Le témoin gênant. Une version latine du Régime du corps d Aldebrandin de Sienne - article ; n°42 ; vol.21, pg 117-130
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Le témoin gênant. Une version latine du Régime du corps d'Aldebrandin de Sienne - article ; n°42 ; vol.21, pg 117-130

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Description

Médiévales - Année 2002 - Volume 21 - Numéro 42 - Pages 117-130
Le manuscrit Canon. Mise. 388 de la Bodleian Library d'Oxford contient une traduction latine du Régime du corps, une œuvre considérée comme le premier texte médical composé directement en français. Sur son auteur, Aldebrandin de Sienne, on a peu de renseignements biographiques sûrs, car ils sont tous tirés des prologues contenus dans les manuscrits, qui forment une tradition importante. Le manuscrit d'Oxford présente une sélection de quatre herbaria, liés entre eux non pas au hasard mais selon une volonté précise du commanditaire. Le Régime du corps les y côtoie, dans une traduction reflétant des liens avec la branche « B roger male branche » de la tradition française, mais il s'avère nécessaire de dresser un nouveau stemma codicum des témoins français, pour obtenir des réponses plus assurées. Un tel manuscrit attire en outre l'attention sur la pratique, jusqu'à présent peu étudiée, des traductions des langues vulgaires en latin.
The Latin Version of the Régime du Corps by Aldobrandino of Siena : an Untimely Witness - The manuscript Canon. Misc. 388 of the Bodleian Library in Oxford contains a latin translation of the « Régime du corps », the first medical text composed in french. In some prologues there are a few biographical notes about the author, Aldobrandino da Siena, but they can't be considered reliable. The Oxford manuscript presents four herbaria, probably binded together according to a clear project, and the translation of the « Régime ». This one has evident links with the « B roger male branche » French tradition, but the absence of a stemma codicum doesn't allow to have sure answers. The analysis of this manuscript attracts attention on the translations from vernacular to Latin.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sebastiano Bisson
Lada Hordynsky-Caillat
† Odile Redon
Le témoin gênant. Une version latine du Régime du corps
d'Aldebrandin de Sienne
In: Médiévales, N°42, 2002. pp. 117-130.
Résumé
Le manuscrit Canon. Mise. 388 de la Bodleian Library d'Oxford contient une traduction latine du Régime du corps, une œuvre
considérée comme le premier texte médical composé directement en français. Sur son auteur, Aldebrandin de Sienne, on a peu
de renseignements biographiques sûrs, car ils sont tous tirés des prologues contenus dans les manuscrits, qui forment une
tradition importante. Le manuscrit d'Oxford présente une sélection de quatre herbaria, liés entre eux non pas au hasard mais
selon une volonté précise du commanditaire. Le Régime du corps les y côtoie, dans une traduction reflétant des liens avec la
branche « B roger male branche » de la tradition française, mais il s'avère nécessaire de dresser un nouveau stemma codicum
des témoins français, pour obtenir des réponses plus assurées. Un tel manuscrit attire en outre l'attention sur la pratique, jusqu'à
présent peu étudiée, des traductions des langues vulgaires en latin.
Abstract
The Latin Version of the Régime du Corps by Aldobrandino of Siena : an Untimely Witness - The manuscript Canon. Misc. 388 of
the Bodleian Library in Oxford contains a latin translation of the « Régime du corps », the first medical text composed in french. In
some prologues there are a few biographical notes about the author, Aldobrandino da Siena, but they can't be considered
reliable. The Oxford manuscript presents four herbaria, probably binded together according to a clear project, and the translation
of the « Régime ». This one has evident links with the « B roger male branche » French tradition, but the absence of a stemma
codicum doesn't allow to have sure answers. The analysis of this manuscript attracts attention on the translations from vernacular
to Latin.
Citer ce document / Cite this document :
Bisson Sebastiano, Hordynsky-Caillat Lada, Redon Odile. Le témoin gênant. Une version latine du Régime du corps
d'Aldebrandin de Sienne. In: Médiévales, N°42, 2002. pp. 117-130.
doi : 10.3406/medi.2002.1545
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2002_num_21_42_1545Médiévales 42, printemps 2002, p. 1 17-130
Sebastiano BISSON
LE TÉMOIN GÊNANT.
UNE VERSION LATINE DU RÉGIME DU CORPS
D'ALDEBRANDIN DE SIENNE
En parcourant les colonnes du Catalogue oflncipits de Thorndike et Kibre,
mon attention fut récemment attirée par une œuvre médicale intitulée Liber
medicine in practica de sanitate corporis conservanda et de infirmitate et
pestilencia jugienda l. Dans le répertoire, ce traité est attribué à un auteur
anonyme, puisque, effectivement, il ne se rattache à aucun des Regimina sani-
tatis médiévaux en langue latine, pourtant nombreux, qui sont consacrés à
l'hygiène et au soin du corps. Le préambule semblait cependant très proche de
l'incipit d'une œuvre appartenant à un autre domaine linguistique, le Régime
du corps d'Aldebrandin de Sienne, traité d'hygiène et de diététique rédigé en
français au xme siècle. Une confrontation plus approfondie des deux œuvres a
permis de conforter cette supposition : l'œuvre jusqu'ici considérée comme
anonyme est en réalité une version latine du Régime du corps, dont jusqu'à ce
jour on ignorait l'existence.
Déjà cité par Paul Meyer dans son importante contribution sur la diffusion
du français en Italie 2, le Régime doit la célébrité à sa primauté : c'est en effet
le premier texte médical composé directement en français, c'est-à-dire qu'il
n'est pas dérivé d'une œuvre latine préexistante. Son auteur, Aldebrandin, est
un physicus italien né probablement à Sienne au début du XIIIe siècle et mort
1 . L. Thorndike, P. Kibre, A Catalogue oflncipits of Medieval Scientific Writings in Latin,
Cambridge (Massachusetts), 1963, col. 68. L'œuvre est contenue dans le manuscrit Canonici Mise.
388 de la Bodleian Library d'Oxford, déjà citée par : A. G. Little, Initia operum latinorum quae
saeculis XIII XIV XV attribuuntur, Manchester, 1904, p. 71 ; D. Waley SINGER, A. ANDERSON,
Catalogue of Latin and Vernacular Plague Texts in Great Britain and Eire in Manuscripts written
before the Sixteenth Century, Paris-Londres, 1950, p. 121-122.
2. P. Meyer, « De l'expansion de la langue française en Italie pendant le Moyen Âge »,
dans Am' del congresso internazionale di scienze storiche. Roma 1-3 Aprile 1903, IV, Rome, 1904,
p. 79-80. S.BISSON 118
entre 1296 et 1299 à Troyes 3. Il s'établit dans cette ville, probablement dans le
sillage de la dense communauté de banquiers et de marchands siennois qui,
pendant de longues périodes de l'année, séjournaient en Champagne à l'occa
sion des grandes foires saisonnières. Il n'est pas exclu que l'auteur lui-même,
du moins au début, se soit occupé de commerce et ait donc eu tout intérêt à
s'établir dans une ville comme Troyes qui était alors un lieu-clé des échanges
commerciaux en Europe.
Dès sa jeunesse, Aldebrandin, s'il est vraiment né à Sienne, a pu profiter de
l'enseignement des sciences médicales qui commençaient à s'affirmer dans
cette ville entre 1240 et 1250. L'université de Sienne pouvait en effet se glori
fier de compter parmi ses enseignants Giovanni Mordente de Faenza et Petrus
Hispanus 4.
À Sienne, les milieux intellectuels étaient sans doute proches des thémati
ques développées dans le milieu scientifique de Frédéric II. La ville soutenait
l'empereur et elle l'accueillit dans ses murs avec toute la cour au printemps de
1247, à une étape de son voyage vers l'Allemagne. Ce contact n'est pas certain,
mais il est signalé dans plusieurs manuscrits du Régime 5 et le milieu culturel
de la cour souabe était célèbre pour l'intérêt qu'il portait aux œuvres scientif
iques grecques et arabes. Je crois qu'il faut continuer à écarter l'idée d'une
commande impériale directe en ce qui concerne le Régime. L'idée de traduire
en latin certaines œuvres sur lesquelles se fonde le traité a pu cependant venir
de la cour souabe. La référence à Frédéric II, qui avait pour objet de renforcer
l'autorité de l'œuvre, est le reflet de la situation culturelle particulière dont
Aldebrandin a pu profiter 6.
3. Beaucoup de données se rapportant à la biographie d' Aldebrandin sont douteuses, part
iculièrement en ce qui concerne les années de jeunesse. Les quelques documents relatifs à la vie
d' Aldebrandin de Sienne sont signalés par A. Thomas, « L'identité du médecin Aldebrandin de
Sienne », Romania, 25, 1906, p. 454-456 ; E. Chapin, Les Villes de foires de Champagne des origi
nes au début du XIVe siècle, (École des Hautes Études, 268), Paris, 1937, p. 124 ; A. Garosi, Aldo-
brandino da Siena medico in Francia nel sec. Xlll nella storia del costume e dell'igiene medievali,
Milan, 1981, p. 33.
4. P. Nardi, « Comune, Impero e Papato aile origini dell'insegnamento universitario in
Siena (1240-1275) », Bullettino senese di storia patria, 90, 1983, p. 50-94.
5. Alebrant (Maître Aldebrandin de Sienne), Le Régime du corps, L. Landouzy, R. PÉPIN
éd., Paris, 191 1, p. XXXII, réimpr. anast., Genève, 1978.
6. Nul doute que Frédéric II ait été animé d'un grand désir de connaissances. Si sa réputa
tion comme promoteur d'hypothétiques projets de travaux scientifiques et de traductions relève en
partie d'une mythification du personnage, elle plonge ses racines dans l'incontestable réalité d'un
mécénat passionné (G. Duby, « Introduzione », dans P. Toubert, A. Paravicini Bagliani (dir.),
Federico II e le scienze, Palerme, 1994, p. 9-10). Le rayonnement de cette vitalité culturelle a pu
toucher aussi des personnes plus modestes, incitées par là à approfondir leurs propres recherches
sans en avoir reçu commande. Dans cette optique, Aldebrandin lui aussi aurait pu faire partie du
groupe d'intellectuels qui gravitait autour de la cour de Frédéric II et qui se dispersa après 1250
(P. Nardi, loc. cit., p. 74-77), une hypothèse qui, si elle n'a pas la faveur des uns (C. H. Haskins,
Studies in the History of Mediaeval Science, Cambridge, 1927, p. 254), est acceptée en reva

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