Les Lettres de Dettonville offertes à Jean-Baptiste Colbert - article ; n°3 ; vol.15, pg 351-365
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1962 - Volume 15 - Numéro 3 - Pages 351-365
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Lucien Scheler
Les Lettres de Dettonville offertes à Jean-Baptiste Colbert
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1962, Tome 15 n°3-4. pp. 351-365.
Citer ce document / Cite this document :
Scheler Lucien. Les Lettres de Dettonville offertes à Jean-Baptiste Colbert. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1962, Tome 15 n°3-4. pp. 351-365.
doi : 10.3406/rhs.1962.4433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1962_num_15_3_4433Les Lettres de Dettonville
offertes à Jean-Baptiste Colbert
Esprit, pourrait-on dire chargé d'activité radiante, tel s'affirme
Biaise Pascal, aérolithe pré-rimbaldien dont la brève et fulgurante
apparition ne cessera, dans les domaines les plus divers, d'exercer
son influence tant qu'il y aura — comme dit le moraliste — des
hommes et qui pensent. Théologiens en exercice, laïcs croyants et
incroyants, géomètres et physiciens, écrivains, philosophes, psychan
alystes, tous ceux qu'un jour a malmenés le doute, peu ou prou,
d'une ou d'autre façon, doivent à Pascal une part d'eux-mêmes.
Mais la sensibilisation d'un univers qui, largement, déborde les
limites de l'intellect, se double — évidente réversibilité du don —
d'une vive attraction, comme si ce génie agissait tel un aimant
irrésistible ; — enclin au tourment métaphysique, ce génie dont les
contradictions humanisent la rigueur et qui, cependant sans
défaillir, maintient sa démarche dans une aura supérieure Aussi,
déterminée par lui, l'emprise qu'il exerce, si exigeante qu'elle soit,
ne connaît pas le faux-semblant ; néanmoins, comme toute passion,
elle s'est révélée maintes fois exclusive !
Des plus transcendants aux plus modestes, ceci est vrai sur bien
des plans. Que l'on se souvienne — exemple plus important
peut-être qu'il ne semblerait de prime abord — de ces intellectuels,
savants et littérateurs, qui se sont attachés à rassembler, avec une
ferveur rarement égalée, tout ce qui pouvait, tableaux, livres et
autres souvenirs, le mieux évoquer à leur gré un être de prédilec
tion, que l'on se souvienne de ces pascaliens qui, sans autre vocation,
sont devenus des bibliophiles intransigeants et d'une espèce bien
particulière, leur collection se limitant strictement aux œuvres-
de l'auteur des Pensées, aux recueils d'apologétique ou de contro
verse s'y rapportant et aux écrits de ses proches et de ses amis,,
parmi lesquels, en bonne place, se tiennent MM. de Port-Royal.
Cette activité bibliophilique ne doit pas être mésestimée : taxée
trop aisément de fétichiste et en dépit d'une apparence accessoire,. 352 revue d'histoire des sciences
elle a, dans maintes disciplines, permis tant au point de vue histo
rique, scientifique que psychologique, de faire d'heureuses découv
ertes, de même qu'elle a contribué à la conservation de documents
qui, sans elle, auraient été depuis longtemps perdus.
Dans le domaine bibliophilique relativement restreint, mais
combien attachant, qui concerne Pascal, il faut accorder la première
place à l'un des anciens directeurs de la Salpêtrière du nom de
Basse. La collection des œuvres de Pascal rassemblée par cet
amateur, qu'il mit quarante ans à parfaire, est d'une
grande importance. Elle comporte 214 numéros, dont
137 exemplaires des Lettres Provinciales en éditions diverses. Elle
fut mise en vente en 1878, après la mort du collectionneur (1).
Basse avait comparé soixante exemplaires des éditions originales
des Lettres Provinciales et relevé un état exact des variantes du
texte en décrivant les multiples tirages de ces publications clan
destines dont, jusqu'alors, les avatars étaient restés peu connus. Le
manuscrit de ces variantes établi par lui et relié à la suite des
dix-huit Lettres, publiées en 1656-1657 dans le format in-4°, est
actuellement à la disposition des travailleurs au British Museum,
qui en fit l'acquisition à la fin du siècle dernier.
Chacun sait combien Maurice Barrés s'intéressa à Pascal, et plus
d'un critique a montré qu'une sensibilité de même nature animait
ces deux tempéraments ; on sait également que l'auteur de La
colline inspirée a publié une étude, L'angoisse de Pascal (2), qui
est à la fois une analyse et un commentaire de la célèbre prose
connue sous le nom de Mémorial. Rien ne destinait Maurice Barrés
à être ce que l'on appelle un bibliophile — sa « librairie » se compos
ait en majeure partie d'ouvrages dits de travail ou de lecture — mais
l'on ignore peut-être l'engouement qu'il manifesta à collectionner
— reflet d'une ferveur et d'un culte particuliers — un nombre
limité, mais infiniment précieux, de textes pascaliens dans leurs
éditions originales, dont quelques-unes d'une insigne rareté. Auprès
des Lettres Provinciales, des Pensées et du Traité de V équilibre des
liqueurs, que plus d'un amateur peut espérer acquérir, se voyaient
le Traité du Triangle arithmétique de 1665 (3), ouvrage celui-là
(1) Monographie des éditions des Lettres Provinciales par Biaise Pascal ou catalogue
raisonné d'une collection des Lettres Provinciales formé par feu M. J.-H. Basse, Paris,
Téchener, 1878, in-8° de 72 p.
(2) Paris, Dorbon aîné, 1910, in-4°.
(3) Exemplaire ayant antérieurement appartenu à J.-H. Basse, n° 159 de son catalogue . « LETTRES DE DETTONVILLE » OFFERTES A JEAN-BAPTISTE COLBERT 353
déjà peu commun, et — réservés aux happy few — trois exemplaires
différemment composés des Lettres de A. Dettonville, ces fameuses
épîtres scientifiques que Pascal fit, en 1658-1659, imprimer à
tirage restreint. C'est également Barrés qui posséda longtemps le
seul portrait authentique de Pascal, la sanguine exécutée par
Domat dont la Bibliothèque Nationale est devenue depuis peu
détentrice.
L'exemplaire le plus remarquable des Lettres de Dettonville,
provenant de Maurice Barrés, figure aujourd'hui dans la collection
d'un autre amateur de Pascal, M. P... dont la passion ne le cède
en rien à celle de son prédécesseur. CPest avec son aimable accord
et aussi sa collaboration effective que le présent article a été rédigé.
Mais avant de donner une description détaillée de ces Lettres de
Dettonville, description qui s'impose tant le volume se distingue de
la plupart des exemplaires connus, il faut rappeler que cette publi
cation, qui fut la dernière et l'une des plus éclatantes manifestations
du génie mathématique de Pascal, tire son origine d'un concours
organisé par le savant.
En juin 1658, ce dernier en rendit public le sujet, mais garda
l'anonymat, de telle sorte que les concurrents qui avaient trois mois
pour réfléchir — les réponses n'étant- plus acceptées passé le
1er octobre — ignorèrent jusqu'à la fin les nom et qualité de
leur adversaire. Deux prix, l'un de 40 et l'autre de 20 pistoles,
devaient être remis aux auteurs des deux meilleures réponses. Un
jury, chargé d'examiner celles-ci et de distribuer les récompenses,
fut constitué et présidé par Pierre de Carcavy qui reçut en dépôt
les 60 pistoles. A l'expiration du délai, le jury s'étant comme
convenu réuni, après avoir pris connaissance des solutions pro
posées, conclut qu'aucune des réponses reçues n'était satisfaisante.
Le prix revenait donc à l'anonyme (1) !
Sous le nom de Amos Dettonville, transparente anagramme de
Louis de Montalte, Pascal publia alors — décembre 1658 — sous
forme de neuf fascicules à pagination séparée, ses méthodes et ses
résultats. Ces brochures furent tirées à 120 exemplaires seulement (2).
Carcavy, en qui Pascal avait une entière confiance, accepta d'en
(1) Sur la querelle relative à l'antériorité de la découverte des propriétés de la Cycloïde,
voir H. Bosmans, Pascal et les premières pages de l'histoire delà Roulette, Archives de phi
losophie, I, 3 (1923), pp. 280-300, ainsi que, supra, les articles de F. Russo et P. Costabbl.
(2) Cf. Mémoire sur la vie de M. Pascal, par Marguerite Périer, sa nièce, p. 40, in
Pascal, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, N.R.F., 1957. 354 revue d'histoire des s

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