Le débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sur l unité de plan et de composition. - article ; n°4 ; vol.3, pg 343-363
22 pages
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Le débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sur l'unité de plan et de composition. - article ; n°4 ; vol.3, pg 343-363

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1950 - Volume 3 - Numéro 4 - Pages 343-363
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Piveteau
Le débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sur l'unité de
plan et de composition.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1950, Tome 3 n°4. pp. 343-363.
Citer ce document / Cite this document :
Piveteau Jean. Le débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sur l'unité de plan et de composition. In: Revue d'histoire des
sciences et de leurs applications. 1950, Tome 3 n°4. pp. 343-363.
doi : 10.3406/rhs.1950.2860
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1950_num_3_4_2860Le débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire
sur l'unité de plan et de composition^
Nous nous proposons de donner un récit et un commentaire du
débat qui s'éleva, en 1830, devant l'Académie des Sciences, entre
Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, au sujet de l'unité de plan et de
composition du règne animal. Débat entre deux types d'esprit et
deux conceptions de la science ; aboutissement d'une série de
recherches commencées en commun et qui allèrent divergeant de
plus en plus, jusqu'à la rupture finale ; opposition se retrouvant,
sur un mode transposé, dans la science moderne.
Pour en saisir la signification et la portée, il convient donc tout
d'abord de suivre la pensée des auteurs à travers les cheminements
qui conduisirent à la célèbre controverse.
LA PENSÉE BIOLOGIQUE DE CUVIER
Cuvier, le véritable fondateur de l'Anatomie Comparée était,
par nature d'esprit, un physiologiste. Il ne séparait point l'étude
des formes de celle des fonctions, et mit toujours au premier rang
la considération de la fonction.
Le développement de ses vues sur l'organisation s'éclaire si l'on
part de sa conception du phénomène vital. Il en donnait une défi
nition renouvelée de Kant : La raison de la manière d'être de
chaque partie d'un corps vivant réside dans l'ensemble, tandis que,
dans les corps bruts, chaque partie Га en elle-même. C'est donc
par la corrélation des organes que se caractérise le vivant, et cette
notion capitale, qui devait inspirer toute sa philosophie biologique,
il en soulignait l'importance dès le début de sa carrière. Le 28 ven-
(1) Communication présentée le 22 juillet 1950, au Centre de Synthèse, devant
les membres de la Section d'Histoire des Sciences du Centre, et du Groupe français
d'Historiens des Sciences. 344 revue d'histoire des sciences
tôse an VIII, dans une lettre à Jean-Claude Mertrud, alors
professeur de l'anatomie des animaux au Muséum d'Histoire
naturelle de Paris, il écrivait : « Toutes les parties d'un corps
vivant sont liées ; elles ne peuvent agir qu'autant qu'elles agissent
toutes ensemble : vouloir en séparer une de la masse, c'est la reporter
dans l'ordre des substances mortes... (1) » Et plus tard, dans le
Discours sur les révolutions de la surface du globe et sur les chan
gements qu'elles ont produits dans le règne animal, il énonçait sous
une forme précise le principe de corrélation des formes : « Tout être
organisé forme un ensemble, un système unique et clos, dont les
parties se correspondent mutuellement et concourent à la même
action définitive par une action réciproque. Aucune de ces parties
ne peut changer sans que les autres changent aussi ; et par consé
quent chacune d'elles, prise séparément, indique et donne toutes
les autres (2). » Un tel principe, il convient de le souligner, a un
caractère essentiellement physiologique ; c'est la notion du fon
ctionnement de l'être vivant que l'anatomiste doit toujours avoir à
l'esprit quand il veut saisir les lois de l'organisation.
La nécessité d'une corrélation générale des organes implique
qu'il y a des combinaisons impossibles et des combinaisons néces
saires (3). Il y a des impossibles : une dent tranchante
et propre à découper la chair ne coexistera dans la même espèce
avec un pied enveloppé de corne qui ne peut que soutenir l'animal
sans lui permettre de saisir. Il y a des combinaisons nécessaires : un
(1) Nous ne pouvons indiquer ici tous les prolongements de cette manière d'envi
sager l'être vivant. Soulignons cependant que Cuvier en concluait à l'impossibilité de
l'expérimentation en biologie, « les machines qui font l'objet de nos recherches ne peuvent
être démontées sans être détruites ». Auguste Comte devait reprendre le même thème
en des- termes semblables.
(2) En 1817, dans l'Introduction à son ouvrage : Le Règne animal distribué ď après
son organisation, il écrivait également : « Comme rien ne peut exister s'il ne réunit les
conditions qui rendent son existence possible, les différentes parties de chaque être
doivent être coordonnées de manière à rendre possible l'être total, non seulement en
lui-même, mais dans ses rapports avec ceux qui l'entourent... »
(3) « Les parties d'un être devant toutes avoir une convenance mutuelle, il est tels
traits de conformation qui en excluent d'autres ; il en est, au contraire, qui en néces
sitent ; quand on connaît donc tels ou tels traits dans un être, on peut calculer ceux qui
coexistent avec ceux-là, ou qui leur sont incompatibles ; les parties, les propriétés ou les
traits de conformation qui ont le plus grand nombre de ces rapports d'incompatibilité
ou de coexistence avec d'autres, ou en d'autres termes, qui exercent sur l'ensemble de
l'être, l'influence la plus marquée, sont ce que l'on appelle les caractères importans,
les caractères dominateurs ; les autres sont les caractères subordonnés, et il y en aura
ainsi de différens degrés... » (Le Règne animal distribué d'après son organisation, Intro
duction, p. 10-11.) DÉBAT ENTRE CUVIER ET GEOFFROY SAINT-HILAIRE 345 LE
animal qui ne peut digérer que de la chair doit, sous peine de des
truction de son espèce, avoir la faculté d'apercevoir son gibier, de
le poursuivre, de le saisir, etc., et, par suite, les organes correspondant
à ces fonctions. La nature se trouve bornée dans son action par les
incompatibilités physiologiques : « elle a réalisé toutes celles des
combinaisons qui ne répugnent pas, et ce sont ces répugnances,
cette impossibilité de faire coexister telle modification avec telle
autre, qui établissent entre les divers groupes d'êtres ces séparations,
ces hiatus qui en marquent les limites nécessaires ».
Ainsi, toutes ces transformations qui feraient passer insens
iblement d'un type à un autre, « aisées à imaginer pour celui qui rêve,
s'évanouissent pour celui qui dissèque » ( 1 ) . Il n'y a pas un plan d'orga
nisation commun à tous les vivants, mais plusieurs, irréductibles
les uns aux autres, quatre en réalité, d'après lesquels tous les
animaux semblent avoir été modelés.
LA PENSEE BIOLOGIQUE DE GEOFFROY SAINT-HILAIRE
Avec Geoffroy Saint-Hilaire, nous sommes plongés dans une
toute autre atmosphère intellectuelle. La tournure positiviste de
Guvier est absente de son œuvre. On y retrouve par contre l'i
nfluence de la loi de continuité que Charles Bonnet, au siècle précédent,
avait étendue à l'ensemble des êtres, et une certaine conformité
d'esprit avec l'école, alors si vivante en Allemagne, des philosophes
de la Nature.
Après des travaux de zoologie descriptive, Geoffroy aborde, au
cours de l'année 1806, en des circonstances qu'il a ainsi racontées,
ce qu'il devait appeler plus tard la philosophie anatomique. Il se
proposait de publier la description des matériaux recueillis au cours
de l'expédition d'Egypte, où il avait accompagné Bonaparte.
Revoyant, au moment de le donner à l'impression, son manuscrit
sur les poissons, il fut frappé des lacunes de connaissances sur
l'anatomie de ce groupe, et, d'une manière plus générale, des
incertitudes de méthode de l'Anatomie Comparée.
Une difficulté, en particulier, lui parut tellement fondamentale,
(1) A propos du système de Lamarck, Cuvier écrivait également : « un système,
appuyé sur de pareilles bases, peut amuser l'imagination d'un poète ; un métaphysicien
peut en dériver toute une autre génération de systèmes ; mais il ne peut soutenir un
moment l'examen de quiconque a dis

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