Les entreprises sidérurgiques sous l Occupation - article ; n°3 ; vol.11, pg 397-414
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les entreprises sidérurgiques sous l'Occupation - article ; n°3 ; vol.11, pg 397-414

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 1992 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 397-414
Résumé La sidérurgie française ayant été massivement spoliée par l'Allemagne, la guerre n'a pas été une bonne affaire pour cette industrie, hormis dans le Nord. De surcroît, Vichy a peu apporté à la sidérurgie, dont les institutions économiques ont alourdi le fonctionnement de la branche : l'accueil mitigé, voire hostile, fait aux réformes de l'État français, s'explique ainsi, d'autant plus que, face à l'Allemagne, ce dernier a mal défendu les intérêts de la sidérurgie.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Mioche
Les entreprises sidérurgiques sous l'Occupation
In: Histoire, économie et société. 1992, 11e année, n°3. pp. 397-414.
Résumé La sidérurgie française ayant été massivement spoliée par l'Allemagne, la guerre n'a pas été une bonne affaire pour
cette industrie, hormis dans le Nord. De surcroît, Vichy a peu apporté à la sidérurgie, dont les institutions économiques ont
alourdi le fonctionnement de la branche : l'accueil mitigé, voire hostile, fait aux réformes de l'État français, s'explique ainsi,
d'autant plus que, face à l'Allemagne, ce dernier a mal défendu les intérêts de la sidérurgie.
Citer ce document / Cite this document :
Mioche Philippe. Les entreprises sidérurgiques sous l'Occupation. In: Histoire, économie et société. 1992, 11e année, n°3. pp.
397-414.
doi : 10.3406/hes.1992.1640
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1992_num_11_3_1640LES ENTREPRISES SIDÉRURGIQUES
SOUS L'OCCUPATION
par Philippe MIOCHE
Résumé
La sidérurgie française ayant été massivement spoliée par l'Allemagne, la guerre n'a pas été une
bonne affaire pour cette industrie, hormis dans le Nord. De surcroît, Vichy a peu apporté à la
sidérurgie, dont les institutions économiques ont alourdi le fonctionnement de la branche : l'accueil
mitigé, voire hostile, fait aux réformes de l'Etat français, s'explique ainsi, d'autant plus que, face à
l'Allemagne, ce dernier a mal défendu les intérêts de la sidérurgie.
Abstract
As the French iron ans steel industry suffered massive depradations, at the hands of Germany, the
war turned out anything but profitable for that sector, if one excepts the North of France.
Furthermore, Vichy did little for iron and steel, its economic institutions hampering that sectors
operations : the unenthusiastic, or even downright hostile, reception of the reforms profounded by the
Vichy Etat français may be traced to this, compounded by Vichy's poor record, as regards the defence
of French iron and steel interests, against German inroads.
Nous proposons de répondre de façon globalement négative à trois questions
formulées de façon abrupte : l'occupation a-t-elle été une bonne affaire pour les mar
chands de canon ; les sidérurgistes ont-ils aimé Vichy ; Vichy a-t-il protégé la sidérur
gie?
La sidérurgie, une industrie spoliée mais laborieuse
En 1940-1941, la «sidérurgie», en l'occurrence le Comité des forges, est accusée
d'être pro-britannique et responsable de la guerre par la propagande nazie1 et elle est
soupçonnée de malthusianisme par Vichy, donc d'avoir sa part dans la défaite. La l
ogomachie anticapitaliste du Troisième Reich n'est pas notre sujet ; quant à la seconde
accusation, elle tourne court provisoirement en 1941. En décembre 1940, par
l'intermédiaire du ministère de la Production industrielle, le Maréchal Pétain demande
à François de Wendel - l'ex président du Comité des forges- de lui adresser en ré
ponse à certaines allégations, des indications courtes mais précises sur les améliorat
ions techniques et sociales apportées depuis 1919 aux usines et mines de fer de Lorr
aine2. Il reçoit une note de 40 pages démontrant - en substance - que les sidérurgistes
français ont beaucoup investi en Lorraine et qu'ils ont considérablement amélioré la 398 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
situation sociale des travailleurs. Cette réponse satisfait pleinement le tout nouveau
Directeur de la sidérurgie, Henri Coqueugnot, qui dirigeait encore quelques mois au
paravant l'usine d'Hagondange de l'UCMPI. L'ensemble (des informations adressées
par de Wendel) montre bien ce que valent les accusations d'incurie qui ont été formul
ées il y a quelques mois contre la sidérurgie française de Moselle 3. Cette correspon
dance est évidemment biaisée, comme si F. de Wendel pouvait répondre autrement
qu'il ne le fait à la question :avez vous été malthusien ? L'analyse du blocage - réel -
des investissements sidérurgiques pendant l'entre deux guerres ne saurait être
commentée par les acteurs. Entre la question posée innocemment ou non par le
Maréchal Pétain et la réponse, il y a l'intermédiaire des fonctionnaires-techniciens (J.
Bichelonne, H. Coquegnot) qui, issus du sérail, ne peuvent se désolidariser de la
gestion sidérurgique antérieure sans se renier eux-mêmes.
Les accusations portées contre les sidérurgistes, à la fois responsables de la dé
faite et profiteurs de guerre, ont connu un nouvel élan - vite étouffé - à la Libération, et
on peut encore en découvrir quelques traces de nos jours4. Tant il est vrai que tous les
mythes de la métallurgie, formalisés ou non, font preuve d'une extraordinaire longév
ité5.
Ces discours et ces pensées font l'impasse sur le fait que la sidérurgie française a
été massivement spoliée par l'occupant. Sans entrer ici dans les détails6, précisons que
cette spoliation a pris plusieurs formes : dépossession totale et «définitive» des usines
de la zone annexée, assortie d'interdiction de séjour pour les patrons et l'encadrement
supérieur ; séquestre provisoire pour la Meurthe et Moselle sud.
Dès juillet 1940, contrôle pointilleux par diverses administrations occupantes sur
l'ensemble de la zone occupée, plus quelques usines sensibles de la zone sud (le
Creusot, Imphy) jusqu'en 1943 et contrôle total sur la sidérurgie française ensuite. En
fait, dès avant les accords Speer Bichelonne, les pressions et les contrôles allemands
sur la sidérurgie de la zone sud sont considérables, soit sur le mode indirect, par les
commandes, soit directement par des visites et des enquêtes7. En effet, la sidérurgie et
la mécanique du Centre-Midi sont spécialisées dans la fabrication d'armement et elles
sont placées sous la surveillance de la Commission d'armistice.
Ainsi, la commission de contrôle Riistung de Clermont-Ferrand découvre par ha
sard en juin 1942 que l'usine de Saint Chamond (Marine et Homécourt) est en train de
fabriquer des tubes et elle repère un stock d'ébauchés8. Pour les Allemands il s'agit là
de pièces pour des canons anti-chars et pour la DCA. Pas du tout, rétorque la direction
de l'usine, ce sont des commandes de «cylindres» adressées par le bureau DAVUM de
Zurich en août 1941. L'affaire remonte à la commission d'armistice de Weisbaden qui
enquête auprès de DAVUM en Suisse. Le Directeur de la société D A VUM a qui fut
présenté le dessin montrant la forme des tubes à canon fit observer que seules des
pièces de forme cylindrique avaient été commandées. Il ignorait totalement que la
commande avait été passée pour une forme ayant une ressemblance avec les tubes à
canon 9. Les Allemands n'apprécient pas du tout ces explications et le général Vogl LES ENTREPRISES SIDÉRURGIQUES SOUS L'OCCUPATION 399
considère que c'est une infraction à l'armistice dont le gouvernement français est en
définitive responsable. En guise de punition, il exige que les 200 tubes environ qui
restent encore soient livrés, à titre gratuit, à l'Allemagne. La longue enquête (des di
zaines de pages techniques sur la forme des tubes) trouve là une conclusion prévisible.
Cet épisode montre qu'une entreprise sidérurgique du Centre-Midi dispose encore
en 194 1- 1942 d'une autonomie relative. Elle a pu honorer au moins partiellement une
commande militaire en provenance d'un pays neutre. La situation est exceptionnelle
car les exportations françaises hors Allemagne ou pays dépendants pendant la guerre
sont quasiment inexistantes. Mais cette autonomie est limitée par les contrôles all
emands. Dans ce cas, les représentants français à Weisbaden ont défendu la société
concernée en utilisant des arguties laborieuses dont la mauvaise foi ne cache pas la
bonne volonté patriotique. L'exemple montre aussi que sur ces questions des relations
économiques pendant la guerre, la recherche doit encore apporter de nombreuses r
éponses : peut-on retrouver d'autres situations de ce genre, que sont devenus les tubes
en question, qui est le commanditaire final en Suisse (peut-on exclure qu'il s'agisse
d'une entreprise allemande ?).
Enfin,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents