Le vocabulaire latin de la renommée au Moyen Âge - article ; n°24 ; vol.12, pg 15-26
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Description

Médiévales - Année 1993 - Volume 12 - Numéro 24 - Pages 15-26
The Latin Vocabulary for Fame in the Middle Ages. - Gloria, fama, « honor » and « glory » : these four words must be considered in their relationship to each other. Gloria seems to be reserved for God, whereas fama relates rather to human beings. But gloria and laus are both a sign of recognition and acknowledgement by the user of a persons' s or a thing's being gloriosus (God, a saint, a church) or famosus (a warrior, a master).
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

Madame Anne Grondeux
Le vocabulaire latin de la renommée au Moyen Âge
In: Médiévales, N°24, 1993. pp. 15-26.
Abstract
The Latin Vocabulary for Fame in the Middle Ages. - Gloria, fama, « honor » and « glory » : these four words must be considered
in their relationship to each other. Gloria seems to be reserved for God, whereas fama relates rather to human beings. But gloria
and laus are both a sign of recognition and acknowledgement by the user of a persons' s or a thing's being gloriosus (God, a
saint, a church) or famosus (a warrior, a master).
Citer ce document / Cite this document :
Grondeux Anne. Le vocabulaire latin de la renommée au Moyen Âge. In: Médiévales, N°24, 1993. pp. 15-26.
doi : 10.3406/medi.1993.1266
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1993_num_12_24_1266Médiévales 24, printemps 1993, pp. 15-26
Anne GRONDEUX
LE VOCABULAIRE LATIN DE LA RENOMMÉE
AU MOYEN ÂGE
« Vous avez fait jusqu'ici, illustres seigneurs, des prodiges d'éner
gie pour obtenir l'honneur et la gloire d'une excellente réputation »*.
Un tel énoncé invite à s'interroger sur le contenu précis assigné par
Richer et ses contemporains aux différents termes relatifs à la renom
mée. Ces questions, les médiévaux se les sont d'ailleurs déjà posées,
et le Graecismus, manuel de grammaire du début du xme siècle, réflé
chit en ces termes sur la différence entre laus et gloria :
Laus de terrenis, debetur gloria celis,
et tamen invenio : « sit laus et gloria Christo2 ».
À ceci la glose ajoute : Ponitur differentia inter laus et gloria.
Laus dicitur bona fama aliquibus terrenis attributa et descendit istud
nomen laus a laudo, das, sed gloria proprie debetur ipsis celés tibus3.
Dans ce champ lexical, nous avons retenu quatre termes essent
iels, fama, gloria, honor et laus, ainsi que leurs principaux dérivés,
entretenant des rapports complexes et précis que notre tâche sera ici
d'exposer.
Commençons par définir les domaines où interviennent les deux
premiers termes, fama et gloria, et d'abord par examiner les défini
tions proposées par les contemporains eux-mêmes :
1. Ante hac, viri clarissimi, ingenti virtute pro egregiae taudis honore et gloria
sategistis. R. Latouche, Richer, Histoire de France (888-995), Paris, 1930-33 (II,
p. 90).
2. « La louange est réservée à ce qui est terrestre, la gloire aux deux / et cepen
dant je trouve "louange et gloire au Christ". » Ioh. Wrobel, Eberhardi Bethunien-
sis Graecismus, Breslau, 1887 (X, 18-19).
3. « On pose une différence entre louange et gloire. La louange signifie une bonne
renommée attribuée à tout ce qui est sur terre, et ce nom vient de "louer", alors qu'au
sens propre la gloire est due aux choses célestes. » Paris, Bibl. Nat. lat. 14746,
fol. 88va. 16
Fama dicta quod fando pervagatur ; est autem nomen et
bonarum rerum et malarum,
dit Papias4, conformément à Isidore de Seville5, ce qui est encore
repris au xnie siècle par Guillaume Brito, qui ajoute le passage clas
sique de VÉnéide décrivant la fama personnifiée6.
Un des sens de fama est donc celui de renommée, plus générale
ment même de célébrité, caractérisant une personne connue, dont on
parle ou dont on a beaucoup parlé, que ce soit en bien ou en mal.
Il faut cependant noter que ces définitions, héritées par l'intermédiaire
d'Isidore de l'Antiquité classique, nous renseignent assez peu sur
l'emploi de fama au Moyen Âge. Employé absolument, fama est en
fait, aux époques qui nous occupent, porteur de connotations favo
rables, comme en témoigne Richer parlant de Gerbert d'Aurillac :
Fama Gerberti per Gallas et Italiam diffusa. Fervebat stu-
diis, numerusque discipulorum in dies accrescebat. Nomen etiam
tanti doctoris ferebatur non solum per Gallias sed etiam per Ger
manie populos dilatabatur1 ',
ou cette lettre de saint Bernard :
Etsi ignotus nobis fade, sed non fama. Ipsa referente didi-
cimus, quod sis homo sapiens et secundum seculum
honoratus*.
Pour traduire une « triste renommée », fama est donc accompa
gné d'adjectifs péjoratifs, comme ignominiosus ou indignus :
Taceo ignobiles pueritie questus, ignominiosam adolescen-
tie famam9.
4. « Fama est ainsi dite parce qu'elle va en parlant ; c'est d'ailleurs le nom de
choses bonnes comme de mauvaises. » Papias Vocabulista, Torino, 1966 (réimpr. anast.).
5. Fama autem dicta quia fando, id est loquendo, pervagatur per traduces lin-
guarum et aurium serpens. Est autem nomen et bonarum rerum et malarum. Isidore
de Seville, Etymologies, éd. W.M. Lindsay, Oxford, 1911 (V, 27, 26-27).
6. Summa Britonis sive Guillelmi Britonis expositiones vocabulorum Biblie, éd.
L.W. Daly et B.A. Daly, Padoue, 1975 (Thesaurus mundi 15-16) (s.v. fama, p. 252).
7. « La renommée de Gerbert se répand à travers les Gaules et l'Italie. Il se pas
sionnait pour l'étude, et le nombre de ses élèves augmentait tous les jours. La renom
mée d'un si grand docteur ne se limitait pas seulement aux Gaules ; elle s'étendait encore
parmi les peuples de la Germanie. » Nous empruntons cette traduction à R. Latou-
che, Richer... (II, p. 64).
8. « Inconnu de nous de visage, tu ne l'es pas de renommée. Par ce qu'elle rap
porte, nous avons appris que tu es un sage et un homme honoré selon le siècle. »
J. Leclerq et H. Rochais, S. Bernardi opera, VII : Epistolae (282, 1, p. 209, 5).
9. « Je ne dis rien des plaintes de l'enfance, ni de la renommée honteuse de l'ado
lescence. » J. Dietrich, Arnulfi ... Lexoviensis invectiva in Girardum Engolismensem
episcopum, MGH, Libelli de lite imperatorum et pontificum saeculis XI et XII cons
cript i, III, 1897 (1, p. 87, 22). 17
Alii famam verentur indignant10.
Cette acception favorable de fama se retrouve en particulier dans
le domaine juridique, illustrée par Rufin, dont la définition pose les
cadres d'une utilisation de la notion en droit :
Est igitur fama illese dignitatis status, moribus ac legibus
comprobatus, in nullo diminutus11 .
Ce sens positif de fama se retrouve tout entier dans l'adjectif
famosus, célèbre, renommé, justement connu, que ce soit pour ses
talents militaires, sa vertu ou ses compétences scientifiques :
Quidam de gente pagana, nobilis génère et armis
famosus™.
Post fugam famosissimi bellatoris Gaufredi Martellin.
Vir religione inclitus et sanctitatis opinione famosus14.
Excitus aliquando opinione cuius magistri — erat enim
famosus in disciplinis quas dicunt libérales — , adivit illum dis-
cendi cupiditate15 .
L'adjectif peut également s'appliquer à une église :
Ecclesia vestra magis Celebris et famosa existit16.
Yves de Chartres est, avec Julien de Vézelay, un des rares auteurs
à fournir un sens nettement moins laudatif de famosus, et à l'employer
dans son acception plus classique de « tristement célèbre » :
10. « Les autres redoutant une fâcheuse renommée. » Nous empruntons cette tra
duction à L. Levillain, Loup de Ferrières, correspondance, Paris, 1927-1935 (Les
Classiques de l'histoire de France au Moyen Âge, I, 1, p. 4).
11. « La renommée est donc un état de dignité intact, approuvé par les mœurs
et les lois, et qui n'est amoindri en aucun point. » J.Fr. Von Schulte, Die summa
magistri Rufini zum Decretum Gratiani, Giessen, 1892 (II, causa II, questio III, cap. 7).
12. « Un païen, noble par sa race et fameux par ses faits d'armes. » J. Dela-
ville le Roulx, Cartulaire général de l'ordre des hospitaliers de S. Jean de Jérusa
lem (1100-1310), I : (1100-1200), Paris, 1894 (945, p. 598, a. 1193).
13. « Après la fuite du très célèbre guerrier Geoffroy Martel. » R. Foreville,
Gesta Guillelmi ducis Normannorum et régis Anglorum, Paris, 1952 (Les Classiques
de l'histoire de France au Moyen Âge, p. 42, 19).
14. « Homme remarquable par sa piété et célèbre par sa réputation de sainteté. »
Nous empruntons cette traduction à R.H. Bautier et M. Gilles, Chronique de Saint-
Pierre-le-Vif de Sens, dite de Clarius, Paris, 1979 (Sources d'histoire médiévale, p. 46).
15. « Attiré par la renommée de ce maître, — il était en effet célèbre pour les
disciplines dites libérales — , il alla le trouver par désir d'apprendre. » J. Leclercq
et H. Rochais, op. cit., HI, Vita sancti Malachie, 2, p. 311, 11.
16. « Votre église est plus illustre et renomm&

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