Le « Reggimento e costume di Donna» de Francesco da Barberino - article ; n°6 ; vol.3, pg 69-84
17 pages
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Description

Médiévales - Année 1984 - Volume 3 - Numéro 6 - Pages 69-84
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Cazale
Le « Reggimento e costume di Donna» de Francesco da
Barberino
In: Médiévales, N°6, 1984. pp. 69-84.
Citer ce document / Cite this document :
Cazale Claude. Le « Reggimento e costume di Donna» de Francesco da Barberino. In: Médiévales, N°6, 1984. pp. 69-84.
doi : 10.3406/medi.1984.957
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1984_num_3_6_957Claude CAZALÉ
LE « REGGIMENTO E COSTUME DI DONNA »
DE FRANCESCO DA BARBERINO
Un miroir troqué
Ce traité d'éducation féminine expressément adressé à des lectrices
au début du XIV (1318-1320) par un représentant actif des instances
communales de Florence intéresse tout autant l'historien que le litt
éraire : « cas » littéraire, en raison de sa faible diffusion, il pose égale
ment à l'historien le problème du rapport qui s'instaure entre docu
mentation-témoignage et propos pédagogique. Le titre laisse apparaître
d'emblée la double orientation de l'entreprise :
— descriptive par l'enquête menée sur les mœurs féminines
(costume),
— formatrice dans la formulation d'un certain nombre de règles
de comportement (reggimento).
Dès lors nous sommes en droit de nous demander si ce « miroir »
proposé aux femmes, selon le modèle des Miroirs et Enseignements,
entre véritablement en polémique avec la littérature de matière féminine
— généralement mysogine (Pères de l'Eglise, Moralités, Fabliaux, Joies
du mariage...) — ou s'il invite ces « pauvres Florentines », évoquées par
Christiane Klapisch-Zuber — sous couvert d'un enseignement valori
sant — à se soumettre de bonne grâce à un joug de plus en plus
pesant ? (1).
Francesco da Barberino, poète et moralisateur, né en 1264, contem
porain de Dante, fils d'exilés florentins comme Pétrarque, disparaît
dans cette grande peste de 1348, magistralement décrite par Boccace :
cet événement qui marque une fracture dans l'histoire de la Florence
médiévale emportait définitivement les espoirs de développement écono
mique et de stabilité politique d'une société communale gérée par des
1. C. KLAPISCH-ZUBER, Pauvres florentines in « Le Monde », 24 octobre
1982. Voir aussi : Famiglia e parentela nell'Italia médiévale, a cura di G. DUBY
e J. LE GOFF, Bologna, II Mulino, 1981. 70
Arts Majeurs, opposés tant au pouvoir personnel qu'à l'ascension
d'autres catégories au gouvernement de la cité.
Francesco figurant, à partir de 1293, comme notaire diplômé à
Bologne, après un cursus traditionnel associant le droit canon et le
droit civil à Yars dictandi, est le représentant typique de cette classe
d'intellectuels florentins, dont Brunetto Latini est sans doute l'exemple
le plus illustre : ces techniciens du discours à la culture encyclopédique,
ces lettrés de formation juridique prêtent à la Commune leur concours
actif au risque de subir les aléas de la Fortune politique.
Au service de l'évêché de Florence, dès son retour en Toscane
(1297-1304), puis de Corso Donati, Francesco s'éloigne pendant plusieurs
années de la région après l'échec politique de ce dernier (1308) : il com
mence alors une spécialisation in utroque jure, auprès du Studiwn de
Padoue, interrompue par des missions diplomatiques — où il défend les
intérêts florentins — qui le conduisent en particulier en Avignon et
préparent son retour à Florence, muni du titre de doctor au cours du
premier semestre 1314 : ce titre lui permettait d'exercer la profession
de judex et d'enseigner les matières de sa laurea. Dès 1318 nous avons
trace de son engagement au service de la Commune soit comme expert
en matière juridique, soit comme membre des différents Conseils
(1323-1344).
L'instabilité politique s'accroît à Florence entre des épisodes de
pouvoir personnel, la poursuite de la lutte entre Magnati et Popolani,
et, dans les rangs mêmes du Popolo, entre Arts Majeurs et Mineurs et,
à l'intérieur de la classe dirigeante (Popolo Grasso), entre Consorterie.
De 1326 à 1348, Francesco assume à plusieurs reprises les fonctions
juridictionnelles et administratives en tant que membre de l'Arte dei
Giudici e Notai, Art Majeur auquel il appartient.
Nous pouvons garder de Francesco da Barberino, représentant du
pouvoir communal à divers titres, le portrait que dresse dans son
étude très minutieuse C. Guimbard : celle d'un « défenseur de l'inté
grité et de la démocratie non plus dans ses privilèges certes, mais dans
ses assises. Derrière l'officialis jurisperitus, Francesco da Barberino, se
profile l'image d'un homme conscient, engagé et pondéré, non seulement
bonus et sufficiens, qualification requise pour toute forme de partici
pation à la vie publique, mais soucieux d'équilibre » (2).
Or, cette participation active à l'histoire des institutions politiques
et des structures économiques de la Commune s'accompagne chez Fran
cesco d'une production littéraire favorisée par les contacts pris à
Bologne, puis à Florence dans les années où fleurissait le Dolce Stil
Nuovo.
2. C. GUIMBARD, Recherche sur la vie publique de Francesco da Barberino
in « La Revue des Etudes Italiennes », n° 12, juin-juillet 1982, p. 25. n
II s'essaye à "ttes Rime portant encore l'empreinte de la poésie pro
vençale, découverte peut-être lors de son séjour en Avignon ; il com
pose semble-t-il un recueil de nouvelles — Fiore di virtù — malencon
treusement égaré ; mais ce sont les Documenti d'Amore (1309-1314) —
accompagnés d'une traduction et d'un commentaire en latin à caractère
encyclopédique le Commentario — et le Reggimento (1318-1320) qui lui
assurent une renommée de poète dans ce genre allégorico-didactique
tant pratiqué au XIIP siècle, au sein d'une culture soucieuse de fonder
l'autorité et la dignité de son discours sur une tradition authentifiante.
La valeur de ce double engagement de Francesco da Barberino dans
la vie politique et intellectuelle de Florence devait être reconnue par
ce premier divulgateur de la Divine Comédie qu'est Boccace, défenseur
de ces poètes florentins en langue vulgaire boudés par les premiers
humanistes, tels Pétrarque déjà étranger aux valeurs communales et
citadines.
« Je l'ai toujours tenu pour un excellent témoin et digne de foi et il
est de ceux qui doivent être comptés au nombre des hommes
illustres » (3).
En effet, le sens de la mesure et du compromis qui caractérise les
actes politiques et juridiques comme les productions littéraires de
Francesco, s'inspirant les uns et les autres d'un « concordisme » idéo
logique et culturel, témoigne d'un réalisme qui a sans doute manque à
Dante pour faire carrière politique dans sa « odiamata città » (4).
Francesco da Barberino ouvre son traité par une apostrophe directe
et péremptoire dont le premier mot « Novellamente » annonce le carac
tère novateur. .
En effet, le Reggimento e costumi di Donna, traité d'éducation des
tiné aux femmes, est appelé à combler une lacune. Si les Documenti
d'Amore s'inscrivaient dans la double tradition de la littérature
courtoise allégorique et didactique, d'André Le Chapelain à Jean de
Meung et des traités d'éducation destinés aux princes, Francesco — ainsi
nommé familièrement par la Dame présentée dans la fiction allégorique
comme inspiratrice de l'entreprise — se voit investi de la mission de
réparer ce manque en se faisant le docile et fidèle transcripteur d'un
savoir révélé par des vertus doublement qualifiées pour leur sagesse
et leur nature féminine.
« Fais en sorte de trouver quelqu'un à ta convenance qui écrive
3. G. BOCCACCIO, Genealogia deontm gent ilium. Lib. XV :
« Scmpre l'ho tenuto per ottimo testimonio e degno di fede e da essere
annoverato tra tutti gli uomini illustri ».
4. Ville haïe-aimée : Florence. 72
seulement et nous toutes ensemble nous chargerons Tune d'entre nous
de l'informer de telle sorte qu'il n'aura nul besoin de penser » (5).
Les mérites requis ne sont pas proprement littéraire :
« J'ai un fidèle serviteur

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