Le personnel musical de l Opéra de Paris sous le règne de Louis XVI - article ; n°2 ; vol.22, pg 177-206
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Le personnel musical de l'Opéra de Paris sous le règne de Louis XVI - article ; n°2 ; vol.22, pg 177-206

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Histoire, économie et société - Année 2003 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 177-206
Abstract In 1776, through the impetus given by Louis XVI's Intendant des Menus Plaisirs Papillon de La Ferté, the French monarchy took direct control of the Académie Royale de Musique (as the Paris opera company was officially called) by enacting a new regulation, valid up to the end of the Ancien Régime. This reorganization leads us to study the relatively small group constituted by the instrumentalists and the singers of the most famous opera company in France. This paper deals with their education, their career, their incomes and highlights of their daily life.
Résumé En 1776, sous l'impulsion de l'intendant des Menus Plaisirs de Louis XVI, Papillon de La Ferté, l'Académie Royale de Musique (titre officiel de la troupe de l'Opéra de Paris) est reprise en main par la monarchie, qui édicté un nouveau règlement, valable jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Cette réorganisation invite à se pencher sur le groupe relativement peu nombreux que forment les instrumentistes et chanteurs de la compagnie d'opéra la plus prestigieuse de France. Leur formation, leur carrière, leurs revenus et les principaux aspects de leur vie quotidienne seront successivement abordés dans cet article.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Youri Carbonnier
Le personnel musical de l'Opéra de Paris sous le règne de Louis
XVI
In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°2. pp. 177-206.
Résumé En 1776, sous l'impulsion de l'intendant des Menus Plaisirs de Louis XVI, Papillon de La Ferté, l'Académie Royale de
Musique (titre officiel de la troupe de l'Opéra de Paris) est reprise en main par la monarchie, qui édicté un nouveau règlement,
valable jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Cette réorganisation invite à se pencher sur le groupe relativement peu nombreux que
forment les instrumentistes et chanteurs de la compagnie d'opéra la plus prestigieuse de France. Leur formation, leur carrière,
leurs revenus et les principaux aspects de leur vie quotidienne seront successivement abordés dans cet article.
Abstract In 1776, through the impetus given by Louis XVI's Intendant des Menus Plaisirs Papillon de La Ferté, the French
monarchy took direct control of the Académie Royale de Musique (as the Paris opera company was officially called) by enacting
a new regulation, valid up to the end of the Ancien Régime. This reorganization leads us to study the relatively small group
constituted by the instrumentalists and the singers of the most famous opera company in France. This paper deals with their
education, their career, their incomes and highlights of their daily life.
Citer ce document / Cite this document :
Carbonnier Youri. Le personnel musical de l'Opéra de Paris sous le règne de Louis XVI. In: Histoire, économie et société. 2003,
22e année, n°2. pp. 177-206.
doi : 10.3406/hes.2003.2316
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2003_num_22_2_2316LE PERSONNEL MUSICAL DE L'OPERA DE PARIS
SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XVI
par Youri CARBONNIER
Résumé
En 1776, sous l'impulsion de l'intendant des Menus Plaisirs de Louis XVI, Papillon de La Ferté,
l'Académie Royale de Musique (titre officiel de la troupe de l'Opéra de Paris) est reprise en main
par la monarchie, qui édicté un nouveau règlement, valable jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Cette
réorganisation invite à se pencher sur le groupe relativement peu nombreux que forment les instr
umentistes et chanteurs de la compagnie d'opéra la plus prestigieuse de France. Leur formation, leur
carrière, leurs revenus et les principaux aspects de leur vie quotidienne seront successivement abor
dés dans cet article.
Abstract
In 1776, through the impetus given by Louis XVI' s Intendant des Menus Plaisirs Papillon de La
Ferté, the French monarchy took direct control of the Académie Royale de Musique (as the Paris
opera company was officially called) by enacting a new regulation, valid up to the end of the Ancien
Régime. This reorganization leads us to study the relatively small group constituted by the instru
mentalists and the singers of the most famous opera company in France. This paper deals with their
education, their career, their incomes and highlights of their daily life.
Au début du règne de Louis XVI, l'Opéra de Paris, ou Académie Royale de Musi
que, est dans une situation financière difficile. Aussi, afin de maintenir en vie ce spec
tacle apprécié du public, le monarque décide d'intégrer son administration à celle des
Menus Plaisirs, placée sous la coupe de l'intendant Papillon de La Ferté. Cette reprise
en main, qui date de 1776, s'accompagne de la publication d'un nouveau règlement *,
destiné à servir de cadre au quotidien de cette grande maison, en remplacement de
ceux de 1713 et 1714. Les documents fournis par cette administration nous permettent
de connaître le personnel employé durant le dernier règne de l'Ancien Régime. Pré
cisons immédiatement que la présente étude ne porte que sur les musiciens, instrument
istes et chanteurs, à l'exclusion des danseurs 2 et du personnel technique. Elle a pour
objectif de présenter leur cursus et leurs conditions de vie, depuis leurs années
d'apprentissage jusqu'à la fin de leur vie, aussi bien dans le cadre professionnel que
dans celui de leur vie privée, plus difficile à saisir, du fait de l'absence de dossiers
personnels et de la tâche titanesque que représenterait un dépouillement des actes du
minutier central des notaires parisiens.
1. AN, O1 57, f°222 et suiv.
2. Sur le sujet, on pourra compléter par Adolphe Jullien, L'opéra secret au xvnř siècle, Paris, Rou-
veyre, 1880.
HES 2003 (22e année, n° 2) Histoire Economie et Société 178
Les années de formation
Les voies classiques
Pour les chanteurs, de sexe masculin du moins, il est classique de débuter son
apprentissage au sein d'une maîtrise, rattachée à une église. Les enfants de chœur y
reçoivent une formation musicale très complète 3. Musiciens d'Eglise accomplis, ils
pratiquent aussi la musique profane chez des particuliers, malgré des interdictions réi
térées. Après la mue, certains entreprennent une carrière lyrique comme Vaudémont,
sorti de la maîtrise de la Sainte-Chapelle en 1738, choriste à l'Opéra en 1762, puis
professeur de chant en 1776 4. De même, la fameuse haute-contre Joseph Le Gros reçoit
sa première formation comme «enfant de chœur à l'église cathédrale de Laon» 5. La
plupart des instrumentistes se spécialisent dans le jeu d'un instrument auprès d'un
maître particulier, ce qui représente pendant longtemps la seule possibilité d'enseigne
ment musical hors des maîtrises.
C'est certainement ainsi que les jeunes filles de l'Opéra apprennent la musique et
le chant. De ce fait, nous connaissons mal le déroulement de leurs années d'apprentis
sage. Tout au plus pouvons nous construire des hypothèses pour celles qui ont des
musiciens dans leur famille (Claude Daigremont, fille d'un musicien du roi6 ; Anne de
Saint-Huberty, dont le père était attaché au Théâtre de Strasbourg 7) ou pour celles qui,
issues d'un milieu aisé, ont sans doute reçu une éducation soignée, dans un couvent ou
à la maison, incluant l'apprentissage de la musique et du chant (Marie- Anne Baurans,
fille d'un avocat en parlement 8, par exemple). Quelques récits épars nous permettront
de cerner les conditions dans lesquelles se sont épanouis les talents musicaux d'autres
chanteuses.
Marie- Josèphe La Guerre, fille d'un marchand mercier9, est remarquée, par hasard,
par la duchesse de Villeroy. Jugeant prometteurs ses talents de chanteuse, elle la
recommande à Sophie Arnould qui se charge de lui trouver des maîtres 10. Cette dernière
était née sous de meilleurs auspices. Sa mère, femme dotée d'un esprit qui ne le cédait
en rien à son excellente éducation, se plaisait dans la société des artistes et des philo
sophes. Sa fille apprit la musique dès deux ans et demi, «la déchiffrait à livre ouvert à
sept ou huit» et, «à dix, elle chantait comme une cantatrice». L'enfant sut se rendre
attachante à la princesse de Modène, épouse délaissée de Conti, qui la propulsa vers la
célébrité en la faisant remplacer au pied levé une religieuse souffrante, pour chanter
l'office des Ténèbres dans un couvent en vue de la capitale n. Quant à Mlle Dozon (la
future Madame Chéron), son histoire est encore plus extraordinaire. Le docteur Mittié,
de la faculté de médecine de Paris, était émerveillé par la voix de sa gouvernante qu'il
souhaitait voir entrer à l'Opéra. Celle-ci, s'y refusant, lui annonça qu'elle avait une
sœur, plus jeune et dotée d'une voix plus belle encore. Le docteur la fit venir, lui fit
3. Voir par exemple Fernand Raugel, «La maîtrise et les orgues de la primatiale Saint-Trophime d'Arles»,
Recherches sur la musique française classique, II, 1962, p. 99-116.
4. Michel Brenet, Les musiciens de la Sainte-Chapelle, Paris, Picard, 1910, p. 289.
5. Jean-Benjamin de La Borde, Essai sur la musique ancienne et moderne, Paris, 1780, t. III, p. 511.
6. AN, O1 673, n° 13.
7. Edmond de Goncourt, Madame Saint-Huberty, Paris, Bibliothèque Charpentier, 1900, p. 7-8.
8. AN, O1 667, n° 281.
9. AN, Min. Cent., XXIX, 570, 7 mai 1783, renonciation à la succession de La Guerre.
10. E. et Jules de Goncourt, Sophie Arnould, Paris, Bibliothèque Charpentier, 1912, p. 74.
11. Ibid., p. 6-10 ; Robert Douglas, Sophie Arnould, Paris, Harrington, 1898, p. 6.
HES 2003 (22e année, n° 2) personnel musical de l'Opéra de Paris 179 Le
apprendre quelques ariettes par un de ses amis, de

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