Le jean-foutre et la marie-salope - Les prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés, du Moyen Âge à nos jours (Supplément 2016)
93 pages
Français

Le jean-foutre et la marie-salope - Les prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés, du Moyen Âge à nos jours (Supplément 2016)

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Description

En résumé Depuis sa sortie en 2013, Le jean-foutre et la marie-salope, sous-titré Les prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés du Moyen Âge à nos jours, a été salué par plusieurs linguistes. Ils y ont vu, outre « Une importante contribution à l’anthroponymie romane »», un « DDiiccttiioonnnnaaiirree aammoouurreeuuxx ddeess pprréénnoommss mmaall aaiimmééss », voire, sur ce phénomène de déconsidération, « Le dictionnaire le plus riche de tous et le plus amusant à lire ». « Ample somme originale pleine d’informations, prises à un grand nombre de sources récentes et anciennes, écrites ou orales. Concerne les prénoms pris comme noms communs, porteurs d’une charge symbolique remarquable »»,, a commenté languefrancaise.net,, ttaannddiiss que la revue Francophonie vivante aappppllaauuddiissssaaiitt aaiinnssii : « OOnn ddéégguusstteerraa ccoommmmee ddeess bboonnbboonnss les rubriques des prénoms pour lesquels on veut approfondir le dévoiement qu’ils ont subi, et on ira d’abord voir ce qu’on dit de son propre prénom, prêt à supporter pour l’un le pot de chambre, pour l’autre l’andouillerie, ou pour un troisième la charge érotique. » Tant d’avis gratifiants, joints à l’émergence de nouveaux souffre-douleur et à l’accès à de nouvelles sources sur leurs devanciers, ont incité l’auteur à augmenter d’un Supplément son étude.

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Publié le 03 octobre 2015
Nombre de lectures 157
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

En résumé


Depuis sa sortie en 2013, Le jean-foutre et la marie-salope, sous-titré Les
prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés du Moyen Âge à nos jours, a été salué
par plusieurs linguistes. Ils y ont vu, outre « Une importante contribution à
l’anthroponymie romane »», un « DDiiccttiioonnnnaaiirree aammoouurreeuuxx ddeess pprréénnoommss mmaall aaiimmééss »,
voire, sur ce phénomène de déconsidération, « Le dictionnaire le plus riche de
tous et le plus amusant à lire ». « Ample somme originale pleine d’informations,
prises à un grand nombre de sources récentes et anciennes, écrites ou orales.
Concerne les prénoms pris comme noms communs, porteurs d’une charge
symbolique remarquable »»,, a commenté languefrancaise.net,, ttaannddiiss que la revue
Francophonie vivante aappppllaauuddiissssaaiitt aaiinnssii : « OOnn ddéégguusstteerraa ccoommmmee ddeess bboonnbboonnss
les rubriques des prénoms pour lesquels on veut approfondir le dévoiement qu’ils
ont subi, et on ira d’abord voir ce qu’on dit de son propre prénom, prêt à supporter
pour l’un le pot de chambre, pour l’autre l’andouillerie, ou pour un troisième la
charge érotique. »


Tant d’avis gratifiants, joints à l’émergence de nouveaux souffre-douleur et
à l’accès à de nouvelles sources sur leurs devanciers, ont incité l’auteur à
augmenter d’un Supplément son étude. Celle-ci relève de l’aspect le plus plaisant
de la déonomastique, une discipline dont l’enseigne austère s’accorde mal avec le
contenu savoureux et anecdotique qu’elle embrasse ici.







Ancien journaliste aux Éditions de l’Avenir, où il a tenu une chronique de
langage, Maurice GILLET collabore au musée des Traditions populaires en
Piconrue (Bastogne). Il y a publié en 2007 une étude sur les parodies du latin
liturgique par le dialecte, ouvrage couronné du prix triennal Langue et Littérature
Joseph HANSE.


Couverture : CCoouuppllee ddee ppaayyssaannss aauu mmaarrcchhéé, détail d’une estampe d’Albert DÜRER, 1512.


Le jean-foutre Le jean-foutre
et la marie-salope

Les prénoms dénigrés,
ddéévvooyyééss oouu eennccaannaaiillllééss

du Moyen Âge à nos jours
DU MÊME AUTEUR

Un retour de Toine Culot - Pastiches et hommages en l’honneur du centenaire d’Arthur Masson, Vers
l’Avenir, Namur, 1996 (épuisé).

Le Dico des prénoms bavards, 2000-2003 ; version abrégée publiée en feuilleton par les
Éditions de l’Avenir, Namur, 2003-2004.

Li latin sins dîre âmèn’ - Langue du culte et parodies dialectales, Musée en Piconrue, Bastogne,
2007 (ouvrage couronné du Prix triennal Langue et Littérature Joseph Hanse, décerné par
l’Association Charles Plisnier en 2008).

Prête-moi ta plume : l’aile, les noms et les mots, in Anges & démons en Ardenne et Luxembourg
(collectif), Musée en Piconrue, Bastogne, 2008.

Le jean-foutre et la marie-salope - Les prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés du Moyen Âge à nos jours,
Namur, 2013.




























Reproduction interdite à des fins commerciales,
mais libre pour un usage privé,
sous réserve d’indication de la source.


D / 2015 / Maurice GILLET, auteur-éditeur

maurice.gillet@belgacom.net

Avant-propos



Amoureux des prénoms mal aimés



RIAN ET GONTRAN. Par ces deux marqueurs sociaux fortement typés et promus
génériques, un psychologue belge baptisait en 2014 l’écolier harcelé et son harceleur. La B même année, a circulé l’expression éphémère faire sa Raymonde (« se comporter avec excès et
intolérance ») : à Namur, une syndicaliste ainsi prénommée avait été filmée semant le désordre dans
une boutique demeurée ouverte lors d’une grève générale. En France, où des millions de
1 2manifestants se proclamaient Charlie après les attentats de janvier 2015, des centaines de zadistes
ont milité sous le pseudonyme collectif de Camille, sexuellement indifférencié, et censé retarder leur
identification par la force publique. Le jour où celle-ci tua l’un d’eux par un jet de grenade, ils ont
en outre adopté Rémi, le prénom de la victime, brandi en symbole communautaire. Depuis peu,
chez les jeunes des banlieues, Jean-Pierre caricature le monde des adultes et des enseignants, aux
antipodes du leur, et, chez les chômeurs, Popaul se substitue avec désinvolture à Pôle Emploi, histoire
3d’humaniser cet organisme chargé de l’aide à l’embauche . Quant aux commémorations de la
Grande Guerre, elles ont rouvert les tiroirs poussiéreux du vocabulaire des Poilus : ils appelaient
Stéphane, par calembour sur Stéphane Mallarmé, un biplan à faible puissance de feu (« mal armé »), et
grosse Julie l’appareil biplace à large surface portante, en écho à la rengaine Ma gross’ Juli-i-i-i-e, qui
célébrait depuis 1895 « une nourrice sans rien de factice sur le devant comme au verso ».

C’est dire si les prénoms se plaisent continuellement à s’écarter de leur vocation spécifique
– distinguer une personne déterminée – pour se faufiler parmi les mots et creuser leur trou dans les
façons de parler et d’écrire, de manière volontiers péjorative. Il a donc paru légitime d’augmenter
d’un Supplément les cinq cents pages vouées à cette pratique ancestrale dans l’ouvrage de 2013 Le
jean-foutre et la marie-salope - Les prénoms dénigrés, dévoyés ou encanaillés du Moyen Âge à nos jours. Un
dictionnaire est une entreprise sans fin, une toile de Pénélope, pour reprendre une locution
prénominale classique. Se réclamer ici du grand Émile Littré serait prétentieux, mais fondé. En
1877, en ajoutant un volume à une œuvre pourtant déjà bouclée de A à Z quatre ans plus tôt, il
4déclarait : « Mais qui peut espérer de clore jamais un dictionnaire de langue vivante ? Encore aujourd’hui, je relève
sans sourciller ce que mes lectures ou des communications spontanées m’indiquent comme oubli, comme lacune, comme
erreur. » Sa remarque pourrait s’appliquer aussi aux prénoms, matière vivante par nature, et qui le
devient doublement dès qu’ils investissent le discours et le parsèment de leur malice.



L’imposteur et le singe


eMartin, c’est acquis, fut l’un des premiers masculins déconsidérés, dès le XIII siècle, sous le
5sens de « lourdaud, imbécile », mécompte accru par son appariement à un vaste bestiaire . Pour

1 Emprunté à l’hebdomadaire Charlie Hebdo dont le siège fut la cible d’une des tueries, ce prénom sera vite
mis à toutes les sauces, jusqu’à l’absurde : Manger ses crottes de nez, pourquoi c’est Charlie, lira-t-on le 29 mai en
couverture du Gorafi Magazine, sur son site d’informations parodiques.
2 Les zadistes (néologisme entré au Robert et au Larousse 2016) occupent une ZAD (Zone à défendre) pour
s’opposer aux grands projets d’aménagement du territoire en milieu rural.
3 Il se confond ainsi avec le Popaul, un des sobriquets du sexe masculin, ce qui encourage les équivoques du
style « Il est dur mon Popaul ! », relatives à la sévérité de l’institution.
4 Dans sa causerie Comment j’ai rédigé mon dictionnaire.
5 « Le populaire aime à donner aux animaux des noms chrétiens » (Clair TISSEUR, Le Littré de la Grand’ Côte, 1894,
publié sous le pseudonyme de NIZIER DU PUITSPELU).
5
el’historien, son discrédit pesa parfois sur le destin même d’un individu. Spécialiste du XVI siècle
6français, l’Américaine Natalie Zemon Davis a montré en effet que Martin Guerre , né en 1524 au
Pays basque, avait un prénom bien lourd à porter à Artigat, quand sa famille vint s’y établir en
1527 : dans cette localité de l’Ariège, il essuya les quolibets de ses camarades, les Jehan, les Antoine,
les Guillaume, les Bernard, etc., pour qui Martin était ridicule et parfaitement insolite : « C’était un
nom d’âne, et dans la traditio

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