Les classes de mots en latin - article ; n°34 ; vol.8, pg 25-46
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Description

Langages - Année 1974 - Volume 8 - Numéro 34 - Pages 25-46
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P.h. Matthews
Les classes de mots en latin
In: Langages, 8e année, n°34, 1974. pp. 25-46.
Citer ce document / Cite this document :
Matthews P.h. Les classes de mots en latin. In: Langages, 8e année, n°34, 1974. pp. 25-46.
doi : 10.3406/lgge.1974.2257
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1974_num_8_34_2257P. H. MATTHEWS
LES GLASSES DE MOTS EN LATIN
La tradition grammaticale romaine reconnaissait huit partes orationis
ou parties du discours, à savoir les noms (nomina), les pronoms (pronomina),
les verbes (uerba), les adverbes (aduerbia), les participes (participia), les
conjonctions (coniunctiones), les prépositions (praepositiones), et les inter
jections (interiectiones) (pour de plus amples détails voir Charisius x,
Priscien 2, etc...)- Tout le monde sait que les sept premiers termes de cette
liste ont été empruntés aux descriptions classiques du grec ancien, langue
à laquelle le latin est fort apparenté du point de vue typologique et relativ
ement apparenté du point de vue génétique. Ainsi nomen correspond au
grec ovofza, pronomen к avxeovuptia, uerbuni к p^^a, aduerbium к
participium к [хетох^, coniunctio к auvSsa^oç, et praeposiiio к
la classification grecque comprenait aussi le terme « article » (àpOpov chez
Dionysius Thrax)3, terme pour lequel on ne put découvrir une classe appro
priée en latin. Le huitième terme, interiectio, représente une innovation
conceptuelle importante de la part des grammairiens romains (pour une
discussion classique de ce problème voir Priscien 4). Cette classification
octuple se retrouve, mais cristallisée et devenue un objet de vénération, dans
les travaux des grammairiens ultérieurs, et n'a subi que peu de modifications
par la suite.
Les principales améliorations ont eu trait à la distinction entre noms et
adjectifs (nomina substantiua et nomina adiectiua), et l'admission d'une
classe séparée d'adjectifs numéraux. La première modification remonte
à l'époque médiévale 5 ; en effet, les anciens grammairiens à la suite de
Dionysius Thrax 6 considéraient l'adjectif comme appartenant à l'une des
nombreuses sous-classes de la classe des noms. La deuxième modification
se situe encore plus tard (se reporter à Brondal 7 pour plus d'informations).
A la lumière de ces innovations les inventaires modernes tendront à avoir
dix plutôt que huit classes ; à savoir :
* Traduit avec la permission de l'auteur, et de la North-Holland Publishing
Company (Amsterdam), éditeur de la revue Lingua où cet article a paru pour la pre
mière lois (vol. 17, 1967, pp. 153-181).
1. In H. Keil (Ed.), Flavii Sosipalri Charisii Artis Grammaticae Libri III (Gra
matici Latini, I), Leipzig : Teubner, 1857 ; p. 152 iî.
2. In H. Keil (Ed.), Prisciani Grammatici Caesariensis Insiilutionum Grammati-
carum Libri XVIII (Grammatici Latini, 2-3). Leipzig : Teubner, 1855-59, I, p. 54 iï.
3. In G. Uiilig (Ed.), Dionysii Thrucis Ars Grammatica (Grammatici Graeci,
1.1). Leipzig : Teubner, 1883, p. 61.
4. In Keil, 1855-59, II, p. 90 fï.
5. Cf. Y. Brondal, Les parties du discours (Tr. P. Naert). Copenhagen : Munks-
gaard, 1948, p. 25.
6. In Uhlig, op. cit., p. 34.
7. In Br0ndal, op. cit., pp. 29-30.
25 • les « noms » (cf. les formes fundos, homine et consul dans les exemples
ci-dessous)8 :
- pl(uriel), (1) Fundos decem et très reliquit : PROPRIÉTÉ / Acc(usatif)
DIX, ET, TROIS / Ace - pi - Masc(ulin), LAISSER / Par(fait) - Ind(icatif)
- Act(if) - 3e pers(onne) - Sing(ulier). « II a laissé treize propriétés. »
(2) Non intellegunt se de callido homine loqui : PAS, COMPRENDRE /
Prés(ent) - Ind - Act - 3e pers - pi, Réflexif / Ace, DE, INTELLIGENT/
Abl(atif) - sing - Mase, HOMME / АЫ - sing, PARLER / Prés - Inf(initif).
« Ils ne se rendent pas compte que c'est d'un homme intelligent qu'ils
parlent ».
(3) Consul en, inquit, hic est : CONSUL / Nom(inatif) - sing,
REGARDE, DIRE / Prés - Ind -Act -3e pers - sing, CECI / Nom - sing
- Mase, ETRE / Prés - Ind - Act - 3e pers - sing. Regarde, dit-il, cet
homme est le consul.
• les adjectifs numéraux, cf. les formes decem et très dans l'exemple 1 ;
• les adjectifs, cf. callido dans l'exemple 2 ;
• les pronoms, cf. se dans l'exemple 3, et te dans l'exemple suivant :
(4) Cum te morientem uidimus : QUAND, VOUS / Ace - sing, MOU
RIR / Part(icipe) pré(sent) - ace - sing - mase, VOI R / Parf - Ind - Act -
lre pers — pi. « Quand nous vous avons vu mourant. »
• les verbes, cf. reliquit dans l'exemple 1, intellegunt et loqui dans
l'exemple 2, inquit et est dans l'exemple 3 ;
• les adverbes, cf. non dans 2 ;
• les participes, cf. morientem dans l'exemple 4 ;
• les conjonctions, cf. et dans 1 et cum dans l'exemple 4 ;
• les prépositions, cf. de l'exemple 2 ;
• les interjections, cf. en dans 3.
La plupart des latinistes acceptent une telle classification et il ne semble
pas qu'on puisse la mettre en question sur le plan empirique, bien que son
statut théorique ou philosophique se prête davantage au débat. Ainsi on
peut se demander, si l'on considère les transformations récentes qu'a subies
la théorie descriptive, quelle valeur ou quelle utilité attribuer à cette classi
fication (voire même à n'importe quelle classification de ce type). Il y a une
dizaine d'années les théories dominantes étaient purement taxinomiques.
A l'intérieur de tels modèles, les parties du discours occupent une place
naturelle en tant que sous-classes les plus générales de mots, de morphèmes
ou de tout autre élément choisi comme univers du discours ou comme
univers de classification. Mais dans l'ensemble les modèles taxinomiques
sont maintenant remplacés par des modèles de nature generative. De plus
en plus on conçoit une grammaire comme un système de règles ou de rela
tions entre des catégories, plutôt que comme un ensemble de catégories
individuelles. Bien sûr, si on le veut, on peut fabriquer des règles telles
qu'elles reflètent les divisions traditionnelles ; mais il est rare que de bonnes
raisons descriptives motivent un tel choix. Mais même ainsi ces divisions
8. Les exemples sont empruntés à plusieurs sources, surtout à Cicéron. Il y a,
pour les lecteurs qui ne connaissent pas le latin, une traduction littérale. On a aussi
gardé de nombreuses étiquettes traditionnelles. Pour une analyse sans doute plus
acceptable, voir Matthews (1972) et aussi note 21.
26 n'occuperaient pas la place de choix que les parties du discours avaient dans
les discussions antérieures. Sur quoi pourrait donc reposer, dans l'état actuel
des choses, l'intérêt qu'a suscité ce problème dans le passé ?
Dans cet essai nous nous efforcerons de répondre en partie à cette
question. Il semble tout d'abord possible de suggérer que les parties du
discours ne jouent aucun rôle dans la grammaire : elles sont en quelque
sorte « extraites » de la grammaire de la même manière qu'on peut dire, en
termes vagues, que la est « extraite » des données linguistiques.
Disons, pour être plus précis, que la métalangue dans laquelle on affirme,
par exemple, que « le latin a une classe de prépositions mais n'a pas une
classe d'articles », a pour langage-objet la langue des grammaires descrip
tives et non la langue qu'une grammaire particulière décrit. Une telle
affirmation s'applique à une classe ou un ensemble de classes que la gram
maire en quelque sorte définit. De plus il y a de fortes chances que ces
affirmations soient plus importantes du point de vue typologique que du
point de vue strictement descriptif. Ainsi l'affirmation que les grammaires
latines ne donnent aucune définition de la classe des articles (ou plus préci
sément, qu'elles ne définissent aucune classe à laquelle on puisse appliquer
le terme d'« article ») prend toute sa valeur lorsqu'on compare le latin à
l'anglais ou au grec pour ne prendre que ces deux exemples. A cette étape,
nous présupposons, bien sûr, que l'on puisse définir des termes tels que
« préposition » ou « article » indépendamment de grammaires particulières.
On ne peut pas dire qu'une langue « a des articles » ou « a des prépositions »
dans le sens étroit où, pour les besoins d'une description donnée, on a
choisi comme par hasard les symboles « préposition » et « article » pour
représenter des classes particulières. Dans ce cas-là, la

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