Les Américains en France, 1919-1939 : un objet d étude pour les historiens de l immigration - article ; n°3 ; vol.14, pg 159-170
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Les Américains en France, 1919-1939 : un objet d'étude pour les historiens de l'immigration - article ; n°3 ; vol.14, pg 159-170

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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1998 - Volume 14 - Numéro 3 - Pages 159-170
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Fouché
Les Américains en France, 1919-1939 : un objet d'étude pour
les historiens de l'immigration
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 14 N°3. pp. 159-170.
Citer ce document / Cite this document :
Fouché Nicole. Les Américains en France, 1919-1939 : un objet d'étude pour les historiens de l'immigration. In: Revue
européenne de migrations internationales. Vol. 14 N°3. pp. 159-170.
doi : 10.3406/remi.1998.1649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1998_num_14_3_1649Revue Européenne des Migrations Internationales, 1998 (14) 3 pp. 159-170 1 59
NOTE DE RECHERCHE
Les Américains en France, 1919-1939 :
un objet d'étude pour les historiens de
l'immigration ?
Nicole FOUCHE
Les historiens de l'immigration en France ne reconnaissent comme
immigrants, aux XIXe et XXe siècles, que les « économiquement pauvres », auxquels
ils ajoutent les victimes des persécutions raciales et politiques de la première moitié du
XXe siècle. Il serait facile de dresser la liste des nationalités attestées comme
immigrantes : italienne, polonaise, portugaise, espagnole... Les Américains font
rarement partie de leurs analyses. Et pourtant il n'est pas rare de trouver trace des
Américains dans leurs livres, au détour d'une phrase ou d'un tableau : Gérard Noiriel,
par exemple, les fait apparaître dans les données statistiques qu'il cite1 et Ralph Schor
(1996, 57) les évoque brièvement dans son histoire de l'immigration :
« Enfin, s'installèrent en France des étrangers, peu nombreux, mais jouant
un rôle économique et culturel non négligeable, des médecins, des juristes,
des commerçants et hommes d'affaires ayant trouvé dans ce pays un
terrain propice à leurs entreprises, de riches résidents séduits par les
conditions de vie qu'offraient certaines régions attractives comme la Côte
d'Azur ou la capitale, des étudiants, des écrivains, des peintres, des
sculpteurs attirés par la réputation de Paris, centre intellectuel et
artistique effervescent. »
Derrière ce tableau se profilent, entre autres, des Américains, que Ralph Schor
ne nomme ni ne définit, tant leur statut est incertain au regard des problématiques de
l'immigration (Varro, 1998).
* CNRS, Centre d'études Nord-Américaines, EHESS, 54, boulevard Raspail, 75270 Paris, France.
1 NOIRIEL ( 1 988), Annexe, Tableau : « Evolution totale de la population par nationalité, 1 93 1 ». 160 Nicole FOUCHE
II est vrai que faire entrer les Américains dans la catégorie des migrants mérite
une discussion préalable : l'objectif de cet article est de déterminer l'intérêt
méthodologique que pourrait présenter une problématique migratoire pour rendre
compte de la présence américaine en France, particulièrement pendant l'entre-deux-
guerres. Précisons tout de suite que nous entendons par Américains les citoyens des
Etats-Unis, à l'exclusion des Canadiens, des Mexicains et des populations originaires
de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud.
La matière sur laquelle nous raisonnons concerne les Américains de France
dans la période 1919-1939. Jusqu'à ces dernières années, les études concernant les
Américains en France étaient dans les mains des littéraires et des historiens de l'Art. La
Lost Generation (Brodin, 1947 ; Carpenter, 1988) Montparnasse (Crespelle, 1989),
Paris, ville de plaisir et de lumière (Hemingway, 1987 ; Flanner, 1981), Paris, ville
d'action (Favre, 1985), attiraient tous les regards, aux dépens d'une population active et
travailleuse que nous allons nous efforcer de rendre visible.
LES AMERICAINS EN FRANCE, 1919-1939
Entre 1919 et 1939, nous ne sommes pas, avec les Etats-Unis, dans le cas d'un
Etat fournisseur de main-d'œuvre, dépendant économiquement de la France, qui serait,
en la circonstance, l'Etat receveur, l'Etat employeur. Cela étant, on pourra constater
que certains Américains s'expatrient aussi pour des motifs économiques. Nous verrons
qu'une partie d'entre eux viennent pour faire prospérer leurs affaires, à égalité, voire en
concurrence, avec les nationaux. De nombreux Américains ont considéré qu'il y avait,
en France, des opportunités économiques et sociales particulièrement ouvertes.
Il est possible de présenter une typologie des Américains de France, par
branches d'activité (Fouché, 1994 a), sachant que, dans chacune d'entre elles, on peut
aller de l'actionnaire principal d'une grande entreprise au manutentionnaire ou à
l'employé de bureau - du plus riche au plus modeste - car, à cette période, il y a, à Paris,
un marché du travail pour les Américains2. Les entreprises américaines font
essentiellement travailler des anglophones, pour des raisons de conception du travail, de
compréhension globale des questions à traiter, et surtout de langue. L'enseignement des
langues, en France, à l'époque, était très faible, et le bilinguisme était cas exceptionnel.
Dans chaque secteur d'activité, on pourra citer quelques exemples significatifs,
sans prétendre, dans le cadre de cet article, donner plus que des indications.
Les hommes d'affaires
Bien que très hétérogène, le milieu est fondamentalement structuré autour des
banquiers3 : la plus célèbre banque américaine en France est la banque Drexel and
2 Foreign Trade, 1920-1937.
3 Fouché, 1998 a, voir chapitre III.
REMI 1998 (14) 3 pp. 159-170 Les Américains en France, 1919-1 939 1 6 1
Harjes qui devint banque Morgan en 1895. Elle fut ouverte à Paris dès 1868. Entre
1919 et 1939, elle finança la majeure partie des activités industrielles et commerciales
américaines de France. Elle géra les finances des associations américaines de France
sans but lucratif (Fouché, 1991). Elle fut l'intermédiaire entre les Etats-Unis et la
France pendant la Première Guerre mondiale et prit une importance considérable dans
le commerce franco-américain à partir de 1918, ainsi que dans le règlement des dettes
de guerre (Artaud, 1979). Dès 1890, une autre banque, American Express, travailla
avec la France. Pour faciliter ses transactions, American Express ouvrit également des
bureaux à Paris en 1895.
Ees assureurs sont nombreux. Ils représentent des compagnies comme New
York Life, Mutual Life et Equitable Life (et bien d'autres) qui ont obtenu le droit de
travailler en France en 1882 et qui n'ont fait que croître et prospérer à Paris, pendant
l'entre-deux-guerres. Le commerce est alors aux mains d'une multitude de
représentants, d'agents, d'importateurs ou d'exportateurs, de transporteurs. Des
grossistes {Fenwick... ), des grands magasins (Macy's...) et des détaillants en boutique
se chargent de la distribution et de la revente aux consommateurs français (Fouché,
1998 a).
Les industriels
Des succursales ou des sites directs de production indiquent qu'ils sont
implantés en France. Le premier à s'installer dès 1 842 est David Haviland, qui fabrique
de la porcelaine, dans la région de Limoges. Il se charge ensuite de l'exporter aux
Etats-Unis. Singer a obtenu une licence dès 1854. Ses machines sont fabriquées par
Calleboud. Quant à McCormick, il s'est associé à deux Français. Dans l'entre-deux-
guerres, on trouvera les enseignes de Westinghouse, General Electric, Otis, American
Radiator... qui s'entourent d'ingénieurs américains.
Les services aux entreprises
Pour faire fonctionner cet ensemble, il faut beaucoup de personnel américain
spécialisé, mais surtout il faut une intendance : juristes, comptables, experts,
gestionnaires, courtiers, secrétaires, personnels représentatifs du professionnalisme
d'outre-Atlantique hérité du progressisme, sont sur place. Salariés des entreprises
américaines ou travaillant à leur compte, ils sont indispensables au bon
fonctionnement des affaires. Dans ce secteur, la firme américaine la plus ancienne est
Coudert Brothers, établie à Paris depuis 1879. Cette firme, spécialisée dans les
affaires franco-américaines, travaille en étroite collaboration avec les banques
américaines de Paris et tout spécialement avec la banque Morgan. Un réseau
d'individus compétents et responsables se structure et s'organise dans le domaine des
services.
Le personnel diplomatique
Depuis 1893, les Etats-Unis délèguent en France des ambassadeurs.

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