Les Romains et l orientation solaire - article ; n°1 ; vol.87, pg 287-320
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1975 - Volume 87 - Numéro 1 - Pages 287-320
Joël Le Gall, ~~Les Romains et l'orientation solaire~~, pp. 287-320. L'idée que les Romains orientaient systématiquement leurs camps militaires, leurs villes neuves et leurs centuriations d'après la direction du soleil levant en vertu d'une tradition religieuse empruntée aux Etrusques passe pour être confirmée par l'archéologie. L'auteur montre que ces prétendues vérifications n'ont aucune valeur et que les textes établissent que ces orientations étaient simplement inspirées par des considérations pratiques. La démonstration s'appuie sur un tableau des amplitudes solaires sous les latitudes de l'Empire Romain vers le début de notre ère et par quelques exemples des calculs qu'il autorise lorsque les publications archéologiques fournissent les précisions nécessaires.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Joëll Le Gall
Les Romains et l'orientation solaire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 87, N°1. 1975. pp. 287-320.
Résumé
Joël Le Gall, Les Romains et l'orientation solaire, pp. 287-320.
L'idée que les Romains orientaient systématiquement leurs camps militaires, leurs villes neuves et leurs centuriations d'après la
direction du soleil levant en vertu d'une tradition religieuse empruntée aux Etrusques passe pour être confirmée par l'archéologie.
L'auteur montre que ces prétendues vérifications n'ont aucune valeur et que les textes établissent que ces orientations étaient
simplement inspirées par des considérations pratiques.
La démonstration s'appuie sur un tableau des amplitudes solaires sous les latitudes de l'Empire Romain vers le début de notre
ère et par quelques exemples des calculs qu'il autorise lorsque les publications archéologiques fournissent les précisions
nécessaires.
Citer ce document / Cite this document :
Le Gall Joëll. Les Romains et l'orientation solaire. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 87, N°1. 1975. pp.
287-320.
doi : 10.3406/mefr.1975.1012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1975_num_87_1_1012ROMAINS ET L'ORIENTATION SOLAIRE LES
PAR
Joël Le Gall
Les Eomains passent couramment pour avoir orienté les plans des
villes qu'ils ont fondées, leurs camps et leurs centuriations d'après la
direction du soleil levant en vertu d'une vieille tradition religieuse héritée
des Etrusques. Cette idée est parfois perdue de vue, mais elle est si bien
ancrée dans les esprits qu'elle resurgit toujours, en particulier en France
et spécialement à propos des villes, sans qu'on songe jamais à en vérifier
les fondements: c'est ce que nous voudrions faire ici en conclusion de
plusieurs approches antérieures x et en nous référant directement aux
sources.
1 A propos de la Muraille Servienne et du Pomerium, quelques rappels
et quelques remarques: Etudes d'archéologie classique publiées par la Faculté
des Lettres de Nancy, II (= Annales de l'Est, Mémoires, n° 22); Bites de fon
dation, dans Atti del Convegno di Studi sulla Città etrusco, e italica preromana,
Bologne, 1966 (Ed. Galeate, Imola, 1970), p. 59-65, repris et complété, Β. S.
A. F., 1970, p. 292-307. Aux rites que j'ai étudiés dans ces communications,
il faut ajouter la lustratio coloniae mentionnée par Cicéron dans le De Divina-
tione (Ι,χΐν): Itemque in lustranda colonia ab eo qui eam deduceret, et quum
imperator exercitum, censor populum lustrar et, bonis nominibus qui hostias du-
cerent eligebantur,. . . Dans les deux autres cas cités, la lustratio exercitus et
la clôture du lustre, le rite consistait dans le sacrifice à Mars de suovetaurilia
qui avaient d'abord été menés processionnellement autour de l'armée ou du
peuple: on peut penser, par analogie, que la lustratio coloniae consistait égale
ment en la circumambulatio de suovataurilia autour des colons rassemblés à
cet effet et suivie du sacrifice; on ne peut cependant écarter a priori que la
lustratio ait été celle du terrain sur lequel devait s'élever ensuite Yoppidum
chef-lieu de la future colonie (cf. l'expression de la Lex Coloniae Genetivae Ju-
liae, CIL, II, 5.439: oppidum sive colonia), dans ce cas elle eût certainement
précédé le tracé du sulcus primigenius et elle eût été analogue à la lustratio
agri de Caton (De R.R., cxli) qui comportait les mêmes opérations. Il est peu JOËL LE GALL 288
La « preuve » astronomique
Lorsque les Eomains construisaient une ville neuve, ils avaient
l'habitude de tracer ses rues en ligne droite en dessinant un réseau ortho
gonal; les fouilles nous en ont fourni maintes preuves et il n'est pas rare
que les rues des villes modernes en reflètent encore les traces. On ajoute
que les rues de direction générale est- ouest étaient des decumani, que la
principale, le deoumanus maximus, était celle dont la direction avait été
déterminée par l'observation du soleil levant au jour de la fondation
et que les autres rues avaient été tracées par rapport à elle, soit paral
lèlement, les autres decumani, soit perpendiculairement, c'est-à-dire en
direction générale nord-sud, les cardines, dont le principal était le cardo
maximus; dans ces conditions il suffirait de chercher à quel jour de l'an
née le soleil se levait dans l'alignement pour déterminer l'anniversaire
de la ville: bien des érudits ont tenté de faire cette recherche pour celle
à laquelle ils s'intéressaient et la plupart sont parvenus à un résultat,
ce qui paraît justifier la théorie.
En fait cette preuve est purement apparente. Examinons en effet
la figure 1 : « g » indique le point de stationnement de la groma lors de
l'observation initiale supposée, N,S,E,O les points cardinaux, Sh et Se
les directions du soleil levant au solstice d'hiver et au solstice d'été;
l'angle Sh-g-Se = â est l'amplitude annuelle: la direction du soleil levant
parcourt cet angle deux fois dans l'année, de Sh à Se, puis de Se à Sh.
Chaque direction à l'intérieur de Sh-g-Se est donc occupée par le soleil
deux fois par an, en particulier celle de E l'est aux deux equinoxes, seuls
Sh et Se ne le sont qu'une seule fois (Fig. 1).
Les angles ai, â2, â3 ont été tracés par rapport à â : âl lui est op
posé par le sommet, â2 et â3 ont leurs côtés perpendiculaires aux siens,
en conséquences ces quatre angles sont égaux, en outre â2 et â3 sont
opposés entre eux par leurs sommets: il s'en suit que toute rue rectiligne
tracée à l'intérieur de â et passant par « g » aura son prolongement à
l'intérieur de âl, cependant que toute rue rectiligne perpendiculaire à
elle en « g » sera tracée à l'intérieur de â2 et de â3, mais ce qui serait vrai
pour une rue initiale ainsi tracée à l'intérieur de â, le serait également
pour une rue rectiligne tracée à de âl, de â2 ou de â3
vraisemblable que cette lustratio ait englobé le territoire rural de la colonie
en raison du trajet long et compliqué qu'il eût fallu faire parcourir à la proces
sion (sur les lustrations agraires, cf. H. Le Bonniec, Gérés, p. 141-164). LES ROMAINS ET L'ORIENTATION SOLAIRE 289
Se
Sh
Fig. 1.
g = point de station de la groma
N,O,S,E = points cardinaux. — E indique également la direction du lever du
soleil aux equinoxes.
Se, Sh = direction du lever du soleil aux solstices d'été et d'hiver,
â = amplitude annuelle. Le croquis correspond au 45e parallèle nord, â = 35°, 6
Sud.
â = âl = â2 = â3.
A titre d'exemple la direction de la rue initiale 1 a été déterminée par
l'emplacement d'un passage sur une rivière — qui peut être situé hors de la
ville — , la rue 2, perpendiculaire en g est à l'intérieur de â: 2 a l'apparence
d'un decumanue et 1 celle d'un cardo.
et passant par « g »: son prolongement ou la rue perpendiculaire en « g »
serait tracé à l'intérieur de â et par conséquent en direction du lever du
soleil à deux jours de l'année, ou, par exception, de Sh ou de Se. Dans
ces conditions comment déceler la rue initiale par la seule observation
des tracés1? Dans l'exemple que nous avons indiqué en tireté sur le cro-
MEFRA 1975, 1. 19 1
JOEL LE GALL 290
Amplitudes Nord et Sud au lever du soleil sous les latitudes
de l'Empire Romain vers le début de notre ère.
Solstice d'été Solstice d'hiver
Latitude Amplitude Amplitude Amplitude Amplitude Correction Nord Nord Correction + Nord Sud Sud
théorique observée théorique observée
30° 27°,7 0,5 28°,2 27°,7 0,6 27°,1
31° 28° 28° 0,6 28°,6 0,6 27°,4
32° 28°,3 0,6 28°,9 28°,3 0,6 27°,7
28° 33° 28°,7 0,6 29°,3 28°,7 0,7
29° 29° 34° 29°,7 0,7 0,7 28°,3
35° 29°,4 29°,4 0,7 30°, 1 0,7 28°,7
36° 30°,5 29°,8 0,7 29°,8 0,7 29°, 1
37° 30°,2 0,7 30°,9 30°,2 0,7 29°,5
38° 30°,7 0,8 31°,5 30°,7 0,8 29°,9
32° 39° 31°,2 0

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