Les Français de la Volga - article ; n°3 ; vol.39, pg 283-296
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Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 3 - Pages 283-296
Vladislav Ržeucku, The French in the Volga region: the Russian policy on migration during the 1760s and the establishment of French-speaking communities in Saint Petersburg and Moscow. The question of recruiting French settlers for Russia has not ever received the same attention as the influxes of French immigrants who populated the foreign communities of Saint Petersburg and Moscow. However, these French immigrants are often the same as those who came with the stream of German-speaking settlers destined for agricultural labor in the Volga region and who decided to establish themselves in the two capital cities, either upon their arrival, or by slipping away before reaching the Volga region, or after having known the difficulties of life in the settlements. They are largely responsible for the rapid growth of the French colony in Moscow during the years 1760-1770. A comparison of several lists of settlers, most of which have not been studied until recently, shows that this end result of the colonization campaign was in keeping with what usually happened in the case of French settlers. Given their cultural level, they frequently had already lost the habit of agricultural work at the time of their departure for Russia and most of them had been migrants for a great part of their lives. All these factors predetermined the most important collective migration of French settlers from the Volga region to the capitals, around the year 177S.
Vladislav Ržeucku, Les Français de la Volga : la politique migratoire russe des années 1760 et la formation des communautés francophones à Saint-Pétersbourg et à Moscou. La question du recrutement des colons français pour la Russie n'a pas été mise jusqu'à présent sur le même plan que les vagues de l'émigration française qui ont peuplé les communautés étrangères de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Ce sont pourtant ces Français qui, dans le flot des colons germanophones devant se consacrer aux travaux agricoles dans la région de la Volga, ont décidé de s'installer dans les capitales, soit dès leur arrivée, soit en s'esquivant avant de gagner la Volga, soit après avoir connu les difficultés de la vie dans les colonies. C'est en grande partie grâce à eux que la colonie française de Moscou crût rapidement dans les années 1760-1770. La comparaison de plusieurs listes de colons, dont la plupart n'ont pas été exploitées jusqu'à maintenant, montre qu'un tel dénouement de la campagne de colonisation fut conforme à ce qui se passait habituellement pour les Français. Compte tenu de leur capital culturel, ils avaient déjà souvent perdu au moment de leur départ pour la Russie l'habitude du travail agricole et la plupart d'entre eux avaient été emigrants durant une grande partie de leur vie. Tout cela prédétermina la plus importante migration collective des colons français de la région de la Volga vers les capitales aux environs de 1775.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vladislav Ržeuckij
Les Français de la Volga
In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 39 N°3. pp. 283-296.
Citer ce document / Cite this document :
Ržeuckij Vladislav. Les Français de la Volga. In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États
indépendants. Vol. 39 N°3. pp. 283-296.
doi : 10.3406/cmr.1998.2525
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_1252-6576_1998_num_39_3_2525Abstract
Vladislav Ržeucku, The French in the Volga region: the Russian policy on migration during the 1760s
and the establishment of French-speaking communities in Saint Petersburg and Moscow. The question
of recruiting French settlers for Russia has not ever received the same attention as the influxes of
French immigrants who populated the foreign communities of Saint Petersburg and Moscow. However,
these French immigrants are often the same as those who came with the stream of German-speaking
settlers destined for agricultural labor in the Volga region and who decided to establish themselves in
the two capital cities, either upon their arrival, or by slipping away before reaching the Volga region, or
after having known the difficulties of life in the settlements. They are largely responsible for the rapid
growth of the French colony in Moscow during the years 1760-1770. A comparison of several lists of
settlers, most of which have not been studied until recently, shows that this end result of the colonization
campaign was in keeping with what usually happened in the case of French settlers. Given their cultural
level, they frequently had already lost the habit of agricultural work at the time of their departure for
Russia and most of them had been migrants for a great part of their lives. All these factors
predetermined the most important collective migration of French settlers from the Volga region to the
capitals, around the year 177S.
Résumé
Vladislav Ržeucku, Les Français de la Volga : la politique migratoire russe des années 1760 et la
formation des communautés francophones à Saint-Pétersbourg et à Moscou. La question du
recrutement des colons français pour la Russie n'a pas été mise jusqu'à présent sur le même plan que
les vagues de l'émigration française qui ont peuplé les communautés étrangères de Saint-Pétersbourg
et de Moscou. Ce sont pourtant ces Français qui, dans le flot des colons germanophones devant se
consacrer aux travaux agricoles dans la région de la Volga, ont décidé de s'installer dans les capitales,
soit dès leur arrivée, soit en s'esquivant avant de gagner la Volga, soit après avoir connu les difficultés
de la vie dans les colonies. C'est en grande partie grâce à eux que la colonie française de Moscou crût
rapidement dans les années 1760-1770. La comparaison de plusieurs listes de colons, dont la plupart
n'ont pas été exploitées jusqu'à maintenant, montre qu'un tel dénouement de la campagne de
colonisation fut conforme à ce qui se passait habituellement pour les Français. Compte tenu de leur
capital culturel, ils avaient déjà souvent perdu au moment de leur départ pour la Russie l'habitude du
travail agricole et la plupart d'entre eux avaient été emigrants durant une grande partie de leur vie. Tout
cela prédétermina la plus importante migration collective des colons français de la région de la Volga
vers les capitales aux environs de 1775.VLADISLAV RŽEUCKD
LES FRANÇAIS DE LA VOLGA
La politique migratoire russe des années 1760
et la formation des communautés francophones
à Saint-Pétersbourg et à Moscou
Peut-on organiser une émigration ? Au XVIIIe siècle ce fut chose courante.
Mais y eut-il des entreprises de ce genre qui justifièrent les espérances de leurs
auteurs et qui atteignirent les objectifs préconisés ? Le gouvernement russe cher
cha, dès 1762-1763, à faire venir des pays d'Europe des colons, d'origine rurale
de préférence, afin de contribuer au peuplement de territoires vides, notamment
dans la région de la Volga. Mais, paradoxalement, cette politique contribua à la
formation de colonies étrangères dans les deux capitales russes et eut des effets
importants pour les communautés francophones de ces villes. C'est pourquoi il
importe d'étudier l'origine, les lieux de résidence, l'expérience professionnelle,
familiale, psychologique, bref, le capital culturel que ces Français apportèrent
dans les communautés francophones de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Dans
cette publication nous voudrions jeter un nouvel éclairage sur cette question en
nous fondant avant tout sur la comparaison de plusieurs listes inédites et — sauf
une — encore inexploitées1. Elle poursuit une recherche abordée dans un article
précédent consacré à la communauté francophone de Moscou sous le règne de
Catherine II2.
G. Pisarevskij écrivait que l'émigration en Russie au début du règne de П était rurale par ses objectifs mêmes3. Cette opinion était contestée par
A. Kizevetter et P. Šafranov, qui citaient les quelques exemples d'établissements
urbains subventionnés par le gouvernement — tous connus de la science histo
rique à l'époque, admettait P. Safranov4. Or, tout en soulignant le caractère rural
de la vague migratoire. G. Pisarevskij convenait que parmi les colons des « repré
sentants du prolétariat urbain n'étaient pas rares », et c'est à cette dernière particul
arité qu'il imputait le nombre élevé de colons reconnus en 1769 inaptes à l'agri
culture (6.7 % parmi ceux de la couronne, 1 2 % parmi les colons « levés » par des
recruteurs)5. Mais Pisarevskij n'indiquait pas si le « prolétariat urbain » était plus
ou moins nombreux selon qu'il s'agissait des Français ou des germanophones. Le
sort des Français ne l'intéressait pas particulièrement, ces derniers n'étant qu'une
poignée sur les rives de la Volga.
Cahiers du Monde russe. 39(3). juillet-septembre 1998. pp. 283-296. VLADISLAV RŽEUCKU 284
L'académicien V. Šišmarev, passionné par la recherche des traces de l'émi
gration « romane » en Russie, a évoqué le document bien connu des Archives de
la Bastille intitulé Observations sur la levée des colonies russes et l'émigration
des familles françaises (par la suite appelé Observations...)6, mais il n'en a pas
tiré de conclusion sur la composition du groupe français recruté pour la Russie7. Il
n'a pas comparé non plus la part française et allemande de cette émigration. Mais
il a analysé la liste des colons français de 17678 et il en a conclu que les Français
véritables n'étaient pas nombreux dans les colonies de la Volga — à peine
70 familles et célibataires — dont la moitié étaient laboureurs et les autres art
isans. Mais, selon Šišmarev, c'étaient des artisans ruraux (« remeslenniki kresťan-
skogo tipa ») qui avaient seulement perdu l'habitude de la terre mais n'étaient pas
à proprement parler inaptes à l'agriculture9. En comparant l'origine géographique
des Français d'après les listes dont il disposait avec les données des Observat
ions..., Šišmarev relève un décalage très important. D'un côté, les uns viennent
de Г Ile-de-France, de l'Orléanais, du Berry, de Picardie, d'Artois, de Champ
agne, de Lorraine, de Bourgogne, d'Alsace et de Franche-Comté, etc., de l'autre
la plupart des colons « français » (c'est Šišmarev qui met entre guillemets) pro
viennent d'Alsace et de Lorraine. Et de conclure que cette divergence
s'explique par l'abondance des germanophones, cachés sous la dénomination de
« Français », « sujets français » dans les Observations... des Archives de la
Bastille10.
Il revint à Roger Bartlett de montrer les causes du revirement survenu dans la
politique migratoire en Russie quand l'accent n'était plus mis sur le savoir-faire
des étrangers mais sur la population des espaces inhabités de l'Empire1 '. Il a
aussi relevé une contradiction certaine entre les objectifs de l'immigration et le
capital culturel d'une partie des immigrants12. En effet, c'est en 1775 que la cou
ronne, après le « tri » organisé dans les colonies de la Volga, reconnut que
1 755 colons étaient inaptes à l'agriculture. 529 d'entre eux reçurent finalement
des passeports leur permettant de se choisir un autre mode de vie et un nouveau
domicile, y compris dans les villes. Et la plupart des 3(X

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