Les questions sous la tente : pour une approche technologique de la céramique «a tenda» - article ; n°2 ; vol.100, pg 649-686
39 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les questions sous la tente : pour une approche technologique de la céramique «a tenda» - article ; n°2 ; vol.100, pg 649-686

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1988 - Volume 100 - Numéro 2 - Pages 649-686
Pascal Ruby, Les questions sous la tente : pour une approche technologique de la céramique «a tenda», p. 649-686. L'article réexamine les hypothèses formulées sur la céramique a tenda du Val de Diane. L'utilisation du tour dans la fabrication de cette céramique est tout d'abord rejetée, mais la question de l'instrument de montage est replacée dans une approche technologique plus globale qui s'inspire des travaux d'ethnologie des techniques. Une ébauche de chaîne opératoire et une comparaison avec d'autres productions céramiques sont proposées. Sur cette base, les implications socio-économiques de cette production sont réétudiées. Le rejet du tour n'interdit pas l'hypothèse de l'artisanat spécialisé mais la spécialisation doit elle-même être relativisée et davantage articulée. Une analyse quantitative permet par ailleurs de critiquer l'hypothèse d'une production de masse intégrée à une économie de marché.
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pascal Ruby
Les questions sous la tente : pour une approche technologique
de la céramique «a tenda»
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 100, N°2. 1988. pp. 649-686.
Résumé
Pascal Ruby, Les questions sous la tente : pour une approche technologique de la céramique «a tenda», p. 649-686.
L'article réexamine les hypothèses formulées sur la céramique a tenda du Val de Diane. L'utilisation du tour dans la fabrication
de cette céramique est tout d'abord rejetée, mais la question de l'instrument de montage est replacée dans une approche
technologique plus globale qui s'inspire des travaux d'ethnologie des techniques. Une ébauche de chaîne opératoire et une
comparaison avec d'autres productions céramiques sont proposées.
Sur cette base, les implications socio-économiques de cette production sont réétudiées. Le rejet du tour n'interdit pas l'hypothèse
de l'artisanat spécialisé mais la spécialisation doit elle-même être relativisée et davantage articulée.
Une analyse quantitative permet par ailleurs de critiquer l'hypothèse d'une production de masse intégrée à une économie de
marché.
Citer ce document / Cite this document :
Ruby Pascal. Les questions sous la tente : pour une approche technologique de la céramique «a tenda». In: Mélanges de
l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 100, N°2. 1988. pp. 649-686.
doi : 10.3406/mefr.1988.1603
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1988_num_100_2_1603RUBY PASCAL
LES QUESTIONS SOUS LA TENTE :
POUR UNE APPROCHE TECHNOLOGIQUE
DE LA CÉRAMIQUE «A TENDA»*
«In a subject where there is no agreed procedure for
knocking out errors, doctrines have a long life »
J. Robinson, Freedom and Necessity, 1970.
Introduction
La présence de la classe particulière de la céramique a tenda dans les
nécropoles du Premier Âge du Fer de Sala Consilina - Italie - a, dès les
premières recherches, suscité un réel intérêt de la part des archéologues.
Émergeant des flots de céramique commune d'impasto, la céramique a
tenda se distinguait par sa matière - une argile fine beige rosé -, par l'h
omogénéité de ses formes et par un décor géométrique peint au motif de
chevrons imbriqués aux branches incurvées, motif si typique qu'il devait
donner son nom à l'ensemble de la production. Qu'elle fut d'abord découv
erte dans un site où, a priori, aucune tradition d'une production cérami
que d'argile fine n'existait, explique, à mon sens, en grande partie le type
de questions que les archéologues se sont posées et les hypothèses alors
formulées. Ainsi a-t-on le plus souvent retenu que cette céramique était
faite au tour, en partie localement, ce qui mettait en évidence l'existence
* Par céramique a tenda, on entendra ici les deux classes couramment quali
fiées de tenda grossière et tenda élégante. Cette étude a été réalisée en partie dans
le cadre d'une bourse d'étude attribuée par le Ministero degli affari esteri (Rome).
Je souhaite remercier B. D'Agostino, C. Constantin, J.-P. Démoule, S. Mery, A. Sch
napp et S. Van Der Leeuw pour leurs remarques et commentaires qu'ils ont bien
voulu faire sur les versions précédentes de ce texte, ainsi que Ph. Gouin qui a exé
cuté le dessin du cratère de la tombe 172. Tous les documents relatifs au matériel
inédit de la nécropole de Sala Consilina sont publiés avec l'aimable autorisation de
la Soprintendenza archeologica delle province di Salerno, Avellino et Benevento,
responsable des fouilles.
MEFRA - 100 - 1988 - 2, p. 649-686 PASCAL RUBY 650
d'un artisanat spécialisé, argument qui confirmait l'articulation sociale de
la société étudiée.
Je ne suis plus très sûr qu'on puisse aujourd'hui reformuler ce genre
de chaîne d'inférences tout en restant dans les limites du discours scienti
fique. En effet, depuis ces premières recherches (les plus anciennes
remontent au tout début des années soixante), de nombreux travaux sont
venus grossir nos connaissances céramologiques et préciser le cadre théo
rique et méthodologique dans lequel il est nécessaire à présent d'évoluer.
Travaux d'ordre général, tout d'abord : la céramique a de plus en plus
perdu sa qualité unique d'indicateur chronologique pour parallèlement
acquérir de nouvelles dimensions dans les différentes sphères des sociétés
humaines : l'écologie, les techniques, la vie économique et sociale par
exemple. De leur côté, les ethnologues ont entrepris de développer leurs
enquêtes sur la «culture matérielle» et certaines de nos préoccupations se
sont avérées bien proches des leurs. Enfin, dans le domaine plus limité de
l'Italie méridionale, des trouvailles et des études récentes sont venues
resituer la céramique a tenda dans un ensemble beaucoup plus complet et
complexe de productions céramiques d'argile fine du sud de la péninsule
italienne.
C'est à la lumière de ces travaux que je voudrais réexaminer le pro
blème de la céramique a tenda à partir d'une approche technologique, la
seule qui permette, à mon avis, de passer de l'objet à la lecture sociologi
que d'une société en maîtrisant le plus possible les approximations que
l'on est inévitablement amené à faire, et en dégageant le plus précisément
les faisceaux d'interrelations entre les différents niveaux d'étude. Ainsi,
après avoir résumé l'état des connaissances présentes sur la céramique a
tenda, je délimiterai le cadre théorique et méthodologique à l'intérieur
duquel je souhaite placer mon étude. Pour finir, je tenterai de montrer
comment une approche technologique peut - en utilisant ce qu'on sait
déjà et en fixant certaines directions de recherche à venir - permettre de
mieux approcher la réalité anthropologique de la société étudiée.
Trente années de recherches sur la céramique a tenda ■.
les premières études
Lorsque J. de La Genière entreprit l'étude de la céramique a tenda,
cette production n'était guère connue que par les découvertes faites dans
les nécropoles de Sala Consilina, tant les vases trouvés en dehors du Val
de Diane, voire de la Lucanie, étaient peu nombreux (La Genière 1960, POUR UNE APPROCHE TECHNOLOGIQUE DE LA CÉRAMIQUE « A TENDA » 651
p. 138; 1961, p. 22). Cependant on pouvait déjà formuler l'hypothèse
d'une origine apulienne pour le motif a tenda1.
Dans cette classe de matériel présent à Sala Consilina, l'auteur distin
gue deux séries : l'une - dite «grossière» - représentée par une quinzaine
de vases; l'autre - qualifiée d« élégante» - compte 75 vases (La Genière
1961, p. 10 sq.). Chronologiquement, la série a tenda grossière semble
apparaître dès la deuxième moitié du IXe siècle (phase IB) tandis que la
seconde couvre l'essentiel du VIIIe siècle (Phase II).
Mais c'est surtout stylistiquement qu'est opérée la distinction entre
les deux séries. La première est caractérisée par un «décor maladroit,
irrégulier», sur des formes inspirées de la céramique d'impasto et aux
parois épaisses. La seconde porte au contraire un décor d'une « très gran
de perfection» témoignant de la «parfaite maîtrise du décorateur»2.
Technologiquement, les deux groupes sont fabriqués dans une argile
beige rosé plus ou moins claire, bien dépurée, et légèrement micacée, la
pâte de la série grossière paraissant toutefois moins friable que l'autre.
Quant à l'utilisation du tour, l'opinion de l'auteur a évolué : dans ses deux
premiers articles, J. de La Genière retient que la céramique a tenda élé
gante est faite au tour rapide tandis que la série grossière n'est élaborée
que sur un tour rudimentaire; cependant dans son article de 1962 et sa
thèse publiée en 1968, l'auteur n'indique plus un usage du tour que pour
la seule série de facture soignée - et peut être uniquement pour l'exécu
tion du décor (L

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents