Les maréchaux à l époque médiévale : forgerons ou vétérinaires ? - article ; n°33 ; vol.16, pg 161-173
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les maréchaux à l'époque médiévale : forgerons ou vétérinaires ? - article ; n°33 ; vol.16, pg 161-173

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Médiévales - Année 1997 - Volume 16 - Numéro 33 - Pages 161-173
À la fin du Moyen Âge, le cheval est sans conteste un outil indispensable dans la société occidentale ; ainsi, de nombreux artisans ont une activité professionnelle directement liée à l'utilisation de cet animal. Parmi eux, le maréchal-ferrant occupe une place privilégiée ; il est non seulement celui qui forge et pose les fers à cheval, mais encore celui qui soigne les chevaux. Cet artisan est donc un personnage étonnant puisqu'il cumule des fonctions a priori incompatibles, celle de forgeron et celle de vétérinaire. Leur compétence professionnelle s'étend au-delà du monde du cheval ; certains maréchaux semblent avoir soigné d'autres animaux et même des hommes...
Farriers in the Middle Ages : Blacksmiths or Veterinarians ? - In the late Middle Ages, the horse was without doubt an indispensable tool in Western society ; as a result many craftsmen's professional activity was directly related to this animal. Amongst these, the farrier plays a prominent role : not only does he forge the iron and shoe the horses, but he also treats the diseases of horses. This makes him a rather astonishing figure cumulating two functions a priori incompatible, that of a smith and that of a veterinarian. The farriers' professional skills were not limited to horses and some of them seem to have treated other animals as well and even people.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Cécile Auliard
Les maréchaux à l'époque médiévale : forgerons ou vétérinaires
?
In: Médiévales, N°33, 1997. pp. 161-173.
Résumé
À la fin du Moyen Âge, le cheval est sans conteste un outil indispensable dans la société occidentale ; ainsi, de nombreux
artisans ont une activité professionnelle directement liée à l'utilisation de cet animal. Parmi eux, le maréchal-ferrant occupe une
place privilégiée ; il est non seulement celui qui forge et pose les fers à cheval, mais encore celui qui soigne les chevaux. Cet
artisan est donc un personnage étonnant puisqu'il cumule des fonctions a priori incompatibles, celle de forgeron et celle de
vétérinaire. Leur compétence professionnelle s'étend au-delà du monde du cheval ; certains maréchaux semblent avoir soigné
d'autres animaux et même des hommes...
Abstract
Farriers in the Middle Ages : Blacksmiths or Veterinarians ? - In the late Middle Ages, the horse was without doubt an
indispensable tool in Western society ; as a result many craftsmen's professional activity was directly related to this animal.
Amongst these, the farrier plays a prominent role : not only does he forge the iron and shoe the horses, but he also treats the
diseases of horses. This makes him a rather astonishing figure cumulating two functions a priori incompatible, that of a smith and
that of a veterinarian. The farriers' professional skills were not limited to horses and some of them seem to have treated other
animals as well and even people.
Citer ce document / Cite this document :
Auliard Cécile. Les maréchaux à l'époque médiévale : forgerons ou vétérinaires ?. In: Médiévales, N°33, 1997. pp. 161-173.
doi : 10.3406/medi.1997.1403
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1997_num_16_33_1403Médiévales 33, automne 1997, pp. 161-173
Cécile AULIARD
LES MARÉCHAUX À L'ÉPOQUE MÉDIÉVALE :
FORGERONS OU VÉTÉRINAIRES ?
Avec l'apparition de la ferrure à clous au ixe siècle, les maréchaux devien
nent les spécialistes de la forge et de la pose des fers à cheval. Pourtant en
examinant l'étymologie du mot maréchal, il apparaît réducteur de définir ces
artisans comme de simples forgerons. Le terme de maréchal vient en effet du
francique marhskalk, ou maraschal en ancien haut allemand, qui signifie domest
ique chargé de soigner les chevaux1. La tâche d'étudier les forgerons paraît a
priori complexe puisqu'il faut exploiter non seulement les documents concer
nant la métallurgie mais également les nombreuses sources traitant de l'histoire
du cheval. Par exemple, si l'on examine uniquement les financiers,
le maréchal apparaît comme un simple forgeron dans les archives comptables
municipales, alors que dans les comptes d'hôtels seigneuriaux et royaux il paraît
être un véritable vétérinaire. Les derniers travaux publiés sur la métallurgie
depuis une dizaine d'années permettent de mieux connaître les artisans qui
travaillent le fer, et en particulier, la place des maréchaux parmi les du
métal. La plupart des études réalisées concerne une région spécifique ; le
dépouillement des archives ne permet effectivement pas de faire un travail de
synthèse sur le sujet. Pour notre part nous avons rassemblé des renseignements
concernant la région du Poitou. En particulier l'examen de l'important corpus
des lettres de rémission, témoignage irremplaçable de l'histoire sociale, permet
de mieux cerner les compétences professionnelles des maréchaux et également
de comprendre quelle est la place du maréchal dans la société médiévale.
Nous n'avons pas la prétention de dresser le profil de la profession de maréchal
à la fin du Moyen Âge, mais d'esquisser le portrait d'un artisan digne d'intérêt,
puisqu'il est acteur à la fois de l'histoire de la métallurgie, de l'histoire du
cheval et de l'histoire de la médecine vétérinaire.
1. Selon P. Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française,
vol. 4, Paris, Société du nouveau Littré, 1984, p. 282. 162 C. AULIARD
Une querelle ancienne : le maréchal est-il l'ancêtre
du vétérinaire ?
Pour les historiens de la médecine, il est incontestable que le maréchal a
été le médecin vétérinaire du cheval pendant tout le Moyen Âge. Yvonne Poulle-
Drieux, dans le cadre de ses travaux sur l'hippiatrie s'est aussi intéressée à la
pratique de la médecine du cheval dans un article où elle souligne le rôle des
maréchaux2. Pourtant, certains historiens de la médecine du cheval contestent
le fait que les maréchaux puissent être considérés comme les ancêtres des vété
rinaires. Pour E. Leclainche, ceux qui méritent l'appellation de vétérinaire sont
uniquement les théoriciens de la médecine du cheval, les hippiatres, et non des
forgerons-ferreurs. Selon lui, il serait donc abusif de donner l'appellation de
maréchalerie à un art dont les principaux représentants, les hippiatres, n'ont
certainement jamais ferré de chevaux, étant donné que leurs traités ne contien
nent aucun chapitre sur l'art de la ferrure3. Pourtant, dans son traité sur l'hip
piatrie, Rufus explique comment il faut ferrer un cheval qui a les jambes tor
dues4. Pour E. Leclainche, les forgerons-ferreurs sont de simples artisans empi
riques qui n'ont reçu aucun enseignement théorique et qui n'ont rien apporté à
la médecine vétérinaire ; ils ne peuvent donc pas être considérés comme des
vétérinaires. Il est vrai que la plupart des maréchaux n'avaient sans doute aucune
connaissance théorique, mais il nous semble important d'insister sur le fait que
le traité d'hippiatrie le plus brillant du Moyen Age est celui de Rufus, qui fut
à la fois un remarquable théoricien et un habile praticien et qui a enrichi la
médecine vétérinaire, avant tout grâce à son expérience personnelle.
L. Moulé, quant à lui, estime que les hippiatres sont également des prati
ciens qui doivent être considérés comme des maréchaux, ce sont des maréchaux
experts : « Toutefois, à côté des Rusius, des Rufus..., si habiles dans leur art, il
y a des maréchaux de moindre valeur»5. Le problème soulevé par ces deux
auteurs pourrait se résumer simplement : faut-il considérer les maréchaux plutôt
comme des vétérinaires ou plutôt comme des forgerons ? E. Leclainche, comme
L. Moulé, même s'ils n'arrivent pas à la même conclusion, ont su mettre en
évidence le fait que les maréchaux ne forment pas un groupe homogène. Les
compétences du maréchal sont effectivement difficiles à cerner. Il faut, à notre
avis, distinguer le au service d'un prince, qui devait s'occuper quo
tidiennement de la santé et de la ferrure d'un grand nombre de chevaux, et le
maréchal artisan, qui résidait en ville où à la campagne, et qui devait pratiquer
des soins plus occasionnellement, le propriétaire ayant souvent essayé d'abord
de guérir l'animal lui-même.
2. Y. Poulle-Drieux, « La pratique de l'hippiatrie à la fin du Moyen Âge », dans Com
prendre et maîtriser la nature au Moyen Âge, Mélanges d'histoire des sciences offert à G. Beau-
jouan, Genève, Droz, 1994, p. 329-336.
3. E. Leclainche, « Nos ancêtres les maréchaux », Revue générale de médecine vétéri
naire, vol. XXXV, Paris, 1926, p. 659.
4. B. Prévôt, La science du cheval au Moyen Âge, le traité d'hippiatrie de Jordanus
Rufus, Paris, Klincksieck, coll. Medievalia, 1994, p. 45.
5. L. Moulé, Histoire de la médecine vétérinaire, vol. 2, Paris, Extrait du Bulletin de la
société de médecine vétérinaire, 1900, p. 174. LES MARÉCHAUX À L'ÉPOQUE MÉDIÉVALE 163
Les maréchaux-ferrants au service des grands :
des « maréchaux experts »
Les comptes nous informent de façon assez précise sur le rôle des maré
chaux employés par la noblesse. Les renseignements recueillis permettent de
comprendre en partie la façon dont les maréchaux pratiquaient la médecine du
cheval, quelles affections ils soignaient et enfin quel était leur statut social.
Les documents dans lesquels il existe de nombreux renseignements sont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents