Les antiquités crétoises vues par un voyageur polonais au XVIe siècle - article ; n°1 ; vol.92, pg 85-96
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1968 - Volume 92 - Numéro 1 - Pages 85-96
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bogdan Rutkowski
Les antiquités crétoises vues par un voyageur polonais au XVIe
siècle
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 92, livraison 1, 1968. pp. 85-96.
Citer ce document / Cite this document :
Rutkowski Bogdan. Les antiquités crétoises vues par un voyageur polonais au XVIe siècle. In: Bulletin de correspondance
hellénique. Volume 92, livraison 1, 1968. pp. 85-96.
doi : 10.3406/bch.1968.2199
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1968_num_92_1_2199RUTKOWSKI 85 BOGDAN
LES ANTIQUITÉS CRETOISES
DANS LA RELATION D'UN VOYAGEUR POLONAIS
DU XVIe SIÈCLE
Ce n'est qu'au xvie siècle, peu après les grandes découvertes archéo
logiques à Phaistos et à Cnossos, qu'on a commencé en Pologne à porter
intérêt aux antiquités Cretoises*. Nous possédons dans la littérature polonaise
de cette époque un document contenant des renseignements assez détaillés
sur la Crète. L'auteur est Nicolas Christoph Radziwitt, surnommé Sierotka
(petit orphelin) ; il a passé en Crète plus de trois mois en 1583-1584.
Avant d'aborder le sujet principal nous nous occuperons succinctement
de la biographie du prince Radziwitt, de l'état des études sur le texte de
son ouvrage, ainsi que des voyages entrepris à cette époque par des
Polonais. L'itinéraire des pèlerins polonais se rendant en Terre Sainte
au xvie siècle passait par la Crète. C'est dès le xne siècle, au temps des
croisades, que les Polonais entreprennent leurs premiers pèlerinages vers la
Palestine ; rien ne permet de dire s'ils ont séjourné en Crète. Au xvie siècle
le nombre des voyageurs polonais qui allaient à l'étranger augmente de telle
manière qu'on a donné en Pologne à la deuxième moitié de ce siècle le
nom d'âge d'or de la pérégrination polonaise. Le plus souvent on allait
visiter la France, l'Italie ou l'Allemagne : un gentilhomme polonais qui
n'avait jamais mis le nez hors de son manoir n'était qu'un manant. Au
xvie et au xvne siècles il n'y avait plus personne, dans la haute noblesse
ou les milieux distingués de la société, qui n'eût entrepris un voyage à
l'étranger. La nécessité de faire des voyages n'était pas due au manque
d'écoles de niveau universitaire : l'Université de Cracovie existait déjà
*Cet article fut préparé dans le cadre des travaux de la Section d'Archéologie Antique de
l'Institut d'Histoire de la Culture Matérielle, sous la direction de Mr Kazimierz Majewski, membre
de l'Académie Polonaise des Sciences. 86 BOGDAN RUTKOWSKI
et florissait à cette époque. On allait à l'étranger pour approfondir la
science acquise dans les écoles polonaises, pour la compléter, pour étudier
les mœurs et les coutumes des autres pays et pour en tirer des exemples
qui pussent être mis en pratique en Pologne. Mais il y avait aussi des
amateurs qui quittaient leur pays pour le seul plaisir de voyager. C'étaient,
pour ainsi dire, les premiers touristes polonais. Les voyages étaient un
privilège. Toutefois ce n'étaient pas seulement les grands seigneurs qui
en profitaient. Il arrivait que des membres de la noblesse, moins distingués,
prenaient part à ces voyages. D'ailleurs les grands seigneurs ne voyageaient
pas seuls. Ils traînaient dans leurs suites des compagnons et des
domestiques.
C'est de cette manière que le prince Radziwitt se mit en route pour
la Terre Sainte. Les Polonais qui entreprenaient ce pèlerinage traversaient
d'ordinaire l'Italie et la Dalmatie, puis naviguaient le long des côtes de
la Candie, de Rhodes et de Chypre. C'est un eminent poète, célèbre
humaniste polonais, Jan Dantyszek (Dantiscus, 1485-1548), originaire
de la ville de Gdansk, qui, pour la première fois en Pologne, fait mention
de Candie. A l'âge de vingt ans il était en Palestine. Dans une élégie,
qu'il a écrite à la fin de sa vie, il raconte son voyage en bateau le long des
côtes de la Crète, de Rhodes et de Chypre (1). Il est fort probable qu'il
s'était arrêté en Crète, mais il n'en fait mention nulle part. Au xvne siècle
les pèlerins suivaient un autre itinéraire, l'avance des armées turques
les ayant chassés de la mer Egée. Depuis ce temps les pèlerinages vers
la Terre Sainte par la mer deviennent de plus en plus rares. Les voyageurs
se dirigeaient vers la Palestine par l'Asie Mineure. Ce n'est qu'à la fin
du xixe siècle que les Polonais recommencent à visiter l'île de Crète.
On doit cette nouvelle vague de voyageurs polonais en Crète à l'activité
d'un Jésuite, le Père Marcin Czerminski, aumônier des soldats de nationalité
polonaise en service dans l'armée russe.
Nicolas Radziwitt (fig. 1) est parmi les hommes les plus intéressants
de la Renaissance polonaise. Fils d'un grand seigneur, presque souverain
dans la Pologne de l'Est, il naquit en 1549. Il reçut une éducation soignée
dans la maison paternelle qui, à cette époque hébergeait des savants
huguenots cherchant asile chez son père, ardent huguenot lui-même.
Envoyé à l'étranger pour y compléter ses études, il passe deux années en
Allemagne et étudie à Strasbourg (1563-1565). Après un bref séjour à la.
maison paternelle en 1565, il repart pour l'Italie et la France (1565-1567).
Vers 1570, après la mort de son père, dont il hérite une grande fortune,
il se convertit au catholicisme. C'est à cette époque que commencent
ses maux de tête qui ne le quitteront jamais, malgré toutes sortes de cures
et de bains en Pologne et à l'étranger. Les souffrances devenant de plus
(1) Dans le poème latin : Ad ingenuum adolescentem Constantinum Alliopagum carmen
paraeneticum. ANTIQUITÉS CRETOISES 87
♦ Nia
Fig. 1. Nicolas RadziwiH.
en plus grandes, il fait le vœu d'aller en pèlerinage en Terre Sainte s'il
recouvre la santé. Malgré une amélioration de son état il diffère son
voyage et remet à plus tard l'accomplissement de son vœu. Il ne se met
en route qu'en 1582, et revient deux ans plus tard. Bien que peu enclin
à participer à la vie publique, il accepte des fonctions qui lui avaient été
offertes. Déjà célèbre comme propagateur de la culture, comme fondateur
d'écoles et d'églises, il devient célèbre dans le domaine des sciences comme
promoteur de la première carte géographique de la Grande Principauté
lithuanienne. Cette carte constitue l'une des œuvres les plus importantes
de la cartographie du xvne siècle (1). Il meurt à Nieswiez en 1616.
(1) K. Buczek. The History of Polish Cartography from the.lbth to the 18th Century, Warszawa-
Wroclaw-Krakow 1963, pp. 58-63. OS BOGDAN RUTKOWSKI
Avant le pèlerinage du prince Radziwitt en Terre Sainte il y eut un
échange de lettres entre le et le pape. Pourvu de la bénédiction
apostolique, il se met en route, traverse la Dalmatie, affrète -un bateau
à Venise, longe les côtes de la Crète, de Rhodes et de Chypre et arrive au
but de son voyage. En revenant, il visite l'Egypte par simple curiosité.
Après avoir quitté Alexandrie pour aller en Italie, il s'arrête en Crète,
où il séjourne pendant trois mois et vingt jours. Il revient en Pologne
en 1584.
L'œuvre de Radziwitt intitulée « Peregrinatio Hierosolymitana » parue
en 1601, eut un retentissement immédiat. Ce fut au xvne et au xvnie siècles
un des livres les plus lus, comme le prouvent des éditions successives.
En latin : en 1601, à Braniewo-Brunsbergae, dans la Pologne -du Nord —
encore en caractères gothiques (1) (fig. 2), une belle édition de Platinianus
d'Anvers en Renaissance, portant la date de 1614, une autre,
publiée à Raab (Gyôr, en Hongrie) en 1753. En 1756, l'imprimerie jésuite
de Casovîa (aujourd'hui Kosice, en Tchécoslovaquie) a publié encore une
édition latine.
Nombreuses furent aussi les éditions en polonais. La première parut
à Cracovie en 1607 (fig. 3), les suivantes dans la même ville en 1611, 1617,
1638, 1745 (deux éditions) et en 1847 à Wroclaw. Plus récemment, l'ouvrage
fut réédité en 1925 à Cracovie et en 1962 à Varsovie. Il faut en outre citer
deux traductions allemandes ; l'une publiée à Leipzig en 1603, l'autre
à Francf

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