Le modèle américain : « une reconversion réussie mais inachevée» - article ; n°1 ; vol.63, pg 93-142
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Revue de l'OFCE - Année 1997 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 93-142
The American model : a successful but unfinished transition Hélène Baudchon At the mid-year of 1997, the dynamism of the American economy remains very strong. After a slow take-off, the current business cycle seems to go on and on, benefiting from the growth of domestic demand, strong job creations and weak inflation. Despite the paradoxical features of these success in the business cycle logic, it can be explained by the successful reconversion of the American economy, now engaged for more than ten years. The United States have moved from a sclerosed situation due to the dollar appreciation to a situation where the market forces play whithout any constraints. This evolution is not a structural revolution of the American society. Indeed, both the current position of the United States in the international economic environment and the control of the public deficit have been made possible thanks to renewed trade and fiscal policies. But, fundamentally, behaviors have not changed at all. The American standard remains based on a free market economy and the American people are still very optimist. The American economy is now in a transient situation : the reconversion is not yet complete but things seem to have got off to a good start. That is why it is quite difficult to gauge it through the national accounts. The monetary policy is both actor and witness of this evolution : it has contributed to create this stable nominal environment and benefits from it now. The keystone of the current dynamism is the American capacity to create different kinds of jobs, generating incomes and supporting debt. Of course the quality of these jobs and the households solvability remain in debate, but it is partly compensated by the high level of consumer confidence. The only failure is the persistence of the trade deficit. The sectoral specialization, in accordance with the resources allocation, translates into a strong penetration of imports which is not completely balanced by the export growth although the geographical composition of the foreign trade looks more balanced and even if the United States benefit from the NAFTA zone. The bi-par- tisan agreement concluded between the Clinton Administration and the Congress on the way to a balanced budget in the year 2002 can be considered as the perfect final touch. It results both from the structural reduction of the deficit, under way since 1993, and from the strong growth. The credibility of the plan suffers nevertheless from two critics : the fundamental reforms, needed to strengthen the current path of fiscal consolidation, are postponed and the expected effect (lower interest rates and higher private saving) are not guaranteed at all.
Alors que l'année 1997 est déjà bien engagée, la vigueur de la croissance américaine ne cesse de se confirmer. Après un démarrage un peu lent, le cycle actuel semble vouloir s'éterniser, profitant du dynamisme soutenu de la demande interne, entretenu par les fortes créations d'emplois et la faiblesse de l'inflation. Si ces performances sont paradoxales eu égard à la logique cyclique, elles ont néanmoins une explication. Elles résultent de la reconversion réussie de l'économie américaine, engagée depuis maintenant dix ans, qui l'a fait passée d'une situation sclérosée par l'appréciation du dollar à une situation où le jeu du marché n'est contraint par rien. Cette reconversion n'est pas le fruit d'une révolution structurelle de la société américaine. Certes, la redéfinition de l'insertion économique internationale des Etats-Unis ne s'est pas faite sans une nouvelle conception de la politique commerciale ; et la maîtrise du déficit public sans une nouvelle conception de la politique budgétaire ; mais, fondamentalement, les comportements n'ont pas changé. Le modèle américain reste libéral et le citoyen américain optimiste. L'économie américaine est dans une situation transitoire : la reconversion n'est pas encore achevée, mais elle est déjà bien avancée. Ceci explique la difficulté à en capter tous les signes dans les statistiques de la Comptabilité nationale. La politique monétaire est à la fois acteur et spectateur de cette évolution, ayant contribué à créer un environnement nominal stable dont elle profite aujourd'hui. La capacité de l'économie américaine à créer toutes sortes d'emplois, qui génèrent des revenus et soutiennent l'endettement, est la clé de voûte du dynamisme actuel. Bien sûr des interrogations subsistent quant à la qualité de ces emplois et la solvabilité des ménages. Mais elles sont compensées par le haut niveau de confiance des ménages. La persistance du déficit extérieur est le seul échec au tableau des performances. Bien que la structure géographique du commerce soit plus équilibrée et que les Etats-Unis bénéficient d'une zone d'échange de prédilection, VALENA, la spécialisation sectorielle, qui est conforme aux dotations factorielles des Etats-Unis, se traduit par une forte pénétration des importations que la vigueur des exportations ne parvient pas à compenser. L'accord conclu entre l'Administration Clinton et le Congrès sur la manière d'atteindre l'équilibre budgétaire à l'horizon 2002 apparaît comme la « cerise sur le gâteau ». Il est l'aboutissement de l'amélioration structurelle du déficit, engagée depuis 1993, mais sa conclusion profite aussi de la vigueur de la croissance. La crédibilité de ce projet est néanmoins affectée par deux critiques : les réformes fondamentales permettant de consolider l'assainissement des finances publiques sont repoussées à plus tard et les effets attendus (baisse des taux d'intérêt et hausse de l'épargne privée) ne sont pas garantis.
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Hélène Baudchon
Le modèle américain : « une reconversion réussie mais
inachevée»
In: Revue de l'OFCE. N°63, 1997. pp. 93-142.
Citer ce document / Cite this document :
Baudchon Hélène. Le modèle américain : « une reconversion réussie mais inachevée». In: Revue de l'OFCE. N°63, 1997. pp.
93-142.
doi : 10.3406/ofce.1997.1476
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1997_num_63_1_1476Résumé
Alors que l'année 1997 est déjà bien engagée, la vigueur de la croissance américaine ne cesse de se
confirmer. Après un démarrage un peu lent, le cycle actuel semble vouloir s'éterniser, profitant du
dynamisme soutenu de la demande interne, entretenu par les fortes créations d'emplois et la faiblesse
de l'inflation. Si ces performances sont paradoxales eu égard à la logique cyclique, elles ont néanmoins
une explication. Elles résultent de la reconversion réussie de l'économie américaine, engagée depuis
maintenant dix ans, qui l'a fait passée d'une situation sclérosée par l'appréciation du dollar à une
situation où le jeu du marché n'est contraint par rien. Cette reconversion n'est pas le fruit d'une
révolution structurelle de la société américaine. Certes, la redéfinition de l'insertion économique
internationale des Etats-Unis ne s'est pas faite sans une nouvelle conception de la politique
commerciale ; et la maîtrise du déficit public sans une nouvelle conception de la politique budgétaire ;
mais, fondamentalement, les comportements n'ont pas changé. Le modèle américain reste libéral et le
citoyen américain optimiste. L'économie américaine est dans une situation transitoire : la reconversion
n'est pas encore achevée, mais elle est déjà bien avancée. Ceci explique la difficulté à en capter tous
les signes dans les statistiques de la Comptabilité nationale. La politique monétaire est à la fois acteur
et spectateur de cette évolution, ayant contribué à créer un environnement nominal stable dont elle
profite aujourd'hui. La capacité de l'économie américaine à créer toutes sortes d'emplois, qui génèrent
des revenus et soutiennent l'endettement, est la clé de voûte du dynamisme actuel. Bien sûr des
interrogations subsistent quant à la qualité de ces emplois et la solvabilité des ménages. Mais elles sont
compensées par le haut niveau de confiance des ménages. La persistance du déficit extérieur est le
seul échec au tableau des performances. Bien que la structure géographique du commerce soit plus
équilibrée et que les Etats-Unis bénéficient d'une zone d'échange de prédilection, VALENA, la
spécialisation sectorielle, qui est conforme aux dotations factorielles des Etats-Unis, se traduit par une
forte pénétration des importations que la vigueur des exportations ne parvient pas à compenser.
L'accord conclu entre l'Administration Clinton et le Congrès sur la manière d'atteindre l'équilibre
budgétaire à l'horizon 2002 apparaît comme la « cerise sur le gâteau ». Il est l'aboutissement de
l'amélioration structurelle du déficit, engagée depuis 1993, mais sa conclusion profite aussi de la
vigueur de la croissance. La crédibilité de ce projet est néanmoins affectée par deux critiques : les
réformes fondamentales permettant de consolider l'assainissement des finances publiques sont
repoussées à plus tard et les effets attendus (baisse des taux d'intérêt et hausse de l'épargne privée) ne
sont pas garantis.
Abstract
The American model : a successful but unfinished transition Hélène Baudchon At the mid-year of 1997,
the dynamism of the American economy remains very strong. After a slow take-off, the current business
cycle seems to go on and on, benefiting from the growth of domestic demand, strong job creations and
weak inflation. Despite the paradoxical features of these success in the business cycle logic, it can be
explained by the successful reconversion of the American economy, now engaged for more than ten
years. The United States have moved from a sclerosed situation due to the dollar appreciation to a
situation where the market forces play whithout any constraints. This evolution is not a structural
revolution of the American society. Indeed, both the current position of the United States in the
international economic environment and the control of the public deficit have been made possible
thanks to renewed trade and fiscal policies. But, fundamentally, behaviors have not changed at all. The
American standard remains based on a free market economy and the American people are still very
optimist. The American economy is now in a transient situation : the reconversion is not yet complete
but things seem to have got off to a good start. That is why it is quite difficult to gauge it through the
national accounts. The monetary policy is both actor and witness of this evolution : it has contributed to
create this stable nominal environment and benefits from it now. The keystone of the current dynamism
is the American capacity to create different kinds of jobs, generating incomes and supporting debt. Of
course the quality of these jobs and the households solvability remain in debate, but it is partly
compensated by the high level of consumer confidence. The only failure is the persistence of the trade
deficit. The sectoral specialization, in accordance with the resources allocation, translates into a strong
penetration of imports which is not completely balanced by the export growth although the geographical
composition of the foreign trade looks more and even if the United States benefit from theNAFTA zone. The bi-par- tisan agreement concluded between the Clinton Administration and the
Congress on the way to a balanced budget in the year 2002 can be considered as the perfect final
touch. It results both from the structural reduction of the deficit, under way since 1993, and from the
strong growth. The credibility of the plan suffers nevertheless from two critics : the fundamental reforms,
needed to strengthen the current path of fiscal consolidation, are postponed and the expected effect
(lower interest rates and higher private saving) are not guaranteed at all.de l'OFCE n° 63 / Octobre 1997 Revue
Le modèle américain : « une reconversion
réussie mais inachevée »
Hélène Baudchon
Département des diagnostics de l'OFCE
Alors que Vannée 1997 est déjà bien engagée, la vigueur de la crois
sance américaine ne cesse de se confirmer. Après un démarrage un peu
lent, le cycle actuel semble vouloir s'éterniser, profitant du dynamisme
soutenu de la demande interne, entretenu par les fortes créations d'em
plois et la faiblesse de l'inflation. Si ces performances sont paradoxales eu
égard à la logique cyclique, elles ont néanmoins une explication. Elles
résultent de la reconversion réussie de l'économie américaine, engagée
depuis maintenant dix ans, qui l'a fait passée d'une situation sclérosée par
l'appréciation du dollar à une situation où le jeu du marché n'est contraint
par rien. Cette reconversion n'est pas le fruit d'une révolution structurelle
de la société américaine. Certes, la redéfinition de l'insertion économique
internationale des Etats-Unis ne s'est pas faite sans une nouvelle concept
ion de la politique commerciale ; et la maîtrise du déficit public sans une
nouvelle conception de la politique budgétaire ; mais, fondamentalement,
les comportements n'ont pas changé. Le modèle américain reste libéral et
le citoyen américain optimiste. L'économie américaine est dans une situa
tion transitoire : la reconversion n'est pas encore achevée, mais elle est
déjà bien avancée. Ceci explique la difficulté à en capter tous les signes
dans les statistiques de la Comptabilité nationale.
La politique monétaire est à la fois acteur et spectateur de cette évolut
ion, ayant contribué à créer un environnement nominal stable dont elle
profite aujourd'hui. La capacité de l'économie américaine à créer toutes
sortes d'emplois, qui génèrent des revenus et soutiennent l'endettement, est
la clé de voûte du dynamisme actuel. Bien sûr des interrogations subsis
tent quant à la qualité de ces emplois et la solvabilité des ménages. Mais
elles sont compensées par le haut niveau de confiance des La
persistance du déficit extérieur est le seul échec au tableau des perfor
mances. Bien que la structure gé

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