Les arguments de causalité et de conséquence dans les débats politiques télévisés : le cas canadien - article ; n°6 ; vol.47, pg 741-761
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Description

Revue française de science politique - Année 1997 - Volume 47 - Numéro 6 - Pages 741-761
Causal and consequential arguments in television political debates : the canadian case This study proposes an analysis of the causal and consequential arguments used in political dis­course in order to clarify some of their pragmatic, syntaxic and semantic dimensions by analy­zing the television debates in the Canadian context. Four categories of causal arguments are identified : merit, justification, chance and responsibility. The consequential arguments analyzed are perversity, futility, jeopardy, fatal commitment (or slippery slope), s elf-fulfilling prophecy and excess of will. The authors propose a Normalization of the two types of arguments and pro­vide a case study which proves its theoretical fertility.
Cette étude propose une analyse des arguments de causalité et de conséquence employés dans le discours politique afin d'en clarifier quelques dimensions pragmatiques, syntaxiques et sémantiques en prenant pour objet le débat télévisé dans le contexte canadien. Quatre catégories d'arguments de causalité sont identifiés: l'argument de mérite, l'argument de justification, l'argument de chance et l'argument de responsabilité. Les arguments de conséquence étudiés sont ceux d'effet pervers, d'inanité, de mise en péril, d'engagement fatal, de prédiction auto­créatrice et d'excès de volonté. Les auteurs proposent une formalisation des deux types d'argu­ments et une application qui en montre la fécondité théorique.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Gilles Gauthier
Monsieur André Gosselin
Les arguments de causalité et de conséquence dans les débats
politiques télévisés : le cas canadien
In: Revue française de science politique, 47e année, n°6, 1997. pp. 741-761.
Résumé
Cette étude propose une analyse des arguments de causalité et de conséquence employés dans le discours politique afin d'en
clarifier quelques dimensions pragmatiques, syntaxiques et sémantiques en prenant pour objet le débat télévisé dans le contexte
canadien. Quatre catégories d'arguments de causalité sont identifiés: l'argument de mérite, l'argument de justification, l'argument
de chance et l'argument de responsabilité. Les arguments de conséquence étudiés sont ceux d'effet pervers, d'inanité, de mise
en péril, d'engagement fatal, de prédiction auto-créatrice et d'excès de volonté. Les auteurs proposent une formalisation des
deux types d'argu-ments et une application qui en montre la fécondité théorique.
Abstract
Causal and consequential arguments in television political debates : the canadian case
This study proposes an analysis of the causal and consequential arguments used in political dis-course in order to clarify some of
their pragmatic, syntaxic and semantic dimensions by analy-zing the television debates in the Canadian context. Four categories
of causal arguments are identified : merit, justification, chance and responsibility. The consequential arguments analyzed are
perversity, futility, jeopardy, fatal commitment (or slippery slope), s elf-fulfilling prophecy and excess of will. The authors propose
a Normalization of the two types of arguments and pro-vide a case study which proves its theoretical fertility.
Citer ce document / Cite this document :
Gauthier Gilles, Gosselin André. Les arguments de causalité et de conséquence dans les débats politiques télévisés : le cas
canadien. In: Revue française de science politique, 47e année, n°6, 1997. pp. 741-761.
doi : 10.3406/rfsp.1997.395217
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1997_num_47_6_395217LES ARGUMENTS DE CAUSALITE
ET DE CONSÉQUENCE DANS LES DÉBATS
POLITIQUES TÉLÉVISÉS : LE CAS CANADIEN
GILLES GAUTHIER, ANDRÉ GOSSELIN
L'une des clés du succès en politique réside dans la double habileté du
politicien à convaincre l'opinion publique que l'adversaire est direct
ement responsable de ce qui va mal et à se faire attribuer le mérite
de ce qui va bien. En somme, la survie en politique est en grande partie une
affaire de discours et de rhétorique. De nombreuses études portent sur les
différents aspects de la rhétorique politique l. Nous nous intéresserons ici aux
arguments de causalité et de conséquence. Nous en proposerons une analyse
afin d'en clarifier quelques dimensions pragmatiques, syntaxiques et sémanti
ques, en prenant pour objet les débats télévisés en français des chefs des part
is en présence, lors des élections fédérales canadiennes d'octobre 1993 2 et
des élections québécoises de septembre 1994 3.
1. Cf., par exemple, B. Brummett, Contemporary Apocalyptic Rhetoric, New York,
Praeger, 1991; M. Pfau, H.C. Kenski, Attack Politics, New York, Praeger, 1990;
J.K. Tulis, The Rhetorical Presidency, Princeton, Princeton University Press, 1987 ;
D.N. McClosky, The Rhetoric of Economies, Madison, University of Wisconsin Press,
1985.
2. Dans le cadre des élections fédérales canadiennes du 25 octobre 1993, deux
débats télévisés furent organisés entre les chefs des principaux partis politiques en pré
sence. Le premier se déroula en français le dimanche 3 octobre ; le second en anglais le
lundi 4 octobre. Le débat français qui fera ici l'objet de notre attention fut diffusé sur
les ondes de la Société Radio-Canada de 20 heures à 22 heures. Les deux débats mirent
aux prises Kim Campbell, chef du Parti progressiste-conservateur et Première ministre
du Canada; Jean Chrétien, du libéral du Canada et chef de l'opposition au
Parlement; Audrey McLaughlin, chef du Nouveau parti démocratique; Lucien Bouc
hard, chef du Bloc québécois et Preston Manning, chef du Parti de la réforme (Reform
party). Ce dernier, étant donné son incapacité à s'exprimer en français, dut se contenter
d'un rôle de second plan lors du débat en français: il fit une déclaration d'ouverture,
une déclaration de fermeture, une seule intervention en cours de débat et répondit à trois
questions posées par des journalistes. A proprement parler, il ne prit pas vraiment part
au débat dans la mesure où il ne participa pas aux échanges libres.
3. Le débat télévisé Johnson-Parizeau du 29 août 1994, diffusé sur les ondes de
Radio-Canada, TVA et Radio-Québec, fut organisé à l'occasion des élections générales
québécoises du 12 septembre. Il se déroula donc précisément deux semaines avant le
scrutin. Il était seulement le deuxième débat à être organisé lors d'une élection québéc
oise, le premier ayant été tenu en 1962. Le débat Johnson-Parizeau se déroule suivant
le format qui suit. Sur chacun des quatre thèmes de discussion retenus, l'économie
(l'emploi, le rôle du gouvernement), la mission sociale de l'État (l'éducation, la santé et
les services sociaux), les finances publiques (les impôts, les taxes, le déficit) et le statut
politique du Québec, les trois journalistes présents en studio (Stéphan Bureau de TVA,
Anne-Marie Dussault de Radio-Québec et Jean-François Lépine de Radio-Canada)
posent chacun une question à l'un des protagonistes. Après la réponse de ce dernier, son
opposant bénéficie d'un droit de réplique. Suit une période d'échange libre entre les
deux protagonistes. Ces quatre blocs de discussion sont précédés d'une déclaration
d'ouverture et suivis d'une déclaration finale de l'un et l'autre protagonistes.
741
Revue française de science politique, vol. 47, n° 6, décembre 1997, p. 741-761.
© 1997 Presses de la Fondation nationale des sciences politiques. LES ARGUMENTS DE CAUSALITÉ ET DE CONSÉQUENCE
Quatre types d'arguments de causalité et sept types d'arguments de
conséquence paraissent faire l'objet d'un usage étendu et important dans le
discours politique.
Le point de départ de notre réflexion sur les arguments de causalité et
sur la typologie que nous en proposons réside dans la théorie des attribu
tions causales développée par les psycho- sociologues cognitivistes. Dans sa
conception la plus classique, cette théorie a pour objet le processus général
par lequel l'individu explique les événements qui l'entourent. De manière
plus spécifique, elle analyse notamment les conditions qui déterminent la
manière dont les individus expliquent les réussites et les échecs des gens
qu'ils considèrent positivement (y compris eux-mêmes) et les actions réus
sies ou ratées de ceux qu'ils considèrent négativement (leurs ennemis, leurs
adversaires, leurs concurrents, etc.).
Les premiers théoriciens de l'attribution causale (Heider, Kelley, Jones,
Davis) ont développé en ces termes une observation qui relève du sens
commun, à savoir que l'intention d'un individu d'expliquer les actions d'un
autre individu considéré négativement ou son intention de justifier ses pro
pres actions (ou celles de ceux qu'il considère positivement) procèdent l'une
et l'autre de deux types de cause: la conduite est attribuée soit à des fac
teurs internes, c'est-à-dire à des attributs que l'individu estime personnels
comme la personnalité, les croyances, les intentions, les motivations, les att
itudes, etc., soit à des facteurs considérés comme externes, à savoir des pro
priétés non pas de l'individu mais de la situation dans laquelle il se trouve,
tels les institutions, les événements, les circonstances, les rôles, les tâches,
le hasard, la chance, etc.
Les psycho-sociologues de l'attribution causale ont ensuite cherché à
décrire et mesurer les prédispositions psychologiques et les circonstances
sociales qui font que les individus, en regard de leurs succès, ont fortement
tendance à invoquer des causes internes (on attribue principalement à sa per
sonne le crédit de ses succ

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