Les entreprises à taille humaine face à la demande éthique  - article ; n°1 ; vol.67, pg 59-70
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les entreprises à taille humaine face à la demande éthique - article ; n°1 ; vol.67, pg 59-70

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1994 - Volume 67 - Numéro 1 - Pages 59-70
En entrant dans l'entreprise, l'éthique s'éloigne de la morale pour devenir un principe régulateur de l'action collective. Les PME doivent se positionner par rapport à une demande éthique qui émane de la société dans son ensemble et qui s'adresse à toutes les entreprises dont le rôle s'élargit de ce fait. Mais les voies de l'éthique suivies par les petites entreprises ne sont pas nécessairement celles des grandes entreprises. Si les différences sont faibles au niveau des opérations courantes de gestion (éthique opérationnelle), elles semblent plus fortes au niveau de la prise en considération du sens de l'activité globale d'entreprise (éthique organisationnelle). Les PME accordent par ailleurs beaucoup moins d'importance à certains procédés formels de gestion de l'éthique ce qui conduit à une distinction entre éthique instituée et éthique personnelle. On conclut en constatant que le positionnement éthique des PME est vraisemblablement le plus faible au niveau de l'engagement social de l'entrepreneur.
Through a systemic approach, ethics applied to business is considered as a sort of regulating principle of collective activity, while being not identical with morals. Small and medium sized enterprises have to meet ethical requirements which emanate from society as a whole and which address large companies as well. But ethical practices of the SMEs are not necessarily the same. Differences between ethical thinking of SMEs and large companies seem to be minimal at the operational level of everyday management. Differences become more apparent at the organizational level. Moreover SMEs place considerably less importance on certain formal aspects of ethical management, thus creating a distinction between institutionalized and personalized ethics. Finally there is the fact that the ethical stand of SMEs is probably the weakest as regards the social engagement of the entrepreneurs.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Jacques Obrecht
Les entreprises à taille humaine face à la demande éthique
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 67. 1er trimestre 1994. PME-PMI et économie industrielle. pp. 59-70.
Résumé
En entrant dans l'entreprise, l'éthique s'éloigne de la morale pour devenir un principe régulateur de l'action collective. Les PME
doivent se positionner par rapport à une demande éthique qui émane de la société dans son ensemble et qui s'adresse à toutes
les entreprises dont le rôle s'élargit de ce fait. Mais les voies de l'éthique suivies par les petites entreprises ne sont pas
nécessairement celles des grandes entreprises. Si les différences sont faibles au niveau des opérations courantes de gestion
(éthique opérationnelle), elles semblent plus fortes au niveau de la prise en considération du sens de l'activité globale
d'entreprise (éthique organisationnelle). Les PME accordent par ailleurs beaucoup moins d'importance à certains procédés
formels de gestion de l'éthique ce qui conduit à une distinction entre éthique instituée et éthique personnelle. On conclut en
constatant que le positionnement éthique des PME est vraisemblablement le plus faible au niveau de l'engagement social de
l'entrepreneur.
Abstract
Through a systemic approach, ethics applied to business is considered as a sort of regulating principle of collective activity, while
being not identical with morals. Small and medium sized enterprises have to meet ethical requirements which emanate from
society as a whole and which address large companies as well. But ethical practices of the SMEs are not necessarily the same.
Differences between ethical thinking of SMEs and large companies seem to be minimal at the operational level of everyday
management. Differences become more apparent at the organizational level. Moreover SMEs place considerably less importance
on certain formal aspects of ethical management, thus creating a distinction between institutionalized and personalized ethics.
Finally there is the fact that the ethical stand of SMEs is probably the weakest as regards the social engagement of the
entrepreneurs.
Citer ce document / Cite this document :
Obrecht Jean-Jacques. Les entreprises à taille humaine face à la demande éthique . In: Revue d'économie industrielle. Vol. 67.
1er trimestre 1994. PME-PMI et économie industrielle. pp. 59-70.
doi : 10.3406/rei.1994.1506
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1994_num_67_1_1506OBRECHT Jean-Jacques
Université Robert Schuman
Institut d'Administration des Entreprises - Strasbourg
LES ENTREPRISES À TAILLE HUMAINE
FACE À LA DEMANDE ÉTHIQUE
Ala faveur de la réhabilitation de l'esprit d'entreprise, l'idée que « les consi
dérations éthiques dépassent le cadre individuel et s'imposent comme une
préoccupation majeure aux chefs d'entreprise, dans l'exercice de leur mission »
(Pecqueur, 1988, p. 92) continue à gagner du terrain. Les avancées sont toutefois
très inégales. Dans les grandes sociétés qui aspirent à l'excellence, l'éthique est
souvent l'expression volontariste d'un système de gestion des valeurs. Dans les
petites ou moyennes entreprises, elle apparaît plutôt comme le sous-produit de
leur « taille humaine » sur lequel leurs dirigeants se prononcent rarement.
L'éthique, partie comme une grosse vague des États-Unis pour se répandre
aujourd'hui en Europe, ressemble en fait à un fond de kaléidoscope. À la grande
variété de ses apparences s'ajoute le caractère incertain des fondements, si l'on
admet, avec la plupart des auteurs, que « l'éthique en affaires est sui generis, dif
férente de la morale qui régit les autres activités humaines non soumises à cette
dernière » (Bergmann, 1989, p. 1 1 17). Mais on peut supposer que l'entrée de l'éth
ique en entreprise correspond à la nécessité de disposer d'un principe régulateur
de l'action collective, là où les enjeux d'une situation à laquelle participent une
pluralité d'acteurs ne sont pas limités à l'individu. « Respecter une certaine éthi
que en affaires revient à attribuer des valeurs aux diverses conséquences des acti
vités économiques et à établir des priorités entre elles... Ainsi comprise, l'éthique
en gestion ne consiste pas en un canon mais en un processus : celui d'une réflexion
continue sur les conséquences multiples des actions » (Bergmann, 1989, p. 1118).
Appliquée à l'entreprise, l'analyse éthique est envisagée comme un « questionne
ment permanent » qui consiste « à examiner les conséquences des actions de l'entre
prise pour les intérêts ou les valeurs des divers intervenants que ces actions affec
tent » (Pasquero, 1989, p. 100).
L'éthique des affaires, dans cette conception élargie, recouvre les différentes
catégories éthiques que dans la terminologie anglo-saxonne on désigne habituell
ement par « business ethics », « corporate social responsability » et « corporate
social responsiveness ». Mais elle propose en plus un fondement commun en situant
les décisions de gestion dans le champ des valeurs et, de ce fait, elle se trouve socia
lement justifiée par la demande éthique qui se dégage de la société contemporaine.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 67, Ie' trimestre 1994 59 représentation qu'on peut avoir de l'éthique telle qu'est perçue et pratiquée La
dans les « entreprises à taille humaine » se traduit cependant dans le kaléidoscope
par une image aux contours imprécis. L'influence possible de la taille des entre
prises sur l'importance qu'elles accordent à l'éthique, n'avait pas tellement été prise
en considération dans les débats qui, ces dernières années, ont accompagné la vague
éthique. Aux dires des chercheurs spécialisés, il s'agirait d'un « domaine en grande
partie inexploré » (Longenecker, McKinney & Moore, 1989, p. 28).
Notre contribution à l'exploration portera d'abord sur la question préalable de
savoir pourquoi les PME devraient avoir un positionnement éthique. Sur la base
des résultats des recherches les plus récentes dont nous disposons, elle se poursui
vra ensuite avec l'examen des voies éthiques qui semblent suivies par les PME.
On essayera à cette occasion une nouvelle typologie.
I. — LE POSITIONNEMENT DES PME PAR RAPPORT À L'ÉTHIQUE
Dans la littérature portant sur les relations entre taille de l'entreprise et com
portement de la firme ou attitudes du personnel, on trouve toutes sortes d'argu
ments contradictoires selon lesquels les petites entreprises auraient un comporte
ment plus éthique ou moins éthique que celui des grandes entreprises (Harvey,
Luijk, Corbetta, 1991, p. 104). Les rapports entre éthique et PME apparaissent
dès lors comme équivoques.
L'équivoque ne peut être levée que par la mise en perspective systémique des
relations de l'entreprise avec l'éthique. Le positionnement éthique des PME appar
aîtra alors dans un contexte où ces entreprises se trouvent confrontées à de nou
veaux enjeux de société.
1. L'équivoque des rapports entre éthique et PME
Les opinions quant aux effets éthiques de la taille de l'entreprise diffèrent d'une
manière significative, comme le souligne de son côté une étude de l'Institut d'Étu
des Économiques pour les petites et moyennes entreprises de Zoetermeer (EIM
1990, pp. 19 à 20).
D'après l'un de ces courants d'opinions, qui se situe dans le droit fil du « small
is beautiful », l'éthique individuelle de l'entrepreneur est dans les PME un fac
teur déterminant de l'éthique d'entreprise plus important que dans les grandes fi
rmes. La dimension humaine de l'entreprise aurait plus de chances d'induire un
comportement responsable. L'implication personnelle de l'entrepreneur qui se sent
responsable à titre individuel peut aussi entraîner une reconnaissance plus rapide
d'autres domaines de responsabilité, en dehors des questions strictement écono
miques, comme par exemple les problèmes d'environnement.
D'après une opinion divergente, l'étendue du comportement éthique est plus
limitée dans les PME que dans les grandes entreprises. L'influence du comporte
ment éthique des peut toutefois avoir un effet plus direct sur

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents