Les chrétiens sionistes aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.75, pg 76-85
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les chrétiens sionistes aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.75, pg 76-85

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2004 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 76-85
This essay focuses on the issue of the Christian Zionist movement in the United States and tries to understand the growing alliance that unites the American evangelical movement and the Jewish Right, both in the USA and Israel, in the same staunch support for a biblical Eretz Israel or Greater Israel. The article reviews the historical and ideological roots of this alliance (the first philosemite and restaurationist currents as well as religious theories such as millenialism) and its various shapes (the various organisations and key figures that make up the movement, the way it works and gets organized, and also its common ground with neoconservatives) then questions the impact and influence of the movement.
La question du mouvement chrétien sioniste américain est au centre de cet essai: il s’agit de comprendre l’alliance grandissante qui unit les mouvements évangéliques américains et la droite juive, aux États-Unis comme en Israël, dans un même soutien pour l’avènement d’un Grand Israël biblique. L’article passe en revue les racines historiques et idéologiques de cette alliance (les premiers courants philosémites et restaurationnistes ainsi que les théories religieuses millénaristes) et les formes qu’elle recouvre (ses modes d’action, les organisations et personnalités qui la composent, son rapprochement avec les néo-conservateurs) puis conclut en s’interrogeant sur la portée et l’influence politique du mouvement.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 59
Langue Français

Extrait

A
u premier abord, il peut sembler étonnant de
réunir dans une même collocation les termes « chré-
tiens » et « sionistes ». Soit, il est tout à fait envisa-
geable d’être sioniste sans être juif, mais il est plus dif-
ficile d’imaginer que certaines personnes épousent la
cause du sionisme (du moins en apparence) à cause de
(ou grâce à) leur identité religieuse en tant que
chré-
tien
. Il est de plus à noter que lorsque l’on parle du sio-
nisme chrétien aux États-Unis, on ne parle pas de
tous
les chrétiens, mais des chrétiens dits fondamentalistes,
ou encore évangéliques. Il existe actuellement dans ce
pays toute une nébuleuse d’associations, d’organisa-
tions, qui se réclame du sionisme chrétien, et qui sou-
tient avec ferveur les revendications de la droite juive
(que celle-ci soit américaine ou israélienne) : État
unique en Israël, développement des colonies,
Jérusalem capitale unique et indivisible. Ce que nous
étudierons dans cet essai, c’est tout d’abord la genèse
du mouvement : comment est né aux États-Unis un
courant religieux philosémite (et plus tard philo-sionis-
te), dont l’idéologie a ensuite servi de base au mouve-
ment chrétien sioniste tel que nous le connaissons
aujourd’hui. Puis nous étudierons plus en profondeur
la réalité de ce mouvement : les réseaux qui le compo-
sent et l’alliance qu’il est parvenu à lier avec certains
milieux sionistes.
La genèse du mouvement :
restaurationnisme et sionisme
Les premiers mouvements restaurationnistes — c’est-
à-dire préconisant le retour, donc la
restauration
, des
Juifs en Palestine — semblent émerger en Angleterre au
XVII
e
siècle. La guerre civile voit l’apparition de groupes
puritains qui croient que la conversion des Juifs au chris-
tianisme et leur retour à Sion précédera le retour du
Christ, perçu comme imminent. Ce courant ne traverse
pas l’Atlantique avec les colons ; toutefois, une certaine
identification avec l’Israël biblique semble caractériser
les toutes premières colonies. Ainsi, les premiers colons
calvinistes ont tendance à s’identifier aux Hébreux,
fuyant les persécutions pour trouver une Terre promise
où fonder une Nouvelle Jérusalem. Au siècle suivant, des
sympathies que l’on pourrait qualifier de philosémites
commencent à voir le jour dans certains cercles. Ainsi,
des indépendantistes tiennent l’anglais pour la langue de
l’oppresseur et veulent faire de l’hébreu la langue natio-
nale
1
. Thomas Jefferson, Benjamin Franklin et John
Adams proposent comme sceau officiel des États-Unis
une représentation des Hébreux traversant la Mer Rouge,
poursuivis par le pharaon et protégés par Moïse ; ils pro-
posent également la devise suivante : «
Rebellion to
Tyrants is Obedience to God
» (« se rebeller contre les
tyrans, c’est obéir à Dieu »). John Adams écrit à Thomas
Jefferson que les «
Hébreux ont fait plus pour civiliser
l’homme que toute autre nation
2
». Il est également inté-
ressant de noter que la langue hébraïque était un pré-
requis dans de nombreuses universités et qu’elle resta
obligatoire au programme de Harvard jusqu’en 1787.
On retrouve cette influence dans l’insigne de Yale, qui
comporte aujourd’hui encore une phrase en hébreu
3
.
Le courant restaurationniste n’est toutefois pas
complètement absent puisque John Adams écrit avant
même l’Indépendance qu’il souhaite voir une nation
indépendante en Judée pour les Juifs. Au siècle suivant,
le président Lincoln affirme également son soutien à ce
courant, en déclarant à un restaurationniste chrétien
qui plaidait la cause du retour des Juifs en Palestine,
que c’était «
un noble rêve partagé par de nombreux
Américains
». Mais ce sont des mouvements religieux
qui vont propager cette idée au XIX
e
siècle
4
.
Tout d’abord, de nombreux puritains qui émigrèrent
en Amérique voyaient dans leur expérience une sorte
de re-création de l’Exode et de l’histoire du peuple élu.
D’une certaine façon, ils s’identifiaient aux Juifs des
Écritures. De plus, ils croyaient que lorsque la Fin des
Temps viendrait (et ils la pensaient proche), Dieu mesu-
rerait le sort des nations à l’aune de la règle édictée à
Abraham dans la Genèse, 12:3 : «
Je bénirai ceux qui
te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par
toi se béniront toutes la nations de la terre
5
. »
1
. Frédéric Encel,
« Guerre israélo-
palestinienne »,
Hérodote
,
3
ème
trimestre 2002.
2
. Mitchell D. Bard,
« Roots of the US-Israeli
Relationship »,
The American-Israeli
Enterprise,
2002,
http://www.jewishvirtual
library.org/
3
.
Ibid
.
4
.
Ibid
.
5
. Toutes les références
bibliques seront tirées de
la Bible de Jérusalem.
Les chrétiens sionistes
aux États-Unis
Prisca PERANI
P
RISCA
PERANI,
Université de Reims.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents