Les apothicaires à la Cour des Papes d Avignon - article ; n°230 ; vol.64, pg 147-157
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Les apothicaires à la Cour des Papes d'Avignon - article ; n°230 ; vol.64, pg 147-157

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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1976 - Volume 64 - Numéro 230 - Pages 147-157
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Sylvain Gagnière
Les apothicaires à la Cour des Papes d'Avignon
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 64e année, N. 230, 1976. pp. 147-157.
Citer ce document / Cite this document :
Gagnière Sylvain. Les apothicaires à la Cour des Papes d'Avignon. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 64e année, N. 230,
1976. pp. 147-157.
doi : 10.3406/pharm.1976.1720
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1976_num_64_230_1720apothicaires Les
à la Cour des Papes d'Avignon;
Les l'histoire apostolique, comptes de conservés la recettes papauté et dans avignonnaise, de dépenses les Archives (introitus une du source Vatican, et exitus) inépuisable constituent, de la de Chambre rensepour
ignements.
De larges extraits de ces comptes ont été mis en ordre et publiés par
K.A. Schafer, entre les années 1911 et 1937. Ils forment trois gros volumes
comportant chacun plus de 800 pages et munis de très utiles index. Le premier
(1911) est consacré à Jean XXII; le second (1914) à Benoît XII, à Cl
ément VI et à Innocent VI ; le troisième (1937) à Urbain V et à Grégoire XI 1.
Si cette mine précieuse a été souvent mise à profit pour des études sur
la construction et la décoration du Palais des Papes 2 ou bien pour des ouvra
ges statistiques sur la cour pontificale3, elle n'a encore jamais été exploitée
d'une façon approfondie pour des monographies touchant l'histoire de la
médecine ou de la pharmacie.
Aussi nous a-t-il paru utile d'établir, à l'aide de cette documentation, un
premier recensement des « apothicaires » qui ont fourni la curie d'Avignon
d'une manière plus ou moins officielle et dont les nombreuses opérations
mercantiles nous apportent des précisions intéressantes sur la pharmacopée
et sur les différentes substances médicamenteuses usitées au Moyen Age.
Au XIVe siècle, le mot « apothicaire» (apothecarius)4 avait un sens tout
différent de celui qui lui a été donné par la suite. Il s'appliquait alors à tous
les vendeurs d'épices que l'on désignait aussi sous le nom d'épiciers (speciarii
1. K. A. Schafer: Die Ausgaben der apostolischen Kamer, Paderborn, Schoningh,
1911-1937. Dans nos notes de bas de pages, nous indiquons le premier volume par:
Schafer I, le second par : Schafer LT, et le troisième par : Schafer III ; les chiffres placés
à la suite indiquent la page.
2. Voir notamment la suite d'articles publiés par le Dr G. Colombe dans les Mémoires
de l'Académie de Vaucluse, de 1910 à 1942.
3. H convient de citer ici l'ouvrage magistral de Bernard Guillemain : La cour ponti
ficale d'Avignon (1309-1376), étude d'une société, Paris, de Boccard, 1962 (excellente
synthèse avec bibliographie abondante).
4. Dans les comptes de la Chambre apostolique, on trouve indifféremment les formes
apothecarius et ypothecarius.
N° 229, OCTOBRE 1976. REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXIII, 148 REVUE d'histoire de la pharmacie
ou speciatores) et qui procuraient, en plus des nombreuses substances aromat
iques, du papier, de l'arsenic, de la cire, de l'orpiment, des confiseries, du
sucre, du miel, de l'encre, des articles de mercerie, etc.
L'installation de la papauté à Avignon au début du xiv5 siècle y attira un
grand nombre d'étrangers. La population augmenta en quelques années d'une
façon considérable et les speciarii italiens (speziali) vinrent eux aussi grossir
ce nombre. Vers 1325, ils fondèrent avec d'autres marchands une sorte de
corporation connue sous le nom d'Aumône de Notre-Dame de la Major, sous
le patronage des cardinaux. La plupart des membres de cette confrérie étaient
originaires de la Toscane, et en particulier de Florence, de Lucques, ou de
Sienne ; les Avignonnais et les Comtadins n'y figuraient que pour une faible
part6.
A cette époque, les apothicaires étaient logés, pour la plupart, dans la rue
de l'Epicerie ou de la Poivrerie (Carreria speciariae vel prebariae), artère qui
correspond à la partie médiane de l'ancienne rue Saunerie (aujourd'hui
rue Carnot), sur la paroisse Saint-Pierre 6.
Le nombre des apothicaires fournisseurs du palais apostolique était très
variable. Mais, sous chaque pontificat, il y en avait un qui jouait un rôle prin
cipal : c'était l'apothicaire du Pape, apothecarius papae. Il jouissait de la
confiance du pontife et fournissait en grande partie sa « maison ». C'était lui
qui livrait ou qui préparait sous la direction du médecin (medicus ou phisicus)
les drogues et les médicaments (res médicinales) destinés spécialement au chef
de la Chrétienté. C'était lui aussi qui embaumait le corps du pontife après son
décès.
I. PONTIFICAT DE JEAN XXII (1316-1334)
Jacques Mélior
Sous Jean XXII, c'est un nommé Jacques Mélior {Jacobus Melioris), pr
énommé aussi Jaquet (Jaquetus), qui jouit de ce privilège. Il appartient à une
importante famille de Florence et il est qualifié, dans les comptes de la Chamb
re apostolique, d'apothicaire de la cour romaine, apothecarius curiae roma-
nae 7. Il a ainsi le titre de « courtisan », épithète flatteuse mais purement honor
ifique, indiquant cependant des rapports assez suivis dans les affaires.
xn* siècle 5. Pour à plus la Révolution, de détails, Paris, cf. Henri Pochy Granel (1905). : Histoire Cf. aussi de Bernard la Pharmacie Guillemain, à Avignon, op. cit., du
p. 65 et 382.
6. Dr P. Pansier : Dictionnaire des anciennes rues d'Avignon, Avignon, Roumanille,
1932.
7. Ou curiam romanam sequens. Les Mélior (Megliorî) constituent une véritable
dynastie de curialistes qui sont sergents d'armes, pères et fils. Cf. Guillemain : op. cit., p. 481. APOTHICAIRES A LA COUR DES PAPES D' AVIGNON 149 LES
Il approvisionne régulièrement la curie en toutes sortes d'articles et four
nit les torches de cire, les flambeaux et les cierges pour toutes les cérémonies
funèbres célébrées à l'occasion du décès d'un souverain ou d'un membre de
la famille du Pape : office du 13 janvier 1322 à N.-D. des Doms pour la mort
de Philippe V le Long ; cérémonies célébrées en 1327 en l'église Saint-Etienne
(chapelle de Jean XXII) à l'occasion des obsèques de Jacques II, roi d'Ara
gon ; même manifestation en 1328 pour la mort de Charles IV, roi de France,
avec une livraison de 100 torches et 100 flambeaux d'un poids de 897 livres 8.
En 1331, quand le roi de France vient à la cour, il livre des dragées, du
réglisse et de la coriandre. En 1332, la Chambre apostolique lui paie 58 can
nes et demie de toile, tant verte que blanche, pour « entoiler » les fenêtres du
palais apostolique 9 et, en 1334, elle lui solde le prix de 32 grenades qu'il avait
achetées pour le pape sur l'ordre de Jacques Geoffroi Isnard, médecin attitré
du pontife10.
HUGOLIN TlNHACY
A côté de Jacques Mélior, nous relevons dans les comptes, avec presque
autant de fréquence, le nom d'un certain Hugolin Tinhacy (Hugolinus Tinhacii
ou Timiacï), lui aussi apothicaire de Florence et courtisan, cortesanus.
C'est également un grand fournisseur de cire, tant pour l'éclairage du palais
que pour les cérémonies religieuses.
En 1317, il fournit 90 livres d'épices confites et d'épices de cuisine, 20 livres
de sucre et un demi-quintal d'amandes pour les oiseaux exotiques du pape
(pro avibus vivis ultramarinis)11.
En 1320, la Chambre lui paie 14 quintaux de cire pour les cérémonies
de la canonisation du bienheureux Thomas d'Hereford (Erfordensis), mort en
1282 12.
8. Schafer I, 696, 489, 490.
9. Il s'agit du palais episcopal d'Avignon, transformé en palais pontifical par Jean XXII.
Cet édifice, aujourd'hui disparu, s'élevait sur l'emplacement du palais actuel de Benoît XII
(Palais-Vieux).
10. Jacques Geoffroi Isnard (Jacobus Gaufredus Isnardî), prévôt d'Aix, évêque de
Cavailîon et médecin de Jean XXII, joue un rôle très important à la cour pour le choix
des drogues et la préparation des médecines. Son nom revient constamment dans les comptes
de la Chambre apostolique pendant tout le pontificat.
11. Au Moyen Age, on entendait par épices (species), aussi bien 'les articles de confi
serie, dits « épices de chambre », que les aromates employés pour la cuisine et dits « épices
de cuisine ». Les oiseaux exotiques étaient apportés par l

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