Le commerce des pâtes alimentaires dans les Aduanas Sardas - article ; n°36 ; vol.18, pg 111-127
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Médiévales - Année 1999 - Volume 18 - Numéro 36 - Pages 111-127
Pasta in the Aduanas Sardas - This paper examines the trade of pasta in the thirteenth century, using the customs records of the port of Cagliari. Sardinia, during the Middle Ages, was one of the major export centers for pasta, thanks to its production of hard corn. The records of Cagliari harbor, in conjunction with other sources of an economical-institutional nature, have given new insight into this trade, which was almost independent from that of corn. The main cities of the Mediterranean constantly required pasta, to such an extent that, during periods of severe dearth of corn, the export of pasta from Cagliari was regulated or prohibited. There were several types of pasta : alatria, macarons and fideus, which were luxury products consumed by the rich Italian merchant communities, as well as by the Jewish, and were sometimes offered at banquets by the Catalan sovereigns.
Cet article traite du commerce des pâtes alimentaires au XIIIe siècle, à la lumière des registres douaniers du port de Cagliari. La Sardaigne, grâce à sa production de blé dur, était l'un des centres les plus importants d'exportation de pâtes alimentaires au Moyen Âge. L'étude des registres de Cagliari, ainsi que d'autres sources, économiques et institutionnelles, a donné un nouvel aperçu de ce commerce, en grande partie indépendant de celui du froment. La demande de pâtes par les principales villes de la Méditerranée était constante, au point que, dans les périodes de pénurie de céréales, l'exportation des pâtes de Cagliari était soumise à une réglementation ou interdite. Les différents types de pâtes - alatria, macarons et fideus - étaient des produits de luxe consommés par les riches communautés italiennes et juives, et servis parfois aux banquets des souverains catalans.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dr.ssa Laura Galoppini
Lada Hordynsky-Caillat
† Odile Redon
Le commerce des pâtes alimentaires dans les Aduanas Sardas
In: Médiévales, N°36, 1999. pp. 111-127.
Abstract
Pasta in the Aduanas Sardas - This paper examines the trade of pasta in the thirteenth century, using the customs records of the
port of Cagliari. Sardinia, during the Middle Ages, was one of the major export centers for pasta, thanks to its production of hard
corn. The records of Cagliari harbor, in conjunction with other sources of an economical-institutional nature, have given new
insight into this trade, which was almost independent from that of corn. The main cities of the Mediterranean constantly required
pasta, to such an extent that, during periods of severe dearth of corn, the export of pasta from Cagliari was regulated or
prohibited. There were several types of pasta : alatria, macarons and fideus, which were luxury products consumed by the rich
Italian merchant communities, as well as by the Jewish, and were sometimes offered at banquets by the Catalan sovereigns.
Résumé
Cet article traite du commerce des pâtes alimentaires au XIIIe siècle, à la lumière des registres douaniers du port de Cagliari. La
Sardaigne, grâce à sa production de blé dur, était l'un des centres les plus importants d'exportation de pâtes alimentaires au
Moyen Âge. L'étude des registres de Cagliari, ainsi que d'autres sources, économiques et institutionnelles, a donné un nouvel
aperçu de ce commerce, en grande partie indépendant de celui du froment. La demande de pâtes par les principales villes de la
Méditerranée était constante, au point que, dans les périodes de pénurie de céréales, l'exportation des pâtes de Cagliari était
soumise à une réglementation ou interdite. Les différents types de pâtes - alatria, macarons et fideus - étaient des produits de
luxe consommés par les riches communautés italiennes et juives, et servis parfois aux banquets des souverains catalans.
Citer ce document / Cite this document :
Galoppini Laura, Hordynsky-Caillat Lada, Redon Odile. Le commerce des pâtes alimentaires dans les Aduanas Sardas. In:
Médiévales, N°36, 1999. pp. 111-127.
doi : 10.3406/medi.1999.1454
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1999_num_18_36_1454Médiévales 36, printemps 1999, pp. 111-127
Laura GALOPPINI
LE COMMERCE DES PATES ALIMENTAIRES
DANS LES ADUANAS SARDAS*
Les études que lesjiistoriens ont consacrées depuis quelques décennies à
la nourriture au Moyen Âge témoignent d'un renouveau d'intérêt pour ce sujet1.
Outre les recherches dans les domaines économique, anthropologique et cultur
el, d'autres concernent plus particulièrement les aliments et les mets, tels que
la viande, le poisson, les fruits, le pain et les pâtes alimentaires. On constate
que ces dernières ont pris une importance grandissante au cours des siècles, au
point qu'elles sont considérées aujourd'hui comme représentatives de l'aliment
ation méditerranéenne, et en particulier italienne. Toutefois, ce n'est que récem
ment qu'on a commencé à étudier de manière approfondie l'histoire complexe
des pâtes alimentaires2.
Emilio Sereni, qui a été parmi les premiers à en démontrer l'importance
et la diffusion dans son intéressante, et désormais classique analyse historique
et littéraire, a établi que l'importation des macaronis à Naples remonte au plus
tard à la fin du xve siècle. Leur production, qui a connu une diffusion dès les
premières années du xvr siècle, et leur consommation, se sont intégrées aux
habitudes alimentaires de cette ville au point de transformer les Napolitains de
« mangiafoglia » (mange-feuilles), comme on les avait surnommés, en « man-
giamaccheroni » (mange-macaronis)3. Une preuve de cette demande croissante
* Je remercie le professeur Odile Redon, qui m'a demandé d'écrire cette note et en a suivi la
rédaction.
1. La bibliographie sur l'alimentation s'enrichit continuellement de nouveaux titres. Nous ind
iquons ici deux volumes récents, Histoire de l'Alimentation, J.-L. Flandrin et M. Montanari, dir.,
Paris, 1996, et les actes de la « Ventottesima Settimana di Studi » (22-27 aprile 1996) de l'Istituto
Internazionale di Storia Economica « F. Datini » de Prato, Alimentazione e nutrizione, secc. XHl-XVIH,
S. Cavaciocchi éd., Florence, 1997.
2. « Les pâtes alimentaires n'ont guère retenu l'attention des médiévistes », a écrit B. Laurioux
dans son article « Des lasagnes romaines aux vermicelles arabes : quelques réflexions sur les pâtes
alimentaires au Moyen Âge », dans Campagnes Médiévales : l'homme et son espace. Études offertes
à Robert Fossier, E. Mornet éd., Paris, Publications de la Sorbonne, 1995 (Histoire ancienne et
médiévale-31), p. 199-215, cit. p. 199. Sur le thème des pâtes, voir aussi « Contre Marco Polo : une
histoire comparée des pâtes alimentaires », Médiévales, 16-17, 1989, p. 27-187 ; O. Redon, B. Laur
ioux, « L'apparition et la diffusion des pâtes sèches en Italie (xnr-xvr siècles) », dans Techniques
et économie antiques et médiévales. Le temps de l'innovation. Colloque d'Aix-en-Provence (mai 1996),
D. Garcia et D. Meeks éd., Paris, 1997, p. 101-108.
3. E. Sereni, « Note di storia dell'alimentazione nel Mezzogiorno : i Napoletani da "mangiaf
oglia" a "mangiamaccheroni" », dans Terra nuova e buoi rossi e altri saggi per una storia deU'agri-
coltura europea, Turin, 1981, p. 292-371. Sur les pâtes alimentaires voir L. Messedaglia, Aspetti
délia realtà storica in Merlin Cocai, Venise, 1939 ; et aussi R. S. Lopez, « Chi ha inventato gli spagh
etti ? », dans 5m e giù per la storia di Genova, Gênes, 1975, p. 381-383. 112 L. GALOPPINI
pour les macaronis à Naples est le fait que leur production assuma un « caractère
industriel (ou mieux, artisanal), et non plus simplement domestique ou com
mercial »4, d'une importance telle - comme nous le savons par d'autres sources
- qu'il y eut un effort de mécanisation de la production. En témoigne, par
exemple, un paiement de 1596 pour l'acquisition d'un « appareil à macaronis »
muni de « quatre tréfileuses, un tamis, une balance et autres ustensiles » 5.
Dans son étude, Sereni place Cagliari avant Gênes au nombre des expor
tateurs principaux, bien que cette dernière ville soit bien plus connue pour la
production et le commerce des pâtes alimentaires. À l'appui de ce classement
il présente deux témoignages : l'œuvre de Tommaso Garzoni (1581) qui consi
dérait les vermicelles (« vermicelli ») comme l'un des principaux produits de
la Sardaigne, et un décret publié à Naples (1626) autorisant la vente des pâtes
seulement si elles provenaient de Cagliari et non pas du Royaume6. Comme
nous le verrons, la cité sarde pouvait se vanter d'une tradition de production
de pâtes alimentaires plus ancienne et déjà bien établie, au centre d'un com
merce florissant dépassant les frontières locales et soumis à une réglementation.
En avril 1520, lors du Parlement convoqué à Cagliari par le vice-roi Don Angelo
de Villanova, une des dispositions concernant la réglementation et l'améliora
tion des commerces autorisés par Charles Quint concernait la vente des pâtes.
Il y est stipulé que les peseurs royaux ne doivent pas vendre ou acheter du
fromage, des « fideus » ou les autres marchandises qu'ils étaient chargés de
peser, même pas par personnes interposées7. Le souci qu'ont eu les fonction
naires royaux d'éviter, ou tout au moins de limiter, les fraudes éventuelles
concernant ces produits révèle de façon indirecte que les fideus à Cagliari au
début du xvp siècle étaient une marchandise très prisée, figurant à côté du fr
omage, l'un des produits les plus typiques et les plus demandés de l'île. Mais
nous verrons que les sources actuellement connues ne nous permettent pas de
définir précisément ce type de pâtes. D'autres exemples pourraient être encore
cités pour illustrer l'importance sur le marché cagliaritain des pâtes alimentaires
pendant le xvp siècle. En réalité cette expansion avait ses origines dans une
activité de production et dans une demande qui s'étaient développées depuis au
moins deux siècles.
Cet article propose une relecture de l'étude de S

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