Les chrétiens d Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires Carmes Déchaux (1657-1681) - article ; n°1 ; vol.100, pg 461-499
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Les chrétiens d'Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires Carmes Déchaux (1657-1681) - article ; n°1 ; vol.100, pg 461-499

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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1988 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 461-499
Bernard Heyberger, Les chrétiens d'Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires Carmes déchaux (1657-1681), p. 461-499. Le nombre de conversions de chrétiens grecs melkites, arméniens et syriens, au catholicisme, en amont d'un mouvement qui prendra toute son ampleur au XVIIe siècle, est très fluctuant. L'adhésion à l'Église romaine ne change guère la vie du néophyte qui modifie peu sa pratique religieuse, et reste socialement et administrativement rattaché à son groupe confessionnel d'origine. La pauvreté et l'isolement expliquent certains passages au catholicisme; mais c'est la conversion du clergé et des notables, séduits par un attrait intellectuel et des avantages matériels, qui joue le rôle détermi- (v. au verso) nant. Les relations de voisinage et de travail peuvent aussi conduire à la conversion. Les convertis sont fréquemment unis par des liens familiaux. Les femmes et les jeunes y sont la majorité. Les femmes qui se convertissent sont souvent pauvres et isolées, mais certaines d'entre elles jouissent d'une situation sociale dominante. C'est l'existence de conflits d'autorité dans la famille qui explique parfois la conversion des jeunes. Elle peut leur offrir également une chance d'ascension sociale ou un moyen d'intégration dans un milieu.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Heyberger
Les chrétiens d'Alep (Syrie) à travers les récits des conversions
des missionnaires Carmes Déchaux (1657-1681)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 100, N°1. 1988. pp. 461-499.
Résumé
Bernard Heyberger, Les chrétiens d'Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires Carmes déchaux (1657-
1681), p. 461-499.
Le nombre de conversions de chrétiens grecs melkites, arméniens et syriens, au catholicisme, en amont d'un mouvement qui
prendra toute son ampleur au XVIIe siècle, est très fluctuant.
L'adhésion à l'Église romaine ne change guère la vie du néophyte qui modifie peu sa pratique religieuse, et reste socialement et
administrativement rattaché à son groupe confessionnel d'origine.
La pauvreté et l'isolement expliquent certains passages au catholicisme; mais c'est la conversion du clergé et des notables,
séduits par un attrait intellectuel et des avantages matériels, qui joue le rôle détermi-
(v. au verso) nant. Les relations de voisinage et de travail peuvent aussi conduire à la conversion.
Les convertis sont fréquemment unis par des liens familiaux. Les femmes et les jeunes y sont la majorité. Les femmes qui se
convertissent sont souvent pauvres et isolées, mais certaines d'entre elles jouissent d'une situation sociale dominante. C'est
l'existence de conflits d'autorité dans la famille qui explique parfois la conversion des jeunes. Elle peut leur offrir également une
chance d'ascension sociale ou un moyen d'intégration dans un milieu.
Citer ce document / Cite this document :
Heyberger Bernard. Les chrétiens d'Alep (Syrie) à travers les récits des conversions des missionnaires Carmes Déchaux (1657-
1681). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 100, N°1. 1988. pp. 461-499.
doi : 10.3406/mefr.1988.2984
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1988_num_100_1_2984HISTOIRE RELIGIEUSE
BERNARD HEYBERGER
LES CHRÉTIENS D'ALEP (SYRIE)
À TRAVERS LES RÉCITS DES CONVERSIONS
DES MISSIONNAIRES CARMES DÉCHAUX
(1657-1681)*
Introduction
Dans le fonds des archives romaines des Carmes Déchaux sont
conservés des registres de conversions et de relation des missions qui
nous permettent d'approcher avec une certaine précision le phénomène
du passage au catholicisme dans une ville syrienne au XVIIe siècle1.
À cette époque, Alep compte une population estimée entre 78 000 et
* Liste des abréviations :
ARCD : Archives romaines des Carmes Déchaux
ARSI : de la Compagnie de Jésus
SCPF : Sacra Congregatio de Propaganda Fide, Rome
BN Paris : Bibliothèque nationale, Paris; Mss franc. : Manuscrits français
AN : Archives nationales, Paris
N.B. - Nous avons conservé aux noms propres orientaux l'orthographe em
ployée dans les sources.
1 ARCD, Plut 245 a 2, Jean-Pierre de la Mère de Dieu, Breve relatione delle
morti gloriose et attioni generose. . ., 67 pages, commencé en 1657; Plut 224g, Bru
no de Saint Yves, Les conversions faites en cette année, 2 fol., 1658; Anselme de
l'Annonciation, Plut 245c 1, Missions d'Alep, 17 p., 1667; du même: Plut 245c 3,
Brève et sincère relation des missions 15 pages, 1668; du même, Plut 245 c 4 : relation de la mission d'Alep aux âmes dévotes, 8 pages et Plut 245 c 5 : Conti
nuation, 1661, 8 pages non numérotées; Plut 245 h : Registro delle conversioni e altri
successi occorsi nelle missione. . ., 1669-1739, non paginé. Édité par extraits dans A.
Rabbath, Documents inédits pour servir à l'histoire du christianisme en Orient, vol.
II, p. 60 à 85.
MEFRM - 100 - 1988 - 1, p. 461-499. 462 BERNARD HEYBERGER
115 000 habitants, suivant le nombre de personnes attribué aux « feux »
indiqués par le chevalier d'Arvieux en 16832.
Le nombre d'habitants est en croissance rapide, en particulier dans la
minorité chrétienne, qui semble jouir d'une certaine prospérité, et qui vit
essentiellement dans les faubourgs nord de la ville, en extension.
On évalue le nombre de ces chrétiens environ à 10 pour cent de la
population, soit entre 7 800 et 1 1 500 personnes. Ils appartiennent à des
confessions différentes. Ce sont les «grecs» du patriarcat d'Antioche,
appelés aussi melkites, de religion orthodoxe, qui sont les plus nombreux,
suivis par les arméniens monophysites, les «syriens» ou jacobites, mono-
physites également, puis les maronites et quelques familles de nestoriens.
Seuls les maronites, qui ont leur propre patriarche, sont rattachés à
Rome et sont considérés comme des catholiques. Les autres sont, pour
l'Église romaine, des schismatiques et/ou des hérétiques, et ils ont leur
propre hiérarchie.
Les conversions dont nous parlons concernent donc le passage de
chrétiens «grecs», arméniens et «syriens» à l'obédience romaine. Il est
très peu question de convertir des musulmans, car l'apostasie de l'Islam
est passible, devant la justice ottomane, de la peine de mort. Nous évoque
rons cependant deux cas, sans nous y attarder.
Car nous nous attacherons surtout à mettre en lumière la façon dont
est accueillie l'action des religieux de la Réforme catholique dans un
milieu de chrétiens séparés. Cette situation particulière n'est pas sans évo
quer, à certains égards, le contact entre catholiques et protestants en
Europe au XVIIe siècle.
À part les Franciscains de Terre Sainte établis en Syrie depuis long
temps, les religieux «francs» sont arrivés à Alep au début du siècle: les
Capucins se sont installés en 1623, les Carmes en 1625, les Jésuites en
1627. Ils vivent dans des khans au milieu des marchands occidentaux,
vénitiens ou français, à l'intérieur des remparts de la ville. En 1681, le
chevalier d'Arvieux note la présence de 6 cordeliers, 6 jésuites, 4 capucins
et 4 carmes, plus deux frères laïcs par congrégation, soit 28 religieux en
tout, ajoutant que leur nombre a augmenté depuis 10 ans3.
Leur activité ne se limite pas à la conversion : ils ont la charge des
2 L. d'Arvieux, Mémoires du chevalier d'Arvieux, édit. J.-B. Labat, Paris, 1735,
tome 6, p. 437; A. Raymond, Grandes villes arabes à l'époque ottomane, 1985,
p. 57 et A. Abdelnour, Habitat et fonctions urbaines en Syrie, XVIe-XVHIe siècle, thè
se dactyl., Paris IV, 1979, p. 86.
3 L. d'Arvieux, op. cit., p. 73-74. LES CHRÉTIENS D'ALEP À TRAVERS LES RÉCITS DES CONVERSIONS (1657-1681) 463
âmes catholiques : celle des «francs» (négociants et artisans de l'Échelle),
des maronites et des néo-convertis. Et leur conception de la mission les
amène à enseigner et à prêcher, à administrer les sacrements et à prati
quer toutes les formes de charité.
Mais notre propos n'est pas de retracer l'histoire de leur action, ni
celle des tentatives d'union, nombreuses à l'époque, des Églises orientales
avec Rome4.
Nous pensons plutôt que l'influence occidentale doit, autant que poss
ible, être saisie du point de vue des Orientaux. C'est pourquoi nous cher
chons à aborder la société chrétienne d'Alep à travers ces conversions
rapportées par les carmes déchaussés, qui, nous semble-t-il, sont à la fois
des conséquences et des révélateurs des relations sociales. Nous étudie
rons donc le chrétien qui se convertit au catholicisme ou qui, parfois, s'y
oppose, dans son appartenance à des groupes de nature confessionnelle,
politique, géographique, professionnelle et familiale.
En privilégiant cet aspect, nous ne cherchons nullement à nier la
dimension spirituelle ou psychologique de la conversion, qui reste un
phénomène complexe, mais nous affirmons que l'origine d'une conver
sion doit aussi être recherchée dans les motivations sociales.
Nous nous heurtons évidemment au problème d'étudier l'histoire
d'une population qui n'a guère laissé d'écritures à partir de ce que d'au
tres en ont écrit. Aussi, notre travail n'est-il parfois qu'une esquisse.
Nous avons essayé, autant que possible, de compenser l'imperfection
de nos sources par la référence à des recherches antérieures sur le Pro
che-Orient ou par la comparaison avec d'autres terres de conversions déjà
étudiées5.
I - LA CONVERSION : FRANCHISSEMENT D&

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