Les morsures de serpents chez les Mekeo de Papouasie-Nouvelle-Guinée - article ; n°1 ; vol.88, pg 19-43
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1989 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 19-43
Summary.
Why this study about snake-bites among the Mekeo of P.N.G. ?
Because having the opportunity to work in a bush hospital in the Mekeo district, we noticed the outstanding importance of this accident in the life of this tribe. And the striking point among the Mekeo is that the bite is related to sorcery and considered to be the sorcerer 's aggression — through the snake — against a peculiar individual.
So we tried
— to make a correlation between the medical point of view of this accident and a view more cultural, more anthropological of what is regarded as an aggression
— and to study the progress of the events occuring during a snake-bite.
Résumé.
Médecin coopérant en PAPOUASIE NOUVELLE GUINÉE ayant travaillé dans un hôpital de brousse en territoire MEKEO, nous avons pu nous rendre compte de l'importance des morsures de serpents dans la vie de cette tribu. Le point le plus frappant tient au fait que cette morsure est toujours rattachée à la sorcellerie et considérée comme une agression du sorcier, par serpent interposé sur un individu particulier.
Nous avons essayé de mettre en évidence une corrélation entre le point vue médical de l'accident et un point de vue plus culturel et anthropologique, et d'étudier le déroulement des événements engendrés par l'agression du reptile.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 191
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Faliu
Les morsures de serpents chez les Mekeo de Papouasie-
Nouvelle-Guinée
In: Journal de la Société des océanistes. 88-89, 1989-1-2. pp. 19-43.
Abstract
Summary.
Why this study about snake-bites among the Mekeo of P.N.G. ?
Because having the opportunity to work in a bush hospital in the Mekeo district, we noticed the outstanding importance of this
accident in the life of this tribe. And the striking point among the Mekeo is that the bite is related to sorcery and considered to be
the sorcerer 's aggression — through the snake — against a peculiar individual.
So we tried
—to make a correlation between the medical point of view of this accident and a view more cultural, more anthropological of what
is regarded as an aggression
—and to study the progress of the events occuring during a snake-bite.
Résumé
Résumé.
Médecin coopérant en PAPOUASIE NOUVELLE GUINÉE ayant travaillé dans un hôpital de brousse en territoire MEKEO, nous
avons pu nous rendre compte de l'importance des morsures de serpents dans la vie de cette tribu. Le point le plus frappant tient
au fait que cette morsure est toujours rattachée à la sorcellerie et considérée comme une agression du sorcier, par serpent
interposé sur un individu particulier.
Nous avons essayé de mettre en évidence une corrélation entre le point vue médical de l'accident et un point de vue plus culturel
et anthropologique, et d'étudier le déroulement des événements engendrés par l'agression du reptile.
Citer ce document / Cite this document :
Faliu Bernard. Les morsures de serpents chez les Mekeo de Papouasie-Nouvelle-Guinée. In: Journal de la Société des
océanistes. 88-89, 1989-1-2. pp. 19-43.
doi : 10.3406/jso.1989.2851
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1989_num_88_1_2851Les morsures de serpents
chez les Mekeo de Papouasie-Nouvelle-Guinée
par
Bernard FALIU
Pourquoi étudier les morsures de serpents nelles de Nouvelle-Guinée et discuterons cer
chez les Mekeo de Paouasie Nouvelle-Guinée tains problèmes d'anthropologie médicale liés
(PNG) ? ... Parce qu'ayant travaillé dans un aux morsures de serpents.
hôpital de brousse en territoire Mekeo, nous
avons pu nous rendre compte de l'importance
I. — ÉPIDÉMIOLOGIE DES MORSURES des morsures de serpents dans la vie des tribus
concernées. DE SERPENTS EN PAPOUASIE-NOU
Certes, dans de nombreuses régions du globe VELLE-GUINÉE
la mortalité et la morbidité engendrées par les
morsures sont aussi importantes. Mais ce qui En 1954 l'Organisation Mondiale de la Santé
frappe l'observateur d'emblée chez les Mekeo, (O.M.S.) estimait à 500 000 le nombre annuel
c'est que la morsure est toujours rattachée à la de morsures de serpents (sans tenir compte de
sorcellerie et généralement considérée comme la Russie et de la Chine) entraînant 20 à
l'agression — par serpent interposé — du 40 000 décès dont les 3/4 étaient relevés dans la
sorcier sur un individu particulier, alors que seule Asie du Sud et du Sud-Est (Nosny,
dans d'autres contrées, le rôle des sorciers ou Caron, Richard, 1965) (Swaroop et Grab,
des guérisseurs est essentiellement curatif. La 1954).
construction d'une épidémiologie de cet acci En 1981, les progrès du recensement des cas
avaient fait monter à plus de 150 000 le dent va donc en partie du moins dépendre de
ce contexte sociologique. nombre des décès (O.M.S. 1981) (Chippaux,
Les données recueillies sur les morsures de 1982) pour un chiffre annuel d'accidents comp
serpents et leurs conséquences sont souvent de ris entre quatre et cinq millions. En fait
source médicale, les anthropologues s'étant à peine 15 % des victimes sont hospitalisées
et présentent une envenimation de gravité plus spécifiquement intéressés au serpent en
tant que mythe. C'est pourquoi il nous a paru variable.
intéressant, suite à notre expérience médicale On le voit, ces chiffres très différents, col
chez les Mekeo, d'essayer de réunir ces deux lectés à plus de 25 ans d'intervalle, rendent
perspectives, et de mettre en relation la vision bien compte des difficultés d'un enregistrement
exhaustif et de l'absence de statistiques fiables. médicale avec une vision plus culturelle, plus
anthropologique de cet événement que const L'isolement de beaucoup de populations ne
itue la morsure de serpent. facilite pas le recueil des données. Les statis
Mais avant tout il apparaît nécessaire de tiques sont souvent transmises par le personnel
rappeler certaines notions générales sur les médical ou paramédical des hôpitaux ou des
serpents et leurs morsures et de faire une dispensaires, alors que les morsures ont lieu en
présentation de la population Mekeo pour majorité en zone agricole, dans les villages en
examiner ensuite la chaîne d'événements engen savane ou en forêt, ... justement loin des
drés par l'agression du reptile. Dans une structures sanitaires (Gourmand, 1985). Enfin
seconde partie nous esquisserons une étude un grand nombre d'autochtones, lorsqu'ils sont
comparative avec d'autres sociétés mordus, préfèrent se traiter avec les médica- SOCIÉTÉ DES OCÊANISTES 20
tions traditionnelles, et ne se font diriger vers du mode et du lieu de recensement des cas. Ils
une formation sanitaire qu'en cas de complicat ne servent qu'à donner une idée de l'ampleur
ion. En ce sens, les taux de mortalité et de du phénomène, de la fréquence des morsures
morbidité par morsure de serpent, seront très ophidiennes en Papouasie et plus spécialement
aléatoires et varieront encore suivant les popul en pays Mekeo.
En Nouvelle-Guinée et dans les îles et archiations étudiées, la densité ophidienne (des
serpents), et les espèces en cause. pels de l'Est, on trouve environ 110 espèces
de serpents (appartenant à huit familles). Les victimes sont le plus souvent des jeunes
hommes, mordus au cours du travail agricole. Ces sont infiniment plus nombreux
L'importance de l'endémie ophidienne est sur (nombre et variété) dans les zones côtières et
les basses terres. Ils deviennent de plus en plus tout notée dans certaines plantations indust
rielles. La grande concentration humaine et rares avec l'altitude, et il est rarissime d'en
ophidienne, au même endroit qu'une infra rencontrer au-dessus de 2 000-2 500 mètres
structure médicale, permet un dépistage plus (Cogger, 1972).
complet des cas et donc une meilleure prise en
charge. Les serpents venimeux :
En Papouasie-Nouvelle-Guinée (3 millions
Les serpents de mer (famille des Hydro- d'habitants) peu d'informations sont dispo
phidés) ne sont presque jamais retrouvés sur la nibles sur l'incidence des morsures de serpents :
terre, et s'ils ont un venin puissant, leur peu de cas sont recensés et les serpents respon
appareil inoculateur est tout à fait inefficace sables des morsures sont rarement identifiés
(genre Laticauda) (Cogger, 1972). avec précision (Cogger, 1972). Les seuls chiffres
disponibles sont ceux recueillis par Campbell — Pseudonaja textilis (« common brown
(1969). snake » ou « New Guinea brown snake ») :
Entre 1961 et 1967, le nombre de morsures a un appareil inoculateur peu efficace.
de serpents a été responsable d'un taux moyen — Pseudechis australis (« king brown snake »
annuel d'admission hospitalière de 6,3 pour ou « mulga snake ») ne se rencontre qu'en
1 000 (hôpital de Port-Moresby, la capitale). Irian Jaya (partie Nord-Ouest de la Nouv
Sur ces cas, seulement 10 % montraient des elle-Guinée, actuellement province indo
signes d'envenimation. On retrouvait 4 ou nésienne), et dans la « Western Province »
5 décès notifiés par an. En 1983, 161 patients de la Papouasie (Cogger, 1972).
furent admis à l'hôpital de Port-Moresby pour Les trois principaux serpents venimeux apmorsure de serpent, il y eut 4 décès (Hau, partiennent à la famille des Elapides et se 1985). Mais le développement, par le «Com nomment Taïpan, Papuan Black et Death monwealth Serum Laboratories» (CSL. 1984) Adder. australien de sérums polyvalents actifs contre
les morsures des plus dangereux serpents a
• le Taïpan : Oxyuranus scutellatus (Campbell, énormément facilité le traitement des morsures
1967) : ophidiennes en milieu hospitalier.
A l'hôpital de Veifa'a (ou Beipa) dans le On le rencontre dans les régions côtières du
«Mekeo District» en 1985, sur 1 711 patients Sud de la Nouvelle-Guinée et dans l

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