Les élections du 2 janvier 1956 en Côte d Ivoire  - article ; n°3 ; vol.6, pg 570-582
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Les élections du 2 janvier 1956 en Côte d'Ivoire - article ; n°3 ; vol.6, pg 570-582

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Description

Revue française de science politique - Année 1956 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 570-582
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 82
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Vignaud
Les élections du 2 janvier 1956 en Côte d'Ivoire
In: Revue française de science politique, 6e année, n°3, 1956. pp. 570-582.
Citer ce document / Cite this document :
Vignaud M. Les élections du 2 janvier 1956 en Côte d'Ivoire . In: Revue française de science politique, 6e année, n°3, 1956. pp.
570-582.
doi : 10.3406/rfsp.1956.402710
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1956_num_6_3_402710Elections du 2 Janvier 1956 Les
en Côte d'Ivoire
MICHEL VIGNAUD
M. Vignaud, ancien élève de l'Institut d'Etudes politiques de Paris, a mis
a profit un bref séjour en Côte d'Ivoire pour étudier les élections législatives
du 2 janvier dernier. Son texte est dépourvu d'ambition et ne prétend
apporter qu'un rapport fidèle des événements les plus remarquables, dans
l'intérêt de la science politique appliquée aux sociétés qu'il est convenu
de dire « différentes » par référence à nos modèles occidentaux. Les obser
vations faites sur les mouvements politiques et sur les hommes, sur le
jeu électoral et sur les résultats sont d'un intérêt indéniable. Elles montrent
comment interviennent, sous l'action du contexte socio-culturel africain,
ces variations de la vie politique qui ne peuvent être appréhendées valable
ment que par un recours aux techniques de la sociologie africaine et de
la science politique.
Tout un domaine de recherche, dont l'intérêt théorique et pratique ne
peut être contesté, doit être prospecté selon ces voies nouvelles. L'Association
française de Science politique a lancé une première enquête par « ques
tionnaires ». De mon côté, à l'Ecole pratique des Hautes Etudes (VIe section),
j'ai centré mon enseignement sur les problèmes politiques en même temps
que j'ai organisé une recherche d'équipe intéressant divers territoires de
l'Ouest et du Centre africains.
Ce ne sont là que les débuts de travaux qui, par les facteurs « diffé
rentiels » qu'ils font intervenir, sont capables de contribuer aux progrès
de la sociologie et de la science politiques. — Geokges Balandier.
e 2 janvier dernier, les élections législatives qui eurent lieu en
Afrique française se déroulaient pour la dernière fois au suffrage
restreint. Cependant le retentissement de ces élections dans le pays
et l'importance numérique du corps électoral ont contribué à leur donner
un caractère nouveau; l'étude qui va en être faite ici pour le territoire de
570 Les Elections en Côte d'Ivoire
la Côte d'Ivoire doit permettre de dégager quelques observations non seu
lement sur l'organisation des élections, mais aussi sur les réactions politiques
des citoyens noirs.
La portée de ces observations ne s'étend pas au delà des limites géo
graphiques du territoire. L'A.O,F., quoique peu peuplée, est d'une extrême
variété en hommes, et la Côte d'Ivoire est un territoire très individualisé.
Sa diversité géographique, son exceptionnelle richesse, la place qu'a su
s'y tailler le Rassemblement démocratique africain y créent des conditions
particulières qu'il nous faut tout d'abord évoquer.
La Côte d'Ivoire, territoire de 315.000 km* peuplé de deux millions
d'habitants environ, juxtapose le Sud forestier et le Nord, zone de savanes
plus sèches.
En forêt existent dans l'Ouest des secteurs arriérés difficilement acces
sibles où persiste une vie nomade et hasardeuse à base de cueillette et
de cultures sur brûlis. Mais dans son ensemble le pays est riche. Il s'adonne
aux d'exportation, café et cacao notamment, avec un profit variable
selon les années. Les cercles voisins d'Abidjan sont dotés d'écoles, de
pistes, de façon satisfaisante. Il n'est pas rare d'y voir des collectes spon
tanées dont le produit est porté à l'administration pour être consacré à
un travail d'utilité publique. Abidjan, « métropole » du territoire, est
aujourd'hui peuplée de 150.000 noirs. Plus de la moitié des 27.000 Euro
péens vivant en Côte d'Ivoire y est d'autre part concentrée. Une assez
faible partie de la population bénéficie d'une profession stable.
Le Nord du territoire, aussi peuplé que le Sud, est infiniment moins
touché par l'évolution économique. Comme au Soudan, la vie s'y déroule
dans le cadre de villages soigneusement clos au rythme des récoltes et
des cérémonies animistes. Les groupes ethniques sont plus vastes (plus de
40 des 60 langues parlées en Côte d'Ivoire sont de la forêt) ; mais ils
sont morcelés et n'obéissent que très rarement à des chefs communs. L'Islam
accentue ici ses progrès. Il n'y a pas encore une importance déterminante.
La vie politique s'ordonne encore très largement dans tout le territoire
autour des dirigeants traditionnels. Les chefs (parfois « rois ») ont une
autorité variable selon les régions. Très forte dans le pays Agni (cercles
d'Aboisso et d'Abengourou), elle l'est moins dans le Nord; elle est quasi
inexistante dans l'Ouest forestier. Partout leur pouvoir se dégrade et passe
à une nouvelle classe de notables, faite surtout de commerçants musulmans
dans le Nord, et de planteurs prospères dans le Sud, qui supporte mal le
maintien des hiérarchies traditionnelles.
La vie politique ivoirienne est, depuis 1945, dominée par le Rassem
blement démocratique africain. Ce parti, qui à lui seul mériterait une longue
étude, a une position absolument prépondérante en Cote d'Ivoire. Son pré-
571 .
'
Michel Vignaud
sident, M. Féïix Houphouet, est Ivoirien; la collaboration du parti avec
l'administration française est ici non seulement le dogme mais la réalité,
à l'inverse d'autres territoires. Les débuts du R.D.A. n'avaient pourtant
pas laissé présager tant de conciliation. Dominé au départ par les communi
stes, le mouvement fut l'objet d'une répression sévère en 1949-1951.
conciliation de M. Mitterrand, alors ministre de la France La volonté de
d'Outre-mer, comme celle des dirigeants R.D.A., évita la rupture et entraîna
le passage progressif de l'action révolutionnaire à une collaboration effi
cace sur le plan économique et à un véritable « immobilisme politique ».
Les adversaires du R.D.A., attaquant en ordre dispersé, arguèrent du man
que de programme du parti pour conclure à sa perte de vitesse. Cependant
le R.D.À. avait maintenu, sinon renforcé, son réseau en «brousse».
Il entendait à la veille des élections s'affirmer comme représentatif de tout
le territoire. L'étude des est celle de son succès.
LE CADRE JURIDIQUE ET MATERIEL
La dissolution de l'Assemblée nationale du 2 décembre 1955 fut en
Afrique la cause d'une grave déception : non que les Africains soient par
ticulièrement hostiles au principe de la dissolution, mais le projet de loi
portant modification des textes réglementant le droit de vote dans les
Territoires d'Outre-Mer voyait son éventuelle adoption reportée à la légis
lature suivante. Le suffrage universel, unanimement demandé, ne put être
appliqué et l'inscription sur les listes électorales resta conditionnée par
les textes organisant le suffrage restreint, textes dont la base reste la loi
du 5 octobre 1946. Néanmoins, la grande répugnance des partis politiques
et même de certains administrateurs à renoncer au résultat d'un long travail
de recensement électoral mené depuis plusieurs mois, en commun, sur
instructions ministérielles, la crainte de mécontenter l'opinion publique, le
sentiment que îe report du vote de cette loi résultait d'un quasi-accident
amenèrent le gouverneur à inviter ses administrateurs à apporter dans la
revision des listes électorales la plus grande latitude compatible avec les
textes existants.
L'interprétation de cette circulaire semble avoir été diverse selon les
cercles : car si dans certains une tendance restrictive se fit jour, tendance
d'ailleurs juridiquement inattaquable, dans d'autres au contraire le suf
frage, sans devenir à proprement parler universel, devint très large. Une
solution moyenne assez g

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