Les saints bretons dans la toponymie - article ; n°2 ; vol.61, pg 372-406
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Annales de Bretagne - Année 1954 - Volume 61 - Numéro 2 - Pages 372-406
35 pages

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Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Trépos
Les saints bretons dans la toponymie
In: Annales de Bretagne. Tome 61, numéro 2, 1954. pp. 372-406.
Citer ce document / Cite this document :
Trépos Pierre. Les saints bretons dans la toponymie. In: Annales de Bretagne. Tome 61, numéro 2, 1954. pp. 372-406.
doi : 10.3406/abpo.1954.1969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1954_num_61_2_1969CHRONIQUE DE TOPONYMIE 372
LES SAINTS BRETONS DANS LA TOPONYMIE
Je ne m'imaginais pas, en recherchant dans les Nomenc
latures des écarts des départements bretonnants (1) des
exemples de pluriels anciens ou le singulier de mots dont
seul le collectif ou le singulier était attesté par ailleurs,
que l'application de l'étude du nombre à la toponymie
m'aurait amené à mettre en doute l'authenticité de certains
saints bretons. Ce n'est pourtant qu'après avoir relevé dans
ces nomenclatures les noms de lieux Beuzayer, pluriel de
Beuzeg, Le Logo et son singulier Log, et Sanou, de
Le Zan, autre toponyme en même temps que patronyme,
que j'ai voulu revoir, avec une certaine idée préconçue, les
noms relevés et commentés dans les deux ouvrages fonda
mentaux sur les saints bretons : Joseph Loth, Les Noms
des Saints Bretons, 1910 (que je désignerai par Ns dans
cette étude), et Largillière, Les Saints et l'organisation
chrétienne primitive dans V Armorique bretonne, 1925 (que
je désignerai par S) : cette étude m'a confirmé dans mon
scepticisme à l'égard de certains de ces saints mystérieux
aux étranges noms d'oiseaux, d'arbustes ou de galets.
On reste perplexe devant le nombre de saints que l'on
attribue à la Bretagne. Dans la plupart des cas, il est vrai,
ce sont des saints particuliers, dont le culte n'est attesté
que sur une aire très limitée, et parfois même ne sort pas
de la paroisse : survivances christianisées de cultes païens,
souvenir de lointains ermites gallois, canonisation popul
aire de prêtres vénérés, christianisation de statues
romaines (2), tout a contribué à peupler la Bretagne d'une
(1) Nomenclature des hameaux, écarts, lieu-dits du Finistère, des
Côtes-du-Nord, etc. Institut National de la Statistique, 25, rue Bri-
zeux, Rennes.
(2) Largillière, S., p. 130; A. Le Braz, Les saints bretons d'après
la tradition populaire, Ann. de Bret., XIII. DE TOPONYMIE 373 CHRONIQUE
multitude de saintsr4oc*ux. Et des savants eux-mêmes, en
analysant les toponymes, en ont découvert, et les ont
révélés à la population qui les ignorait (3).
La publication des Nomenclatures des départements
bretons, listes complètes rangées par ordre alphabétique
de tous les hameaux, nous en a fait connaître un certain
nombre d'autres ; et la liste est loin d'être close, car les
toponymes portés sur les cadastres, bien plus nombreux
que les écarts, mais qui n'ont pas encore été relevés d'une
façon méthodique, en contiennent certainement un nombre
considérable : Loth en cite, qui ne sont attestés que sur
les quelques registres cadastraux qu'il a pu consulter.
Ce nombre, encore inconnu, mais déjà impressionnant,
de saints bretons dont la plupart ne pourront jamais être
identifiés, constitue un élément de scepticisme auquel
vient s'ajouter la signification, dans la langue courante,
du nom de certains d'entre eux. Ce peut n'être qu'une
rencontre fortuite du nom d'un saint avec un nom du
règne animal, végétal ou minéral. Mais les noms que nous
avons relevés se retrouvent très souvent en toponymie,
avec un sens évident ; et ils se présentent fréquemment
sous des formes dérivées qui sont surprenantes parmi les
noms de saints. C'est ainsi que je n'ai pu m'empêcher de
souligner St Dreyer, qui me paraissait être le pluriel d'un
autre nom de saint : St Dreg ; Loth ne peut identifier le
premier et se contente, pour le second, de rendre à Sant
le D initial de Dreg, qu'il rapproche du saint de Lanrake,
en Cornouaille anglaise. Toujours sous l'angle de l'étude
du nombre, j'avais relevé d'autres noms sur ces listes de
saints, swt parce qu'ils coïncidaient avec des pluriels ou
des collectifs qui m'avaient arrêté (Goazou, Bily...), soit
parce qu'ils semblaient être les mots dont j'avais noté le
pluriel dans d'autres toponymes (particulièrement des
(3) « Quand j'ai interrogé les habitants de Plestin sur ee que
pouvait être Saint-Loffot, on ignorait que ce nom puisse comporter
jm nom de saint, on n'# pas voulu l'admettre... » (S. 2). Il en a été
de même pour Saint-Junay et Saint-Carné (S., 3 et 4). 374 CHRONIQUE DE TOPONYMIE
mots en -ec : Beuzec, Caouënnec...), soit enfin parce qu'ils
rappelaient, ou complétaient, des groupes remarquables
de différents degrés dans le nombre (Can, Cano, Canenn...).
Devant ces saints inconnus Loth et Largillière se sont
surtout préoccupés de les identifier ; ils ont recherché
dans les textes anciens (litanies, manuscrits d'Iolo, etc...)»
et parmi les saints — reconnus, ou révélés par la topony
mie — des autres pays celtiques, des noms de saints, de
parents ou de compagnons de saints auxquels pût se ratta
cher le nom du saint dont l'étude des noms de lieux bretons
leur apprenait l'existence. C'est un terrain sur lequel ils
n'avançaient qu'avec prudence et, dans bien des cas, il
ne faut donner à leurs affirmations que la valeur d'hypo
thèses que des éléments nouveaux, tels que la liste comp
lète des toponymes bretons, les auraient amenés à
revoir (4).
C'est qu'à la base des études sur les noms de saints
bretons nous trouvons toujours l'idée exprimée par Dom
Lobineau dans la préface de ses Vies des Saints de Breta
gne, et mise sous forme de postulat par Loth : « On peut
poser en principe que le nom qui suit les termes Lan, Loc,
ploue (plou, plu, pie) est un nom de saint » (Ns p. 3).
Loth admet certaines exceptions ; il cite des Lan,
« monastère », complétés par des adjectifs ou des noms
communs ; et il conseille d'autre part de « se méfier des
lan qui ont le sens d'ajoncs et de lande » (ibid.) ; et, à
(4) Loth a souvent insisté sur le manque de consistance de la base
sur laquelle on doit s'appuyer pour ces études. C'est ainsi qu'il
explique comment, à Porspoder (F.), saint Budoc, qui a sa statue
dans une niche au-dessus d'une fontaine du quartier an Dré (an
Dreff), est devenu saint André (San an Dré); et comment, dans les
environs de Quimper, Saint André (dont on prononce le nom Andréo)
est invoqué contre la coqueluche : an dreo en breton (cf. R.C. XLVI,
p. 119). Largillière semble avoir une plus grande confiance : « La
Bretagne n'est pas le pays des saints apocryphes. Nos Bretons n'in
ventent pas de saints; en particulier ils ne créent pas de personnages
en décomposant les noms de lieu » (S, p. 127). CHRONIQUE DE TOPONYMIE 375
propos de Lannoizoc (qu'il note Lan-oazoc) en Ploudaniel,
F» il écrit : » Ici le sens de Lan n'est pas sûr ; cela peut
signifier : Lande arrosée par des ruisseaux » (Ns. p. 44,
sv Goazec). D'autre part, il y a des Lan- qui sont d'anciens
Nant-, « vallée », tels que Lantivy en St Nolff, M., Lancarré
en Plestin C.du-N. (cf. Rev. celt. XII, 1901, p. 112 ; Larg. S,
p. 76).
Il en est de même pour les Plou- : d'une part la paroisse,
au lieu d'avoir emprunté son nom au saint patron, peut
l'avoir emprunté à « la présence d'une chose remarquable
située sur le territoire » : c'est le cas de Plou-castel, Plou-
magoar, Plou-guer, Plo-bannalec, qui sont des Plou- suivis
de mots signifiant château, mur, ville, gênetaie (S 211) ;
d'autre part, si Plou- peut dans certains cas s'écrire Poul-
(Poullan, pour Plou-Lan), l'inverse est également possible :
poul, « mare », peut se rencontrer sous la forme plou, et
Largillière écrit, à propos de Plougannou, en Ploumagoar,
C.-du-N. : « Plougannou... soulève des difficultés considér
ables, et à défaut de formes anciennes, on n'oserait y voir
une forme sincère ; ce n'est pas une paroisse, aussi le
premier terme Plou- doit être interprété comme représen
tant un ancien Poul- » (S. 57).
Des confusions sont donc possibles, pour les Lan- et les

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