Le Pays nord-bigouden - article ; n°1 ; vol.51, pg 158-205
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Annales de Bretagne - Année 1944 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 158-205
48 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Flatrès
Le Pays nord-bigouden
In: Annales de Bretagne. Tome 51, numéro 1, 1944. pp. 158-205.
Citer ce document / Cite this document :
Flatrès P. Le Pays nord-bigouden. In: Annales de Bretagne. Tome 51, numéro 1, 1944. pp. 158-205.
doi : 10.3406/abpo.1944.1826
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1944_num_51_1_1826P."
FLÂTRÊS
LE PAYS NORD-BIGOUDEN
I. VXJE GÉNÉRALE
Les Bigoudens, comme les Capistes, comme les « Plougastels »
sont l'une de ces populations péninsulaires qui ne se distinguent
pas seulement par un costume original, mais aussi, et surtout,
par un caractère particulièrement rude et entreprenant.
Mais tandis que les Capistes et les Plougastels occupent
un territoire présentant de bout en bout les mêmes caractères
physiques, et formant presque une région naturelle, les Bigoudens
au contraire s'étendent sur des pays très divers.
Plusieurs éléments morphologiques sont compris en leur
entier dans le pays bigouden.
C'est d'abord la zone des Palmes, zone basse recouverte d'un
manteau de sable par la dernière transgression marine, et isolée
de la mer par le puissant cordon littoral du sud de la baie
d'Audierne.
Entièrement bigouden aussi est le plateau, taillé dans des
micaschistes tendres, qui domine les Pallues d'une vingtaine
de mètres et s'élève lentement, à 4 ou 5 km. à l'est, jusqu'à
l'altitude de 40 à 50 mètres. Certaines communes, dont le terri
toire s'étend en partie sur cette région, appellent cette partie
Le Bas : en breton Traon. On peut généraliser ce nom de Traon
et l'étendre à tout ce glacis remarquable par ses basses altitudes.
Une troisième ' zone est entièrement peuplée de bigoudens.
C'est une surface basse, au relief assez indécis qui s'allonge au
sud de Plonéour jusqu'à la mer, et qu'on pourrait appeler le
plateau de Plomeur.
Le Traon et le plateau de Plomeur sont comme des marges
littorales au pied d'une région élevée, qu'on peut désigner du
(1) Ce travail a été présenté comme mémoire de Diplôme d'Études Supérieures
en juin 1943. La version publiée ici est légèrement condensée. LE PAYS NORD-BIGOUDEN 159
nom qui lui est quelquefois appliqué par les habitants : le Gorré,
c'est-à-dire le Dessus. Le Gorré bigouden comprend deux
éléments morphologiques qui tous deux se prolongent en pays
non-bigouden. L'un est un plateau qui à partir de l'altitude
100 m. environ vers Plogastel-Saint-Germain s'abaisse jusqu'à
la cote 30 m. entre Plonéour et Pont-l'Abbé. Les vallées profondes
de la rivière de Pont-l'Abbé et de ses affluents le découpent en
lanières. Quelques monadnocks presque effacés le dominent
faiblement, en particulier dans la région des sources du Goayen.
L'autre élément, haute surface sensiblement horizontale, est
la racine de la massive péninsule du Cap. Ces deux plateaux du
Gorré se soudent dans la région de Landudec-Plogastel.
Sur toutes ces régions différentes la population bigoudène
n'a pas subi une évolution uniforme. Le sud du pays bigouden
en particulier s'est transformé assez rapidement : il présente,
réunis, les traits qui caractérisent les régions les plus actives
du littoral breton, c'est-à-dire la culture des primeurs et une
vie de pêche intense. Le nord du pays bigouden, qui seul fera
l'objet de cette étude, se subdivise en trois petites régions bien
différenciées : la plaine sableuse des Pallues, le glacis argileux
du Traon, les hautes terres plus pauvres du Gorré. Il connaît
des activités plus diverses, plus originales que le sud.
II. L'OCCUPATION HUMAINE
A) L'occupation pré-bretonne.
Les cartes archéologiques établies par Du Chatellier et
par le commandant Bénard Le Pontois (2) montrent que les
trouvailles d'objets romains et pré-romains ont été particuli
èrement denses en deux endroits de la côte de la baie d'Audierne :
au sud dans les Pallues de Plomeur, de Saint- Jean, de Tréguennec,
au nord sur les hauteurs de Plouhinec. Les découvertes ont
encore été nombreuses entre ces deux centres, dans notre région
(2) P. Du Chatellier, Carte des monuments mégalithiques, etc., dans le dépar
tement du Finistère. Rennes-Paris, 1902. C1 Bénard Le Pontois, Le Finistère
préhistorique. 160 LE PAYS NORD-BIGOUDEN
du Traon. Au contraire elles sont très clairsemées sur le Gorré.
Dès l'origine apparaît cette répartition de la population et de
l'activité que nous retrouvons encore de nos jours : le long de
la baie d'Audierne, lisière fertile et peuplée que le Gorré plus
pauvre, moins peuplé, isole des centres d'activité de l'intérieur.
Cependant le grand centre des Pallues a été ruiné par la
transgression dunkerquienne qui, à la fin de l'époque romaine,
a recouvert d'un uniforme manteau de sables nécropoles néo
lithiques, cimetières gaulois et forts romains.
Cette catastrophe naturelle en suivait d'autres d'origine
humaine. L'occupation romaine, dans notre région, semble
avoir eu un caractère militaire accentué. Elle édifia les castella
de Plogastel, de Landudec, et toute une ligne de défense
côtière le long de la baie d'Audierne. Ces forts, comme les villas
de l'estuaire de l'Odet, furent la proie des flammes. Il est
probable que ces ruines sont dues aux pirates saxons. Le
littoral de la Manche et de l'Atlantique, organisé militairement,
ne s'appelait-il pas alors litus saxonicum ?
Quoi qu'il en soit, après ces dévastations il se produit une'
coupure, sinon peut-être dans l'occupation du pays, du moins
dans nos connaissances à ce sujet. Ce n'est qu'après plusieurs
siècles obscurs que tes documents peu à peu apparaissent :
chartes monastiques ou monuments datés, mais si rares et si
imprécis qu'il est nécessaire, pour interpréter les faits, de partir
de l'époque présente, de ses documents nombreux, et de remonter
le plus loin possible le cours du passé. L'étude de la structure
agraire est, à ce sujet, particulièrement intéressante.
B) Paysage et cadastration.
Le Traon. La région qui s'étend entre la route de Plomeur
à Plozévet d'une part et les Pallues d'autre part est très loin
de présenter le paysage breton classique. Il y a encore des talus,
mais bas, étroits, atrophiés, des fragments de talus plutôt que
des talus véritables. Ils n'arrêtent pas le regard et parfois, sur
des centaines de mètres, ils disparaissent tout à fait : les champs
de blé, semés de parcelles de trèfle, de pois, de pommes de terre LE PAYS NORD-BIGOUDEN 161
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Fig. 1. Le Pays Nord-bigouden et les régions avoisinantes.
1 : Limite du Pays bigouden. 2 : Rebord occidental du Traon. 3 : Rebord
.-. occidental du Gorré. ¦ 4 : Pallues. 5 : Traon. 6 : Gorré. 7 : Monad
nocks du Gorré. 8 : Cultures maraîchères. 9 : Centres de pêche
nord-bigoudens.
11 162 LE PAYS NORD-BIGOUDEN
s'étendent librement jusqu'à la mer. En certains coins de
Plovan (3) ou de Pouldreuzic on peut voir ce spectacle si peu
familier à l'Armorique : un attelage traînant une charrue se
profile franchement sur l'horizon, la parcelle labourée donne de
plain-pied sur une route, à bout de course l'attelage va tourner
sur la route et reprend de bout en bout le travail de la parcelle.
Ces « plaines » entourent des îlots : larges et sombres bouquets
d'arbres qui signalent les fermes.
L'examen du cadastre permet de préciser les conditions
agraires.
Les grandes vallées qui divisent le Traon en plusieurs plateaux
forment un monde spécial. Le fond alluvial est couvert de prairies
closes en général, mais non toujours, par des haies de saules.
Ces haies d'ailleurs ne sont souvent qu'un médiocre obstacle
que le bétail peut franchir. D'ailleurs cela ne présente qu'un
faible inconvénient, car beaucoup de ces prairies ont un sol
trop vaseux pour porter le bétail et dans les autres il arrive
que les bêtes soient attachées.
Les versants des grandes vallées portent des landes bien
encloses par de petits talus bas. L'un accompagne

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