Le statut méthodologique de la preuve linguistique externe en grammaire generative  - article ; n°24 ; vol.6, pg 67-92
27 pages
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Description

Langages - Année 1971 - Volume 6 - Numéro 24 - Pages 67-92
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Rudolf P. Botha
E. d'Andrade Pardal
Le statut méthodologique de la preuve linguistique externe en
grammaire generative
In: Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 67-92.
Citer ce document / Cite this document :
Botha Rudolf P., d'Andrade Pardal E. Le statut méthodologique de la preuve linguistique externe en grammaire generative . In:
Langages, 6e année, n°24, 1971. pp. 67-92.
doi : 10.3406/lgge.1971.2607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1971_num_6_24_2607RUDOLF P. BOTHA
LE STATUT MÉTHODOLOGIQUE
DE LA PREUVE LINGUISTIQUE EXTERNE
EN GRAMMAIRE GENERATIVE
1. Introduction.
D'une manière non technique, on peut dire que la preuve (evidence)*
d'une hypothèse ou d'une thèse comprend les considérations qui sont avan
cées comme raisons d'accepter cette hypothèse, ou thèse, comme vraie
ou probablement vraie x. En grammaire generative, on produit plusieurs
sortes de preuve à l'appui des hypothèses grammaticales et linguistiques,
les hypothèses grammaticales étant des affirmations à propos de la compét
ence linguistique d'un locuteur normal d'une langue donnée, et les hypo
thèses linguistiques étant des assertions sur la faculté de langage d'un
locuteur-auditeur idéal. Ces diverses sortes de preuve peuvent être classées
à partir de différents critères, dont l'un est formulé en termes de la distinc
tion interne vs externe 2. Cette distinction est en rapport avec diverses
propriétés des énoncés de preuve (evidential statements), les énoncés de
preuve étant pris comme assertions qui présentent la preuve. Ici, j'expliquer
ai cette distinction par rapport au contenu des énoncés de preuve que l'on
rencontre en grammaire generative et, par la suite, dans ce même article
quant aux propriétés méthodologiques de ces énoncés. La preuve linguistique
interne peut être considérée, pour le moment, comme comprenant les intui
tions linguistiques que les locuteurs natifs sont supposés avoir sur les pro
priétés grammaticales des phrases de leur langue. Caractérisée de cette
manière, la preuve linguistique interne est aussi connue en grammaire
generative sous le nom de « données linguistiques primaires s ». La preuve
linguistique externe peut être considérée comme comprenant tous les types de
données non intuitives qui sont apportés à l'appui des hypothèses grammat
icales et linguistiques. La preuve linguistique externe peut comprendre,
* Dans la suite de l'article, nous traduisons constamment par « preuve » l'anglais
evidence, et ceci en accord avec l'auteur. Les autres traductions de évidence nous semblent
inadéquates ou pouvant prêter à confusion.* (N.D.T.) :
1. Cette caractérisation de la notion de «preuve » est essentiellement celle don
née par Rescher (1964 : 56). Une caractérisation non technique analogue de ce concept
est fournie par Strawson (1952 : 237-238). Dans une caractérisation technique de la
notion de « preuve », les termes < considérations », « raisons », « accepter », < hypothèse »,
t vrai », et « probablement » devraient être définis explicitement.
2. Pour une manière différente de classifier les diverses sortes de preuve utili
sées en grammaire generative, cf. Botha 1970 : § 4.4.
3. Pour des exemples de jugements intuitifs de locuteurs natifs qui constituent
les données linguistiques primaires, cf., e.g., Bach 1964 : 3-5. 68
par exemple, des données sur des aspects « externes » du langage tels les
aspects diachronique, dialectal, idiolectal, statistique, neuropsychologique
et neurophysiologique. Si la preuve linguistique interne est désignée sous
le nom de « données linguistiques primaires », alors les données linguis
tiques externes peuvent, par analogie, être désignées sous le nom de
« données linguistiques secondaires ». Cette manière non technique de
distinguer les données en données linguistiques internes et externes n'est que provisoire et sera modifiée dans
le §2.3.
Dans le présent travail, nous ne nous occuperons pas de questions
touchant à la nature générale et aux propriétés méthodologiques de la
preuve linguistique interne 4. Le seul sujet de la discussion sera le statut
méthodologique de la preuve linguistique externe en grammaire generative :
les différentes fonctions méthodologiques assignées à la preuve linguistique
externe et les divers problèmes en rapport avec ces fonc
tions. La preuve linguistique externe mérite une attention particulière à ce
stade du développement de la grammaire generative puisqu'un nombre
croissant de grammairiens génératifs s'en sont dernièrement servis. Par
exemple :
(1) des linguistes tels Kiparsky (1968; 19686), Chomsky et Halle (1968),
Postal (1968 : 170), Bechert (1969), Hass (1969), et Lakoff (1970 : 398-399)
ont opéré avec des preuves se rapportant à des aspects diachroniques du
langage;
(2) des données sur des aspects statistiques des langues naturelles
ont été utilisées comme preuve linguistique externe par des linguistes comme
Postal (1968 : 169) et Schane (1968 : 714-715);
(3) des données neuropsychologiques, i.e., des données sur des phé
nomènes tels que les différentes pathologies du langage, ont été récemment
invoquées pour soutenir des hypothèses linguistiques et grammaticales
par Postal (1968 : 172), et Weigl et Bierwisch (1970), par exemple;
(4) des données neurophysiologiques (des données se rapportant aux
contraintes inhérentes aux structures nerveuses qui sous-tendent la commun
ication verbale) ont été considérées comme preuve linguistique externe
par des grammairiens génératifs comme Katz (1964 : 134; 1967 : 135, 174)
et Chomsky et Halle (1968 : 6);
(5) tandis que des données sur des variations linguistiques idiolectales
ont été utilisées comme preuve linguistique externe par Elliot, Legum et
Thomson (1969), par exemple; des dialectales ont été utilisées
dans ce même rôle par Postal (1968 : 170), par exemple;
(6) des phénomènes relevant de l'acquisition du langage et du langage
enfantin ont été considérés comme preuve linguistique externe par des
linguistes tels Postal (1968 : 172), Menyuk (1969 : 152 ff.) et Kazazis (1970) 5.
Même si ces indications sur l'utilisation et sur les références récentes
à diverses sortes de preuves linguistiques externes ne sont pas exhaustives,
elles indiquent combien l'utilisation de la preuve linguistique externe est
devenue générale en grammaire generative.
D'un point de vue méthodologique les questions intéressantes touchant
l'utilisation de preuves linguistiques externes en grammaire generative
sont les suivantes :
4. Ces problèmes sont partiellement traités dans Botha 1968 : § 3.3.; 1970 :
§ 5.2.4.; à paraître : 4« partie.
5. Ferguson (s.a. : 8) a aussi mentionné des données sur le « langage enfantin »,
le « langage des étrangers », et autres « formes de discours simplifiés » comme preuve
possible qui peut être utilisée pour « vérifier la validité des grammaires ». 69
(1) Quels sont les rôles ou fonctions méthodologiques assignés à la
preuve linguistique externe dans le cadre d'une recherche grammaticale
ou synchronique?
(2) Quelles sont les difficultés méthodologiques que soulève l'util
isation de preuves linguistiques externes dans ces rôles ou fonctions?
(3) Dans quelle mesure sont-elles résolues par les grammairiens géné-
ratif s qui se servent de preuves linguistiques externes dans leurs recherches 6?
Le genre de preuve qui apparaît le plus souvent dans une recherche
linguistique synchronique est, indubitablement, celui de données historiques
ou diachroniques sur le(s) changement(s) linguistiques(s). Pour cette raison
les trois questions ci-dessus seront considérées ici spécialement parce qu'elles
se rapportent à la preuve linguistique diachronique. Néanmoins, on montrera
que ce qui sera dit à propos de la preuve linguistique diachronique demeure
aussi généralement vrai pour les autres sortes de preuve linguistique externe.
2. La preuve linguistique externe dans des arguments non démonst
ratifs avec des conclusions « mentalistes ».
Un premier rôle méthodologique où la preuve linguistique externe est
utilisée en gram

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