Les Annales de l ancien Royaume de S ieng Khwang - article ; n°2 ; vol.53, pg 557-674
130 pages
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1967 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 557-674
118 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Extrait

Charles Archaimbault
Les Annales de l'ancien Royaume de S'ieng Khwang
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 53 N°2, 1967. pp. 557-674.
Citer ce document / Cite this document :
Archaimbault Charles. Les Annales de l'ancien Royaume de S'ieng Khwang. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient.
Tome 53 N°2, 1967. pp. 557-674.
doi : 10.3406/befeo.1967.5059
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1967_num_53_2_5059LES ANNALES DE L'ANCIEN ROYAUME
DE S'IENG KHWANG
par
Charles ARCHAIMBAULT
PRÉFACE
Bordée à l'Est par la Chaîne Annamitique, au Nord par la Nàm K'an, à l'Ouest
par la province de Luong P'râbang, au Sud par la région de Wieng Càn, la pro
vince de S'ieng Khwang étend, sur près de 20.000 km2, son relief tourmenté. Cent
rée sur un plateau désertique qui s'étage jusqu'à 1.200 mètres, elle est enserrée
par un bourrelet montagneux constituant une barrière abrupte que viennent
entailler les vallées de la Nàm Mat, de la Nàm Ngirn, de la Nàm Ngiep, portes
ouvertes à toutes les invasions.
C'est ce vaste territoire qui aurait été, selon la tradition, assigné à Čet Čirang,
le frère de Khun Lô, fondateur du Lan S'àng. Liée à la cosmogonie de « Khun
Bulôm », le fils du roi des Thên, l'histoire de Murang P'uon (1) comme celle
du royaume de Luong P'râbang reporte les origines dans un temps mythique.
Ce fait est d'importance car tournée vers les mythes et les archétypes, la mémoire
collective ne retiendra guère les événements qui constituent la trame même de
l'histoire. Rédigées à la demande des princes, les annales ne seront que de brèves
listes mentionnant la généalogie des rois descendants de Čet Čirang. Privés d'une
biographie substantielle, ces monarques, sauf quelques rares exceptions, devront
leur prestige moins à des actes exprimant leur valeur qu'à leur illustre ascendance.
Si s'emparer d'un Bouddha précieux, palladium du royaume, prive le territoire
même de sa puissance, ravir ou détruire les annales coupe une famille princière du
tronc originel et la vide de sa substance. Les humbles feuilles de latanier en effet
sont des « appartenances » que l'on se transmet de génération en génération et
qui recèlent la « vertu » même ou plutôt la « puissance en mérites » d'une lignée.
Les Siamois qui partagent cette croyance avec les Lau l'ont bien compris et, au
cours des guerres contre le Lan S'àng, ils ont souvent appliqué cette stratégie.
ď Ce royaume a porté au cours des siècles plusieurs noms :
Murang S'ieng Wong s'ieng Wang;
Micang P'uon ou royaume des P'uon, c'est-à-dire de ces représentants du rameau lau possé
dant des coutumes propres qui vinrent s'installer en ce pays;
Trân-ninh (Trín-ninh) ou « garder la paix », nom qui fut donné à cette région par les Vietnamiens. 558 CHARLES ARCHAIMBAULT
Dépossédés de leurs lettres de noblesse, les princes, la paix revenue, s'en remett
aient alors à des lettrés, bonzes ou ačan, du soin de recomposer les annales. Parf
ois un fragment de manuscrit ancien était entre temps découvert : copie partielle
d'un texte rédigé dans les mêmes circonstances par un scribe, quelque cinquante
ans auparavant. Les lettrés incorporaient immédiatement ce texte dans celui qu'ils
rédigeaient sans aucun souci d'exégèse. C'est ce qui explique le caractère le plus
souvent composite de ces annales lau, mélange incohérent de morceaux hétérogènes.
Plus que les autres annales celles de Mirang P'uon présentent aux yeux de l'historien
ce défaut. Ceci ne saurait surprendre quand on sait qu'au cours des siècles, le
royaume p'uon fut dévasté par des guerres avec le Lan S'àng, envahi et occupé par
les Annamites, pillé par les Siamois et les Ho. Il est même étonnant que malgré
tous ces bouleversements M des manuscrits aient pu être préservés. Quand
Le Boulanger rédigea son histoire du Laos en 1931, il ne put malgré les recherches
qu'il fit jusqu'à Hué trouver trace des annales p'uon et il dut se baser pour la
partie concernant S'ieng Khwang sur l'article rédigé en 1906 par le capitaine
De Pélacot (2). Pourtant à cette époque des textes existaient.
Čau Sàinàwông le cousin de Čau Khànti — le dernier roi de S'ieng Khwang —
possédait en effet plusieurs versions des annales de Mirang P'uon. Jalousement
gardées, elles devaient disparaître, il y a quelques années, dans l'incendie qui
ravagea une partie de S'ieng Khwang lors de l'avance vietminh. Toutefois une
version des annales appartenant à Čau Bun K'ông — frère de Čau Khànti — avait
été remise en 1950 à un lettré de kuong P'râbang, Čau K'âm Man, qui l'édita en
1952 après l'avoir revue et corrigée. En 1954 nous découvrîmes par hasard, à
liUong P'râbang, quatre textes concernant l'histoire de Mirang P'uon. Trois de
ces textes furent identifiés par Člu Sai K'àm, le chef de la province de S'ieng
Khwang, comme les copies mêmes des versions que possédait son père, Čau
Sàinàwông. Ces copies auraient été exécutées vers 1925 à la demande du vice-roi
de t-uong P'râbang.
Le premier de ces textes que nous dénommerons version A résume l'histoire de
Muang P'uon depuis la fondation jusqu'à l'établissement du protectorat français
et donne une liste généalogique des princes p'uon presque identique à celle qui
figure dans la version éditée par Člu K'âm Mán ou version В ^3^. Le deuxième
<lJ En 1866, Cupet écrivait : « Depuis l'invasion des НИ la solitude s'est faite dans ce pays naguère
si animé. Le terrible fléau n'a rien laissé debout. Partout des villages rasés, des pagodes en ruines,
des rizières incultes dont la vue si souvent répétée obsède à l'égal d'un cauchemar » (Mission Pavie,
t. III, p. 63).
En 1899, S'ieng Khwang ne s'était point relevé de ses ruines ainsi qu'en fait foi un passage de
Raquez : « Xieng Khouang, capitale du royaume Pou Eun, est complètement déchu de son ancienne
splendeur et n'existe plus guère qu'à l'état de souvenir. Ruines que sa vaste enceinte, ses fossés...
les forts qui garnissaient les mamelons d'alentour... Dans la pagode principale, des hommes sont
étendus sur des nattes de fumeurs d'opium... Tous fument avec frénésie recherchant sans doute
la torpeur des bouddhas qui président à leur réunion », in Pages laotiennes, Hanoi, 1902, p. 380-381.
№ Le Tran-ninh historique, in Revue indochinoise (1906), p. 569-580; 661-665, 755-767. Dans
cet article l'auteur n'indique pas s'il se réfère à la tradition écrite ou orale. Le 4 août 1931, Le Boulan
ger fit dactylographier le texte de De Pélacot et l'adressa à tous les chefs de provinces. L'exemplaire
des archives du Commissariat de Wieng Cân porte la notice ci-jointe due à Le Boulanger : « Les
annales du Tran-ninh ont disparu. Je les ai vainement cherchées à Xieng Khouang, à Luang Prabang,
à Hué, à Hanoï. Leur étude critique par le capitaine De Pélacot parue en 1906 dans la Revue indochi
noise, constitue le seul document que nous possédions actuellement sur le passé du pays des Phouens »
(bordereau n° 144-B, du 5-8-1931). Quant aux courts extraits intitulés « Chronique de Mirang
P'uon » qui figurent dans les recueils siamois partie 70 et qui ne présentent guère d'intérêt, ils ne
furent publiés qu'en 1941.
(3) Ce texte ayant été édité en 1952, nous n'en donnerons pas une traduction intégrale. Toutef
ois de même que pour le version C, nous en un résumé sous forme de notes. LES ANNALES DE L'ANCIEN ROYAUME DE S'IENG KHWANG 559
manuscrit ou version С est un « Nit'an Khun Bulôm » rédigé manifestement par
un P'uon car le texte est émaillé d'expressions particulières au patois de S'ieng
Khwang. Cette version fort intéressante débute par une introduction qui mêle,
fait curieux, la création du monde propre à la cosmogonie bouddhique au mythe
du d

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