Les retraites en France : que faire ? - article ; n°1 ; vol.68, pg 19-81
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Revue de l'OFCE - Année 1999 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 19-81
The American threat on the world-wide financial equilibrium Henri Sterdyniak Gael Dupont Alexis Dantec The French retirement system is mainly «pay-as-you-go » contributive one. It currently provides the elderly with satisfactory living standard, but in the future, it will have to face the deterioration of the dependency ratio. Recent reforms present drawbacks : the relative situation of pensioners will depend adversely on the economic situation : the unification of rules was eluded ; no guarantee on the future level of pensions has been given. The present level of unemployment forbids the retirement age in the short term. Pension funds do not constitute a « miracle solution » : the overall contribution rate will have to increase anyway. Building up reserves in « pay-as-you-go » schemes could limit the future level of contributions. However, this would require an immediate increase in contribution which could have negative macroeconomic impact.
Le système français de retraite publique assure actuellement aux personnes âgées un revenu équivalent à celui des actifs. Il est essentiellement financé par la répartition. L'alourdissement du ratio entre retraités et actifs, qui devrait augmenter fortement après 2015 pour passer de 51,5% en 1997 à 83,5% en 2040, pose la question de son avenir. Le maintien à son niveau actuel du ratio de remplacement entre retraites et salaires net ferait passer le taux de cotisations retraite de 20,1% en 1997à 28,6 en 2040, soit une moindre progression de 0,3 point par an du salaire net. La stabilité du taux des cotisations retraite ferait baisser de 40% le niveau de vie relatif des retraités. Le report de l'âge de départà la retraite à 65 ans limiterait le ratio retraités/actifs à 62% en 2040. Mais il nécessite le retour au plein-emploi et la fin de l'exclusion précoce des travailleurs vieillissants. Dans le système français actuel, le premier pilier (le système public de solidarité) ne joue qu'un rôle marginal (minimum-vieillesse). Le système est centré sur le deuxième pilier : le régime social contributif qui inclut le régime général et les régimes complémentaires. Ce régime présente l'avantage individuel et collectif de garantir le niveau de vie relatif des retraités et des actifs. Il doit être géré de façon à rester compétitif avec les systèmes par capitalisation. Les réformes mises en oeuvre en 1993 et 1996 devraient réduire les taux de remplacement brut de 64,7% à 53,3% pour un ouvrier- type, de 41,7 à 40,6% pour un cadre-type. Globalement, toutefois, les taux de remplacement net ne devraient guère fortement diminuer en raison de la hausse des droits acquis par les générations les plus jeunes. Mal conçue, la réforme du régime général aboutit une situation paradoxale : si la situation économique s'améliore, la charge pesant sur les actifs sera allégée et la position relative des retraités sera fortement abaissée. Si la situation macroéconomique est mauvaise, la position relative des retraités sera maintenue et la charge pesant sur les actifs continuera à s'alourdir. Les « régimes spéciaux » des fonctionnaires et des grandes entreprises publiques n'ont pas été touchés par la réforme. Les disparités avec le régime commun ne sont guère acceptables dans un système de répartition basé sur la solidarité nationale. Un alignement brutal sur le privé n'est pas souhaitable Un compromis social fructueux pourrait comporter l'uniformisation de l'âge de départ à la retraite selon des critères de pénibilité du travail, l'uniformisation des taux de remplacement selon un critère de niveau des salaires et l'indexation des pensions sur les salaires nets. La retraite par capitalisation, peu développée à l'heure actuelle, pourrait constituer un quatrième pilier. Les fonds de pension devraient être gérés à l'extérieur de l'entreprise, avec sortie obligatoire en rente, avec exonération d'impôt sur le revenu à l'entrée, mais sans exonération des cotisations sociales. Cependant les ménages répugnent ce type de placement qui les oblige à s'engager pour toute leur vie et qui leur fait perdre toute liberté d'utilisation de leur patrimoine et toute possibilité de legs à leurs héritiers. Du point de vue individuel, la mise en place du système de capitalisation ne diminue pas le taux de prélèvement nécessaire pour obtenir un taux de remplacement donné ; au contraire, elle l'augmente pendant les années de transition. Une telle opération n'est rentable que si elle permet effectivement d'augmenter l'investissement productif, ce qui n'est pas garanti. Contrairement ce qui est souvent avancé, la France ne manque pas d'épargne. L'objectif d'attirer les ménages en Bourse pourrait être obtenu par une modification de la fiscalité, rendue moins favorable à l'assurance-vie et plus propice à la détention d'actions. Dans un système par capitalisation, le niveau des retraites est soumis aux aléas des marchés financiers ou boursiers ; une fracture se crée entre les intérêts des actifs et ceux des retraités. Une solution intermédiaire serait d'accumuler des réserves dans les caisses par répartition. L'opération permettrait d'accroître le revenu des générations actives d'après 2030 en faisant payer plus les générations actives entre 1999 et 2030. Reste que les exigences de la régulation macroéconomique peuvent ne pas être compatibles avec celles de la constitution de réserves et que l'opération, de par son ampleur, est difficile à piloter.
63 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Henri Sterdyniak
Gaël Dupont
Alexis Dantec
Les retraites en France : que faire ?
In: Revue de l'OFCE. N°68, 1999. pp. 19-81.
Citer ce document / Cite this document :
Sterdyniak Henri, Dupont Gaël, Dantec Alexis. Les retraites en France : que faire ?. In: Revue de l'OFCE. N°68, 1999. pp. 19-
81.
doi : 10.3406/ofce.1999.1529
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1999_num_68_1_1529Abstract
The American threat on the world-wide financial equilibrium Henri Sterdyniak Gael Dupont Alexis
Dantec The French retirement system is mainly «pay-as-you-go » contributive one. It currently provides
the elderly with satisfactory living standard, but in the future, it will have to face the deterioration of the
dependency ratio. Recent reforms present drawbacks : the relative situation of pensioners will depend
adversely on the economic situation : the unification of rules was eluded ; no guarantee on the future
level of pensions has been given. The present level of unemployment forbids the retirement age in the
short term. Pension funds do not constitute a « miracle solution » : the overall contribution rate will have
to increase anyway. Building up reserves in « pay-as-you-go » schemes could limit the future level of
contributions. However, this would require an immediate increase in contribution which could have
negative macroeconomic impact.
Résumé
Le système français de retraite publique assure actuellement aux personnes âgées un revenu
équivalent à celui des actifs. Il est essentiellement financé par la répartition. L'alourdissement du ratio
entre retraités et actifs, qui devrait augmenter fortement après 2015 pour passer de 51,5% en 1997 à
83,5% en 2040, pose la question de son avenir. Le maintien à son niveau actuel du ratio de
remplacement entre retraites et salaires net ferait passer le taux de cotisations retraite de 20,1% en
1997à 28,6 en 2040, soit une moindre progression de 0,3 point par an du salaire net. La stabilité du
taux des cotisations retraite ferait baisser de 40% le niveau de vie relatif des retraités. Le report de l'âge
de départà la retraite à 65 ans limiterait le ratio retraités/actifs à 62% en 2040. Mais il nécessite le retour
au plein-emploi et la fin de l'exclusion précoce des travailleurs vieillissants. Dans le système français
actuel, le premier pilier (le système public de solidarité) ne joue qu'un rôle marginal (minimum-
vieillesse). Le système est centré sur le deuxième pilier : le régime social contributif qui inclut le régime
général et les régimes complémentaires. Ce régime présente l'avantage individuel et collectif de
garantir le niveau de vie relatif des retraités et des actifs. Il doit être géré de façon à rester compétitif
avec les systèmes par capitalisation. Les réformes mises en oeuvre en 1993 et 1996 devraient réduire
les taux de remplacement brut de 64,7% à 53,3% pour un ouvrier- type, de 41,7 à 40,6% pour un cadre-
type. Globalement, toutefois, les taux de remplacement net ne devraient guère fortement diminuer en
raison de la hausse des droits acquis par les générations les plus jeunes. Mal conçue, la réforme du
régime général aboutit une situation paradoxale : si la situation économique s'améliore, la charge
pesant sur les actifs sera allégée et la position relative des retraités sera fortement abaissée. Si la
situation macroéconomique est mauvaise, la position relative des sera maintenue et la charge
pesant sur les actifs continuera à s'alourdir. Les « régimes spéciaux » des fonctionnaires et des
grandes entreprises publiques n'ont pas été touchés par la réforme. Les disparités avec le régime
commun ne sont guère acceptables dans un système de répartition basé sur la solidarité nationale. Un
alignement brutal sur le privé n'est pas souhaitable Un compromis social fructueux pourrait comporter
l'uniformisation de l'âge de départ à la retraite selon des critères de pénibilité du travail, l'uniformisation
des taux de remplacement selon un critère de niveau des salaires et l'indexation des pensions sur les
salaires nets. La retraite par capitalisation, peu développée à l'heure actuelle, pourrait constituer un
quatrième pilier. Les fonds de pension devraient être gérés à l'extérieur de l'entreprise, avec sortie
obligatoire en rente, avec exonération d'impôt sur le revenu à l'entrée, mais sans exonération des
cotisations sociales. Cependant les ménages répugnent ce type de placement qui les oblige à
s'engager pour toute leur vie et qui leur fait perdre toute liberté d'utilisation de leur patrimoine et toute
possibilité de legs à leurs héritiers. Du point de vue individuel, la mise en place du système de
capitalisation ne diminue pas le taux de prélèvement nécessaire pour obtenir un taux de remplacement
donné ; au contraire, elle l'augmente pendant les années de transition. Une telle opération n'est
rentable que si elle permet effectivement d'augmenter l'investissement productif, ce qui n'est pas
garanti. Contrairement ce qui est souvent avancé, la France ne manque pas d'épargne. L'objectif
d'attirer les ménages en Bourse pourrait être obtenu par une modification de la fiscalité, rendue moins
favorable à l'assurance-vie et plus propice à la détention d'actions. Dans un système par capitalisation,
le niveau des retraites est soumis aux aléas des marchés financiers ou boursiers ; une fracture se crée
entre les intérêts des actifs et ceux des retraités. Une solution intermédiaire serait d'accumuler des
réserves dans les caisses par répartition. L'opération permettrait d'accroître le revenu des générationsactives d'après 2030 en faisant payer plus les générations actives entre 1999 et 2030. Reste que les
exigences de la régulation macroéconomique peuvent ne pas être compatibles avec celles de la
constitution de réserves et que l'opération, de par son ampleur, est difficile à piloter.de l'OFCE n ° 68 /janvier 1999 Revue
Les retraites en France : que faire?
Henri Sterdyniak, Gaël Dupont
Département analyse et prévision
Alexis Dantec
Département des études
Le système français de retraite publique assure actuellement aux per
sonnes âgées un revenu équivalent à celui des actifs. Il est essentiellement
financé par la répartition. L'alourdissement du ratio entre retraités et actifs,
qui devrait augmenter fortement après 2015 pour passer de 51,5 % en
1997 à 83,5 % en 2040, pose la question de son avenir. Le maintien à son
niveau actuel du ratio de remplacement entre retraites et salaires net ferait
passer le taux de cotisations retraite de 20,1 % en 1997 à 28,6 % en 2040,
soit une moindre progression de 0,3 point par an du salaire net. La stabil
ité du taux des retraite ferait baisser de 40 % le niveau de vie
relatif des retraités. Le report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans limi
terait le ratio retraités/actifs à 62 % en 2040. Mais il nécessite le retour au
plein-emploi et la fin de l'exclusion précoce des travailleurs vieillissants.
Dans le système français actuel, le premier pilier (le système public de
solidarité) ne joue qu'un rôle marginal (minimum-vieillesse). Le système
est centré sur le deuxième pilier : le régime social contributif qui inclut le
régime général et les régimes complémentaires. Ce régime présente l'avan
tage individuel et collectif de garantir le niveau de vie relatif des retraités
et des actifs. Il doit être géré de façon à rester compétitif avec les systèmes
par capitalisation. Les réformes mises en œuvre en 1993 et 1996 devraient
réduire les taux de remplacement brut de 64,7 à 53,3 % pour un ouvrier-
type, de 41,7 à 40,6 % pour un cadre-type. Globalement, toutefois, les taux
de remplacement net ne devraient guère fortement diminuer en raison de
la hausse des droits acquis par les générations les plus jeunes. Mal conçue,
la réforme du régime général aboutit à une situation paradoxale : si la
situation économique s'améliore, la charge pesant sur les actifs sera allégée
et la position relative des retraités sera fortement abaissée. Si la situation
macroéconomique est mauvaise, la position relative des retraités sera
maintenue et la charge pesant sur les actifs continuera à s'alourdir.
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