Le miroir prénestin de l Antiquario comunale de Rome et la légende des jumeaux divins en milieu latin à la fin du IVe siècle av. J.-C. - article ; n°1 ; vol.94, pg 33-65
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Le miroir prénestin de l'Antiquario comunale de Rome et la légende des jumeaux divins en milieu latin à la fin du IVe siècle av. J.-C. - article ; n°1 ; vol.94, pg 33-65

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1982 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 33-65
Richard Adam et Dominique Briquel,~~ Le miroir prénestin de l'Antiquario comunale de Rome et la légende des jumeaux divins en milieu latin à la fin du IVe siècle av. J.-C~~, p. 33-65. Ce miroir, découvert vers 1877, a toujours été interprété en fonction de la légende canonique de Romulus et Rémus, avec l'allaitement par la louve et le personnage de Faustulus ; cette fidélité supposée à un état tardif de la légende a fait soupçonner un faux moderne, mais l'examen direct de l'objet et la comparaison avec d'autres productions prénestines, souvent inconnues à l'époque de la découverte, permettent de démontrer l'authenticité de la gravure de revers et de la replacer dans son contexte historique, le Latium à l'époque de la dissolution de la Ligue latine. Certains éléments de la représentation ne doivent pas être rattachés à la légende canonique, mais à un fonds latin préexistant, tandis que d'autres jouent un rôle de remplissage dont les graveurs prénestins sont coutu- (v. au verso) miers. Les circonstances historiques et le parallélisme entre la principale légende de fondation de Préneste, celle de Caeculus, et celle de Romulus, expliquent que, sur un fonds ancien et indigène, le graveur se soit rapproché de la légende romaine : il faut probablement voir dans cette œuvre un témoin de la propagande menée en faveur de Rome par certains éléments de la population prénestine.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 142
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Richard Adam
Dominique Briquel
Le miroir prénestin de l'Antiquario comunale de Rome et la
légende des jumeaux divins en milieu latin à la fin du IVe siècle
av. J.-C.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 94, N°1. 1982. pp. 33-65.
Résumé
Richard Adam et Dominique Briquel, Le miroir prénestin de l'Antiquario comunale de Rome et la légende des jumeaux divins en
milieu latin à la fin du IVe siècle av. J.-C, p. 33-65.
Ce miroir, découvert vers 1877, a toujours été interprété en fonction de la légende canonique de Romulus et Rémus, avec
l'allaitement par la louve et le personnage de Faustulus ; cette fidélité supposée à un état tardif de la légende a fait soupçonner
un faux moderne, mais l'examen direct de l'objet et la comparaison avec d'autres productions prénestines, souvent inconnues à
l'époque de la découverte, permettent de démontrer l'authenticité de la gravure de revers et de la replacer dans son contexte
historique, le Latium à l'époque de la dissolution de la Ligue latine. Certains éléments de la représentation ne doivent pas être
rattachés à la légende canonique, mais à un fonds latin préexistant, tandis que d'autres jouent un rôle de remplissage dont les
graveurs prénestins sont coutu- miers. Les circonstances historiques et le parallélisme entre la principale légende de fondation
de Préneste, celle de Caeculus, et celle de Romulus, expliquent que, sur un fonds ancien et indigène, le graveur se soit
rapproché de la légende romaine : il faut probablement voir dans cette œuvre un témoin de la propagande menée en faveur de
Rome par certains éléments de la population prénestine.
Citer ce document / Cite this document :
Adam Richard, Briquel Dominique. Le miroir prénestin de l'Antiquario comunale de Rome et la légende des jumeaux divins en
milieu latin à la fin du IVe siècle av. J.-C. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 94, N°1. 1982. pp. 33-65.
doi : 10.3406/mefr.1982.1315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1982_num_94_1_1315RICHARD ADAM et DOMINIQUE BRIQUEL
LE MIROIR PRËNESTIN
DE L'ANTIQUARIO COMUNALE DE ROME
ET LA LEGENDE DES JUMEAUX DIVINS
EN MILIEU LATIN À LA FIN DU IVe SIÈCLE AV. J.-C.
Voici près d'un siècle que l'authenticité de la gravure de revers du
miroir actuellement conservé à l'Antiquario comunale de Rome (fig. 1) est
controversée; même les rédacteurs des Etruskische Spiegel sont partagés,
puisque c'est G. Körte qui émit le premier et le plus solide argument en
faveur de la falsification, observant que la patine du revers semblait arti
ficielle1, tandis que K. Klügmann n'est jamais revenu sur sa première
impression d'authenticité. L'un de nous, esquissant une typologie des
miroirs prénestins2, n'a pas estimé nécessaire de rouvrir un débat qui
paraissait périmé ; mais trois éléments nouveaux incitent à le faire main
tenant: d'une part, Mme C. Dulière, après examen direct de l'objet, s'est
ralliée dans son ouvrage consacré à la louve romaine à l'opinion de Kört
e3; d'autre part, à propos d'un autre objet qui était censé provenir de
Préneste, la fibule de tnanios, Mme M. Guarducci a réinséré un exemple
de falsification dans son contexte historique et montré de quelle habileté
pouvaient faire preuve les faussaires érudits de la fin du XIXe siècle4;
enfin Mme G. Bordenacche-Battaglia signale une importante proportion
de gravures modernes dans le premier tome du Corpus des cistes prénes-
tines5. C'est grâce à l'amabilité de la Dott.ssa A. Sommella Mura et du
1 E. Gerhard, K. Klügmann, G. Körte, Etruskische Spiegel (abrégé ci-dessous
ES), V, Berlin, 1897, p. 172.
2 R. Adam, Recherches sur les miroirs prénestins, Paris, 1980, n° 18, p. 36 et 84.
3 C. Dulière, Lupa Romana, recherches d'iconographie et d'interprétation,
Rome-Bruxelles, 1979, I, p. 70, n. 192; II, p. 100, fig. 321.
4 M. Guarducci, La cosidetta fibula prenestina. Antiquari, eruditi e falsari nella
Roma dell'Ottocento, dans Atti Accademia Lincei, s. 8, XXIV/4, 1980, p. 415-574.
5 G. Bordenacche-Battaglia, Le ciste prenestine, 1/1, Rome, 1979, cite neuf gra
vures plus ou moins habiles et « erudites » réalisées entre le XVIIIe et le XIXe siècle ;
l'une d'entre elles nous intéressera plus particulièrement, British Museum Br 741
= Β 36 de dont le couvercle est décoré d'une scène inspirée
MEFRA - 94 - 1982 - 1, p. 33-65. RICHARD ADAM et DOMINIQUE BRIQUEL 34
Pr. E. La Rocca, conservateurs des Musées capitolins, que nous avons pu
examiner le miroir à loisir et préparer la présente étude.
1 - Histoire de l'objet
Selon la procédure en usage à l'époque, K. Klügmann présente le
miroir à l'Istituto di corrispondenza archeologica, à Rome, en 18786; il
signale qu'il a été découvert à Bolsena et passe immédiatement à l'exégèse
mythologique, identifiant Romulus et Rémus, Faustulus, le Génie du Pala
tin plutôt que Mercure, et Rhéa Silvia qu'il préfère à Acca Larentia, en
raison du voile qui désigne les Vestales; pour expliquer le lion couché de
l'exergue, il évoque l'art prénestin avec quatre miroirs déjà publiés par
Gerhard, ES 173, 304, 329 et 3567; un passage d'Hygin et deux de Pline lui
permettent d'interpréter comme picus et parrà les oiseaux de l'arrière-
plan, et les monnaies «romano-campaniennes», évoquées par W. Helbig,
lui fournissent des données chronologiques. C'est apparemment A. Flasch
qui assure à Berlin la présentation au Deutsches archäologisches Insti
tut8; il se contente de résumer le discours de Klügmann, avec une préci
sion supplémentaire, sur la date et le lieu de l'achat : Castellani aurait
acheté le miroir à un antiquaire de Florence, le 13 décembre 1877.
Le devait ensuite disparaître dans les collections du «Museo
d'industria, già nel Collegio Romano»: Castellani l'avait donné au futur
Museo artistico e industriale entre l'acquisition et la communication de
Klügmann. Ce don est inhabituel, et indique que Castellani, renseigné par
un savant dont les publications ne nous ont pas livré le nom, mais qui
pourrait bien être déjà Körte, avait cru le miroir faux et s'en était
de l'Enéide, réalisée par ou pour Martinetti vers l'époque de la découverte de notre
miroir. À noter que l'attribution de ES V 43 = Walters Art Gallery 54.93 (et non
Villa Giulia comme l'indique Bordenacche-Battaglia, p. 130) au mobilier découvert
dans cette ciste est pure invention des faussaires.
6 K. Klügmann, Due specchi di Bolsena e di Talamone, dans Adi, 51, 1879, p. 38-
53; excellente illustration du revers dans Mdl, 11, 1879-82, pi. III 1.
7 Ces comparaisons sont superficielles et dépourvues d'intérêt : sur ES
329 = Villa Giulia 12987, le lion est le personnage central, entouré d'une dizaine
d'Amours qui l'attaquent avec diverses armes; sur ES 173, proche iconographique-
ment du précédent, le sanglier tient le même rôle ; la queue du dragon qui déborde
sur le talon de ES 356 = Bruxelles R 1279 n'offre aucun élément de comparaison
pertinent, et à peine plus la frise d'animaux esquissée à l'exergue de ES 304 = Ma-
riemont Β 205.
8 Chronik des Winckelmannsfeste, dans AZ, 17, 1878, p. 166-167. LE MIROIR PRÉNESTIN DE L'ANTIQUARIO COMUNALE DE ROME 35
rassé. Quoi qu'il en soit, celui-ci déclare l'avoir examiné en 1885 et avoir
constaté que la patine du revers était pulvérulente et se détachait à l'on
gle, tandis que celle du droit et du manche était solide : le flan est donc
authentique, mais un faussaire avait depuis peu ajouté la scène incisée au
revers et réalisé par des moyens chimiques une fausse patine. À la disso
lution du Museo artistico e industriale en 1939, le miroir fut dévolu avec
le reste des collections à l'Antiquario comunale.
Les auteurs qui ont évoqué le miroir depuis Klügmann ne l'ont pas
examiné directement, jusqu'à C. Dulière, et leur jugement n'est fondé sur
aucun critère objectif. Parmi les tenants de l'authenticité, on note J. Mart
ha9, pour qui il s'agit d'un travail é

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