Les économistes face aux «crises» de 1929 et 1974 - article ; n°1 ; vol.52, pg 114-124
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Les économistes face aux «crises» de 1929 et 1974 - article ; n°1 ; vol.52, pg 114-124

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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1996 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 114-124
Economists and the crises of the 1929 and 1974, Jacques Wolff.
In spite of different methodological presuppositions, the analysis of the 1929 crisis by the British orthodox economist Lionel Robbins (The Great Depression, 1929-1934, 1934) often agrees with the synthetic approach of the French economist Bertrand Nogaro (La crise économique en France et dans le monde, 1936) : both reject the idea of a single cause interpretation of the recession and condemn any policy that questions market laws and claims to break with the market economy. Faced with the 1974 recession, Otto Eckstein (The Great Recession, 1978) proposes an analysis of the American crisis based on an econometric model using many simulations, which opposes, point by point, the Marxist Ernst Mandel's point of view (La crise, 1974-1978, 1978). Far from being a weakness, the difference between the approaches illustrates the richness of economic analysis. In this field, improvement of the representations can come only from the confrontation of models and ideas.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 213
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Wolff
Les économistes face aux «crises» de 1929 et 1974
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°52, octobre-décembre 1996. pp. 114-124.
Abstract
Economists and the "crises" of the 1929 and 1974, Jacques Wolff.
In spite of different methodological presuppositions, the analysis of the "1929 crisis" by the British orthodox economist Lionel
Robbins (The Great Depression, 1929-1934, 1934) often agrees with the synthetic approach of the French Bertrand
Nogaro (La crise économique en France et dans le monde, 1936) : both reject the idea of a single cause interpretation of the
recession and condemn any policy that questions market laws and claims to break with the market economy. Faced with the
1974 recession, Otto Eckstein (The Great Recession, 1978) proposes an analysis of the American crisis based on an
econometric model using many simulations, which opposes, point by point, the Marxist Ernst Mandel's point of view (La crise,
1974-1978, 1978). Far from being a weakness, the difference between the approaches illustrates the richness of economic
analysis. In this field, improvement of the representations can come only from the confrontation of models and ideas.
Citer ce document / Cite this document :
Wolff Jacques. Les économistes face aux «crises» de 1929 et 1974. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°52, octobre-
décembre 1996. pp. 114-124.
doi : 10.3406/xxs.1996.3567
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1996_num_52_1_3567LES ECONOMISTES FACE
AUX «CRISES» DE 1929 ET 1974
Jacques Wolff
Les crises économiques prennent de chacune des «crises» de 1929 et 1974
sens à travers les lectures qu'en font à et de leurs suites. En privilégiant des ana
chaud les économistes. De la crise de lyses publiées avec un recul de quatre à
1929 à celle de 1974, Jacques Wolff sept ans, qui permet à l'auteur de mieux
montre que leurs analyses sont plus discerner les traits de la situation étudiée,
souvent complémentaires que contrad on fera ressortir comment chaque écono
ictoires. miste a articulé sa pensée, centré ses
réflexions et dégagé ses conclusions.
Le tournant de 1929 et ses suites ont Il n'est sans doute pas de domaine plus
été étudiés en Angleterre par Lionel Rob- étudié par les économistes que les
bins dans l'ouvrage The great depression. variations de l'activité économique. Le
1929-1934, publié en 1934, et en France premier ouvrage consacré aux fluctua
par Bertrand Nogaro dans La crise éctions à moyen terme paraît en 1864 sous
onomique dans le monde et en France, la plume de Juglar. Les grands mouve
paru au début de 1936. Le premier adopte ments à long terme sont mis au jour par
un point de vue orthodoxe, le second un Jevons au début des années 1880,
point de vue synthétique. Haberler présente les théories existantes
en 1937. L'étude de toutes les formes de
fluctuations s'est développée, précisée et O LE POINT DE VUE ORTHODOXE
enrichie depuis un demi-siècle grâce à DE LIONEL ROBBINS (1934)
l'abondance, la diversité et l'amélioration
des statistiques ainsi qu'à l'approfondi Dans son avant-propos, L. Robbins
ssement des connaissances à leur propos. affirme vouloir donner, «en s'appuyant sur
Mais la diversité des représentations de l'économie politique qualifiée d'ortho
l'organisation, du fonctionnement et de doxe", un commentaire succinct des traits
l'évolution des activités entraîne celle des les plus remarquables de la crise et de
descriptions, des analyses et des recom ses antécédents. La guerre de 1914-1918
mandations. Celles-ci doivent alors être a bouleversé les conditions fondamental
comparées et rapprochées, car elles sont es de la demande et de l'offre, désorgan
plus souvent complémentaires qu'antagon isé le marché mondial et intensifié le
istes. C'est dans cet esprit qu'on s'att nationalisme; elle a eu des effets restrict
ifs : diminution de la libre activité écono- achera ici à présenter deux interprétations
-114 ÉCONOMISTES FACE AUX « CRISES » DE 1929 ET 1974 LES
mique, baisse de la productivité, perte de dans d'autres pays, en particulier l'All
capacité d'adaptation, rigidité accrue du emagne. En outre, le Federal Reserve Sys
marché du travail, inflation. Loin de mett tem a imposé à partir de 1927 un régime
d'argent à bon marché pour soutenir la re un terme à ces bouleversements, la
paix a amené d'autres changements : pré Grande-Bretagne, alléger la charge des
tention des vainqueurs, incapacité des États-Unis et déclencher des sorties d'or.
Si cette politique fut couronnée de succès, vaincus, désordre budgétaire, stagnation
en Grande-Bretagne, amenuisement des la situation échappa bientôt à tout
échanges. 1925 a marqué la fin du désor contrôle.
dre. Suit une période d'expansion indust La déflation qui a suivi ne relève pas
rielle et de déclin relatif de l'agriculture. d'une explication unique: les troubles
La stabilisation des monnaies s'est accom politiques, une situation économique
pagnée d'erreurs dans le choix des pari marquée par l'insuffisance des capitaux
tés, qui ont conduit à des déséquilibres en Allemagne et en Europe centrale, par
monétaires entre nations et à une mauv les différences de rendements entre pays
aise répartition mondiale de l'or. C'est et par la transformation des techniques,
vers la fin de 1928 que débute la crise, en particulier dans l'agriculture, l'atteinte
quand se ralentit le courant des prêts des à la capacité de résistance du système aux
Etats-Unis vers l'Allemagne, et au milieu chocs et aux processus de changement
de 1929 que se manifestent les indices de rapide (restriction du marché libre, rigidité
fléchissement de l'activité. La crise qui suit des salaires, nouvelle structure économiq
de 1929 à 1933 surpasse les mouvements ue), les aspects qualitatifs de l'expansion
antérieurs en ampleur et en intensité. C'est du crédit (changements dans les métho
la «grande dépression». des de financement direct, naissance d'un
Un certain nombre d'opinions ont été marché d'obligations, constitution de pools),
avancées pour expliquer la survenue de les restrictions au commerce international
cette crise: on a invoqué la baisse des (amenuisement des marchés, difficultés
prix, la surproduction dans plusieurs de transfert des dettes), le maintien du
groupes de marchés importants, la défla pouvoir d'achat du consommateur (stabil
tion entendue comme une raréfaction ité des salaires et des dividendes au détr
volontaire de la quantité de monnaie ou iment du capital, soutien d'affaires en mauv
comme un ralentissement du rythme aise situation) sont autant de causes
selon lequel la monnaie est utilisée par convergentes, qui ont conduit à un arrêt
les membres de la collectivité, ainsi que du processus de liquidation.
la pénurie d'or indiquée par la baisse des En Grande-Bretagne, la déflation a eu
prix, sa mauvaise répartition et sa stéril une influence cumulative et l'on est passé
isation. De telles explications sont pourt pendant l'été de 1931 de la dépression à
ant à ses yeux insuffisantes. Il convient la crise financière. En 1921, le problème
donc de proposer autre chose. était de savoir quelle serait la future base
La crise doit être vue comme un effon du système monétaire britannique, et la
drement simultané de la marge bénéfic seule question pratique était celle de la
iaire dans différentes catégories d'indust parité-or convenable.
ries, particulièrement celles des biens de Le retour à la parité ancienne en 1925
production (industries de base et matières marqua le début des difficultés. Son
premières). Elle trouve son origine dans niveau trop élevé affaiblit la position br
F« énorme » expansion du crédit aux États- itannique sur les marchés mondiaux.
Unis à partir de 1925. La croissance des L'équilibre a également été rompu sur le
prêts extérieurs a amené celle du crédit marché du travail (taux du salaire perçu
115- JACQUES WOLFF
trop élevé, absence de baisse alors que ments de production, qui est la substance
fléchit la demande de main-d'œuvre) ainsi même de la propriété. Il est la même
que

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