Le jean-foutre et la marie-salope (2013)
497 pages
Français

Le jean-foutre et la marie-salope (2013)

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Description

MMAAUURRIICCEE GGIILLLLEETT Le jean-foutre et la marie-salope Les prénoms dénigrés, dévooyyés ou encanaillés du Moyen Âge à nos jours En résumé C’est un phénomène aussi vieux que la langue : soustraits à leur vocation d’attributs de l’intimité, les prénoms s’utilisent à des fins malveillantes. Authentiques attrape-nigauds, ils ont jadis piégé et ridiculisé le niais, le naïf, le gueux, l’imbécile. FFaaiirree llee JJaaccqquueess n’est quu’’uunn ppiièèttrree rreelliiqquuaatt ddee cceess pprraattiiqquueess ddee ddééccoonsssiiidddééérrraaatttiiiooonnn,,, qqquuuiii,,, tttrrraaavvveeerrrsssaaannnttt llleeesss sssiiièèècccllleeesss,,, ooonnnttt aaauuussssssiii dddeeessstttiiitttuuuééé,,, iiiccciii ooouuu lllààà,,, llleeesss pppllluuusss vvveeerrrtttuuueeeuuuxxx noms de baptême pour les appliquer aux animaux et aux objets utilitaires. Une bonne douzaine de ces appellatifs dévoyés sont allés au seul geai, et autant au pot de chambre. D’autres se sont répandus dans le registre sexuel et la physiologie humaine, n’épargnant ni le pet ni le vomissement. D’autres encore ont été apparriiééss àà ll’’iinnffoorrttuunnee ccoonnjjuuggaallee,, àà llaa pprroossttiittuuttiioonn,, aauu pprrooxxéénnééttiissmmee,, àà llaa ddrroogguuee,, àà l’homosexualité, à la domesticité, etc. : Joseph, Lorette, Prosper, Carla, Caroline, Baptiste, Honoré sont de ceux-là.

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Publié le 06 octobre 2015
Nombre de lectures 80
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

MMAAUURRIICCEE GGIILLLLEETT



Le jean-foutre
et la marie-salope

Les prénoms dénigrés,
dévooyyés ou encanaillés

du Moyen Âge à nos jours



En résumé

C’est un phénomène aussi vieux que la langue : soustraits à leur vocation
d’attributs de l’intimité, les prénoms s’utilisent à des fins malveillantes.
Authentiques attrape-nigauds, ils ont jadis piégé et ridiculisé le niais, le naïf, le gueux,
l’imbécile. FFaaiirree llee JJaaccqquueess n’est quu’’uunn ppiièèttrree rreelliiqquuaatt ddee cceess pprraattiiqquueess ddee
ddééccoonsssiiidddééérrraaatttiiiooonnn,,, qqquuuiii,,, tttrrraaavvveeerrrsssaaannnttt llleeesss sssiiièèècccllleeesss,,, ooonnnttt aaauuussssssiii dddeeessstttiiitttuuuééé,,, iiiccciii ooouuu lllààà,,, llleeesss pppllluuusss vvveeerrrtttuuueeeuuuxxx
noms de baptême pour les appliquer aux animaux et aux objets utilitaires. Une
bonne douzaine de ces appellatifs dévoyés sont allés au seul geai, et autant au pot
de chambre. D’autres se sont répandus dans le registre sexuel et la physiologie
humaine, n’épargnant ni le pet ni le vomissement. D’autres encore ont été
apparriiééss àà ll’’iinnffoorrttuunnee ccoonnjjuuggaallee,, àà llaa pprroossttiittuuttiioonn,, aauu pprrooxxéénnééttiissmmee,, àà llaa ddrroogguuee,, àà
l’homosexualité, à la domesticité, etc. : Joseph, Lorette, Prosper, Carla, Caroline,
Baptiste, Honoré sont de ceux-là.

Sans renier le passé, les emplois dénigrants et canailles se régénèrent :
Zébulon ppoouurr uunn cchheeff dd’’ÉÉttaatt vviibbrriioonnnnaant, Gonzague ppoouurr uunn mmiinniissttrree BBCCBBGG,,
Tanguy ppoouurr uunn ccrraammppoonn aaggrriippppéé aauu ffooyyeerr,, Raoul ou Régis ppoouurr uunn ttooccaarrdd,, Ronny
pour un plouc, Lolita pour une jeune allumeuse, Conchita pour une bonniche,
Marie-Chantal pour une chochotte. Ses revers, le prénom ainsi écorné les doit à
de multiples facteurs qui vont de son foisonnement (Jean, Marie) à sa sonorité
(Babylas, Clodomir) et à son rôle de marqueur social : Aïcha, Zoubida, Mamadou
oonntt éévveeiilllléé ddeess rreelleennttss xxéénnoopphhoobbeess ; aux Sibylle et aux Richard ddee llaa FFrraannccee dd’’eenn
haut, répond crânement le Kevin d’en bas.

Quelque 1 200 notices explorent les circonstances de l’introduction, parmi
les manières de dire familières, argotiques et dialectales, de tous ces acteurs
cariccaattuurraauuxx eett ssaarrccaassttiiqquueess,, ppeerrssiifflleeuurrss dd’’hhiieerr eett dd’’aauujjoouurrdd’’hhuuii.. UUnn ddee lleeuurrss tteerrrraaiinnss
dddeee jjjeeeuuuxxx fffaaavvvooorrriiisss eeesssttt lll’’’uuunnniiivvveeerrrsss dddeeesss eeexxxppprrreeessssssiiiooonnnsss,,, sssooonnndddééé ààà sssooonnn tttooouuurrr,,, yyy cccooommmppprrriiisss dddaaannnsss ssseeesss
tournures aux rimes sans raison (Cool, Raoul ! ), qui entretiennent la fonction
récréative du langage. Récréative est elle-même l’ambition de ce volume, où se
rejoignent humour, folklore et lexicographie.







Ancien journaliste aux Éditions de l’Avenir, où il a tenu une chronique de langage,
Maurice GILLET collabore au musée des Traditions populaires en Piconrue
(Bastogne). Il y a publié en 2007 une étude sur les parodies du latin liturgique par le
dialecte, ouvrage couronné du prix triennal Langue et Littérature Joseph HANSE.


Couverture : CCoouuppllee ddee ppaayyssaannss aauu mmaarrcchhéé, détail d’une estampe d’Albert DÜRER, 1512.


Le jean-foutre Le jean-foutre
et la marie-salope

Les prénoms dénigrés,
ddéévvooyyééss oouu eennccaannaaiillllééss

du Moyen Âge à nos jours






À Esteban et Alice






































DU MÊME AUTEUR

Un retour de Toine Culot - Pastiches et hommages en l’honneur du centenaire d’Arthur Masson, Vers l’Avenir,
Namur, 1996 (épuisé).

Le Dico des prénoms bavards, 2000-2003 ; version abrégée publiée en feuilleton par les Éditions de
l’Avenir, Namur, 2003-2004.

Li latin sins dîre âmèn’ - Langue du culte et parodies dialectales, Musée en Piconrue, Bastogne, 2007 (ouvrage
couronné du Prix triennal Langue et Littérature Joseph Hanse, décerné par l’Association Charles
Plisnier en 2008).

Prête-moi ta plume : l’aile, les noms et les mots, in Anges & démons en Ardenne et Luxembourg (collectif), Musée
en Piconrue, Bastogne, 2008.


Mise en bouche



Les grains de sel du langage



ARLEZ-VOUS PRÉNOMS ? Par centaines, toisant les dictionnaires usuels qui les négligent, ils ont Pdepuis des siècles investi la langue, à l’oral comme à l’écrit, et ils y ont leur mot à dire, souvent
chargé d’ironie. Voyez la politique française : Nicolas Sarkozy a été qualifié de Marie-Chantal et
Mi1mile à la fois * ; étiqueté Zébulon à l’image du bonhomme vibrionnant du Manège enchanté, ou Speedy
Gonzalès telle la souris speedée des cartoons ; nain sectaire, par contrepet de saint-nectaire, d’un vieux
2 3nom de baptême à auréole fromagère – digne d’une boîte de camembert (petit) Président . On a
e 4fait de lui un Iago, celui de la V République, traître absolu aux yeux de Chirac . À peine son épouse,
chanteuse de Tu es ma came, devenait-elle première dame de France que les toxicomanes identifiaient
5par Carla une dose d’héroïne, « de la brune, de la ‘‘bruni’’, de la ‘‘Carla’’ » D’Anne-Aymone Giscard
6d’Estaing, autre ex-première dame, on raillait naguère la voix mariechantalisante . Mitterrand a laissé
une Mazarine hardiment substantivée sous l’acception de « secret inavouable d’un homme d’État » :
7« Auriez-vous quelque chose à nous cacher ? Auriez-vous votre Mazarine ? » . Sous les ors de l’Élysée, la
8bouche gourmande de Pompidou définissait par Sosthène un gaulliste orthodoxe : emprunt au
surnom baroque de Philippe De Gaulle, soutiré au prude duc Sosthène de La Rochefoucauld. Grande
Germaine et surtout Grande Zohra (d’après l’appellation par les colons de la fatma, autre prénom
écharpé) furent, parmi les Pieds-noirs et lors des complots de l’OAS, des sobriquets du Général. À
son tour, celui-ci ne rechignait pas à l’ironie prénominale : n’a-t-il pas désigné par comité Théodule ou
9comité Hippolyte une commission sans réelle utilité ?

Veut-on des exemples belges ? De feu Jacques Simonet, alors ministre-président de la
ré10gion de Bruxelles-Capitale, un magazine épinglait en 1999 le style BCBG, « bien plus Gonzague que
11Ronny ». Dans une interview en 2004 , la ministre communautaire de l’Audiovisuel et de la Culture
Fadila Laanan, longtemps restée bloquée à l’étage Précarité et débrouille de l’ascenseur social, était
estampillée Cosette du Gouvernement. Lors de la divulgation, en 1999, de l’existence de la fille illégitime
12 13d’Albert II, un journal annonçait à la une : « Notre Mazarine s’appelle Delphine. » Même la
presse du pays s’habille de prénoms persifleurs que propagea l’hebdomadaire satirique Pan :
Léopoldine pour La Libre Belgique, qui, lors de la Question royale, soutint Léopold III, le père d’Albert II ;
Sœur Thérèse pour Le Soir, par allusion à la petite-fille de son fondateur et ex-directrice,
MarieThérèse Rossel.


1 Par Jean-François KAHN, Dictionnaire incorrect, 2005 [* : Bibliographie détaillée en fin de volume].
2 e Né du culte envers l’apôtre de l’Auvergne, Nectaire n’a plus guère été attribué depuis le XVIII siècle.
3 Blog du Monde, mars 2010.
4 Canard enchaîné, 28 septembre 2011.
5 Id., 15 décembre 2010.
6 Dossiers du Canard, avril 1981.
7 Guy CARLIER à Nicolas SARKOZY, qui esquivait une question politique dans l’émission de France 3 On ne
pe

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