Le monastère inconnu pillé par les Normands en 845 (comment les rumeurs se propagent au IXe siècle) - article ; n°1 ; vol.70, pg 433-445
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Le monastère inconnu pillé par les Normands en 845 (comment les rumeurs se propagent au IXe siècle) - article ; n°1 ; vol.70, pg 433-445

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1909 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 433-445
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ferdinand Lot
Le monastère inconnu pillé par les Normands en 845 (comment
les rumeurs se propagent au IXe siècle)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1909, tome 70. pp. 433-445.
Citer ce document / Cite this document :
Lot Ferdinand. Le monastère inconnu pillé par les Normands en 845 (comment les rumeurs se propagent au IXe siècle). In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1909, tome 70. pp. 433-445.
doi : 10.3406/bec.1909.448366
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1909_num_70_1_448366LE
MONASTÈRE INCONNU
PILLÉ PAR LES NORMANDS
en 845.
(comment les rdmeurs se propageaient au ixe siècle.
I.
Les Annales du royaume de France occidentale, dites de
Saint-Bertin, rapportent l'arrivée au printettips de l'année 845
d'une flotte de cent vingt navires normands qui remonte la Seine
jusqu'à Paris et impose un tribut au royaume de Charles. Yers
le même moment, Horic, roi des Danois, arrive sur l'Elbe avec
six cents (!) voiles, mais son attaque est repoussée par les
Saxons. L'auteur de cette portion des Annales, l'évêque de
Troyes Prudence, revient un peu plus loin sur les païens et nous
dit ce qui suit : « Les Normands redescendant le cours de la
«.< Seine reprennent la mer, pillent, dévastent et incendient toutes
« les localités voisines du littoral. Grandement offensée de nos
« péchés, la bonté divine, en sa justice, avait accablé sous leurs
« coups les terres et royaumes chrétiens. Néanmoins, pour que
« les païens ne pussent accuser impunément plus longtemps
« d'imprévoyance et même d'impuissance le Seigneur tout puis-
« saut et très sage, comme après avoir pillé et brûlé un certain
« monastère, ils s'en retournaient à leurs vaisseaux, chargés de
« butin, ils furent par la justice divine aveuglés de ténèbres ou
« frappés de démence, tellement qu'un très petit nombre put
« s'échapper pour faire connaître aux autres la colère du Dieu
4909 28 434 LE MONASTÈRE INCONNU
« tout puissant. On rapporte à ce sujet que, très troublé, leur roi
« Horic députa auprès de Louis, roi des Germains, pour demand
e der la paix, se disant prêt à délivrer les captifs et à restituer,
« autant qu'il le pourrait, les trésors enlevés1. »
Le monastère où la colère divine s'est manifestée n'était pas
connu de Prudence. Un manuscrit de ses annales porte, il est
vrai, l'annotation marginale Sithdiu nomine. Ce manuscrit
(aujourd'hui à la bibliothèque de la ville de Saint-Omer, n° 706)
date de la fin du xe siècle. Il a été composé à Reims ou plutôt à
Saint-Bertin, le monastère jumeau de d'après un
manuscrit des Annales de Prudence, conservé à Reims et ayant
reçu certaines additions au cours du xe siècle8. La note marginale
Sithdiu nomine émane visiblement d'un moine de Saint-Bertin
(Sîthiu) désireux de glorifier l'établissement auquel il appartient.
Cette remarque, toutefois, ne suffirait pas à écarter son témoi
gnage s'il avait eu à sa disposition des textes l'autorisant à ident
ifier le monastère sans nom avec l'abbaye de Saint-Bertin. Mais
il est certain qu'il n'en avait aucun. On sait, en effet, par un
témoignage contemporain, la date de la première entrée des Nor-
1. Annales Bertiniani, éd. Waitz, p. 33 : « Nortmanni, alveo Sequanç
« remenso, maria repetunt, cuncta maris loca fini ti ma diripiunt, vastant atque
« incendiis concremant. Sed licet peccatis nostris divinç bonitatis çquitas
« nimium offensa taliter christianorum terras et régna attriverit, ne tamen
« etiam pagani inprovidentiç aut čerte inpotentiç Dominům omnipotentissi-
« mum ас providentissimum inpune diutius insimularent, cum a quodam
« monasterio direpto incensoque oneratis navibus repedarent, ita divino judi-
« cio vel tenebris cçcati vel insania sunt perculsi, ut vix perpauci évadèrent
« qui Dei omnipotentis iram cçteris nuntiarent. Unde, ut fertur, commotus
« animo rex eorum Oric ad Hludowicum regem Germannorum legatos pacis
« gratia destinât, captivitatem absolvere thesaurosque paratus pro viribus resti-
« tuere. » Le texte ici reproduit a été collationné sur le manuscrit 706 de
Saint-Omer (cf. note suivante).
2. Nous n'avons conservé que trois manuscrits anciens des Annales dites de
Saint-Bertin, mais l'un d'eux (bibl. de Douai, n° 753, fin du xr siècle) est
tronqué après l'année 844 et l'autre (Bibl. royale de Bruxelles, n°s 6439-6451,
xi" siècle) n'est qu'une copie du manuscrit 706 de Saint-Omer (fin du
xe siècle). Ce dernier est donc seul à nous donner le texte des années 845 et
suivantes. Deux additions concernant les archevêques de Reims Tilpinus (mort
en 789) et Odelricus (mort en 969) prouvent que le manuscrit reproduit par le
n° 706 de Saint-Omer était un manuscrit conservé à Reims. Que le moine de
Saint-Bertin, à qui est dû le n° 706, ait pris à Reims même copie du manusc
rit rémois ou qu'il se le soit fait envoyer à Sithiu (Saint-Bertin), il
importe peu. PILLÉ PAR LES NOBMÀNDS EN 845. 435
mands à Sithiu, c'est le 1er juin 860 '. Antérieurement, l'abbaye
n'a pas eu à souffrir des pirates2. L'annotation marginale du
ms. 706 de Saint-Omer est donc une fantaisie sans portée3.
1. Miracula sancti Bertini, 1. II, cap. i, éd. dans les Monumentu Germa-
niae, Scriptores, t. XV, part. I, p. 509. — Saint-Bertin ne fut point d'ailleurs
incendié. Voy. notre article sur la Grande invasion normande de 856-862,
Bibl. de l'École des chartes, t. LX1X, p. 42, note 6, et p. 45, note î,
2. C'est ce qu'a fort bien vu M. Levillain dans son Étude sur les lettres de
Loup de Ferrières {Bibl. de l'Éc. des chartes, t. LXI1I, 1902, p. 91-95). Il a
seulement tort de prétendre que Saint-Omer (et Saint-Bertin), loin d'être pris
par les Normands en 845, fut le refuge de tous les moines du Nord (de Fonte-
nelle, de Wormhoudt, etc.), fuyant devant les envahisseurs. Cette assertion
s'autorise du Chronicon de gestis Nortmannorum in Francia. L'auteur sait
bien que « cette chronique n'a pas de valeur originale, qu'elle n'est qu'un cen-
« ton de textes empruntés à des sources diverses et la plupart connues », mais
il estime qu'ici « ce passage reproduit une note provenant de Saint-Bertin... »,
« il paraît être digne de foi. Il se trouve cependant sur un point en contradic-
« tion avec Folcard et Bovo qui disent necdum locum hune aliqua castelli
« vel valli defendebat munitio; mais ce témoignage de Folcard et de Bovo est
« lui-même trop tardif pour avoir quelque valeur. » La remarque ne vaut rien,
car si ces deux hagiographes (Mabillon, Acta sanct. , sœc. ш, part. I) ont écrit
au milieu du xie siècle seulement, l'auteur du Chronicon de gestis Nortman
norum leur est postérieur de plus d'un demi-siècle : on sait aujourd'hui qu'il
a rédigé sa compilation à Sithiu précisément, au commencement du xn" siècle.
Voy. Leopold Delisle, Notices sur les manuscrits du « Liber Floridus », com
posé en 1120 par Lambert, chanoine de Saint-Omer (dans les Notices et
extraits des manuscrits, t. XXXVIII, 2" partie, 1906, p. 697, n° 241).— Et, de
plus, Folcard et Bovo ont raison de nous dire que Sithiu n'était entouré d'au
cune fortification. Nous savons par les Miracula sancli Bertini, du ix" siècle,
que l'enceinte, commencée sous l'abbé Foulque (878-882), demeura inachevée.
Lors de l'attaque des Normands en 891, il apparaît que Saint-Omer, sur une
eminence, était seul fortifié et que cette fortification était récente (voy. Mon.
Germ., Script., t. XV, î, p. 512-514). Saint-Bertin, dans le bas, ne fut entouré
d'un rempart que sous Baudouin le Chauve (900-918), au témoignage deFolcuin
(éd. Guérard, p. 139-140). — La Vita sancli Winnoci ne saurait appuyer l'a
ssertion du Chronicon, comme le dit M. Levillain. Si elle rapporte, en effet,
que le corps de haint Winnoc, de Wormhoudt, menacé par les pirates, trouva
refuge à Saint-Omer, ce texte, de basse époque (xie siècle), ne donne aucune
date, et l'attaque dont il parle est vraisemblablement celle de 891. Enfin, ce
qu'on sait de l'histoire de l'abbaye de Fonten

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