Les Plantagenets et la Bretagne - article ; n°2 ; vol.53, pg 1-27
28 pages
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Description

Annales de Bretagne - Année 1946 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 1-27
27 pages

Informations

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Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

B. A. Pocquet du Haut-Jussé
Les Plantagenets et la Bretagne
In: Annales de Bretagne. Tome 53, numéro 2, 1946. pp. 1-27.
Citer ce document / Cite this document :
Pocquet du Haut-Jussé B. A. Les Plantagenets et la Bretagne. In: Annales de Bretagne. Tome 53, numéro 2, 1946. pp. 1-27.
doi : 10.3406/abpo.1946.1839
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1946_num_53_2_1839B.-A. POCQUET DU HAUT-JUSSÉ
LES PLANTAGENETS
ET LA BBETAGNE
avec Nous la" Bretagne. voudrions Le examiner nom des les Plantagenets rapports des s'est Plantagenets attaché à l'une (1)
des formes les plus originales et les plus vigoureuses du premier
art gothique. Us se sont fait une réputation non moins glorieuse
par le patronage accordé à cette littérature où l'imagination
voisinait avec le sentiment, où la galanterie et la courtoisie
s'alliaient à l'esprit aventureux des grands voyageurs qui ont
personnifié la « Matière de Bretagne ».
En politique, les Plantagenets sont les auteurs d'une construc
tion grandiose, un peu bizarre mais brillante, et dont l'éclat
peut se comparer à celui de l'Empire bourguignon de la fin du
Moyen âge.
Avant tout, n'oublions pas que la France du xne siècle n'était
une monarchie qu'en apparence. Sous la présidence honorifique
d'une royauté débonnaire, s'était créée au xe siècle, épanouie
au xiie, une robuste confédération de grands fieïs. C'est dans
cette atmosphère que les Plantagenets ont réussi l'une des plus
belles agglomérations de terres que l'on connaisse. Deux mariages
sont à la base de cette brusque naissance : celui de Geoffroi
Plantagenet, fondateur de l'Empire, avec Mathilde d'Angleterre
et celui de son fils Henri avec Aliénor d'Aquitaine. En l'espace de
quatre ans, ce jeune athlète recueillit en plus de ses provinces
héréditaires (Anjou, Maine et Touraine) l'Aquitaine, la Nor
mandie et l'Angleterre. Sa domination se dilata du val de Loire
jusqu'à l'Ecosse, au nord, et jusqu'aux Pyrénées, vers le sud.
(1) Je n'ignore pas qu'on doit dire Plantegenet, mais les archéologues ont accré
dité « Plantagenet ». Je leur en laisse la responsabilité. LES PLANTAGENETS ET LA BRETAGNE 2
Non seulement ses frontières s'éloignèrent, mais son pouvoir
s'accrut. Avec Henri Plantagenet la notion d'Etat sort des
nuages et la puissance royale n'est plus un vain mot. Il n'assiste
pas, comme un spectateur de théâtre, aux querelles de ses
vassaux. Comme Charlemagne il dicte des lois et, comme le grand
Empereur, il se fait obéir.
En face de cet homme d'État, d'un style tout moderne, qui
régente l'Angleterre et la moitié de la France pendant trente-
cinq ans, de 1154 à 1189, et dont le règne sera prolongé par
celui de ses fils Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre,
qu'allait devenir la Bretagne, isolée entre les Plantagenets et
l'Océan? Cette question est d'autant plus opportune que la
politique des Plantagenets vis-à-vis de la Bretagne n'a pas
toujours été justement appréciée.
On a montré les Bretons soulevés dans une lutte perpétuelle
contre Henri II, lutte nourrie par une haine nationale contre la
race anglaise. Cette vue, qui n'est pas absolument inexacte, doit
être rectifiée. Car les Bretons, dans leurs campagnes contre
Henri II, firent cause commune avec des Manceaux, des Poitevins,
des Normands; ils suivirent même, dans leurs revendications
contre Henri II, les propres fils du roi. D'autre part, Henri II
Plantagenet, dans lequel on incarne la race anglaise, n'était
guère plus anglais que ses adversaires. Roi d'Angleterre, certes,
mais fils d'un Français, il avait été élevé en France et ignorait
la langue anglaise. Pendant son règne, sa résidence fut beaucoup
plus souvent en France qu'en Angleterre. Pour trouver le sang
anglais dans son ascendance il faut remonter fort loin. On y rencont
rerait plus tôt le sang celte infusé par sa grand-mère, Mathilde
d'Ecosse. Comme lui, maint Breton possédait des domaines en
Angleterre, c'était le fruit de la conquête. Le roi Guillaume le
Conquérant, fortement épaulé par un contingent breton, l'apa-
nagea copieusement. Par la même voie, des abbayes bretonnes
reçurent des prieurés ou des églises dans le royaume colonisé.
Je ne nie pas qu'il ait existé une antipathie très vive chez les
Bretons contre Henri II. Il leur semblait vexatoire d'être gou- LES PLANTAGENETS ET LA BRETAGNE Ô
vernés de l'extérieur. Mais la naissance de son petit-fils Arthur,
mis au monde par une mère bretonne, en Rretagne, et destiné à
y régner, les mit au comble de la joie.
Ajoutons que, si Henri Ha été détesté par les Rretons, il a été
non moins exécré en Aquitaine, en Poitou, au Maine, jusqu'en
Normandie et en Angleterre. Les grands politiques ne sont pas
fatalement populaires.
Je voudrais retracer brièvement l'histoire des relations de
Henri II avec la Bretagne, rechercher les moyens de son succès
et peser l'uvre accomplie par lui et transmise à ses héritiers (2).
* * *
Les Ducs qui s'étaient succédé en Bretagne jusqu'à ce que les
Plantagenets entrassent en scène, n'étaient pas plus puissants
dans leur duché que le roi de France dans son royaume. Jamais
ils ne promulguaient de lois, jamais ils n'établissaient de dispo
sitions générales. Ils n'auraient eu aucun moyen d'en exiger
l'application. Ils géraient leurs domaines en réglant leurs litiges
de voisinage à coups de lance. Il y a cependant une réussite à
leur acquit. Le hasard des successions, au bout de quelques
générations, a groupé dans leurs mains les comtés entre lesquels
la Bretagne était partagée, à l'exception d'un seul, le comté
de Léon.
Le plus récent de ces ducs, Conan III, voulut sortir de l'ornière.
Incapable de légiférer lui-même il tenta d'imposer des lois
par l'intermédiaire d'un concile. De nature pacifique, il essaya
d'épuiser un vassal rebelle .par des manuvres diplomatiques.
Quand il en vint aux armes, il fut battu à plates coutures.
(2) Les principales chroniques sont celles de Robert de Torigni, éd. Léop.
Delisle, 2 vol., 1872-1873 (Soc. de l'Histoire de Normandie); Benoît de Peter-
borottgh, éd. Stubbs, 2 vol., 1867 (Rolls séries); Roger de Hoveden, éd. Stubbs,
t. II -IV, 1869-1871 (Rolls séries); Rigord et Guillaume Le Breton, éd. H.-Fr. Dela-
borde, 2 vol., 1882-1885 (S. H. F.); Pierre Le Batjd. Histoire de Bretagne avec les
Chroniques des maisons de Vitré et de Laval, éd. d'Hozier, 1638. Voir aussi Léopold
Delisle et Elie Berger. Recueil des actes de Henri II, roi d'Angleterre et duc de
Normandie, concernant les provinces françaises et les affaires de France, 4 vol.,
1909-1927 (Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France); et les actes publiés
au tome Ier (1742) des Preuves de Dom Morice. LES PLANTAGENETS ET LA BRETAGNE 4
II mourut en 1148 laissant une fille Berthe, mère elle-même d'un
enfant qui sera Conan IV. Le père de Conan IV, Alain de Pen
thièvre, était mort, mais Berthe, veuve, s'était remariée à un
ardent seigneur, Eudon de Porhoët. Eudon pendant la minorité
de Conan, prit en mains les rênes du gouvernement (3).
C'est alors qu'une circonstance malheureuse vint ouvrir aux
Plantagenets la porte par laquelle ils se faufileront en Bretagne.
La duchesse Berthe avait un frère Hoël. Elevé d'abord comme
un légitime rejeton de Conan III, il fut désavoué par son père
présumé à ses derniers moments. Loin de se résigner à cette
humiliante exhérédation, Hoël s'enfuit de Rennes, gagna Nantes
et s'y fit reconnaître comme Comte par les habitants.
Eudon le combattit sans réussir à le chasser. Ce furent les
Nantais eux-mêmes qui, désenchantés, se débarrassèrent de lui
pour le remplacer, non par Eudon ni par son pupille, mais par
un Plantagenet.
Que les Nantais aient introduit les Angevins en Bretagne, rien
de plus naturel. Dans la rivalité séculaire qui avait mis aux
prises les comtes de Rennes et ceux de Nantes, les Nantais,
plusieurs fois, avaient appelé à leur secours les comtes d'Anjou.
Formée au cours de cette compétition, cette tra

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