Le fonctionnalisme en syntaxe - article ; n°1 ; vol.35, pg 6-25
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Description

Langue française - Année 1977 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 6-25
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. François
Le fonctionnalisme en syntaxe
In: Langue française. N°35, 1977. pp. 6-25.
Citer ce document / Cite this document :
François F. Le fonctionnalisme en syntaxe. In: Langue française. N°35, 1977. pp. 6-25.
doi : 10.3406/lfr.1977.4821
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1977_num_35_1_4821Frédéric François, Université René-Descartes, Paris.
LE FONCTIONALISME EN SYNTAXE
II est évidemment superficiel de ne considérer l'histoire d'une science
que comme affrontement répété d'un certain nombre d'« ismes ».
Tout d'abord parce que chaque époque est confrontée à des problèmes
communs. Comme le note Tullio de Mauro dans son introduction au Cours
de Linguistique générale(l) : les 'thèmes que nous considérons comme typ
iquement saussuriens « circulent dans toute la culture de la deuxième moitié
du XIXe siècle ». De même, il y a un certain nombre de thèmes communs
chez Sweet, Passy, Baudouin de Courtenay, Jespersen et chez Saussure
lui-même. Plus récemment, on peut suivre le fil de certaines préoccupations
communes, non exclusives d'oppositions chez Meillet, Troubetzkoy;
chez Jakobson, Martinet et dans l'école de Prague, chez Frei et Buyssens.
Mais aussi dans d'autres « écoles » éventuellement pourvues d'un titre,
chez Halliday par exemple (et on en oublie).
Corrélativement, isoler des thèmes propres à une école est souvent un
jeu stérile. Il est toujours possible, à partir d'une doctrine constituée, de
se fabriquer une série de glorieux ancêtres en les lisant à travers la grille
de cette doctrine. On risque alors, en insistant sur ces thèmes, de négliger
les restructurations qu'ils subissent en s'intégrant dans la pensée d'un auteur
particulier. On gomme aussi alors la complexité du processus historique
par lequel cette pensée s'est constituée.
Enfin, il existe certes des « coupures épistémologiques » dans lesquelles
une science se restructure, redéfinit son objet et sa méthode. Mais il serait
naïf de penser que cette coupure désigne l'instant réel « où une science se
coupe de sa préhistoire et de son environnement idéologique », pour r
eprendre la mise en garde de Mounin 2. On ne peut séparer la science de
l'idéologie comme le bon grain de l'ivraie. Ne serait-ce que parce que
tout auteur part de la problématique de son époque, au besoin pour s'y
opposer. La nouvelle doctrine sera en même temps mise en évidence de
nouveaux aspects de la réalité, conflit doctrinal et — à des degrés divers —
reprise ou perte de l'apport de ses adversaires.
1. F. de Saussure Cours de Linguistique générale, édition critique préparée par Tullio de Mauro, Payot,
Genève-Paris, 1972, XVIII, 510 p., p. III.
2. Georges Mounin, La Linguistique du XXe siècle, P.U.F., Paris, 1972, 252 p., p. 228. Ce lien entre science et idéologie se manifeste tout particulièrement
dans les sciences humaines où souvent une science progresse effectiv
ement en s'appuyant sur des développements d'autres sciences qui n'ont, eux,
rien d'assuré. Par exemple lorsque la pratique de l'analyse phonoiogique
s'est fondée sur une image douteuse des « intentions du sujet parlant ».
Ou bien, les acquis d'une science deviennent masque lorsqu'ils sont trans
posés dans un autre domaine. Ce qui s'est passé lorsque le « structura
lisme » est devenu une façon de parler de tout objet.
En un sens, le fait que la science ne se développe que dans la polémique
et par des extensions d'un domaine à un autre justifie la présentation sous
forme ď « ismes ». Mais on risque alors soit de ne voir dans ces ismes que
ce qui les oppose sans saisir aussi la réalité de l'apport scientifique des uns
et des autres, soit même de faire comme si une seule doctrine était porteuse
de science.
Cela dit, il existe bien une « conscience fonctionaliste polémique » :
— contre la phonétique et la grammaire traditionnelles,
—le structuralisme distributionaliste,
— plus récemment, contre les présentations chomskiennes de la grammaire
generative et transformationnelle.
On voudrait partir de cette conscience polémique pour cerner ce qui
nous semble être l'apport positif du fonctionalisme, en cherchant à replacer
l'analyse syntaxique dans l'étude de la langue en général. On peut organiser
cet apport autour de trois thèmes :
— principes et méthodes d'analyse synchronique : la pertinence,
— la dynamique linguistique,
— la place de la syntaxe dans les faits de langue.
1. Langue, besoins sociaux et pertinence
II semble qu'on puisse regrouper la plupart des courants actuels de la
linguistique sous le nom de structuralisme. D'abord parce qu'aux différents
niveaux de l'analyse, ils ne se donnent jamais des unités existant par elles-
mêmes mais les définissent d'abord par leur environnement dans la chaîne
parlée (leurs rapports syntagmatiques). Ainsi ne présuppose-t-on pas qu'il
existe des articles, mais on définit un ensemble d'unités, en inventaire
limité, qui précédent ou suivent le nom, dont la présence selon les langues
est nécessaire ou facultative. De même tous les structuralistes, même si
c'est dans le courant fonctionaliste que cette idée a été le plus développée,
pensent que la valeur d'un terme ne lui est pas inhérente, mais qu'elle est
fonction de ses rapports d'opposition avec les unités qui pourraient occuper
la même place ou plutôt jouer le même rôle (on parle alors de rapports
paradigmatiques). Ainsi la préposition française à n'a pas la même valeur
que l'anglais at, puisque celle-ci entre en opposition à to, un des signes étant
spécialisé dans l'indication du lieu, l'autre dans celui de la direction.
Au moins à l'origine, les deux grandes branches du structuralisme,
américaine et européenne, ont visé à décrire ainsi l'organisation propre de langue, en réagissant contre l'universalisme x hâtif qui postule chaque
a priori qu'on doit retrouver partout les mêmes classes, des noms et des
verbes par exemple. De même les uns comme les autres étaient structural
istes en ceci qu'ils pensaient qu'il était possible de décrire la structure de
la langue en elle-même, indépendamment en particulier de tout recours à
la psychologie.
Mais sur cette base commune, le fonctionalisme, tel qu'il est pratiqué
par Troubetzkoy et Martinet se caractérise d'abord par la volonté de ne
pas considérer la structure de la langue comme une réalité existant en soi,
mais au contraire de l'expliquer par l'équilibre entre les besoins de commun
ication tels qu'ils se manifestent dans une communauté particulière.
Certes une langue est transmise. En cela, elle est bien une réalité indépen
dante de ceux qui l'utilisent. Mais le « déplacement fonctionaliste » a
consisté à ne pas référer comme la tradition philosophique l'a fait, pour
l'essentiel, la langue à la pensée mais à chercher dans les interactions entre
les hommes (non dans le psychisme de chacun d'eux) les raisons qui expli
quent l'organisation des systèmes linguistiques particuliers.
En cela, comme le remarque Mounin dans le dernier chapitre de
l'ouvrage qu'on vient de citer : « Linguistique et Marxisme », s'il est vrai
qu'il n'y a pas un corps de doctrine qu'on pourrait appeler « la linguistique
marxiste », il y a bien convergence entre ces deux mouvements.
Il nous semble que c'est dans le principal livre de Troubetzkoy 2 que
s'est constitué d'abord le renouvellement qui permet de définir le fonctio
nalisme à la fois par une autre conception de la langue et par une méthode
d'analyse adéquate à cette conception. C'est pourquoi on se permet de
commencer par un rappel des principes de la phonologie.
L'exemple de la phonologie
Brièvement : a) les phonèmes ne sont pas des choses, des sons particul
iers ou des groupes de sons. On ne définit pas d'abord des phonèmes, mais
des oppositions phonologiques, c'est-à-dire les différences entre sons qui
permettent d'établir des différences entre significations. Il nous semble qu'en
insistant ainsi sur la commutation comme méthode d'analyse (c'est-à dire

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