Les cités étrusques et la guerre au Ve siècle avant notre ère - article ; n°1 ; vol.137, pg 327-356
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1990 - Volume 137 - Numéro 1 - Pages 327-356
À partir d'un examen des sources écrites et de la documentation archéologique (mobiliers funéraires, documents figurés), on cherche à définir certains traits de comportement des cités étrusques face à la guerre. L'analyse permet de dégager l'existence d'une « crise » du vieux modèle gentilice tout en faisant ressortir la diversité des réactions d'un centre à l'autre. Dans les vieilles aristocraties d'Étrurie méridionale (Tarquinia, Cerveteri), l'absence presque totale d'armes dans les tombes, les allusions détournées à la guerre dans l'iconographie funéraire s'opposent à l'affirmation directe des valeurs guerrières, présente partout ailleurs à la même époque en Étrurie. Les indices les plus nets d'un statut de citoyen-soldat se trouvent à Orvieto et, dans une moindre mesure, dans les centres de la plaine padane, comme Spina. À Vulci, plusieurs sépultures, datées entre le fin du VIe siècle et le Ve siècle, attestent l'importance de certains chefs de guerre au sein de la cité, ce qui évoque l'exemple fameux, et plus ancien, des frères Vibenna et de leur compagnon Macstarna mais permet surtout de souligner le rôle décisif de la guerre dans les conflits sociaux internes aux cités. On s'est interrogé plus spécialement sur la question des compagnonnages militaires au sein de la jeunesse noble (suodales de Publius Valerius à Satricum, geste de Coriolan). De tels compagnonnages sont également évoqués sur les reliefs de Chiusi où l'on trouve aussi le seul exemple de peinture funéraire du Ve siècle figurant un combat (de cavalerie).
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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 112
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne-Marie Adam
Agnès Rouveret
Les cités étrusques et la guerre au Ve siècle avant notre ère
In: Crise et transformation des sociétés archaïques de l'Italie antique au Ve siècle av. JC. Actes de la table ronde de
Rome (19-21 novembre 1987). Rome : École Française de Rome, 1990. pp. 327-356. (Publications de l'École
française de Rome, 137)
Résumé
À partir d'un examen des sources écrites et de la documentation archéologique (mobiliers funéraires, documents figurés), on
cherche à définir certains traits de comportement des cités étrusques face à la guerre. L'analyse permet de dégager l'existence
d'une « crise » du vieux modèle gentilice tout en faisant ressortir la diversité des réactions d'un centre à l'autre. Dans les vieilles
aristocraties d'Étrurie méridionale (Tarquinia, Cerveteri), l'absence presque totale d'armes dans les tombes, les allusions
détournées à la guerre dans l'iconographie funéraire s'opposent à l'affirmation directe des valeurs guerrières, présente partout
ailleurs à la même époque en Étrurie. Les indices les plus nets d'un statut de citoyen-soldat se trouvent à Orvieto et, dans une
moindre mesure, dans les centres de la plaine padane, comme Spina. À Vulci, plusieurs sépultures, datées entre le fin du VIe
siècle et le Ve siècle, attestent l'importance de certains chefs de guerre au sein de la cité, ce qui évoque l'exemple fameux, et
plus ancien, des frères Vibenna et de leur compagnon Macstarna mais permet surtout de souligner le rôle décisif de la guerre
dans les conflits sociaux internes aux cités. On s'est interrogé plus spécialement sur la question des compagnonnages militaires
au sein de la jeunesse noble (suodales de Publius Valerius à Satricum, geste de Coriolan). De tels sont
également évoqués sur les reliefs de Chiusi où l'on trouve aussi le seul exemple de peinture funéraire du Ve siècle figurant un
combat (de cavalerie).
Citer ce document / Cite this document :
Adam Anne-Marie, Rouveret Agnès. Les cités étrusques et la guerre au Ve siècle avant notre ère. In: Crise et transformation
des sociétés archaïques de l'Italie antique au Ve siècle av. JC. Actes de la table ronde de Rome (19-21 novembre 1987). Rome
: École Française de Rome, 1990. pp. 327-356. (Publications de l'École française de Rome, 137)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1990_act_137_1_3912ANNE-MARIE ADAM ET AGNÈS ROUVERET
LES CITÉS ÉTRUSQUES ET LA GUERRE
AU Ve SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE
Si l'on devait se fier à la reconstitution virgilienne de l'Enéide, il
faudrait considérer les Étrusques comme un peuple essentiellement
guerrier : c'est en tant que spécialistes de la guerre (et notamment com
me excellents cavaliers), qu'ils interviennent pour soutenir Énée. Leur
chef, Tarchon, est dépeint avant tout comme le commandant d'une
troupe d'élite, prêt à se mettre aux ordres d'un fatalis dux, et non plus
comme le héros religieux et fondateur de cités qu'il est dans d'autres
aspects de la tradition. C'est bien pour cette raison que G. Dumézil,
dans son exégèse trifonctionnelle du poème virgilien a pu voir dans les
Étrusques les représentants de la fonction guerrière.
Or, si l'on comprend sans peine les motifs qui président à la cons
truction idéologique augustéenne dont Virgile se fait l'interprète, il faut
néanmoins se demander si quelque support réel dans les traditions
concernant les Étrusques et leur histoire a pu justifier l'élaboration à
cette époque d'une telle image «belliqueuse» d'un peuple que l'histori
ographie antique situe plus souvent entre les deux images contradictoi
res de la gens ante omnes alias (. . .) dedita religionibus (Tite-Live V, 1,
6) ou des Tyrrhéniens livrés aux délices de la truphè, semper inertes
Tyrrheni, jugement que Virgile (Enéide, XI, v. 732) prête à Tarchon lui-
même lorsque ses troupes fléchissent devant Camille, la reine des Vols-
ques.
De fait, si l'on se reporte à l'évolution de l'histoire de l'Étrurie, il
semble bien difficile au premier abord de définir, dans le domaine mili
taire, des modèles de comportement qui soient spécifiquement étrus
ques. En ce qui concerne l'armement proprement dit et les techniques
de combat, il est bien établi (et notamment à la suite des travaux de ANNE-MARIE ADAM ET AGNÈS ROUVERET 328
A. Snodgrass1), qu'à partir du milieu du VIIe siècle, les Étrusques
adoptent la panoplie hoplitique, et sans doute également la tactique de
la phalange qui lui est liée. Par ailleurs, nous sommes soumis, dans nos
tentatives d'individualisation du fait militaire en Étrurie, à l'emprise
contraignante (et peut-être déformante) de la documentation romaine,
en particulier en ce qui concerne la période de la royauté étrusque. Les
sources littéraires romaines semblent, en effet, fournir des cadres d'in
terprétation que l'on serait tenté d'étendre, sans doute abusivement,
aux villes d'Étrurie, sans tenir compte de ce que pouvaient être déjà, à
cette époque, les spécificités de la cité romaine : dans quelle mesure
pouvons-nous, par exemple, tirer de l'analyse (par ailleurs si controvers
ée) de la réforme servienne, des indications utilisables pour l'examen
des pratiques militaire étrusques à la fin du VIe siècle avant notre ère?
Si l'on considère la période archaïque, un des aspects qui paraît
clair est que l'hoplitisme reste lié, en Étrurie, à une organisation sociale
de type gentilice, comme l'illustrent les scènes figurées, si fréquentes,
où l'on voit le chef guerrier sur son char et lourdement armé, condui
sant au combat une troupe d'hoplites certainement composée de memb
res de la gens ou de clients2. Au début du Ve siècle, encore, l'hopliti
sme repose toujours, en partie, sur la même base sociale gentilice, com
me paraît le montrer, pour l'Étrurie, le texte de Denys d'Halicarnasse
(IX, 5, 4), où l'on voit venir au secours de Véies, vers 480, des troupes
étrusques composées clairement des chefs de l'aristocratie et de leurs
dépendants, que Denys assimile de manière significative aux pénestes
thessaliens3. L'épisode des Fabii à la Crémère, en 477 (Diodore de Sici
le, XI, 53, 6; Tite-Live, II, 48,8-50) montre de manière évidente qu'une
1 The Hoplite Reform and History, dans JHS, 85, 1965, p. 110-122 (en part. p. 116 sq.)
et L'introduzione degli optiti in Grecia e in Italia, dans RSI, 77, 1965, p. 434-444 (en parti
culier p. 441). Ce fondement gentilice de l'hoplitisme étrusque avait été mis en lumière
auparavant par A. Momigliano, 1RS, 53, 1963, p. 119-121; voir aussi M. Torelli, Tre studi
di storia etrusca, dans DdA, VIII-1, 1974-75, p. 13-17.
2 P. F. Stary, Zur eisenzeitlichen Bewaffnung und Kampfesweise in Mittelitalien
(Marburger St. z. Vor- und Frühgesch., 3), Mayence, 1981, pl. 17 (pyxide d'ivoire de La
Pania à Chiusi); pl. 19, 1 (œuf d'autruche de la Tombe d'Isis à Vulci), etc. L'appartenance
de tous les guerriers de la troupe à un même clan doit être volontairement soulignée par
la similitude de tous les épisèmes des boucliers (exemples illustrés par P. F. Stary, op.
cit., pl. 10, 3; 12; 22). Le commentaire historique de ces documents a été fait récemment
par M. Torelli, Storia degli Etruschi, Bari, 1981, p. 128.
3 Συνεληλύθεσαν γαρ έξ άπάσης Τυρρηνίας οι δυνατώτατοι τους εαυτών πενέστας
επαγόμενοι, και έγένετο του 'Ρωμαϊκού στρατού μείζον το Τυρρηνικόν ούκ όλίγφ. LES CITÉS ÉTRUSQUES ET LA GUERRE AU Ve SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE 329
telle armée de clan pouvait subsister à Rome également à la même épo
que, et le rapport de dépendance personnelle entre le chef militaire et
ses troupes est encore souligné (avec, toutefois, une transposition sur
un plan qui n'est plus celui de la gens et inclut également les aspects
censitaires du recrutement militaire), à propos du commandement de
Coriolan, par Denys d'Halicarnasse (VII, 21, 3) : «II avait autour de lui
une grande hétairie de jeunes nobles, qui avaient le cens le plus élevé,
et une foule de clients qu'il s'était gagnés par des services dans les guerres
(ήν δε περί αυτόν εταιρία μεγάλη νέων ευγενώ

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