Les champs et l évolution du paysage agraire en Tunisie - article ; n°388 ; vol.71, pg 620-629
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les champs et l'évolution du paysage agraire en Tunisie - article ; n°388 ; vol.71, pg 620-629

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Géographie - Année 1962 - Volume 71 - Numéro 388 - Pages 620-629
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Poncet
Les champs et l'évolution du paysage agraire en Tunisie
In: Annales de Géographie. 1962, t. 71, n°388. pp. 620-629.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean. Les champs et l'évolution du paysage agraire en Tunisie. In: Annales de Géographie. 1962, t. 71, n°388. pp. 620-
629.
doi : 10.3406/geo.1962.16284
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1962_num_71_388_16284CHAMPS ET L'ÉVOLUTION DU PAYSAGE LES
AGRAIRE EN TUNISIE
(Pl. XIV-XVI.)
Ce petit pays, au triple contact du Maghreb, du Sahara et de la Méditer
ranée classique, nous offre la plus large gamme de paysages agraires qu'il
soit possible d'imaginer. Il résume à lui seul presque toutes les influences
qui ont pu intervenir dans la formation et l'évolution du paysage agraire
au cours de plusieurs millénaires d'histoire. La terre tunisienne porte encore
la marque des cadastrations romaines, comme des premiers travaux de
correction du climat ou du relief, par lesquels des hommes, proches de ceux
de la préhistoire, ont voulu agir sur un milieu déjà fort aride, d'une part,
propice à une dévastation rapide et intense des sols cultivables par les agents
naturels de l'érosion, vents chauds et desséchants, orages automnaux,
pluviosité capricieuse et ruissellement destructeur, d'autre part. Cette terrer
si longuement et si profondément transformée par l'homme, le défrichement,
le pâturage, le labour dénudateur aussi, conserve des secteurs jardines et
plantés, enclos et irrigués — oasis ou rivages sahéliens — où techniques
et genres de vie évoquent encore ceux des temps bibliques ou homériques.
Dans les plaines telliennes, cultivées au tracteur, comme dans l'ancien
openfield prédésertique de Sfax ou de Zarzis, couvert d'immenses olivettes
industrielles, c'est un paysage agraire ultra-moderne qui développe ses lignes
parfaitement étrangères à toute tradition.
Si nous reprenons la première et la plus admise, semble-t-il, parmi les
grandes classifications établies entre les paysages agraires1, il sera facile
apparemment de reconnaître en Tunisie cette opposition fondamentale
entre deux types essentiels : le champ ouvert, l'openfield, avec ses quartiers
de champs lanières, ses assolements à céréales-légumineuses ou jachères,
ses troupeaux collectifs pratiquant la vaine pâture sur les terres non ense
mencées, ses villages groupés en des sites favorables — et l'enclos, souvent
polycole, avec le morcellement irrégulier des parcelles, ses limites concréti
sées de diverses manières, par des fossés, des talus (tabias), des murettes,
des terrasses, des rideaux ou des lignes d'épierrement, des haies (cactus,
aloès, palmes, roseaux, arbres fruitiers...).
Cette distinction primordiale demande cependant déjà une étude appro
fondie, d'abord parce qu'elle reflète des usages, des techniques et des mœurs
très variés, ensuite parce qu'à survoler seulement le paysage agraire tunisien
dans ces deux secteurs, on y va voir se dessiner, se superposer ou se juxta
poser des faits agraires dont la complexité et les dynamismes appellent
l'attention. C'est là une étude véritablement passionnante et à laquelle,
jusqu'ici, fort peu de spécialistes se sont attachés.
Il nous faut pourtant rendre hommage à divers chercheurs qui, tout en
se limitant à des domaines particuliers, archéologie, institutions, histoire...,
1. Cf. A. Meynier, Les paysages agraires, A. Colin, 1958. AGRAIRES EN TUNISIE 621 PAYSAGES
nous ont permis de défricher et de reconnaître les grandes lignes du passé.
C'est aux historiens et aux archéologues, comme M. Charles Saumagne1,
que nous devons la première découverte du paysage antique révélé au sol
par les photographies aériennes. L'atlas des centuriations2 constitué sur la
base de ces documents, mais non confronté avec l'expérience vivante accu
mulée en Tunisie même, a le défaut d'ignorer les résultats déjà obtenus
par l'histoire et l'archéologie dans ce pays, de ne départager qu'incomplè
tement les matériaux de grande valeur ainsi apportés.
Nous devons aux administratifs et aux juristes qui se sont intéressés
aux problèmes agraires en Tunisie pour des raisons diverses, des études d'un
intérêt majeur. Il y a d'abord eu ce magma d'informations disparates et
d'inégale valeur que constituèrent les monographies rédigées par les officiers
des Affaires Indigènes sur les tribus et les populations tunisiennes, durant
les premières années du Protectorat3. Il y eut les travaux personnels de grands
fonctionnaires, contrôleurs civils ou juges français, comme les Penet, les
Monchicourt, les Dumas, les de Montéty, les Bardin, les Buthaud... et nous
ne prétendons pas être exhaustif, qui ont apporté de réelles lumières sur
tel ou tel point précis: genres de vie, traditions, pratiques et structures
agraires4... Il y eut enfin, pour le Sahel, le grand ouvrage géographique de
M. Despois.
Notre propre travail sur la colonisation et l'agriculture européenne en
Tunisie6 nous a mené à traiter l'ensemble des paysages ruraux créés en
Tunisie par l'intervention française notamment, mais l'étude plus complète
des paysages agraires tunisiens mériterait une thèse entière. Les indications
générales que nous allons essayer de résumer n'ont donc d'autre but que
d'attirer l'attention sur les problèmes. Leurs implications actuelles, à une
époque où se posent, dans une Tunisie devenue indépendante, de délicates
questions d'orientation économique et peut-être de réformes structurales
profondes, dans des campagnes trop peu productives, eu égard au nombre
des bouches à nourrir et des bras à employer, sont évidentes.
Le champ ouvert tunisien est le plus vaste des domaines que nous puis
sions tout de suite distinguer. Il couvre en effet l'immense part d'un pays
1. Les vestiges d'une centuriation romaine à l'Est d'El Djem (C. R. Acad. I.B.L., 1929).
2. L'atlas des centuriations romaines de Tunisie (public. I. G. N., 1954), et art. de
MM. Caille mer et Chevalier in Annales E.S.C., oct.-déc. 1954.
3. La collection de ces monographies, rassemblée autrefois aux archives du service des A.l.
et conservée par Гех-Résidence Générale, a été ramenée en France. Elle se trouve aux Archives
du Ministère de la Défense Nationale (Vincennes).
4. Penet, Les syndicats ďirrigation de la plaine de Kairouan, Tunis, 1908 ; L'hydraulique
agricole dans la Tunisie méridionale, Tunis, 1913. — Ch. Monchicourt, Règlements ď irrigation
dans le Haut-Tell, Tunis, 1911 ; La steppe tunisienne chez les Frechich et les Majeur, Tunis, 1906 ;
La région du Haut-Tell en Tunisie (thèse de doctorat, Paris, 1913. — P. Dumas, Les populations
indigènes et la terre collective de tribu, Tunis, 1912. — Bardin, Les Jebalia de la région de Gafsa
(in Rev. Тип., 1939) ; Les populations arabes du С. С. de Gafsa et leurs genres de vie, Ibla, 1944. —
Buthaud, Cadastre tunisien et problèmes de vie rurale..., Ibla, 1950 ; Introduction à l'étude des
problèmes humains de l'immatriculation foncière en Tunisie (Cah. de Тип., 3e-4e trim. 1953).
5. La colonisation et l'agriculture européennes en depuis 1881 (thèse de doctorat'
soutenue en 1958 devant la Faculté de Paris, publ. chez Mouton et Cle pour l'École Pratique
des Hautes Études, Ve Section, Paris, 1962, 700 p.). 622 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
situé aux limites du désert et de la Méditerranée, mais il va de soi que nous
ne saurions confondre le paysage désertique ou subdésertique du Sud et
d'une partie du Centre du pays, où l'occupation humaine se disperse long
temps avant de disparaître — avec l'openfîeld céréalier véritable, qui s'étend
surtout dans les bassins du Tell, et, plus sporadiquement déjà, à l'arrière-
plan du Sahel ou au pied de la Dorsale, sur ces bordures fluvio-éoliennes
qui constituent la partie Nord du domaine steppique méridional-Souassi,
plaine de Kairouan et ses annexes...
Ce sont en fait les « Grandes Plaines » des Anciens, cette Dakhla de
Souk-el-Arb a-Souk el Khémis, vaste plaine alluviale où méandrent la Medjerda
moyenne et ses affluents, le Mellègue, le Tessa, l'oued Kasseb... — qui nous
offrent la meilleure image d'un openfîeld céréalier classique. Champs laniè

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents