Les laboratoires d anatomie et de botanique à l Académie des Sciences au XVIIe siècle - article ; n°2 ; vol.17, pg 97-114
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Les laboratoires d'anatomie et de botanique à l'Académie des Sciences au XVIIe siècle - article ; n°2 ; vol.17, pg 97-114

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1964 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 97-114
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Schiller.
Les laboratoires d'anatomie et de botanique à l'Académie des
Sciences au XVIIe siècle
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1964, Tome 17 n°2. pp. 97-114.
Citer ce document / Cite this document :
Schiller. Joseph. Les laboratoires d'anatomie et de botanique à l'Académie des Sciences au XVIIe siècle. In: Revue d'histoire
des sciences et de leurs applications. 1964, Tome 17 n°2. pp. 97-114.
doi : 10.3406/rhs.1964.2321
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1964_num_17_2_2321Les laboratoires ďanatomie et de botanique
à l'Académie des Sciences au XVIIe siècle
Les circonstances qui ont entouré la fondation de l'Académie
des Sciences restent en grande partie inconnues (1). Quelques
historiens parmi ceux qui ont étudié cette période, se sont attachés
à préciser le rôle que les différents personnages de l'entourage de
Colbert, et qui participaient activement au mouvement intellec
tuel de l'époque, ont pu jouer (2). L'étude de leur vie et de leur
correspondance a fourni des données essentielles.
Cette méthode présente l'inconvénient de laisser la porte ouverte
aux interprétations psychologiques, voire politiques, selon lesquelles
la vanité d'un roi, les intrigues de coulisses ou l'esprit de rivalité
entre la France et l'Angleterre auraient été les facteurs détermi
nants. Leur rôle est indéniable, mais ce genre de considérations
risque de laisser dans l'ombre des facteurs importants en l'absence
desquels aucune Académie des Sciences n'eût été concevable.
D'autres historiens se sont attachés à mettre en relief l'impor
tance des idées scientifiques de l'époque d'après l'œuvre de savants
éminents. Ils ont oublié qu'il fallait faire un choix parmi les travaux
procédant de ces idées, tous n'étant pas d'une valeur égale. De
même, ils ont négligé de rechercher les rapports existant entre
les idées, leur origine matérielle et les moyens techniques de leur
réalisation. Or, sans cette liaison, les idées restent du domaine de
la métaphysique et cessent de s'intégrer dans un cadre historique
significatif. Telle est, par exemple, l'interprétation donnée aux
(1) L'étude ci-jointe a été préparée dans le cadre du séminaire d'Histoire des Sciences
de R. Taton (VIe Section de l'École pratique des Hautes Études).
(2) Brown (Harcourt), Scientific Organization in Seventeenth Century France (1620-
1680), Baltimore, Williams and VVilkins, 1934. — George (Albert J.), The Genesis of
the Académie des Sciences (Annals of Science, vol. Ill, 1938, p. 398).
T. XVII. — 1964 7 98 revue d'histoire des sciences
idées scientifiques de Claude Perrault (1) dont l'œuvre sur la géné
ration n'est pas interchangeable avec son œuvre d'anatomie,
autrement plus représentative de la pensée scientifique de son
temps. Son contemporain Dionis dira que l'anatomie est « la plus
certaine de toutes les parties de la médecine » (2). Cette œuvre
d'anatomie prend toute sa signification à la lumière des décou
vertes de Harvey et de celles de Pecquet, son proche collaborateur.
Cela ressort aussi de la lecture du programme de travail proposé
par Perrault à l'Académie (3) et dont les principes seront réitérés
et amplifiés par lui et par Pecquet les années suivantes (4).
Le rapprochement entre les idées et leur mise en pratique,
entre « l'observation active et le raisonnement », est la voie métho
dologique que Perrault préconise et dont le résultat immédiat sera
le choix que fera l'Académie de « l'Histoire des Plantes et celle des
Animaux » ... « pour principaux sujets d'Exercices Physiques » (5).
Ces travaux rempliront les activités d'une partie importante des
membres de la Compagnie pendant la première période de son
existence (1666-1699).
A côté des individus et de leurs idées il y eut des facteurs d'ordre
général : sociaux, économiques et techniques qui contribuèrent à
faire de la création d'une Académie des Sciences une nécessité.
C'est cette nécessité qu'exprime Fontenelle : « La France devait
par toutes sortes de titres avoir une Académie des Sciences, et
déjà cette Compagnie y naissait d'elle-même comme dans un
terroir naturellement bien disposé » (6). Il marque la nouvelle
signification historique du progrès des sciences : « Enfin le renou
vellement de la vraie Philosophie a rendu les Académies de Mathé
matiques et de Physique... nécessaires... ».
Aux facteurs généraux s'en ajoutent d'autres d'un caractère
(1) Tenenti (Alberto), Claude Perrault et la pensée scientifique française dans la
seconde moitié du xvne siècle (L'éventail de l'histoire vivante, Hommage à Lucien Febvre,
Paris, 1953, vol. II, pp. 303-316). — Barchilon (J.), Les frères Perrault à travers la corre
spondance et les œuvres de Christian Huygens (XVIIe siècle, 1962, n° 56, pp. 19-36).
(2) Dionis (Pierre), L'anatomie de l'homme suivant la circulation du sang, 3e éd.,
Paris, Laurent d'Houry, 1698. Préface (non paginée).
(3) Registres manuscrits de l'Académie royale des Sciences, 1667 (15 janvier) :
Perrault, Projet pour les expériences et observations anatomiques, f° 200-22.
(4) Registres manuscrits, 1668 (26 mai), f° 27 ; 1669 (23 nov.), f° 180, (30 nov.), f° 183.
(5) Fontenelle, Histoire de l'Académie royale des Sciences, T. I, Depuis son établi
ssement en 1666 jusqu'à 1686, Paris, Gabriel Martin, J.-B. Coignard fils, Hippolyte-
Louis Guérin, 1733, p. 20.
(6) Ibid., p. 5. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES AU XVIIe SIÈCLE 99 LABORATOIRES
plus spécial. Ils se rapportent aux conditions mêmes du travail
scientifique de l'époque. Le rythme des découvertes et de leurs
applications possibles imposait des moyens de communication
plus rapides que ne l'était l'échange de lettres d'informations entre
savants, si courant jusqu'au milieu du xvne siècle, et dont la
Correspondance de Mersenne est le meilleur exemple. Ce nouveau
besoin s'est concrétisé en l'apparition de publications périodiques
comme le Journal des Sçavans et les Philosophical Transactions
qui permettaient, en même temps, une information rapide et une
diffusion plus large. C'est vraisemblablement au xvne siècle qu'il
faut chercher les racines du problème moderne de l'information
scientifique et de sa communication.
Dans un travail précieux à plus d'un titre, Bigourdan étudia
l'ordre chronologique dans lequel ont été créées les académies qui
ont précédé la fondation de l'Académie des Sciences (1). Il trace
la filiation de celle-ci à travers les Académies Mersenne, Montmor
et Thévenot, filiation que Fontenelle avait déjà reconnue (2).
Le facteur le plus important fut l'introduction de la méthode
expérimentale appelée à résoudre les problèmes de l'époque. Elle
emprunta la voie ouverte par Galilée pour les sciences en général,
et par Harvey pour les sciences de la vie en particulier. Au lieu
de spéculer et de créer des systèmes, il fallait démontrer à l'aide
de faits. Au rôle essentiel de l'idée se substitua celui de la preuve
matérielle. Or, pour prouver, il fallait créer des conditions nouvelles
de travail, et, par conséquent, des laboratoires.
Le rôle essentiel que l'on commençait à attribuer au travail de
laboratoire est révélée par plusieurs témoignages.
Sorbière, alors qu'il remplissait les fonctions de secrétaire de
l'Académie Montmor, avait prononcé un discours pour montrer
que l'on pouvait trouver l'une des raisons du mauvais fonctionne
ment de cette académie dans les disputes entre discoureurs et
expérimentateurs. Le même écho retentit dans une lettre de
Chapelain à Huet lorsqu'il décrie les « Descartistes, ces dogmatiques
si opiniâtres » (3). Dans une autre lettre adressée à Huygens, il
(1) Bigourdan (G.), Les premières sociétés savantes de Paris au xvne siècle et les
origines de l'Académie des Sciences (Comptes rendus Ac. Se, t. 164, 1917, pp. 129-134,
159-162, 216-220).
(2) Fontenelle, op. cit., p. 4.

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