Le vieillissement saisi par la psychanalyse - article ; n°1 ; vol.37, pg 167-179
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Description

Communications - Année 1983 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 167-179
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paul-Laurent Assoun
Le vieillissement saisi par la psychanalyse
In: Communications, 37, 1983. pp. 167-179.
Citer ce document / Cite this document :
Assoun Paul-Laurent. Le vieillissement saisi par la psychanalyse. In: Communications, 37, 1983. pp. 167-179.
doi : 10.3406/comm.1983.1559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1983_num_37_1_1559Assoun Paul-Laurent
Le vieillissement
saisi par la psychanalyse
Notre enquête suppose un examen préliminaire, de nature épistémologique :
dans quelle mesure le vieillissement peut-il être objet de la psychanalyse —
comme type de savoir, et corrélativement de pratique ? Cette question
complexe, il faut la poser dans sa clarté brutale, afin de discerner d'emblée par
quel biais l'analyse rencontre le vieillissement, et dans quelle mesure cela
détermine sa posture face au vieillissement. Il ne s'agit du reste pas ici
d'élucidation épistémologique, mais d'une sorte de protocole préparant le mode
d'emploi de la psychanalyse sur le « champ » des phénomènes de vieilliss
ement.
Ce protocole peut être présenté comme la détermination des figures possibles
de relation entre le logos analytique et l'objet « vieillissement ».
1 ) La première solution peut se représenter comme suit : il y aurait un
phénomène sui generis repérable comme tel, avec des caractéristiques données,
fixes ou à compléter, et la psychanalyse se présenterait comme discours possible
parmi d'autres relatifs à ce phénomène. Solution sage et normale en appa
rence : il y aurait d'un côté le vieillissement-donnée, de l'autre des formes
positionnelles d'objet correspondant à des formes de « savoirs ». Il y aurait donc
autant de discours possibles sur le vieillissement que d'aspects de ce phénomène
réel global repérable par le terme univoque de « vieillissement » .
Cette position, si on l'examine, apparaît bientôt naïve, et derrière cette
naïveté se dissimule, comme souvent, une duplicité épistémologique. Cela
revient à faire tomber le vieillissement du côté de la réalité, et la psychanalyse
du côté du discours — ce qui suppose une théorie de la connaissance : mais
justement, par cette représentation, on suppose résolu le problème en cause. On
dira qu'il y a (thèse ontologique) des êtres qui vieillissent, donc qu'il y a autant
de types de savoirs que de dimensions du processus.
Mais qu'est-ce que le vieillissement réel ou proprement dit ? Ce n'est autre
qu'un phénomène repérable par un type de savoir déterminé — de nature
biologique. On s'expose donc de fait à aligner les types de savoir de l'homme
(psychanalyse et autres) sur une rationalité exogène et hétéronome. D'où l'effet
de « badigeon » par lequel on serait tenté d'enduire le phénomène biologique de
vieillissement de « couches ».
Conséquence immédiate : on déplorera ou on s'étonnera de ne pas trouver
dans le discours freudien, lieu de constitution du savoir analytique, de
problématique du vieillissement : mépris ? oubli ? Cela signifie simplement
qu'il n'y a point de statut analytique du vieillissement : il n'y a point là de déni
de réalité, mais, dans une certaine mesure, récusation de compétence : comme
si Freud signifiait que la psychanalyse n'a pas à connaître, comme diraient les
juristes, de ce qui ne relève pas de son pouvoir de juridiction.
167 Paul-Laurent Assourt
Pointons les occurrences des termes « vieillissement », « vieillesse », « vieil
lard » dans les 18 volumes des Gesammelte Werke de Freud — exercice à la fois
grandiose et dérisoire ! On n'y trouvera pas de statut du vieillissement, plutôt
des traces intéressantes qui méritent interprétation ailleurs.
Le fond de la difficulté est qu'il ne saurait, en ce sens du moins, y avoir de
métalangage : tout langage scientifique est condamné à produire les règles
internes d'usage de son objet. Le vieillissement ne saurait être en ce sens
quelque « surobjet » métalinguistique ou méta-épistémique.
2) La seconde figure consisterait alors à dissocier le phénomène et le discours
analytique, et, partant de l'expérience analytique elle-même, à retrouver les
traces de « vieillissement », soit les effets de l'inconscient qui intéressent le
vieillissement. Autrement dit, le vieillard serait dans le décor analytique, mais
comme ignoré et masqué. Comme en ces effets d'« anamorphose » dont les
Ambassadeurs d'Holbein fournissent un spécimen, le vieillard serait donc dans
l'analyse, mais perceptible seulement de loin. L'analyse parlerait du vieillard et
du vieillissement sans le savoir, et sans vouloir rien en savoir, et il s'agirait pour
une gérontologie analytique de le chercher dans le décor afin de l'amener au
premier plan pour braquer sur lui le phare de la recherche.
Il y a du vrai dans cette représentation, mais elle ne fait que décaler la
difficulté : il y a en effet à expliciter cette étrange position d'objet. Car, enfin, le
vieillard serait l'objet implicite et chronique en quelque sorte de la psychanal
yse : elle n'en parlerait pas de façon obvie. Le vieillard passerait donc au statut
ft exterritorialité : ce qui, du réel auquel a affaire l'inconscient, est inclus dans
ses effets.
On ne saurait donc se contenter de systématiser ce qui, par une sorte de
nécessité, reste informel, mettre les points sur les i sans interroger le manque des
points (et si c'était l'essence du vieillissement d'être, par exemple, un i sans
point ?). Le discours analytique sur le se doit bien d'intégrer cet
effet d'anamorphose dans son discours même — faute de quoi il n'aurait fait
que cliver le phénomène.
3) La troisième solution consisterait alors à renoncer à un discours méta-
épistémique ou anamorphique (au sens cerné ci-dessus) ; la solution serait donc
de se décider à déconstruire le concept même de vieillissement. Sans récuser
l'objectivité du phénomène, il s'agirait de récuser l'idée équivoque d'une
donnée. Le vieillissement étant en soi une sorte d'« inconnue », chaque discours
aurait pour tâche de construire sa notion de vieillissement.
Seulement, c'est plus facile à dire qu'à faire, en raison de ce fait qu'il ne s'agit
pas de sous-estimer : à savoir que le modèle biologique d'origine du concept
surdétermine tout discours sur le vieillissement. On peut donc modestement se
proposer de reconstruire une image projective du phénomène dans les divers
champs épistémiques : on aurait, par exemple, un « analogon » analytique du
vieillissement, qui se saurait être tel — non pas discours externe ou obvie sur le mais somme des effets inconscients relatifs au vieillissement.
La psychanalyse renoncerait donc en un premier temps à parler du pour expliciter son concept de vieillissement — assumant cette
fois sa contradiction comme paradoxe. La difficulté serait que ce vieillissement
serait copié sur un modèle externe, en sorte que la psychanalyse serait
condamnée à travailler à enrichir l'image du en le prenant par la
bande — celle des phénomènes inconscients.
168 Le vieillissement saisi par la psychanalyse
Ce gain de cette troisième solution — eu égard à l'autonomie du champ — se
paierait donc par l'artifice d'une gérontologie analytique qui serait dans la
psychanalyse comme un État dans l'État — réduite à recueillir les scories
psychosexuels et inconscients d'un phénomène qui se passerait ailleurs.
Cette réflexion préalable risque fort de laisser sceptique et embarrassé : il
s'agit plutôt de la virer au compte d'une conscience méthodologique de la
réflexion sur les obstacles. Ce que l'on a décrit sous forme de conscience
malheureuse de la psychanalyse face au vieillissement n'est destiné qu'à
l'armer.
a) La gérontologie ne suffit pas à postuler que quelque chose comme « le
vieillard » et « le vieillissement » existent : il ne suffit pas de prononcer le terme
pour remonter la mécanique psychanalytique afin qu'elle nous déchiffre cet
« x » qui existe. Il se peut que l'on sache un peu moins si le vieillissement existe
aprè

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