Les « boutiques » des artisans villageois dans la France d Ancien Régime (XVIe-début du XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.106, pg 197-210
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Les « boutiques » des artisans villageois dans la France d'Ancien Régime (XVIe-début du XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.106, pg 197-210

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1999 - Volume 106 - Numéro 1 - Pages 197-210
The countryside of present-day France still sometimes offers some magnifîcent shopping arches, most of them built over the modem period. This paper studies their shapes and locations through space, then shows that the rural workshops in general have been the product of a professionalization of the rural world and have contributed to changing the very outlook of ancient villages.
Les campagnes de la France actuelle présentent encore parfois quelques magnifiques arches de boutiques, pour la plupart construites au cours de l'Époque Moderne. L'article étudie leurs formes et leur localisation à travers l'espace, puis montre que les ateliers ruraux en général ont été le produit d'une professionnalisation du milieu artisanal et ont contribué changer l'aspect même des villages d'autrefois.
14 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Belmont
Les « boutiques » des artisans villageois dans la France
d'Ancien Régime (XVIe-début du XIXe siècle)
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 106, numéro 1, 1999. pp. 197-210.
Abstract
The countryside of present-day France still sometimes offers some magnifîcent shopping arches, most of them built over the
modem period. This paper studies their shapes and locations through space, then shows that the rural workshops in general
have been the product of a professionalization of the rural world and have contributed to changing the very outlook of ancient
villages.
Résumé
Les campagnes de la France actuelle présentent encore parfois quelques magnifiques arches de boutiques, pour la plupart
construites au cours de l'Époque Moderne. L'article étudie leurs formes et leur localisation à travers l'espace, puis montre que les
ateliers ruraux en général ont été le produit d'une professionnalisation du milieu artisanal et ont contribué changer l'aspect même
des villages d'autrefois.
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Belmont Alain. Les « boutiques » des artisans villageois dans la France d'Ancien Régime (XVIe-début du XIXe siècle). In:
Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 106, numéro 1, 1999. pp. 197-210.
doi : 10.3406/abpo.1999.4022
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1999_num_106_1_4022« boutiques » des artisans villageois Les
dans la France d'Ancien Régime
(XVIe-début du XIXe siècle)
Alain Belmont
Les campagnes de la France actuelle présentent encore parfois quel
ques magnifiques arches de boutiques, pour la plupart construites au
cours de l'Époque Moderne. L'article étudie leurs formes et leur locali
sation à travers l'espace, puis montre que les ateliers ruraux en général
ont été le produit d'une professionnalisation du milieu artisanal et ont
contribué changer l'aspect même des villages d'autrefois.
The countryside of present-day France still sometimes offers some ma-
gnifîcent shopping arches, most of them built over the modem period. This
paper studies their shapes and locations through space, then shows thaï the
rural workshops in gênerai hâve been the product of a professionalization of
the rural world and hâve contributed to changing the very outlook ofancient
villages.
« Boutiques et ateliers ». Dans la France d' autrefois, ces deux termes étaient
synonymes ; la boutique désignait aussi bien l'échoppe du commerçant que
l'espace de production et de vente de l'artisan. Les rues des anciens villages
197 ALAIN BELMONT
en montrent encore assez souvent, certaines fièrement décorées, d'autres
beaucoup plus discrètes. Malheureusement, ni leur fréquence ni leur esthé-
tisme n'ont contribué jusqu'à présent à attirer l'attention des historiens. En
dehors de quelques allusions dans des revues locales et dans des thèses régio
nales \ elles restent encore largement terra incognita. Pourtant, plus encore
qu'un obscur sabotier d'une forêt normande 2, ces boutiques ont une histoire ;
elles sont passées par une évolution complexe, étroitement liée aux change
ments socio-économiques qui affectèrent les campagnes françaises entre le
Moyen Âge et la révolution industrielle. La pauvreté de la bibliographie sur le
sujet explique la raison pour laquelle les pages qui vont suivre partiront es
sentiellement de l'observation du cas du Dauphîné, « camp de base » en mat
ière de recherche de l'auteur de ces lignes ; le reste du royaume ne sera évoqué
qu'aux seules fins d'illustration ou de comparaison 3. Il appartiendra à d'autres
publications de voir si le cas dauphinois relève d'une spécificité locale ou si,
comme ce fut plus probablement le cas, il reflète une situation commune à
l'ensemble des provinces françaises, notamment pour ce qui a trait à ce phé
nomène remarquable par lequel débute notre article, l'affirmation d'un centre
commercial au sein des villages.
Les boutiques dans l'espace villageois
Aujourd'hui, pour d'évidentes raisons commerciales, les magasins des
villages sont pratiquement toujours situés au centre du chef-lieu et à proximité
d'un pôle d'intérêt, qu'il s'agisse de la mairie, de la poste, de l'église, de la
place ou de la cave coopérative. Lorsqu'elles s'ouvrent sur d'autres lieux, les
échoppes sont au moins situées à un endroit passant, comme un carrefour ou
une route principale. Il en allait souvent autrement sous l'Ancien Régime.
On se gardera bien de chercher à reconstituer la carte commerciale d'il y a
deux ou trois siècles uniquement en parcourant les rues des villages actuels.
La perception des réalités passées ne peut se faire qu'au prix d'une plongée
dans les archives de l'Époque Moderne et des débuts de l'Epoque Contempor
aine. Le principal gisement documentaire réside dans les sources cadastrales,
les « parcellaires » ou « compoix » pour l'Ancien Régime, les matrices du
cadastre « napoléonien » pour le début du XIXe siècle. Ces sources permettent
1 . On citera parmi les rares auteurs de thèses d'histoire régionale à s'attarder sur les boutiques,
Boeiiler (J.-M.), La paysannerie de la plaine d'Alsace, 1648-1789, Strasbourg, Presses
Universitaires, 1994, 3 vol., 2 469 p.
2 . L'allusion au sabotier renvoie à l'ouvrage de CORBIN (A.), Le monde retrouvé de
Louis-François Pinagot. Sur les traces d' un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion, 1998,
348 p.
3 . BELMONT (A.), Des ateliers au village. Les artisans ruraux en Dauphiné sous l'Ancien
Régime, Grenoble, Presses Universitaires, 1998, 500 p.
198 Annales de Bretagne & des Pays de l'Ouest Tome 106 - 1999 - n° 1 « BOUTIQUES » DES ARTISANS VILLAGEOIS DE V ANCIEN RÉGIME LES
de localiser assez précisément les anciennes boutiques, même si dans le cas des
parcellaires l'absence quasi générale de plans n'autorise une approche qu'au
niveau du hameau, de la rue ou de la portion de chemin. Ce défaut mis à part,
leur plus gros inconvénient est qu'elles passent volontiers sous silence la pro
fession des propriétaires, et ignorent totalement les locataires. Aussi, leur
exploitation nécessite le dépouillement préalable des rôles de taille, des rôles
de capitation ou des recensements contemporains de leur rédaction, éventuel
lement aussi des registres de notaires, de manière à pouvoir identifier chaque
artisan, qu'il soit propriétaire ou locataire. Ces démarches faites, il ne reste plus
qu'à pointer sur un plan les résultats obtenus. On remarque alors une première
tendance générale : l'implantation des boutiques dans l'espace villageois va
riait en fonction de la morphologie des localités, selon que l'on avait affaire à
un habitat groupé ou à un habitat dispersé.
En région d'habitat groupé
Le Sud de la province du Dauphiné (régions des Baronnies, du Tricastin, de
la Valdaine, du Diois, etc.) illustre le cas de l'habitat groupé. Dans ces régions,
la situation d'Ancien Régime s'avère relativement proche de l'actuelle. Hor
mis les meuniers forcés de s'établir le long des cours d'eau, les artisans sont
presque tous concentrés au chef-lieu, làmême où réside la majeure partie, voire
la quasi totalité de la population. Le chef-lieu est un centre de peuplement, il
est aussi un centre commercial. Par contre à l'intérieur même du village, on a
beaucoup plus de mal à percevoir un pôle d'attraction précis. Prenons le cas
d'Allex, un village situé en plaine de Valence, à proximité du confluent de la
Drôme et du Rhône. En 1836 comme au XVIIIe siècle, ses boutiques se trou
vent un peu partout, près des portes des remparts, sur la place de l'église, sur
la rue principale, sur les ruelles adjacentes et jusque sur des venelles si escar
pées et si tortueuses qu'elles feraient renâcler un âne bâté qui voudrait y circul
er. Toujours dans le Midi dauphinois mais à l'autre bout île la province, aux
portes de la Provence et de la vallée de la Durance, Saint-André de Rosans
présente en 1739 une situation analogue (voir planche 1, p. 200). La carte des
boutiques permet de distinguer un semblant d'attraction le long de la rue prin
cipale et sur la place du prie

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