Le Salon de l Agriculture aux îles Tonga et sa relation avec le passé - article ; n°50 ; vol.32, pg 67-88
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 50 - Pages 67-88
Taking advantage of an official ten day cruise (August 1974) in the archipelago of the Tonga Islands (eastern Polynesia), the rules of behaviour of the present-day Tongan society are observed. These are then compared to certain traditional ceremonies dating from the period of the discovery. The author suggests that the presence of the sovereign and his entourage during the annual ceremony (Agriculture Show) is, as regards etiquette, the focal point of the whole event, and shows the importance of the attitudes formalised in the etiquettes, as in the offering of gifts, and how they have persisted in the only Oceanian kingdom which still exists.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie Claire Bataille
Le "Salon de l'Agriculture" aux îles Tonga et sa relation avec le
passé
In: Journal de la Société des océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 67-88.
Abstract
Taking advantage of an official ten day cruise (August 1974) in the archipelago of the Tonga Islands (eastern Polynesia), the
rules of behaviour of the present-day Tongan society are observed. These are then compared to certain traditional ceremonies
dating from the period of the discovery. The author suggests that the presence of the sovereign and his entourage during the
annual ceremony (Agriculture Show) is, as regards etiquette, the focal point of the whole event, and shows the importance of the
attitudes formalised in the etiquettes, as in the offering of gifts, and how they have persisted in the only Oceanian kingdom which
still exists.
Citer ce document / Cite this document :
Bataille Marie Claire. Le "Salon de l'Agriculture" aux îles Tonga et sa relation avec le passé. In: Journal de la Société des
océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 67-88.
doi : 10.3406/jso.1976.2733
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1976_num_32_50_2733Le « salon de l'agriculture »
aux îles Tonga
et sa relation avec le passé
Le propos de cet article est de décrire les similarités entre 1' « Agricul
ture show » (intitulé contemporain aux îles Tonga où la langue véhiculaire
est l'anglais) et Yinasi, cérémonie ancienne d'offrande des premiers fruits,
disparue vers la moitié du siècle dernier.
Cette manifestation actuelle revêt tous les aspects d'un salon de l'agri
culture itinérant : elle se déroule dans quatre îles différentes. La promotion
technique poursuivie depuis plusieurs années au niveau de l'agriculture, de
l'élevage et de l'artisanat, avec distribution de prix, s'accompagne de céré
monies qui témoignent de la persistance de l'organisation sociale tradition
nelle et de l'allégeance des sujets à leur souverain.
hHnasi, comme nous le verrons, avait un caractère plus profondément
religieux qui semble être absent du salon contemporain.
Cette comparaison implique au préalable une description de la manifes
tation de 1974 1 dont certains traits, volontairement journalistiques, sont
destinés à souligner l'acculturation de la société tongienne et à mettre en
évidence, par les contrastes, la persistance de la tradition. Une analyse socio-
économique succincte du « show » est destinée à évaluer sa fonction sociale.
Uinasi ne pourra être décrit que sommairement à l'aide de sources bibli
ographiques diverses.
L'objectif poursuivi est d'essayer de démontrer que le « show de l'agri
culture » représente en quelque sorte une forme de laïcisation de l'ancien
inasi avec un nouvel aspect technologique.
1. Cette enquête a été menée au cours d'une mission aux îles Tonga de mai à octobre 1974, sous l'égide
du C.R.N.S. Je remercie vivement le Ministère de l'Agriculture tongien qui, chargé de l'organisation de cette
manifestation, m'a autorisée a y participer, ainsi que tous les membres de cette croisière auprès desquels j'ai
pu recueillir des informations, et MUe Lavinia Finau qui a bien voulu m'aider à revoir ce texte.
67 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
Nous espérons que cette hypothèse sera reprise et approfondie avant
que les transformations en cours dans cette société n'aboutissent à une
totale disparition du contenu traditionnel.
L'archipel des Tonga est constitué de 150 îles dont trente-six sont habi
tées et regroupaient en 1974 environ 90 000 personnes, dont 98% d'origine
tongienne.
L'origine présumée du peuplement actuel remonterait à 950 A. D. et
depuis ces dix siècles, trois dynasties successives et parfois simultanées de
souverains sont connues comme les plus puissantes de la Polynésie : les
Tu'i Tonga, Tu'i Ha'atakalaua et Tu'i Kanokupolu. Monarchie constitution
nelle sur le modèle britannique depuis 1875, l'archipel fut placé sous la pro
tection de la Grande-Bretagne en 1889 et récupéra son indépendance en
1970. Tonga reste actuellement la seule royauté du Pacifique avec son roi
Taufa'ahau Tupou IV qui succéda en 1967 à sa mère, la reine Salote
Tupou III.
L'organisation familiale, depuis la période des précontacts jusqu'à nos
jours, est la famille étendue avec comme unité de la société la maisonnée
ou api. La moyenne actuelle des unités résidentielles est de 6,9 personnes
{Report on the results of the 1966 census, Nuku'alofa, p. 33). La population
jadis dispersée est, depuis plusieurs siècles, regroupée en villages.
Compte tenu de l'origine présumée divine du premier Tu'i Tonga,
Aho'eitu, supposé fils du dieu Tangaloa Eitumatupoa, toutes les terres appar
tiennent au roi. Une partie d'entre elles, les tofia, distinctes de celles de la
couronne, furent distribuées à des chefs annoblis par la Constitution de 1875
(H. G. Cummins. Sources of Tongan History. A collection of documents,
extracts and contemporary opinions in Tongan Political History, 1616-1900,
p. 202, art. 63, § 2) promulgée par le roi George Tupou I. Celui-ci fut le
premier souverain à favoriser une centralisation du pouvoir afin de conserver
la puissance et l'indépendance de l'archipel en évitant les querelles intestines
qui avaient déchiré l'archipel jusqu'alors. Il fut également le premier à entre
prendre une réforme agraire qui devait transformer le féodalisme antérieur
en un système plus démocratique. Des terres devaient être attribuées à tout
mâle tongien âgé de 16 ans à raison de 3 hectares par individu pour sa plan
tation, plus environ 1 500 m2 dans le village pour se construire une habitat
ion. Cette terre ne lui appartenait pas pour autant et pouvait lui être retirée
si elle n'était pas cultivée. Les nobles louaient également une partie de leur
terre aux gens qui dépendaient d'eux, mais aucune terre n'était commercia-
lisable.
Sous la pression d'un fort rythme démographique et à cause de l'afflux
de la population vers la capitale, cette distribution n'est plus respectée depuis
de nombreuses années. Un grand nombre de familles sont sans terres ou se
voient attribuer des lots diminués de soixante-quinze pour cent de leur sur
face. Dans la mesure où il n'y a pratiquement pas d'industries et par con
séquent peu de salaires, cette carence foncière a donné naissance à de nom
breux problèmes d'ordre socio-économiques.
68 LE « SALON DE L'AGRICULTURE » AUX ILES TONGA
Les statistiques de 1966 (H. G. Cummins, op. cit., p. 30-31) sont assez
parlantes à ce sujet :
— Proportion d'hommes disposant ou non de terre selon les groupes d'âges :
groupes d'âge oui non
15 - 29 155 835
30 - 43 481 517
45 - 59 772 225
60 - 74 882 117
75 - 89 826 100
90 et au-dessus 926 37
On constate que les jeunes sont ceux qui sont le plus dépourvus de terres
d'où la nécessité qu'ils ressentent actuellement de partir à l'étranger pour
travailler dans les usines d'Australie et de Nouvelle-Zélande.
— Proportion d'hommes disposant ou non de terre selon les districts :
districts OUI non
Tongatapu 388 606
Ha'apai 478 525
464 528 Vava'u
Niuatoputapu et Niuafo'ou 353 641
'Eua 471 524
D'après ce tableau, il est visible que l'île de Tongatapu est surchargée de
population puisque plus de 60% des hommes n'ont pas de terre. Le pour
centage des deux Niua est plus élevé encore mais il semble que cela soit
plutôt dû au fait que les lots n'ont pas été distribués officiellement.
D'après la Constitution de 1875 (S. Latukefu, Church and State in Tonga,
1974, p. 268, art. 63, § 2 et 3) l'assemblée législative devait être composée
de vingt nobles et de vingt représentants de la population. L'application de
ces articles est devenue avec le temps quelque peu différente puisque selon
A. H. Wood (16, p. 93) celle-ci est composée de huit représentants du Cabi
net choisis parmi les nobles pour la plupart d'entre eux, de sept représent
ants de la noblesse choisis parmi les trente-trois nobles et de sept repré
sentants élus par la population.
Treize titres de noblesse supplémentaires ont donc été créés depuis 1875
et la repr

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