Le Corps pour Royaume. Un langage politique de la fin du XVIe siècle et début du XVIIe - article ; n°4 ; vol.10, pg 441-466
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Description

Histoire, économie et société - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 441-466
Abstract : The political language in the 16th century has privilegiated the body, its organs and functions as means to express political ideas. In some cases the organic métaphore is used to show an harmonious society, in others to illustrate antagonisms and disputes. The analysis of two major texts, la Satyre Ménippée anonymous (1593) and le Pourtraict du très-Chrestien et très-Victorieux Henri IIII... by G. Blaignan (1604), points out how the symbolic body of the King fits the Glory of the Kingdom. Two images are impressive : the royal body in pieces when the Kingdom was during the religion wars, a new body as that of Hercules triumfans to celebrate the sacralized unity of the regenerated Kingdom.
Résumé : Le langage du XVIe siècle choisit le corps comme mode de représentation politique. Selon les cas la métaphore organique est appelée à mettre en scène l'harmonie sociale ou au contraire les dissensions et les antagonismes. Par l'analyse précise de deux œuvres la Satyre Ménippée (1593) d'une part, et le Pourtraict du très-Chrestien et très-Victorieux Henri IIII... de G. Blaignan (1604) d'autre part, cet article tente de montrer comment le corps symbolique du roi s'identifie aux heurs et aux malheurs du royaume. Un corps royal en morceaux pour représenter le royaume mis à l'encan durant les guerres de religion, un corps ressuscité sous la forme d'Hercule triomphant pour célébrer l'unité sacralisée du royaume régénéré, telles sont les deux visions saisissantes qui se dégagent de ces œuvres.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Anne-Marie Brenot
Le Corps pour Royaume. Un langage politique de la fin du XVIe
siècle et début du XVIIe
In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°4. pp. 441-466.
Résumé : Le langage du XVIe siècle choisit le corps comme mode de représentation politique. Selon les cas la métaphore
organique est appelée à mettre en scène l'harmonie sociale ou au contraire les dissensions et les antagonismes. Par l'analyse
précise de deux œuvres la Satyre Ménippée (1593) d'une part, et le Pourtraict du très-Chrestien et très-Victorieux Henri IIII... de
G. Blaignan (1604) d'autre part, cet article tente de montrer comment le corps symbolique du roi s'identifie aux heurs et aux
malheurs du royaume. Un corps royal en morceaux pour représenter le royaume mis à l'encan durant les guerres de religion, un
corps ressuscité sous la forme d'Hercule triomphant pour célébrer l'unité sacralisée du royaume régénéré, telles sont les deux
visions saisissantes qui se dégagent de ces œuvres.
Abstract : The political language in the 16th century has privilegiated the body, its organs and functions as means to express
political ideas. In some cases the organic métaphore is used to show an harmonious society, in others to illustrate antagonisms
and disputes. The analysis of two major texts, la Satyre Ménippée anonymous (1593) and le Pourtraict du très-Chrestien et très-
Victorieux Henri IIII... by G. Blaignan (1604), points out how the symbolic body of the King fits the Glory of the Kingdom. Two
images are impressive : the royal body in pieces when the Kingdom was during the religion wars, a new body as that of Hercules
triumfans to celebrate the sacralized unity of the regenerated Kingdom.
Citer ce document / Cite this document :
Brenot Anne-Marie. Le Corps pour Royaume. Un langage politique de la fin du XVIe siècle et début du XVIIe. In: Histoire,
économie et société. 1991, 10e année, n°4. pp. 441-466.
doi : 10.3406/hes.1991.1578
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1991_num_10_4_1578CORPS POUR ROYAUME LE
Un langage politique de la fin du XVIe siècle
et début du XVIIe
par Anne-Marie BRENOT
Résumé :
Le langage du XVIe siècle choisit le corps comme mode de représentation politique. Selon les
cas la métaphore organique est appelée à mettre en scène l'harmonie sociale ou au contraire les
dissensions et les antagonismes. Par l'analyse précise de deux œuvres la Satyre MénJppée (1593) d'une
part, et le Pourtraict du très-Chrestien et très-Victorieux Henri IIII... de G. Blaignan (1604) d'autre
part, cet article tente de montrer comment le corps symbolique du roi s'identifie aux heurs et aux
malheurs du royaume. Un corps royal en morceaux pour représenter le royaume mis à l'encan durant
les guerres de religion, un ressuscité sous la forme d'Hercule triomphant pour célébrer l'unité
sacralisée du royaume régénéré, telles sont les deux visions saisissantes qui se dégagent de ces œuvres.
Abstract :
The political language in the 16th century has privilegiated the body, its organs and functions as
means to express political ideas. In some cases the organic métaphore is used to show an harmonious
society, in others to illustrate antagonisms and disputes. The analysis of two major texts, la Satyre
Ménippée anonymous (1593) and le Pourtraict du très-Chrestien et très-Victorieux Henri IIII... by G.
Blaignan (1604), points out how the symbolic body of the King fits the Glory of the Kingdom. Two
images are impressive : the royal body in pieces when the Kingdom was during the religion wars, a
new body as that of Hercules triumfans to celebrate the sacralized unity of the regenerated Kingdom.
Sire, comme il faut que tous les membres du corps humain soient chacun à part soy, pour la
conversation de ce tout duquel ils sont parties, en devoir selon les offices et fonctions à quoy la
nature les a produicts : aussi est-il raison qu'au corps public d'un Estât et police, chacun soit
ententif à suyvre cette vocation à laquelle, il a pieu à Dieu de l'appeler, sans que l'un se hazarde
et ingère indiscrètement sur l'autre et se mesle de ce dequoy il n'a aucune expérience : car
autrement ce seroit altérer l'ordre, et causer confusion en la chose qui de soy est bien dressée, et
parfaitement agencée, et composée. Ce que moy considérant et me sentant estre un membre du 442 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
corps de la France, suiect à votre Maiesté, (qui en est Pâme et le chef) et me voyant non du
tout inutile... 1.
C'est en ces termes que le chirurgien Ambroise Paré écrit son épître dédicatoire à
Henri III, Roy de France et de Pologne en 1575. L'homme de l'art rejoint le courtisan
pour définir l'ordre politique en termes d'harmonie corporelle. Ce langage qui met en
scène le corps et privilégie les liens d'appartenance n'est pas propre à un particulier, il
est celui d'une génération. Chaque époque élabore un discours sur la société et sécrète
une symbolique. Le langage politique de la fin du XVIe siècle témoigne de la pré-
gnance de la métaphore corporelle. La célébration de l'harmonie sociale ou au
contraire en ces temps de tourmente, la dénonciation de sa ruine impriment leurs
marques dans le corps du royaume. Notre propos n'est pas de revenir sur une étude
de la violence2 mais de tenter de cerner l'impact que les guerres de religion puis la
restauration du royaume sous Henri IV ont pu avoir sur les représentations du corps
symbolique du roi.
C'est dire que cette étude s'inscrit dans le prolongement des travaux de Kantoro-
wicz. C'est au tournant du XlIIe siècle que Kantorowicz situe la naissance du proces
sus qui aboutit à l'incorporation symbolique du royaume au corps du roi3. A partir de
là s'applique au monarque un double corps, un corps humain et un corps symbolique.
Les épousailles du sacre trouvent leur prolongement logique dans une conception mo-
niste du pouvoir où la dualité monarque/royaume se fond dans l'unité. En tant que
corps, le royaume relève des lois naturelles qui veulent que nul ne soit à l'abri des
épidémies ni exempt de langueurs ou de convulsions. Mais si la maladie peut le te
nailler, la mort sans cesse invoquée est toujours conjurée. Réduit à la dernière extré
mité, le royaume à l'agonie transcende la mort et la repousse toujours à l'horizon d'un
impossible. Le corps symbolique est phénix en son royaume.
En deçà, il reste la pérennité d'une configuration double, celle du royaume malade
étendu terrassé par la douleur et celle du royaume en pleine santé debout, victorieus
ement dressé à la face de ses ennemis. A travers ces deux attitudes se profile toute une
mythologie des heurs et des malheurs du royaume.
Se trouvant le corps de l'eftat tout ainfi que le naturel de l'homme en fon intégrité &
perfection, lors que les principales parties font faines & fauves & tout bien compofé & accordé
en bonne température & harmonie & au contraire bien malade & difpolé à altération lors que
leurs vices & imperfections comme humeurs mauvaifes s'affemblent dans le corps ... ^
Cette étude porte essentiellement sur deux œuvres qui correspondent à deux r
eprésentations types du corps symbolique du roi. Il s'agit d'une part de la : Satyre Mé-
nippée de la vertu du Catholicon d'Efpagne et de la tenue des Eftatz de Pans parue en
1593 5, et d'autre part l'œuvre moins connue de Georges Blaignan, Pourtraict du très-
chrestien et très-victorieux Henri UIIRoy de France et de Navarre éditée en 1 604 6. LE CORPS POUR ROYAUME 443
LE CORPS EN MORCEAUX
Un royaume au bord de l'abîme
Les huit guerres de religion qui se déroulent de 1562 à 1593 mettent le royaume à
feu et à sang. La France ravagée par le passage des reîtres et des mercenaires de tout
poil, est la proie des ambitions espagnoles aussi bien que des visées lorraines. A peine
promulgués les édits de paix se révèlent impossibles à appliquer. Les massacres suc
cèdent aux conjurations et aux assassinats sans qu'il soit donné aux Valois de faire
triompher la concorde. Deux périodes de paroxysme de la violence jettent le royaume
dans le désarroi : le massacre de la saint Barthélémy en 1572 et l'acte régicide de
15897. Si après ces dates, la violence reflue, le sort du royaume n'en est pas réglé
pour autant. Tout se joue dans les années tournantes de 1593

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