Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une inutile mesalliance. 28 juin 1528 - article ; n°2 ; vol.7, pg 147-168

Gabriel Braun

Description

Histoire, économie et société - Année 1988 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 147-168
Abstract The article deals with the dramatic shift of alliances to which the duke of Ferrara was constrained to keep his duchy amid the Habsburg Valois struggle in Italy. A treaty concluded with the emperor on September 30th 1526 was superseded, when a french army entered anew Lombardy in the summer of 1527, by a treaty with François 1er signed on novem- ber 15th 1527. Everyone of these treaties had as a guaranty the marriage of the duke's first son with a relative of every sovereign : first Margaret, bastard daughter of Charles V, then Renée de France, second daughter of Louis XII. French military successes at the beginning of 1528 induced the duke to have the wedding concluded. Eventually, the defeat of the french army around Naples made the marriage useless.
Résumé L'article traite du dramatique changement d'alliance auquel fut contraint le duc de Ferrare pour conserver son duché au milieu de la lutte de François 1er et Charles Quint en Italie. Un traité conclu avec l'empereur le 30 septembre 1526 fut remplacé, après l'entrée d'une nouvelle armée française en Lombardie durant l'été 1527, par un traité signé avec François 1er le 15 novembre 1527. Comme garantie de ces traités, chacun des souverains accordait en mariage une proche parente avec le fils aîné du duc : Marguerite, fille naturelle de Charles Quint, Renée de France, seconde fille de Louis ХП. Parles succès militaires des Français au début de 1528, le duc est amené a accepter que le mariage soit conclu. En fin de compte, la défaite des Français dans le royaume de Naples rendit cette union inutile.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 50
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Gabriel Braun
Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une
inutile mesalliance. 28 juin 1528
In: Histoire, économie et société. 1988, 7e année, n°2. pp. 147-168.
Résumé L'article traite du dramatique changement d'alliance auquel fut contraint le duc de Ferrare pour conserver son duché au
milieu de la lutte de François 1er et Charles Quint en Italie. Un traité conclu avec l'empereur le 30 septembre 1526 fut remplacé,
après l'entrée d'une nouvelle armée française en Lombardie durant l'été 1527, par un traité signé avec François 1er le 15
novembre 1527. Comme garantie de ces traités, chacun des souverains accordait en mariage une proche parente avec le fils
aîné du duc : Marguerite, fille naturelle de Charles Quint, Renée de France, seconde fille de Louis ХП. Parles succès militaires
des Français au début de 1528, le duc est amené a accepter que le mariage soit conclu. En fin de compte, la défaite des
Français dans le royaume de Naples rendit cette union inutile.
Abstract The article deals with the dramatic shift of alliances to which the duke of Ferrara was constrained to keep his duchy amid
the Habsburg Valois struggle in Italy. A treaty concluded with the emperor on September 30th 1526 was superseded, when a
french army entered anew Lombardy in the summer of 1527, by a treaty with François 1er signed on novem- ber 15th 1527.
Everyone of these treaties had as a guaranty the marriage of the duke's first son with a relative of every sovereign : first
Margaret, bastard daughter of Charles V, then Renée de France, second daughter of Louis XII. French military successes at the
beginning of 1528 induced the duke to have the wedding concluded. Eventually, the defeat of the french army around Naples
made the marriage useless.
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Braun Gabriel. Le mariage de Renée de France avec Hercule d'Esté : une inutile mesalliance. 28 juin 1528. In: Histoire,
économie et société. 1988, 7e année, n°2. pp. 147-168.
doi : 10.3406/hes.1988.1510
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1988_num_7_2_1510LE MARIAGE DE RENEE DE FRANCE
AVEC HERCULE D'ESTE : UNE INUTILE
MESALLIANCE. 28 JUIN 1528
par Gabriel BRAUN
Abstract Résumé
L'article traite du dramatique changement d'al The article deals with the dramatic shift of a
liance auquel fut contraint le duc de Ferrare pour con lliances to which the duke of Ferrara was constrained
server son duché au milieu de la lutte de François 1er to keep his duchy amid the Habsburg Valois struggle
et Charles Quint en Italie. Un traité conclu avec l'em in Italy. A treaty concluded with the emperor on
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15 novembre 1527. Comme garantie de ces traités, ber 15th 1527. Everyone of these treaties had as a
chacun des souverains accordait en mariage une pro guaranty the marriage of the duke's first son with a
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naturelle de Charles Quint, Renée de France, seconde daughter of Charles V, then Renée de France, secund
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au début de 1528, le duc est amené a accepter que le the beginning of 1528 induced the duke to have the
mariage soit conclu. En fin de compte, la défaite des wedding concluded. Eventually, the defeat of the
Français dans le royaume de Naples rendit cette union french army around Naples made the marriage useless.
inutile.
Renée de France, seconde fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, a, comme
tous les princes et princesses du temps, fait l'objet de négociations matrimoniales dès
son plus jeune âge. Celles-ci étaient destinées à servir de gage de sincérité et de durée à
des accords diplomatiques.
Très tôt après sa naissance, qui a lieu le 25 octobre 1510, l'Empereur Maximilien
envisage l'union de son petit-fils Charles avec elle (1). De son côté Louis XII, dans son
désir de favoriser son neveu Gaston de Foix, lui aurait promis Renée avec comme dot
les droits dont Louis XII a hérité sur Naples (2). Bien d'autres projets d'union sont
échafaudés, certains ne dépassent pas la phase exploratoire (3), trois aboutissent à de
véritables traités. Chacun des trois reflète un aspect des relations de François 1er avec
Charles Quint. Le troisième aboutira au mariage de Renée de France.
Le premier signé le 24 mars 1 5 1 5 à Paris (4), vise à établir de bonnes relations
entre François 1er qui vient d'accéder au trône, et Charles d'Autriche, le futur Charles
Quint, proclamé majeur le 5 janvier 1515 à Bruxelles, alors qu'il n'a pas encore tout à
fait 15 ans (4bis). Ce traité n'aura pas de suite, car, dès l'année suivante, il est remplacé
par le traité de Noyon où Louise, le premier enfant de la reine Claude et de François
1er, devient le gage de la solidité de l'engagement. Ce traité à son tour devient caduc,
car Louise meurt le 21 septembre 1517 et les relations entre François 1er et Charles
se détériorent. 148 HISrOIRb bCONOMIb II SO CI FT ř.
Le second traité est lié à la course à l'Empire qui s'engage entre François 1er et
Charles. Pour attacher à son parti l'électeur Joachim de Brandebourg, 1er s'en
gage, le 26 juin 1517, à marier Renée de France au fils aine de l'électeur (5). Bien qu'il
ait été renouvelé le 26 mars 1519 (6), ce traité est vite sans objet, car Joachim manque
à sa parole et contribue à l'élection de Charles le 28 juin 1519.
Le troisième traité intervient lorsqu'après le sac de Rome, en mai 1527, François
1er envoie en Italie une armée chargée de délivrer le pape et de s'emparer du royaume
de Naples. Après avoir reconquis le Milanais, Lautrec, avant de se diriger vers le Sud,
veut assurer ses arrières pour maintenir libres les routes permettant de lui envoyer rav
itaillement et renforts et éviter la venue d'un nouveau Frundsberg (6bis). Pour cela il
faut obtenir l'alliance du duc de Ferrare et du marquis de Mantoue, ce qui fait l'objet
des traités signés le 15 novembre 1527 à Ferrare avec le duc, et le 7 décembre à Man
toue avec le marquis.
Les dramatiques péripéties qui amènent à la signature du traité de Ferrare n'ont
été que très incomplètement relatées par les biographes de Renée de France, Fontána,
Rodocanachi et Charmarie Webb, ce qui fait que l'on n'en mesure pas toute la portée.
C'est pourtant la suite de ces péripéties qui seule permet d'expliquer pourquoi une des
clauses du traité prévoit le mariage de Renée de France avec le fils aîné du duc.
Nous examinerons à la suite de quelles circonstances le mariage a été décidé, puis
sa célébration à la Sainte Chapelle de Paris et les préparatifs des jeunes époux pour r
ejoindre Ferrare. En épilogue, nous verrons comment l'évolution de la situation militai
re en Italie a ôté toute utilité à ce mariage politique.
I - LE TRAITÉ DE FERRARE
Jusqu'au sac de Rome, en mai 1527, François 1er ne se préoccupe guère d'exécut
er ce à quoi il s'était engagé par le traité de Cognac du 22 mai 1526 pour mener la
guerre en Italie. Il n'envoie pas aux confédérés les 40 000 écus par mois prévus à l'arti
cle 3. Il n'envoie qu'en octobre, sous le commandement du marquis de Saluces, des
troupes beaucoup moins importantes que celles promises. Ainsi est manquée l'occasion
d'écraser l'armée impériale en Italie qui est mal ou pas payée, dispersée et sans chefs(7).
Grâce à ce retard, Charles Quint peut faire parvenir des renforts en Italie : le duc de
Bourbon arrive à Milan dès le 5 juillet 1526, Georges de Frundsberg débouche d'All
emagne avec 12 000 lansquenets au début de novembre, et à la fin du même mois, le
vice-roi de Naples Charles de Lannoy est de retour d'Espagne avec de nouvelles troupes.
Le peu d'empressement de François 1er tient au moins à deux raisons : la première
est la pénurie d'argent, car on ne peut