Le Saint-Siège et la Conférence de la paix (1919). Diplomatie d Église et diplomaties d État - article ; n°2 ; vol.109, pg 793-823
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Le Saint-Siège et la Conférence de la paix (1919). Diplomatie d'Église et diplomaties d'État - article ; n°2 ; vol.109, pg 793-823

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1997 - Volume 109 - Numéro 2 - Pages 793-823
Giuseppe M. Croce, Le Saint-Siège et la Conférence de la Paix (1919). Diplomatie d'Église et diplomatie d'État, p. 793-823. À l'issue du conflit mondial, durant lequel le Saint-Siège s'était efforcé de garder une neutralité que les circonstances rendaient souvent ardue et parfois problématique, la Conférence de la Paix se déroula sans aucune participation officielle de représentants du Vatican. Sceptique quant à l'avenir de la «paix bâclée», celui-ci ne se résigne pas, pour autant, au rôle de spectateur passif que l'article 15 du Pacte de Londres voulait lui imposer, et envoie à Paris Mgr Cerretti, Secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires. L'article retrace l'activité du prélat dans les coulisses de la Conférence et ses nombreux contacts avec des hommes d'État de plusieurs pays, et présente un bilan des succès et de échecs de la «diplomatie d'Église» au lendemain de la Grande Guerre.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Giuseppe Maria Croce
Le Saint-Siège et la Conférence de la paix (1919). Diplomatie
d'Église et diplomaties d'État
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 109, N°2. 1997. pp. 793-823.
Résumé
Giuseppe M. Croce, Le Saint-Siège et la Conférence de la Paix (1919). Diplomatie d'Église et diplomatie d'État, p. 793-823.
À l'issue du conflit mondial, durant lequel le Saint-Siège s'était efforcé de garder une neutralité que les circonstances rendaient
souvent ardue et parfois problématique, la Conférence de la Paix se déroula sans aucune participation officielle de représentants
du Vatican. Sceptique quant à l'avenir de la «paix bâclée», celui-ci ne se résigne pas, pour autant, au rôle de spectateur passif
que l'article 15 du Pacte de Londres voulait lui imposer, et envoie à Paris Mgr Cerretti, Secrétaire de la Congrégation des Affaires
ecclésiastiques extraordinaires. L'article retrace l'activité du prélat dans les coulisses de la Conférence et ses nombreux contacts
avec des hommes d'État de plusieurs pays, et présente un bilan des succès et de échecs de la «diplomatie d'Église» au
lendemain de la Grande Guerre.
Citer ce document / Cite this document :
Croce Giuseppe Maria. Le Saint-Siège et la Conférence de la paix (1919). Diplomatie d'Église et diplomaties d'État. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 109, N°2. 1997. pp. 793-823.
doi : 10.3406/mefr.1997.4516
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1997_num_109_2_4516MÉLANGES
GIUSEPPE M. CROCE
LE SAINT-SIÈGE ET LA CONFÉRENCE
DE LA PAIX (1919). DIPLOMATIE D'ÉGLISE
ET DIPLOMATIES D'ÉTAT*
pour Simona Fina
Tout à la fin du mois de décembre 1918, dans un hôtel de Paris bruis
sant de la joie de la victoire qui venait de mettre fin à la guerre1, deux per
sonnages s'étaient donné rendez-vous et s'entretenaient discrètement, loin
de l'agitation populaire et à l'abri de la curiosité des journalistes. L'un d'eux
était un homme d'État français, qui avait été titulaire de différents portef
euilles dans les gouvernements de la IIIe République, et dont la brillante
carrière allait se terminer tragiquement, quinze ans plus tard, devant la
place de la Bourse de Marseille. En face de lui se tenait un prélat italien, le
plus expérimenté, peut-être, de tous les diplomates en soutane violette.
Après avoir été en poste au Mexique, aux États-Unis et en Australie, il se
trouvait désormais à la tête de la Congrégation des affaires ecclésiastiques
extraordinaires, et était donc le plus proche collaborateur du cardinal Se
crétaire d'État, Pietro Gasparri2.
Jean-Louis Barthou, qui fit à son interlocuteur l'impression d'un
homme «très intelligent, quoique sceptique et libre penseur», crut devoir
émettre quelques réserves au sujet de l'attitude du Vatican pendant la
* Abréviations utilisées : AAEESS, Archives de la Congrégation des affaires ec
clésiastiques extraordinaires (Cité du Vatican); AMAE, Archives du Ministère des af
faires étrangères (Paris); ASMAE, Archivio storico del Ministero degli affari esteri
(Rome); ASV, Archivio Segreto Vaticano; Nunz., Nunziatura; r., rubrica; s., série;
s.S., sous-série; SS., Secrétairerie d'État.
1 «Paris avec ses foules joyeuses et bruyantes - écrivait avec amertume Su
zanne de Dietrich - me fait l'effet de danser sur des cadavres et des ruines...». Voir
Y.-M. Hilaire, dans Histoire religieuse de la France contemporaine, II, Toulouse, 1986,
p. 263-264.
2 Sur Bonaventura Cerretti (1872-1933) cf. G. De Luca, // cardinale Bonaventur
a Cerretti, Rome, 21971 que n'a pas remplacé V. De Marco, Un diplomatico vaticano
all'Eliseo : il cardinale Bonaventura Cerretti (1 872- 1 933), Rome, 1984.
MEFRIM - 109 - 1997 - 2, p. 793-823. GIUSEPPE M. CROCE 794
guerre mondiale, notamment à propos de son «silence» sur la violation de
la neutralité de la Belgique3. Monseigneur Cerretti réagit vivement pour dé
fendre la conduite du Saint-Siège, en faisant allusion entre autres, aux ar
chives de la Secrétairerie d'État, qui auraient pu, dit-il, démontrer à quel
point la papauté s'était dévouée pour soulager les souffrances des populat
ions de tous les pays pendant la durée des hostilités. Barthou ne fit pas
d'objection à ce plaidoyer du prélat romain, qu'il invita cependant à livrer
«immédiatement» les documents à la connaissance du public4.
Il était assurément trop tôt pour que le Vatican songeât à prendre en
considération pareille instance, qui se heurtait du reste à l'ancienne tradi
tion de prudence et de réserve dont le Saint-Siège ne s'était jamais départi
dans l'administration de ses archives. N'avait-il pas fallu attendre l'an de
grâce 1880 pour qu'un pape, Léon XIII, se décidât à ouvrir à la consultation
du monde savant une partie des immenses fonds des Archives Secrètes Va-
ticanes, et cet événement n'avait-il pas suscité à l'intérieur de la Cour pontif
icale, bien des critiques et des commentaires méfiants ou réprobateurs?5.
Certes, l'abondance des dossiers, accumulés par les services de la Se
crétairerie d'État pendant la guerre, était là pour témoigner du grand effort
de la papauté pour parer à l'immense désarroi moral et matériel des na
tions en conflit6. Et Benoît XV avait consenti, en 1916, à la publication d'un
3 AAEESS, Stati ecclesiastici, 214, Cerretti à Gasparri, Paris, 31 décembre 1918.
Excellente mise au point de la question par J. De Voider, Benoît XV et la Belgique du
rant la Grande Guerre, Bruxelles-Rome, 1996, p. 37-39, qui souligne le «dilemme» du
pape, conscient qu'une prise de position en faveur de la Belgique mettrait en péril le
«crédit dont il jouissait auprès des gouvernements des Empires centraux», tandis
que son silence blessait en fait l'opinion dans les pays de l'Entente.
4 AAEESS, Stati ecclesiastici, 214, lettre citée. Au début de l'année le cardinal
Gasparri avait déjà fait allusion aux dossiers de la Secrétairerie d'État dans sa f
ameuse correspondance avec Denys Cochin. Cf. S. Marchese, La Francia ed il proble
ma dei rapporti con la Santa Sede (1914-1924), Naples, 1969, p. 165-166. Cerretti se re
trancha dans une prudente réserve devant les sollicitations de l'homme politique
français, alléguant son incompétence en la matière et précisant que le Saint-Siège,
loin de chercher un «successo immediato», ne souhaitait que le triomphe de la vérité
laquelle «ne souffre pas dans l'attente».
5 Cf. G. Martina, L'apertura dell'Archivio Vaticano : il significato di un centenario,
dans Archivum historiae pontificiae, 19, 1981, p. 239-307, et surtout Ο. Chadwick,
Catholicism and History. The Opening of the Vatican Archives, Cambridge, 1978.
6 La documentation vaticane relative à la première guerre mondiale se rattache
essentiellement à l'activité de la Secrétairerie d'État, est répertoriée dans les registres
d'enregistrement de la correspondance (les «protocolli»), et est classée sous la ru
brique 244 qui est divisée en dix-huit séries, chacune d'elles étant marquée par une
lettre de l'alphabet. Les séries H, I, K, L, sont affectées aux interventions du Saint-
Siège en faveur des prisonniers de guerre et des populations civiles; la série Ο est in- LE SAINT-SIÈGE ET LA CONFÉRENCE DE LA PALX 795
livre blanc avec un choix de documents relatifs à «l'opera della Santa Sede
nella guerra europea», tandis que, trois ans plus tard, paraissait un recueil,
copieusement illustré, dû aux soins d'un religieux de la Compagnie de Jé
sus, le père Quirico, attaché aux archives de la Secrétairerie d'État. Cet ou
vrage, qui n'est guère connu en raison de son tirage limité, montrait en ac
tion les services du Vatican, surtout celui qui s'occupait des prisonniers de
guerre, et la «phalange choisie d'ecclésiastiques et de laïques dévoués» qui
leur était affectée7.
Le travail accompli par ce «petit groupe de travailleurs», pour re
prendre une autre expression de l'éditeur de l'album, fut incontestablement
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