematerialising and hybridising of the theatre jeopardize the players’ art, on the other hand, the intensifying of drama, the expression of essential emotions and the automation of theatrical performance are factors that are likely to renew the actors’ living art. Proposals to facilitate this revival, this renewal, can be evoked: pro-dramatizing, new texts, alternative stage productions, direct contact with a wider audience…
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COMMUNICATIONS
• Publié le: 01 janvier 2008
• Nombre de lectures: 52
• Langue: Français

Extrait

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Le comédien à l’ère numérique

Il fut un temps où lorsqu’on évoquait les monstres sacrés, au masculin ou au féminin, on pensait aux grands comédiens de théâtre tels que Talma, Mounet-Sully ou Sarah Bernhardt 1 . Un peu plus tard, quand on se mit à parler de stars, on citait volontiers des acteurs d’écran éblouissants, comme James Dean, Brigitte Bardot ou Marilyn Monroe. On pourrait bien sûr adjoindre à cette liste d’autres célébrités, chanteurs d’opéra ou divas : la Callas, Pavarotti, par exemple. Mais, aujourd’hui, sans complexe, on peut ajouter également tout un chapelet d’icônes ou de mythes contem- porains appartenant à la très étendue et très médiatique société du spec- tacle : artistes de variétés et du show-biz, sportifs émérites et dieux du stade, vedettes de la télévision : Madonna, Zidane 2 ! Il est vrai qu’au cours du XX e siècle les moyens audiovisuels puis, plus récemment, élec- troniques et numériques ont contribué à modifier la réception du spec- tacle. Cette évolution mérite qu’on s’y attarde. On est au début d’une ère nouvelle où, d’un côté, les sphères du spectacle, de la haute technologie, du multimédia s’interpénètrent et où, par ailleurs, la révolution numéri- que et la mondialisation des échanges s’accélèrent aux quatre coins de la planète. Cet état de fait, qui agite le monde médiatique, bouscule les studios de télévision, les scènes de spectacle, aussi bien que les plateaux de cinéma ou les planches des théâtres, amène à réfléchir à la situation actuelle du comédien, aux conditions d’exercice de son art. Bien que l’engouement pour la pratique théâtrale soit relativement fort, que l’offre de spectacles théâtraux se soit accrue, on voit bien qu’aucune embellie ne s’est dessinée en matière de fréquentation des théâtres, de renouvel- lement des catégories de public. Par ailleurs, les motivations quant au métier de comédien ont changé en profondeur. L’idée de vocation d’un Jouvet pour caractériser le lien qui doit s’instaurer entre l’aspirant acteur et son engagement artistique est devenue obsolète 3 . Les gens du spectacle parlent davantage de métier, de profession, d’intermittent du spectacle. 193

Jean-Pierre Triffaux