Le mouvement des Francs et Franches Camarades (FFC) : de l'animation des loisirs des jeunes à la participation aux écoles ouvertes - article ; n°1 ; vol.118, pg 81-94

Noëlle Monin

Description

Revue française de pédagogie - Année 1997 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 81-94
Le rappel de certains temps forts qui ont jalonné l'histoire du mouvement des francamarades entre 1944 et 1970 permet de comprendre le rôle qu'a pu jouer cette organisation péri-scolaire dans la promotion du loisir éducatif de l'enfant et son influence dans le projet de réforme scolaire par l'ouverture de l'école. Dans cette perspective cet article essaie de définir la nature et la forme de la relation école-loisirs expérimentée par des instituteurs et des animateurs dans le cadre d'écoles dites ouvertes. Quel sens convient-il de donner aux multiples difficultés qui marquent cette collaboration ?
Calling up some of the highlights which ponctuated the history of FFC movement between 1944 and 1970 makes it possible to understand the part this school-linked organization played in promoting youngsters' educational leisure activities, and its influence on the projet of education reform based on an opening of the school. From this viewpoint, this article tries to define the nature and the form of the school-leisure relation tried out by school-teachers and activity leaders within the context of so-called « open schools ». What meaning is it advisable to give to the many difficulties which characterize this collaboration ?
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 414
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mme Noëlle Monin
Le mouvement des Francs et Franches Camarades (FFC) : de
l'animation des loisirs des jeunes à la participation aux écoles
ouvertes
In: Revue française de pédagogie. Volume 118, 1997. pp. 81-94.
Résumé
Le rappel de certains temps forts qui ont jalonné l'histoire du mouvement des francamarades entre 1944 et 1970 permet de
comprendre le rôle qu'a pu jouer cette organisation péri-scolaire dans la promotion du loisir éducatif de l'enfant et son influence
dans le projet de réforme scolaire par l'ouverture de l'école. Dans cette perspective cet article essaie de définir la nature et la
forme de la relation école-loisirs expérimentée par des instituteurs et des animateurs dans le cadre d'écoles dites ouvertes. Quel
sens convient-il de donner aux multiples difficultés qui marquent cette collaboration ?
Abstract
Calling up some of the highlights which ponctuated the history of FFC movement between 1944 and 1970 makes it possible to
understand the part this school-linked organization played in promoting youngsters' educational leisure activities, and its influence
on the projet of education reform based on an opening of the school. From this viewpoint, this article tries to define the nature and
the form of the school-leisure relation tried out by school-teachers and activity leaders within the context of so-called « open
schools ». What meaning is it advisable to give to the many difficulties which characterize this collaboration ?
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Monin Noëlle. Le mouvement des Francs et Franches Camarades (FFC) : de l'animation des loisirs des jeunes à la participation
aux écoles ouvertes. In: Revue française de pédagogie. Volume 118, 1997. pp. 81-94.
doi : 10.3406/rfp.1997.1178
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1997_num_118_1_1178Le mouvement des Francs
et des Franches Camarades (FFC) :
de l'animation des loisirs des jeunes
à la participation aux écoles ouvertes *
Noëlle Monin
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rimentée par des instituteurs et des animateurs dans le cadre d'écoles dites ouvertes. Quel sens
convient-il de donner aux multiples difficultés qui marquent cette collaboration ?
Le mouvement des Francs et Franches Camarades Les pages qui suivent sont une contribution à
(FFC) a été créé en 1944. Il a bénéficié alors de la l'histoire du Mouvement (5) et un essai d'appréc
politique des gouvernements à la Libération en faveur iation de ses apports à la réforme de l'école pr
de la jeunesse et de la culture (1) et a rapidement imaire.
occupé une place importante dans l'organisation et la
promotion des loisirs des enfants. Comme les autres
LES FFC DE 1944 À 1968 mouvements, les FFC ont été marqués jusque dans
les années 1950 par les principes éducatifs inspirés Du « grand mouvement » à la fédération de l'hébertisme et du scoutisme (2), mais leur intérêt des patronages laïques pour l'éducation nouvelle les a conduits à renouveler
l'esprit des patronages, à diffuser et à expérimenter Le 15 novembre 1944 la fédération des
dans le domaine péri-scolaire des conceptions péda Francamarades est fondée à l'initiative de Pierre
gogiques d'avant-garde (3), puis à proposer à la fin François (6) membre actif des EdF (éclaireurs de
des années 1960 une nouvelle conception des rap France). Installé à Vichy depuis 1934, il se voit
ports entre l'école et les loisirs qui a été à l'initiative confier pendant la guerre la présidence des
de l'expérience des écoles ouvertes en France (4). patronages laïques dont il déplore les insuffi-
Je remercie F. Best et J. Testanière pour la lecture de cet article et leurs précieux conseils.
Revue Française de Pédagogie, n° 118, janvier-février-mars 1997, 81-94 81 de l'encadrement et des objectifs. Pour Jeunesses Communistes qui veulent mettre en sances
les rénover il estime que la formation de leurs place une action éducative liée au contexte
cadres est prioritaire (7) et il reprend certains des social.
objectifs du scoutisme pour les adapter aux colo Le Ministère de l'Éducation nationale favorise le nies de vacances et réaliser ce qu'il appelle un développement des FFC. Dans certaines acadé« grand mouvement d'enfants ». Il obtient l'appui mies les inspecteurs primaires incitent les institu
des principales organisations laïques : la Ligue teurs à s'engager (13). Une circulaire parue le de l'enseignement, (dont le secrétaire général, 14 juin 1947 au BOEN recommande aussi aux A. Bayet, est membre des Éclaireurs), du Syndicat chefs d'établissements des lycées et collèges de
national des Instituteurs (SNI), de la Confé « réserver le meilleur accueil aux représentants
dération Générale du Travail (CGT), des Auberges des FFC ». C'est là le signe d'une volonté de de Jeunesse (AJ), des Centres d'Entraînement réformer l'enseignement. Les membres de aux Méthodes d'Éducation Actives (CEMEA) (8). la commission Langevin-Wallon accordent une La proposition de P. François obtient le soutien grande importance au secteur péri-scolaire (14).
de R. Capitant (9) et J. Guehenno alors respon Parallèlement les FFC appellent leurs guides dès sable de la direction de la culture populaire au 1947 (15) à collaborer avec les instituteurs et les Ministère de l'Éducation (10). parents dans un esprit de co-éducation. À son
congrès de Paris en 1950 le SNI encourage ses Le comité directeur des FFC mis en place le
adhérents à créer et à animer des « patronages et 15 novembre 1944, présidé par P. François, est
à la constitution d'associations départementales composé de représentants des organisations
des francamarades, de même qu'à la désignation laïques : du Ministère de l'Éducation, de la direc
d'un responsable mis à la disposition des patrotion de la culture populaire, des syndicats (SNI,
nages » (16). Au congrès de 1952 le SNI rappelle CGT), de la Ligue de l'enseignement (avec quatre
encore l'importance de cette tâche (17). représentants), des mouvements de loisirs (EdF,
FSGT, CEMEA, AJ) et des mouvements pédago Il faut dix ans aux FFC pour réussir à s'implant
giques (GFEN, CEL). L'évolution du système édu er dans le secteur péri-scolaire. Le mouvement a
catif est évoqué dans le premier numéro de la bénéficié de la politique de promotion des loisirs
revue du mouvement ; P. François écrit dans à la Libération et en même temps de la relative
Départ du premier trimestre 1945: «II n'y a faiblesse de la Ligue de l'enseignement interdite
aucune chance de reconstruction de notre pays, de par le Gouvernement de Vichy et qui doit se réor
réformes des institutions et de révolution profonde, ganiser. Les EEDF tolérés entre 1940 et 1944 sont
si on n'engage pas dans le même temps des forces alors capables de fournir des cadres à ce « grand
considérables au service de l'éducation... ». mouvement » naissant. Les conflits qui opposent
les FFC à la Ligue vont tourner à leur avantage ; Le syndicalisme enseignant va également jouer la subvention de démarrage accordée aux FFC à
un rôle déterminant dans l'évolution des FFC. la Libération est refusée à la Ligue. Lorsque les
La Ligue de l'enseignement anime les amicales FFC cherchent par la suite à étendre leurs activilaïques dont l'activité est plutôt centrée sur les tés aux colonies de vacances, les ligueurs s'ind
quartiers, elle n'a pas de mouvement de jeunesse. ignent de cette concurrence. En 1953 les FFC
J.A. Seneze(11), séduit par le projet de obtiennent de la commission du péri-scolaire la
P. François, obtient dès 1944 le détachement de mission de fédérer l'ensemble des patronages trois instituteurs aux FFC : Lucien Bonnet (syndi laïques. La Ligue abandonne ainsi son projet éla
caliste du courant École Émancipée, ancien ajiste, boré au congrès de Vichy en 1938 de mettre en
il militera au PSU et introduira au sein des FFC place